LES UTILISATEURS ENTRE L’EFFET DE LA MODE ET L’INCONSCIENCE DES DANGERS QU’ELLES SUSCITENT
VENTE ET UTILISATION DE LUNETTES BON MARCHE A DAKAR
Effet de mode trahissant pour plus une inconscience du fait des risques qu’elles peuvent engendrer pour l’œil, les lunettes de soleil sont aujourd’hui achetées comme de petits pains. Produit médical nécessitant avant tout usage à une ordonnance médicale, il est vendu aujourd’hui presque à chaque bout de rue.
Les défauts visuels ou défauts de réfraction deviennent de plus en plus récurrents de nos jours dans le monde, notamment dans les pays pauvres. En effet, le phénomène est très récurrent au Sénégal. Elle touche toutes les couches de la population. Par rapport à cette situation, certaines personnes interrogées pensent qu’elles sont causées par les effets d’écrans alors que pour d’autres, les défauts visuels sont liés à l’âge.
A cela s’ajoute le phénomène de la mode qui fait que beaucoup de personnes, notamment les jeunes filles, les dames et les garçons, se payent des lunettes de tout genre, sans imaginer les conséquences néfastes que cela peut leur causer. Cette situation a permis une recrudescence de la vente de ces lunettes à Dakar.
Ce que confirme le jeune Fallou, vendeur de lunettes sur l’avenue Ponty. Habillé en Jeans bleu et d'un tee-shirt blanc, le jeune homme est assis sur un banc avec un cure-dent à la main. Interrogé, il a reconnu que «les gens achètent régulièrement des lunettes. Ce sont les femmes qui en achètent le plus avec le phénomène de la mode. Mais, c’est pendant la période de chaleur (été) que nous nous frottons bien les mains avec les lunettes de genre «photo-grés» qui diminuent l’effet de la chaleur sur les yeux». Les gens sont emportés par l’effet de la mode, indique le jeune Fallou qui trouve que c’est pourquoi ils ne pensent même pas aux effets que ces lunettes peuvent avoir sur leurs yeux.
Ce sont les femmes qui en achètent le plus avec le phénomène de la mode
Un autre vendeur trouvé non loin de Fallou est quant à lui un vieux qui vend des lunettes de tout genre, notamment «les correcteurs». Interpellé, il n’a pas décliné son identité. Parlant sous le couvert de l’anonymat, il dira juste : «Je vends les lunettes de soleil, de myope et autres. Les prix varient selon le modèle et la qualité».
Concernant les lunettes myopes, il fait savoir qu’il existe au moins 8 différents degrés (0.25 ; 0.5 ; 0.75 ; 1 ; 1.25 ; 1.5 ; 1.75 ; 2 ; etc.) et qu’il les vend sans ordonnance mais plutôt, selon les indications du client. Pour lui, «il n’y a aucun danger pour les utilisateurs». Ce qu’il a tenté d’expliquer par l’expérience qu’il a su accumulée, durant plusieurs années d’exercice de ce métier.
Une attitude que ne cautionnent pas toutes les boutiques spécialisées dans la vente de lunettes et autres produits dérivés. C’est à l’image de cette structure spécialisée dans le montage et la vente des lunettes de correction visuelle située sur l’Avenue Ponty. Ce magasin dit vendre toutes les catégories de lunettes correctrices mais, uniquement sur ordonnance ou sur conseil d’un spécialiste.
Ndèye Khady, une cliente - «Derrière ces lunettes, tu peux observer quelqu’un sans qu’il le sache»
Ndèye Khady, jeune fille de 23 ans, trouvée en train de marchander des lunettes à Sandaga, est de celles qui ont un amour fou pour les lunettes de soleil. «Moi, j’aime bien les lunettes en noire fumée parce qu’avec la chaleur, elles te permettent d’avoir une bonne vision. Et font qu’on ne sente pas bien l’effet de la chaleur. En plus, ces lunettes sont trop belles. Quand tu les utilises, elles te rendent plus belle. Derrières ces lunettes teintées, tu peux observer quelqu’un sans qu’il le sache», renseigne la jeune demoiselle.
A l’inverse de cette dernière, une dame âgée de 43 ans, interpellée alors qu’il venait juste de sortir d’une boutique spécialisée dans la vente de lunettes, a confié qu’elle était à la recherche de solution pour améliorer sa vision. Secrétaire dans une entreprise de la place, elle a affirmé qu’elle était venue se payer des lunettes correctrices. Des lunettes de correction parce que confrontée à un problème de vision récent. Seulement, elle soutient avoir suivi les recommandations d’un ophtalmologiste. Et que ce dernier lui a conseillé d’utiliser des lunettes correctrices, dès lors que ses yeux ne présentent pas d’anomalie mais que le problème est normal vu son âge. «J’ai une vision floue depuis plus de deux mois et j’ai été à l’hôpital mais on m’a dit que cela est normal par rapport à mon âge. Mais, moi, j’en déduis que mon problème est dû, plutôt, à l’effet de l’écran de mon ordinateur et le manque de sommeil», dit-elle pour justifier son recours à des lunettes.