Le rapport de la Cnaes met à nu les problèmes de l’enseignement supérieur et de la recherche
ÉTAT DES LIEUX DES UNIVERSITES SENEGALAISES
Le système d’enseignement supérieur au Sénégal connaît, depuis quelques années, une crise multiforme nourrissant continument des revendications qui portent sur la mise à niveau et le rééquilibrage des budgets des universités publiques, l’attribution des bourses, l’hébergement, la restauration et les conditions de vie dans le campus social, entre autres.
D’après les conclusions de la Concertation nationale pour l’avenir de l’enseignement supérieur au Sénégal (Cnaes) présentée, hier, par le Professeur Aminata Diaw Cissé, lors de la cérémonie de clôture, ces conflits sociaux sont le reflet d’une demande croissante de formation supérieure qui est le fruit des efforts d’extension de l’enseignement élémentaire, moyen secondaire.
«Cette demande est très fortement déséquilibrée avec 70% de bacheliers littéraires pour seulement 40% de bacheliers dans les filières scientifiques, techniques et professionnelles», déclare Pr Aminata Diaw Cissé, rapporteur général au sein du Comité de pilotage de la Cnaes. De plus, fait-elle savoir que «l’offre de formation souffre d’un handicap majeur dû à une insuffisance de formations professionnelles et techniques courtes». Ce qui leur fait dire, d’ailleurs, dans leur rapport que «le système d’enseignement public offre peu d’alternatives aux jeunes bacheliers».
Par ailleurs, un autre déséquilibre a été noté dans les ressources allouées à l’enseignement supérieur. Cependant, rapporte le Pr Aminata D. Cissé, «la politique de généralisation des bourses et aides dans le premier et second cycle, l’octroi de bourses à tous les étudiants inscrits au troisième cycle et le bénéfice des œuvres sociales accordées à tous les étudiants sénégalais ont fini par créer un déséquilibre structurel dans l’allocation des ressources à l’enseignement supérieur».
En effet, 70% de ces ressources sont pour le social et les 30% restantes pour le pédagogique. Cette répartition, affirme le Pr Aminata D. Cissé, est soutenable et risque d’hypothéquer durablement l’augmentation de l’accès et la création de filières courtes professionnelles et/ou techniques.
L’Ucad, victime de ces pesanteurs
Regroupant plus de 80% des effectifs de l’enseignement supérieur public, l’Ucad croule sous les effectifs. Elle subit, d’après les conclusions de la Cnaes, les contrecoups de cette situation. Laquelle situation se traduit, toujours d’après la conclusion de cette Concertation, «par une inefficacité interne au niveau du premier cycle dans les facultés, un déficit de qualité, un faible taux d’employabilité des diplômés, un faible nombre de filières à vocation professionnelle ainsi qu’une insécurité et surpeuplement au niveau du campus social et pédagogique». C’est pourquoi, après échanges entre les différents acteurs et la société civile, la Cnaes est convaincue qu’il est nécessaire de conserver l’Ucad dans son intégrité. «Il est également impératif de faire retrouver à cet espace le sens et la possibilité de l’innovation», rapporte Pr Aminata D. Cissé.