"POUR LES REFORMES INSTITUTIONNELLES, MACKY SALL A POSÉ DES LIMITES"
ABDOU LATIF COULIBALY EN EXCLUSIVITÉ À SenePlus

Le chef de l’Etat a beau accorder une grande marge de manœuvre à la commission en charge des réformes institutionnelles, il lui a fixé des limites à ne pas franchir. Dans un entretien exclusif avec SenePlus, le porte-parole du gouvernement rappelle le "cadrage" tracé à ce propos par Macky Sall.
Amadou Makhtar Mbow a remis au chef de l’Etat, lundi dernier, les premières conclusions des travaux de la commission chargée des réformes institutionnelles. Ce groupe de travail qu’il préside avait la latitude de proposer les changements opportuns, mais il ne pouvait pas tout se permettre. Selon le porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, le président de la République ‘’a posé des limites’’. Et ce, alors qu’il n’était que candidat à la présidentielle de 2012.
"Macky Sall a nommé une commission nationale de réforme des institutions. Dans la procédure qui a été mise en œuvre, (il) a demandé à la commission de proposer des lignes ; ce n’est pas à lui de déterminer la ligne", martèle Abdou Latif Coulibaly dans un entretien exclusif avec SenePlus. Il dit : ‘voilà la situation du pays, au regard de votre appréciation, proposez-moi de grandes lignes de réformes’. C’est plus sage que de fixer au départ un mémento et un cadrage qui auraient pu constituer, par ailleurs, des raisons d’une critique absolue de sa démarche.’’
Cependant, précise le ministre de la Promotion de la bonne gouvernance, le chef de l’Etat ‘’a donné un référentiel à la fois politique et juridique’’. Latif Coulibaly de préciser : ‘’En tant que candidat, Macky Sall avait posé des limites. On ne le rappelle pas suffisamment. Il avait dit qu’il est opposé à un régime parlementaire et qu’il resterait chef de son parti.’’
Ce cadrage ‘’impose’’ à la commission dirigée par Mbow d’inclure la réduction du mandat du chef de l’Etat. ‘’S’il y a un consensus au Sénégal, c’est sur la durée du mandat du président de la République, avance le porte-parole du gouvernement. Tout le monde est d’accord sur les cinq ans.’’
Et quid du mandat du président de l’Assemblée nationale, qui divise les membres de la majorité ? Coulibaly juge que la question est mal posée. Il dit : ‘’Quand on est venu, la loi en vigueur, c’était un an renouvelable. Il fallait qu’on applique la loi et on ne pouvait pas l’élire pour quatre ans. C’est une question de droit, technique. On est d’accord sur le principe des cinq ans, mais la question, c’est à partir de quand on applique le mandat de cinq ans.’’ La commission en charge des réformes institutionnelles ne donne pas de réponse. Elle a déposé les premières conclusions de ses travaux, mais elle n’a pas la maîtrise du calendrier de mise en œuvre des propositions faites.
Selon le porte-parole du gouvernement, Macky Sall n’avait pas fixé de deadline pour l’effectivité des réformes envisagées. ‘’Les gens disent que ça tarde, mais on n’a jamais fixé d’échéance, rappelle Latif Coulibaly. Est-ce qu’il n’est pas raisonnable qu’une commission de cette nature-là, mise en place il y a quatre mois, prenne encore peut-être même six mois pour livrer son travail ? Si on est pressé, on peut dire que ça tarde, mais si on apprécie à sa juste valeur l’ampleur du travail qui doit être fait, on peut comprendre qu’au bout de six mois et même d’un an qu’on propose des réformes.’’