LA VILLE ET LA COMMUNE DE RUFISQUE-NORD SE DECHIRENT
BATAILLE POUR LE CONTROLE D’UN CANAL
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Des affrontements entre brigades de communes rivales. C’est le spectacle que la mairie de la ville et la commune de Rufisque-Nord ont offert aux populations mardi passé 17 mai. A l’origine un conflit de compétence sur un espace que la commune du nord a transformé en marché et que la ville a inscrit dans son programme de désencombrement. Ainsi on a assisté à une coalition de marchands et agents du nord contre la brigade de la ville qui s’accusent de part et d’autres.
Entre la mairie de la ville de Rufisque et celle de la commune de Rufisque-Nord ce n’est pas l’entente cordiale. Avant-hier mardi 17 mai, la brigade de surveillance et de suivi du désengorgement de la ville de Rufisque a rencontré une vive résistance de la part des marchands installés sur le parvis de fermeture du canal central de Rufisque dont la fermeture avait été initiée il y a quelques années. Mardi, le site a été le théâtre de vives altercations et une véritable intifada entre les éléments de la mairie de ville et les marchands soutenus par des agents de la commune de Rufisque-Nord. Cette dernière commune s’oppose au déguerpissement sur le canal central qu’elle considère comme étant dans sa zone de compétence. Pour raison, les nordistes estiment devoir protéger les vendeurs qui paient des taxes à leur commune, car la zone en question est dans le tracé de leur périmètre communal.
BATAILLE POUR LE CONTROLE D’UN ESPACE
Face à cette situation, les éléments de la brigade de la ville n’ont pas hésité à charger d’une manière très violente, bousculant et démolissant les tables et les étales trouvés sur place. Il s’en est suivi de vives altercations entre le camp des marchands coalisés avec les agents de Rufisque-Nord et les éléments de la ville de Rufisque. Finalement c’est une pluie de pierres qui s’est abattue sur cette partie de la ville occasionnant des blessés dont un chauffeur de l’équipe de collecte de la commune de Rufisque-Nord. Touché à la tête par un projectile, il perdra connaissance avant d’être évacué à l’hôpital.
Une situation confuse aux yeux des citoyens, surtout des marchands qui, apparemment, n’ont pas compris les raisons des affrontements entre les éléments des deux collectivités locales. Mais, selon le chargé de la communication de la mairie de ville, il n’y a aucune confusion. En effet, a fait remarquer Moussa Guèye Jaraaf, «toute cette pagaille qui règne là-bas, n’est pas pour sécuriser les populations riveraines et les marchands eux-mêmes parce que les travaux du canal ne sont pas entièrement terminés». Selon lui, ce n’est pas normal que le maire de la commune de Rufisque-Nord expose la vie des citoyens pour de l’argent. «S’il y a des affrontements entre les agents de la ville et de la commune Nord, c’est parce que le maire agit avec une logique d’épicier. C’est pourquoi il a pris un espace exigüe qu’il a morcelé et vendu la place à 25 000 francs CFA», a-t-il révélé. Avant de faire remarquer que l’édile de Rufisque-Nord ne contribue pas au désengorgement de la ville malgré qu’il y ait une conférence des maires où tous les problèmes de la ville et des trois communes ont été débattus.
LE FILS DU MAIRE DAOUDA NIANG ACCUSE
Du côté des autorités de Rufisque-Nord on pointe un doigt accusateur sur le fils du maire. Le chef de la division des recettes de Rufisque-Nord estime que le fils du maire, Adama Niang, est le seul responsable des affrontements d’avant-hier. Il l’accuse d’agir comme s’il était le premier magistrat de la ville de Rufisque. «Ce qu’il y a lieu de dire, c’est qu’actuellement à Rufisque, il se passe des choses qui sont vraiment regrettables parce que les agissements du fils du maire, en l’occurrence Adama Niang, ont fini de faire le tour de la ville. On l’a vu au marché, sur le boulevard Maurice Guèye et d’autres parties de la ville. Partout où il passe, il ne fait que semer le désordre avec ses nervis», s’est désolé Maguèye Sow.
Pis, le responsable des recettes fait savoir que le fils de Daouda Niang «s’arroge de tous les pouvoirs et n’a d’égards pour personne, mêmes les maires qui ont élu son père». Ce qui «n’est pas normal» à ses yeux. Maguèye Sow a tenu à rappeler que «Rufisque a élu le maire Daouda Niang, mais pas son fils ». Mieux, il a insisté : «Et nous savons comment il a été élu». Car, a-t-il souligné, «c’est le maire le plus illégitime, qui n’a bénéficié que du plus fort reste, de miettes, de peu de voix pour accéder à la mairie». Ce qui devrait, selon lui, pousser son fils à bien se comporter. «Rien que pour cela, son fils devait revoir sa copie et rester tranquille», a-t-il laissé entendre.
A NOUS NOTRE «TERRITOIRE» COMMUNAL
Revenant sur les affrontements de mardi, le chef de la division des recettes de la commune Rufisque-Nord a fait remarquer que «c’est un problème qui nous a opposé avec les agents de la mairie de ville conduits par le fils du maire Adama Niang. Ils sont venus intervenir au niveau de nos limites territoriales pour essayer de déguerpir les marchands à qui nous avions attribué des contrats. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes opposés». Il soutient que «la zone en question se situe dans notre périmètre communal. Et par principe, c’est au maire Mame Oumar Mané de régenter sa commune. Aucune activité, aucune réalisation, fut-elle importante, ne doit être exécutée sans que le maire ne soit informé. Le canal appartient à la commune de Rufisque-Nord».
Dans cet ordre d’idées, M. Sow balaie d’un revers de main les accusations d’entrave au déguerpissement portées contre sa commune. «Nous ne pouvons pas accepter que d’autres viennent dans notre commune pour procéder à quoi que ce soit. Nous ne sommes pas informés de ces déguerpissements. Ils ont tenu des réunions au niveau de la mairie de ville sans que nous soyons informés. Ce n’est qu’à la dernière minute qu’ils sont venus vers nous pour dire de venir participer aux réunions. Mais, c’est un plan qui a été muri et commencé à être exécuté sans que nous soyons au courant», a-t-il déclaré. Maguèye Sow de préciser enfin : «Là où se trouvent les commerçants n’est pas la voie publique parce que nous luttons aussi pour le désencombrement. Mais, nous n’accepterons pas que d’autres viennent le faire à notre place».