BAKARY SAMB EN DJIHAD SUR LA TOILE
Croisade contre l'extremisme violent
L’Institute Timbuktu a procédé hier, à Dakar, au lancement de la première chaîne Youtube sur l’éducation à la paix en Afrique ‘’Education for peace’’. A travers cette initiative soutenue par l’ambassade des Etats-Unis, Docteur Bakary Sambe et ses camarades ambitionnent d’engager la croisade contre les djihadistes qui, constatent-ils, enrôlent des jeunes par les réseaux-sociaux.
1 500 Marocains dans les rangs djihadistes : le constat de l’Institute Timbuktu est angoissant. Il s’inscrit dans un contexte africain, international, où la lutte contre l’insécurité, le terrorisme, reste une préoccupation majeure. C’est un des défis auxquels les Etats du monde contemporains font face. Une lourde tâche sécuritaire qui interpelle, notamment, le Mali, la France, la Turquie, la Belgique, etc. qui payent un lourd tribut de la folie meurtrière des terroristes.
Par le biais de la prévention, Docteur Bakary Sambe, directeur de l’Institute Timbuktu, part en djihad contre ces agents du mal. A Dakar hier, avec le soutien de l’ambassade des Etats-Unis, M. Sambe et ses camarades ont procédé à la cérémonie de lancement de la première chaîne Youtube sur l’éducation à la paix en Afrique ‘’Education for peace’’.
Docteur Sambe d’alerter : ‘’Aujourd’hui, on a une communauté internationale vulnérable. En plus de la réponse doctrinale, il faut aussi prendre en compte de l’aspect lié à l’accompagnement social. Le Maroc, qui est un exemple en termes de réponse doctrinale, a environ 1 500 individus dans les rangs djihadistes.’’ Face à ce ‘’triste’’ tableau dressé, le chercheur, qui privilégie la prévention, promet d’investir sur internet.
Ceci pour faire face aux discours ‘’bien élaborés’’ des terroristes qui, selon M. Sambe, enrôlent des jeunes via les Technologies de l’information et de la communication (Tic). ‘’Donc, il faut renforcer la résilience communautaire. Nous allons investir dans les réseaux sociaux pour rencontrer les jeunes. Ces terrains seront utilisés pour ne pas laisser le discours de la haine occuper l’espace’’, s’engage-t-il.
Il faut relever que le programme ‘’Education for peace’’ consiste à sensibiliser les jeunes, les mères de familles, les chefs religieux…sur les questions relatives à l’extrémisme violent. Aussi, il vise à promouvoir la prévention, à mettre l’accent sur le dialogue, à rencontrer les autorités académiques, les étudiants… Ceci dans le but d’organiser des débats autour de la paix.
Selon Bakary Sambe, le monde actuel est un ‘’marché libéralisé’’ où circulent des biens économiques, culturels, politiques, symboliques, etc. ‘’Si nous, les Africains, notre offre n’est pas correctement positionnée sur ce marché, nos enfants vont les consommer ailleurs.
Actuellement, avec ce qui se passe comme violences, guerres, terrorisme…, si nous ne prenons pas les devants en leur donnant des messages positifs, ils seront attirés par d’autres types de discours. Et ces derniers ont amené des problèmes dans les pays qui nous entourent, comme au Mali, Nigeria’’, avertit-il. Dans les prochains jours, le patron de Timbuktu Institute promet de faire le tour des écoles de Kaolack, Mbour, y compris celles des autres villes du Sénégal, pour sensibiliser les jeunes pour qu’ils soient, eux-mêmes, des acteurs de paix.
La sociologue Fatou Sow Sarr a, quant à elle, rappelé que l’extrémisme est une donnée de ce siècle. Dans le cadre de cette prévention, elle plaide pour qu’une place ‘’importante’’ y soit accordée aux femmes. ‘’Elles interviennent dans l’éducation de l’enfant, le contrôle des consciences’’, motive-t-elle. Doctorante en sociologie, Sokhna Maï Mbacke Djamil a insisté sur les causes de ce phénomène. A ses yeux, l’extrémisme violent est lié à l’endoctrinement, c'est-à-dire une interprétation fausse des textes sacrés.
Forte de cette certitude, elle souligne que ‘’plusieurs jeunes se radicalisent parce que la lecture des textes religieux est faite de manière fragmentée, alors que, pour le Coran, il doit y avoir une lecture holistique, globale. Il faut aussi s’intéresser à la finalité des versets, mettre le texte dans son contexte, parce qu’il est sacré.’’ Pour faire face à ces défis sécuritaires, la doctorante en sociologie invite ainsi à développer des politiques ‘’inclusives’’ basées sur la prévention, en tenant compte des besoins ou réalités des pays concernés.