LE RÊVE FOU D'ATEPA
L'architecte veut faire de l'île de Karabane un espace Offshore comme Monaco, Andorre, Liechtenstein, Sealand...
A l’heure du «Panama Papers», document qui a éventé un énorme scandale de fraude fiscale à travers le monde, l’architecte Pierre Goudiaby Atepa rêve de transformer l’île de Karabane au Sud du pays en une zone franche, sorte de «paradis fiscal». Pour lui, la Principauté de Karabane pourrait être une première africaine et présenterait tous les attraits et attributs pour cet espace de libéralisme total sans contrainte perturbatrice des réglementations rigides de l’Etat-nation et du gardiennage bloquant des sociétés civilesou autres groupes de pression. Ce serait, d’après Atepa, un espace Offshore qui garantirait le secret bancaire à toute épreuve, faciliterait la création de sociétés, avec des fiscalités appropriées et une très faible supervision des autorités publiques ou financières.
Malgré le scandale de «Panama Papers» ayant révélé une vaste opération internationale de fraude fiscale éclaboussant des célébrités dans plusieurs pays du monde, Pierre Goudiaby Atepa invite à la mise en place d’une principauté permettant une fiscalité souple à Karabane. Dans un document qu’il a rédigé et intitulé «L’île de Karabane, de la zone franche à la principauté : l’ambition d’édification d’un espace libéral» et dont nous détenons copie, il fait la promotion de Karabane comme Principauté à l’image de Monaco, de Andorre, du Liechtenstein, de Sealand, de Hutt River, etc. Le célèbre architecte indique que la Principauté de Karabane pourrait être une première en Afrique et présenterait tous les attraits et attributs pour cet espace de libéralisme total sans contrainte perturbatrice des réglementations rigides de l’Etat-nation et du gardiennage bloquant des sociétés civiles ou autres groupes de pression.
ESPACE OFFSHORE POUR LE SECRET BANCAIRE
«Ce serait alors un espace Offshore qui garantirait le secret bancaire à toute épreuve, faciliterait la création de sociétés, avec des fiscalités appropriées et une très faible supervision des autorités publiques ou financières. La Principauté de Karabane pourrait réunir toutes ces conditions de souplesse, de flexibilité, de libre marché et jouer le même rôle que la Principauté de Monaco dans la société française », explique Pierre Goudiaby Atepa dans son projet. Pour cela, il est d’avis qu’une triple exigence relative au statut juridique fixant les relations de tutorat avec le Sénégal, à l’aménagement du terroir avec de claires solutions aux questions foncières et une exigence de détermination des activités à promouvoir avec un ciblage des entreprises potentielles est nécessaire.
Après le règlement des questions infrastructurelles, Pierre Goudiaby Atepa pense que le démarrage pourrait s’opérer à partir de trois activités majeures qui contribueraient à structurer l’espace. La première concerne les activités structurant une société numérique qui vise l’Afrique parce que les TIC et les biotechnologies constituent aujourd’hui les deux innovations majeures qui provoquent déjà de profonds bouleversements dans les économies, les sociétés, les cultures et accélèrent le processus de globalisation. L’auteur du projet détaille que les réseaux de satellites, la téléphonie mobile, l’Internet libèrent présentement toutes les contraintes d’espace et de temps, et permettent la mise en relation des économies, des sociétés, des individus. «Les entreprises du domaine se délocalisent avec facilité ; c’est le cas de Foskom qui produit l’Iphone avec 100 milliards de dollars de chiffres d’affaires, des bénéfices de 34 milliards et qui utilise 230.000 travailleurs en Chine contre seulement 40.000 aux Etats-Unis son pays d’origine. L’Afrique peut être une nouvelle chance pour ces entreprises», soutient Atepa.
LES BIENFAITS DE LA FINANCE OFFSHORE
La deuxième activité concerne une place financière offshore parce qu’à l’exception de l’Afrique, on observe un véritable boom de la finance offshore. L’entreprise maîtresse d’œuvre est souvent non résidente et bénéficie dans son espace d’immatriculation d’une fiscalité allégée et d’une simplification des formalités administratives. De tels acteurs contribuent à lever toutes les contraintes du financement du développement. L’Ile Maurice, Chypre, les Seychelles doivent leurs succès économiques à de telles entreprises. Même dans les pays développés, leur contribution au financementdu développement est déterminante : c’est le cas du Luxembourg, de Delaware aux Etats-Unis, de la Suisse, du Liechtenstein, des îles Anglo- Normandes, des Bermudes, des îles Caïmans, du Panama, etc. En prenant l’exemple des Iles Caïmans, les banques qui y sont immatriculées gèrent des dépôts évalués à 500 milliards de dollars, ce qui en fait la cinquième place financière mondiale. La troisième activité phare de la future principauté de Karabane consistera en la promotion du modèle de tourisme haut de gamme car «jusqu’à présent le Sénégal a exploité le tourisme balnéaire avec, plus ou moins de succès».
FRAUDE OU OPTIMISATION FISCALE
Dans la motivation de son projet, le patron de Atepa Technologies a soutenu que cela va créer une activité moderne et engendrer beaucoup d’emplois dans la zone et tout cela dans un cadre légal. «Pour les attaquer, on les assimile souvent à des paradis fiscaux qui hébergent à la fois des capitaux spéculatifs et des activités illégales, mais on oublie souvent de mentionner que ces places sont le moteur du financement des économies libérales et permettent aux entreprises et grands groupes de réaliser leur optimisation fiscale et améliorer leur compétitivité à l’échelle mondiale», écrit Pierre Goudiaby. Pour réaliser ce projet, son concepteur affirme que sa première recommandation est relative au statut juridique de l’Ile de Karabane. Il poursuit qu’il faut préparer une seule loi complète et détaillée sous la forme d’une sorte de contrat de cession avec la République du Sénégal pour au moins deux siècles, délai qui devrait permettre largement de résoudre tous les problèmes de mise en oeuvre de toutes les infrastructures matérielles et de services et d’offrir sécurité et confiance aux entreprises appelées à s’installer. Il faut aussi la création d’une Société qui regrouperait des opérateurs économiques de classe internationale et qui serait chargée de perfectionner davantage le concept et d’entreprendre la mise en oeuvre du projet avec l’approbation et le soutien du président de la République.
PIERRE GOUDIABY ATEPA: «Je n’ai pas de compte au Panam»
«Je n’ai rien à cacher. Je n’ai pas de compte au Panama et je ne planque pas de l’argent à l’étranger. J’ai mes comptes en France et dans l’espace Cedeao. Ce qui se passe, c’est que j’ai créé au Panama, sur conseil de mes banquiers, Atepa Engineering, pour rayonner de par le monde et opérer avec le maximum d’efficacité à l’international. C’est pourquoi, j’ai aussi des bureaux en Chine, en Inde, à Paris sur les Champs Elysées et en Russie. Si je voulais me cacher, j’aurais par exemple appelé ma société basée au Panama, Thiof. Franchement, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Dans le même sillage que Panama, je veux faire de l’île de Karabane, un Panama bis, une zone de libre échange afin que les Africains puissent venir en toute transparence y déposer leur argent et n’aient pas besoin d’aller au Luxembourg ou au Panama. J’en ai déjà parlé au Président Macky Sall», dit-il.