«KEMTYU» DE WILLIAM MBAYE OBTIENT UNE STANDING OVATION EN TERRE IVOIRIENNE
PROJECTION EN PREMIERE MONDIALE AFRICAINE DU FILM SUR CHEIKH ANTA DIOP
Le film documentaire «Kemtiyu Seex Anta» du réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye est parti pour être un succès, voire un chef d'oeuvre. Projeté en première mondiale, hier, au 16e «Clap Ivoire», il a reçu en effet une standing ovation.
ABIDJAN, Côte d’Ivoire - Tout porte à croire que le film documentaire «Kemtiyu Seex Anta» du réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye est parti pour connaître un succès. En effet, après sa première projection au Sénégal, les cinéphiles sont tombés sous le charme de ce film qui dresse le portrait du savant Cheikh Anta Diop. Alors que la sortie officielle est prévue au mois de novembre, sur demande du ministre ivoirien de la Culture , Maurice Kouakou Bandaman, présent à Dakar lors de la première projection au Sénégal, ce film a été projeté en première mondiale dans son pays. C’était, hier, lors de la 16e édition du Festival international des jeunes réalisateurs «Clap Ivoire», à Abidjan.
En effet, ce déplacement a eu un effet positif, puisque que les acteurs, les cinéphiles, les étudiants, les festivaliers, tous ont plébiscité le film avec une standing ovation, pendant et juste après la projection. Cela, au bonheur du réalisateur et de la productrice Laurence Attali. «Vraiment ça mérite des applaudissements, car c'est un bon film que nous a présenté ce sénégalais. Cheikh était un grand qui mérite respect et considération. C’est un très beau portait», se sont réjouis des étudiants venus assister à la projection dans la grande salle du cinéma Majestic d’Abidjan. Ce documentaire d’une heure et 34 minutes s'ouvre sur un beau paysage de la capitale sénégalaise, Dakar, de l'homme universel, le géant du savoir… Et cela, jusque dans le village natal du Cheikh Anta Diop, à Thiaytou. Puis, il plonge le public dans la revue des titres de «l'homme universel, le contemporain capital, le géant du savoir, le dernier Pharaon», entre autres «Une» des journaux, au lendemain sur sa mort, un soir du 7 février 1986.
Et voilà 30 années qui se sont écoulées. D’où la volonté de William Mbaye de lui rendre hommage à travers ce documentaire «Kemtiyu», qui dresse le portrait de ce savant insatiable de sciences et de connaissance. Mais aussi un homme à la dimension politique intégrée et éclairée, comme ont témoigné certains de ses collaborateurs. C'est un film bien fouillé avec des archives nationales comme internationales, des bandes sonores, des documents en noir et blanc. Mais aussi à travers des voyages en France, au Canada, en Egypte, au Sénégal, des rencontres avec des gens qui ont connu Cheikh Anta pour son combat pour l'Afrique.
Il y avait aussi des voix «off» du réalisateur, mais aussi de personnalités comme celui du Président Abdou Diouf, les témoignages de sa femme, de ses enfants, de son disciple Théophile Obenga, de la journaliste Annette Mbaye Derneville, de Boubacar Boris Diop, entre autres, qui ont donné un cachet historique au film. De l'émotion aussi, on la retrouve dans ce film, surtout avec le malaise de Cheikh Anta Diop en plein symposium organisé à Dakar. Mais la séquence qui a le plus plongé la salle dans des cris de joie, c'est quand Cheikh Anta a donné un message fort à la jeunesse africaine de croire en elle, avec le ton et la hargne. D'ailleurs, c’est avec cette belle image, avec la musique Randy Weston, que ce film se termine, sous l'acclamation du public. La projection a été rehaussée par la présence du ministre de la Culture, M. Bandaman, qui a fait savoir qu'il est important de perpétuer l'oeuvre et l'histoire de Cheikh Anta Diop qui a tout donné à l'Afrique. «Cela mérite même qu'on l’enseigne dans les universités et nos école. Et c'est pourquoi une seconde projection est prévue vendredi à l'Université Félix Houphete Boigny», a-t-il dit.
Réactions… Réactions
SINTHIANA SARDINE, ARTISTE IVOIRIENNE : «Ce film est pour l'éveil des consciences africaines»
«J'ai vraiment aimé ce film documentaire. Parce que ce film est pour l'éveil des consciences africaines. Et il est important aujourd'hui de savoir d'où nous venons, savoir quelle est notre culture. J'encourage notre industrie de cinéma africain, il faut qu'on se développe, qu'on soit solidaire ».
BOCAR BA, SENEGALAIS : «Seule la science va nous libérer, nous les Africains»
«J'ai aimé ce film qui nous retrace en partie la vie de Cheikh Anta Diop. Je salue le travail scientifique qu'il a abattu pour prouver l'antériorité de la civilisation noire. Et je retiens également dans le message de Cheikh Anta Diop l'encouragement pour la jeunesse à s'impliquer dans la recherche de la connaissance, la recherche dans les sciences. Car seule la science va nous libérer, nous les Africains. Je pense que c'est un appel qui est essentiel qui est adressé à la jeunesse africaine. La trame du film, c'est amener les Africains à s'impliquer davantage dans la recherche de la connaissance».
SEKOU OUMAR SIDIBE, REALISATEUR BURKINABE : «Rien que le titre, c'est très beau»
«Rien que le titre, c'est très beau. Je crois que pour l'Afrique, ça va être diffusé partout et surtout les étudiants chercheurs suivront le film. Mais nous aussi, jeunes cinéastes, pépinière de l'Afrique, pour essayer de faire ces genres de portait, sortir des vérités qui sont cachées par les Blancs pour modifier l'histoire. Ce que j'aime plus dans ce film, c’est qu’il y a beaucoup de créativité, le montage aussi est propre. Parce que, quand on regarde les raccords et la musique, on souffle, on est concentré, il y a toutes les émotions. On sent qu'il y a eu un travail de recherche qui a été fait».
MIGUETTE PALENZO, CINEPHILE : «Ce sera très utile pour l'Afrique de voir ce film»
«Je trouve que c'est vraiment quelque chose de majeur pour l'Afrique. Je suis étonné qu’une telle chose puisse être réalisée. Je pense que ce sera très utile pour l'Afrique de voir ce film. Mais est-ce que l'Afrique verra se film ? C'est la grande question ?».