"DES IDÉES ET DES VALEURS AU SERVICE DE VOS AMBITIONS"
Mme Khady Diouf, Administrateur Directeur Général EVEREST Finance

Administrateur Directeur Général de la nouvelle SGI, EVEREST Finance, Mme Khady Diouf, veut devenir un acteur innovant du Marché Financier Régional avec "des solutions alternatives de levées de fonds et des produits financiers pour les intervenants de l’économie régionale". Entretien.
Vous avez reçu votre agrément de SGI, il y a quelques semaines, pouvez-vous préciser ce qu'est une SGI et quelle est votre mission ?
Les Sociétés de Gestion et d'Intermédiation (SGI) sont les principaux acteurs commerciaux du Marché Financier Régional de l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA). Nous sommes des courtiers en Valeurs mobilières, c'est-à-dire spécialistes dans la vente et l'achat d'actions et de titres de créances. En tant qu'Intermédiaires spécialisés dans le métier de la Finance, nous sommes soumises à une réglementation rigoureuse dont le Conseil Régional de l'Epargne Publique et du Marché Financier en est le régulateur. Le préalable incontournable à notre activité est l'obtention d'un agrément du Conseil Régionale. Ce qui nous donne le droit de collecter l'épargne du public et d'intervenir sur le marché financier à travers l'activité de négociation des titres cotés à la Bourse Régionale (BRVM) et après achat de ces titres, d'en assurer la conservation. EVEREST Finance est ce qu'on pourrait appeler une SGI indépendante. Nous sommes le fruit de la volonté d'un groupe d'investisseurs sénégalais.
Sur un marché aussi petit que le Sénégal, avec un métier aussi peu connu, quelle est l'opportunité de créer une 3ème SGI sur la place de Dakar ?
Nous avons remarqué au niveau de l'UMOA, une répartition géographique assez irrégulière des intervenants commerciaux de manière générale et des SGI particulièrement. En e et, plus de la moitié de ces SGI est installée en Côte d'Ivoire, alors qu'un pays comme la Guinée-Bissau n'en compte aucun. Même si la capitalisation boursière a dernièrement dépassé 7 500 milliards FCFA, le niveau des opérations en termes de nombre et de volume demeure encore modeste, laissant entrevoir des perspectives de développement nombreuses et variées sur aussi bien sur le marché financier que monétaire qui o rent bien des possibilités d'investissement et qui, peu à peu, se dynamise sur ses di érents segments. Avec l'annonce de la mise en place du 3ème compartiment de la BRVM, les PME/ PMI auront accès à de nouvelles sources de financement.
Pourquoi définissez-vous EVEREST Finance comme une SGI qui a "des idées et des valeurs au service des ambitions de ses clients" ? Quelle est la vision qui vous porte et vos ambitions à court et moyen terme ?
Chez EVEREST Finance, nous misons sur une adhésion des investisseurs aussi bien locaux qu'internationaux qui contribueront à l'approfondissement du marché financier régional en proposant, en partenariat avec des banques de marchés et d'affaires, des documents de recherche o rant des analyses régulières et pertinentes sur l'actualité du marché et les tendances boursières et macroéconomiques. Nous avons, donc, la modeste ambition d'étoffer l'o re existante en étant un acteur innovant et en nous positionnant comme un acteur de référence dans l'activité de marché et dans la recherche de financement pour tiers. Nous nous sommes fixés comme objectifs : Assurer une présence assidue sur le Marché Financier Régional en permettant à nos clients d'être à l'a ût des opportunités d'investissement avantageuses ; Proposer des solutions de financement alternatives pour des organisations en quête de liquidité pour des besoins d'investissement ou d'exploitation ; Développer des solutions de levées de fonds tant pour les projets Green eld que les PME/PMI déjà en activité.
Qu'entendez-vous par "des solutions alternatives de levées de fonds et des produits financiers pour les intervenants de l'économie régionale" ?
Il existe, aujourd'hui, un segment de l'économie qui n'arrive pas à trouver une source de financement en adéquation avec ses besoins ; autant en termes de produits qu'en termes de structuration. Ce segment est essentiellement constitué, d'une part, par des entrepreneurs avec des idées de projets globalement bien structurés, mais ne disposant pas de garanties traditionnellement jugées acceptables par le système bancaire ; et d'autre part, par les grandes PME/ PMI qui ont un fort potentiel de croissance, mais qui se trouvent souvent confrontées à des limites d'exposition au niveau de leurs banques. Depuis la création du Marché Financier Régional en 1998, selon les statistiques du CREPMF, plus de 297 opérations financières ont été réalisées sur le marché primaire. Ces opérations ont permis de mobiliser un montant total de 4 658 milliards de FCFA se répartissant entre emprunts obligataires et opérations sur titres de capital. Pour le moment, les principaux bénéficiaires de cette mobilisation de ressources restent les Etats de l'union avec près de 60% collectés pour leur compte et seulement 11,5% pour le secteur privé. Notre rôle, en tant que SGI, est de veiller à l'animation du marché en sensibilisant le secteur privé sur les avantages à recourir efficacement au Marché Financier.
Le Marché Financier ouest- africain est-il assez mature pour répondre à vos ambitions ?
Avec les économies européennes qui sont aux prises avec la crise de la dette, la croissance timide des Etats-Unis et dans le reste du monde, l'Afrique se positionne comme le nouveau pôle de croissance économique mondial. Du coup, les investisseurs se tournent vers l'Afrique en raison de l'attractivité de son économie en expansion. La perception même de l'Afrique est en train de devenir plus positive sur le long terme. Au regard des perspectives de croissance, l'enjeu pour l'investisseur ne se résume plus qu'à identifier le meilleur canal pour se positionner. Il est donc impératif pour le Marché Financier d'être un acteur clé dans l'accompagnement de ces investisseurs. Tout comme le reste de l'Afrique subsaharienne, la zone ouest francophone a des atouts à faire valoir. Parmi ceux-ci, le Marché Financier Régional est une pièce maîtresse. Une place boursière est un élément essentiel d'une économie en développement. Nombre d'études du FMI aboutissent à la même conclusion : "S'ils sont encadrés par des politiques et réformes appropriées, les marchés Financiers peuvent aider les entreprises à multiplier leurs opérations qui contribueront, en retour, à la croissance économique". Le Marché Financier de l'UMOA présente des bases réglementaires et institutionnelles solides lui permettant d'amorcer une mutation rapide et efficiente, mais aussi d'identifier l'ensemble des batailles stratégiques à mener et le chemin restant à parcourir pour son rayonnement continental et international. Tous les acteurs devront être mis à contribution et parmi les intervenants commerciaux, les SGI ont un rôle important à jouer. Le Marché Financier de l'UMOA est appelé à croître, donc à voir sa base d'émetteurs et de clients s'élargir du fait de l'accumulation de capital. Il est également appelé à diversififer son o re et ses intervenants a n de capter le maximum de ux. Tout ceci laisse préjuger d'un environnement favorable à un projet de création d'une société de gestion et d'intermédiation. La BRVM voit sa position dans le classement des bourses africaines progresser régulièrement. Elle est une place innovante qui joue un rôle d'avant-garde pour l'intégration des bourses de la CEDEAO et qui est résolument engagée dans le renforcement de la culture boursière au sein de l'UEMOA. Nul doute que l'aboutissement du chantier pour la mise en place d'un troisième compartiment donnera plus de volume aux transactions et ouvrira de meilleures perspectives pour les PME/PMI.
Il se dit que vous avez recruté une équipe jeune, mais avec des expertises qualifiées, qu'en est- il ? Expliquez-nous ?
EVEREST Finance réunit une équipe pluridisciplinaire, entièrement dévouée à la feuille de route déclinée par le Conseil d'Administration. Cette équipe de spécialistes des métiers de la Finance a eu la chance de cumuler une expérience dans le monde des a aires aussi bien en Afrique subsaharienne que sur des places boursières occidentales telles que Paris et New York. Certains ont une connaissance avérée du marché intérieur. Nos équipes en charge des Marchés de Capitaux et de l'Ingénierie Financière partagent une passion commune pour la Finance en général, et en particulier pour l'origination et les mécanismes de levée de fonds. Au sein de EVEREST Finance, l'organisation de chaque direction est adaptée à la problématique spécifique de son cœur de métier.
Pouvez-vous partager avec nous votre propre parcours professionnel avant la création d'EVEREST Finance ?
Je suis titulaire d'un Bachelor en Finance de la Suffolk University de Boston et d'un Joint degree MBA IP de l'Université Paris Dauphine - Panthéon Sorbonne. J'ai démarré ma carrière en 2006 dans la filiale américaine de la multinationale AXA dans le département chargé du suivi du fonds de pension retraite des employés d'AXA Equitable. Optant pour un retour en Afrique, j'ai fait un bref passage à la SGI BMCE Capital Afrique, en tant qu'analyste financier avant de rejoindre la Banque de l'Habitat du Sénégal comme Chef du pôle Trésorerie et Institutions Financières. Après 3 années au poste de Responsable de la Relation avec les Institutionnels et les organismes de coopération multilatérale pour la banque United Bank of Africa (UBA Sénégal), je suis recrutée, en 2012 par le Département d'Etat américain pour occuper le poste de Senior Financial Specialist au niveau de l'ambassade des Etats-Unis au Sénégal. En Mai 2015, je quitte ce poste avec comme objectif de réaliser un rêve muri, depuis ma décision de retour au Sénégal, à savoir créer une SGI.