LE SENEGAL AGIT POUR AMELIORER LA GOUVERNANCE ET LA DURABILITE DU SECTEUR DE LA PECHE, SELON LA BM
EPUISEMENT DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
Le libre accès aux zones de pêche artisanale a conduit à l’épuisement des ressources halieutiques ainsi qu’à l’augmentation des prix du poisson au Sénégal. Le pays a lancé une campagne d’enregistrement et d’immatriculation de la flotte artisanale qui va permettre d’améliorer la gouvernance du secteur de la pêche. Cependant, la Banque mondiale (Bm) a estimé que le sénégal doit agir pour améliorer la gouvernance et la durabilité du secteur de la pêche.
Au Sénégal, le libre accès aux zones de pêche artisanale a conduit à l’épuisement des ressources halieutiques ainsi qu’à la hausse des prix du poisson. Selon une publication de la Bm, «en raison de la surexploitation des stocks, les pêcheurs sont contraints d’élargir leur périmètre de navigation et souvent de quitter les eaux sénégalaises pour gagner les eaux voisines de la Guinée-Bissau et de la Mauritanie. Cette quête de fonds plus poissonneux a un coût : les pêcheurs artisanaux doivent se doter d’équipements supplémentaires, consommer plus de carburant et s’exposer à des risques accrus d’accident en mer. Cette hausse des coûts se traduit aussi par une baisse significative de leurs revenus. À cela s’ajoute l’expansion de la flotte de pêche artisanale, qui est passée de 13 000 à 19 000 bateaux entre 2009 et 2015 et qui, en l’absence de dispositifs de surveillance et de contrôle appropriés, va continuer à peser sur des stocks déjà surexploités».
Et pour cela, dit le document de la Bm, «le Sénégal a récemment lancé une campagne d’immatriculation pour 19,009 bateaux de pêche artisanale, qui permettra de contrôler la capacité de cette flotte. Avec cette initiative, le pays franchit une première étape vers l’instauration d’une bonne gouvernance dans le secteur de la pêche. Il s’agit aussi d’une mesure importante pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, que pratiquent aussi bien les pêcheurs étrangers que les nationaux».
Selon un rapport de l’Overseas Development Institute intitulé Westem Africa's missing fish, la pêche clandestine aurait coûté 300 millions de dollars au Sénégal en 2012, soit 2% de son Produit intérieur brut (Pib). «L’identification des embarcations est un préalable à l’acquisition de permis de pêche, avec des dispositifs de gestion des ressources halieutiques portant par exemple sur les espèces ciblées et les zones accessibles. En outre, en cas d’accident, ces plaques d’immatriculation assurent une identification rapide du bateau concerné et de l’équipage. En 2015, on a recensé 65 naufrages qui ont provoqué la mort de 95 pêcheurs», lit-on dans le document.
D'après la même publication, «la Banque mondiale a soutenu l’initiative sénégalaise dans le cadre du Programme régional des pêches en Afrique de l'Ouest (Prao) qui couvre le littoral ouest-africain de la Mauritanie au Ghana, avec un investissement de 165 millions de dollars au cours des six dernières années».
Et pour atténuer les pressions exercées sur les ressources halieutiques, sans pour autant mettre en péril la situation sociale et économique des communautés de pêcheurs, le Prao a financé le développement de moyens de subsistance alternatifs et de l’entrepreneuriat féminin : plus de 1,2 million de dollars a été alloué à des activités rémunératrices tandis qu’un million de dollars de microcrédits ont permis de soutenir des projets de reconversion pour les pêcheurs.
«Les succès du Sénégal, en matière de cogestion des ressources marines, sont particulièrement remarquables. À Ngaparou, pêcheurs, mareyeurs, propriétaires d’embarcations et autres parties prenantes sont parvenus à se regrouper et à mettre en place un système qui permet d’assurer une gestion équilibrée des ressources halieutiques et de transformer radicalement les moyens de vie. Dans les zones de pêche cogérées, on a vu réapparaître des espèces importantes que l’on ne trouvait plus ; le poids du homard a augmenté de 133%, ce qui fait grossir les recettes des populations locales», a renseigné la Banque mondiale qui précise que tous ces efforts contribuent à améliorer la gouvernance, mais l’enjeu, à terme, sera de reconstituer les ressources halieutiques et de restaurer leur abondance et leur diversité.