L'AXE TRUMP-MUSK MENACE LE MONDE
Derrière les déclarations fracassantes du président américain sur Gaza se cache un projet bien plus vaste : l'instauration d'un apartheid mondial soutenu par la puissance numérique, selon une analyse du fondateur de Medipart, Edwy Plenel
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(SenePlus) - Dans une analyse alarmante publiée sur Mediapart, Edwy Plenel décrypte l'émergence d'un nouvel ordre mondial marqué par l'alliance entre le pouvoir politique de Donald Trump et l'oligarchie technologique incarnée par Elon Musk. Cette convergence dessine les contours d'une gouvernance mondiale inédite, où la technologie se met au service d'une idéologie séparatiste et suprémaciste.
Le 4 février dernier, lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, Donald Trump a dévoilé sans ambages sa vision pour Gaza, aux côtés de Benyamin Nétanyahou, lui-même visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. "Nous la posséderons" et "nous ferons tout simplement le ménage", a déclaré le président américain, évoquant sans détour un projet de transformation radicale du territoire palestinien en une "Riviera du Moyen-Orient", après l'expulsion de sa population vers l'Égypte et la Jordanie.
Selon l'analyse de Mediapart, cette vision pour Gaza n'est pas qu'un simple projet régional, mais le prototype d'une nouvelle conception des relations internationales. Loin de la destruction du Hamas initialement revendiquée après le 7 octobre, l'objectif apparaît désormais clairement : "la disparition de la Palestine, la destruction de son idée même, l'effacement de son peuple du territoire conquis par Israël."
Cette nouvelle administration Trump incarne ce que Plenel nomme "l'empire d'un mal politique radical", caractérisé par "la négation assumée de toute humanité commune" et "l'affirmation internationale de la loi du plus fort". Le slogan "Make America Great Again" prend ici tout son sens : rien ne doit résister à la volonté de puissance américaine, qu'il s'agisse des nations souveraines, des migrants ou des marchandises étrangères.
Cette doctrine de l'illimitisme trouve un écho particulier dans l'oligarchie technologique qui soutient Trump. Comme le souligne Mediapart, cette "oligarchie technophile portée par la révolution numérique" a atteint "un niveau de richesse incommensurable qui l'ancre dans la certitude de l'absolu et de l'impunité de son pouvoir."
L'analyse révèle qu'un véritable coup d'État est en marche aux États-Unis, orchestré notamment par Elon Musk depuis sa position non élue au département de l'efficacité gouvernementale. Le 28 janvier, rapporte Plenel, une action sans précédent a été menée : "deux millions d'employés fédéraux ont reçu un e-mail les invitant à démissionner", tandis que les bases de données du Trésor américain passaient sous le contrôle de l'équipe de Musk.
Le texte de Plenel établit un parallèle historique édifiant avec l'apartheid sud-africain, système de ségrégation raciale instauré en 1948. Ce n'est pas un hasard si les principales figures de ce "techno-féodalisme oligarchique" - Elon Musk, Peter Thiel et David Sacks - sont issues de l'Afrique du Sud de l'apartheid. Selon le fondateur de Mediapart, ils portent en eux cette vision d'un monde fondé sur "la séparation et la ségrégation, le rejet de l'humanité et le tri des êtres."
Cette nouvelle alliance représente, selon l'analyse de Mediapart, un "défi de civilisation" majeur. Elle incarne la résistance d'un "vieux monde de prédation qui ne veut pas mourir" et qui, pour survivre, "enfante des monstres dans l'espoir d'éradiquer définitivement l'espérance d'un monde meilleur."
Ce programme politique, qualifié de "foncièrement séparatiste" par Plenel, rompt avec l'idéal d'un monde commun. Il cible non seulement les peuples, mais aussi "les droits des femmes, les questions de genre, les luttes des LGBTQI+ et, plus largement, toutes les supposées minorités dont les prises de conscience bousculent les conservatismes."
Face à cette menace globale, le journaliste appelle à une prise de conscience urgente qui transcende "des querelles secondaires et des divergences momentanées." L'enjeu n'est plus simplement politique ou économique, mais civilisationnel : il s'agit de la survie même des valeurs humanistes et démocratiques face à l'émergence d'un système technologique d'apartheid mondial.