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23 février 2025
RSF APPELLE LE PRESIDENT FAYE A PRENDRE DES MESURES AMBITIEUSES
L’organisation Reporters sans frontières (RSF), par l’intermédiaire du directeur de son bureau pour l’Afrique subsaharienne, Sadibou Marone, appelle le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, à prendre des ”mesures ambitieuses”.
L’organisation Reporters sans frontières (RSF), par l’intermédiaire du directeur de son bureau pour l’Afrique subsaharienne, Sadibou Marone, appelle le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, à prendre des ”mesures ambitieuses” pour garantir la liberté de la presse au Sénégal et faire de la sécurité des journalistes une priorité de son mandate.
Il invite ainsi le chef de l’Etat “à tenir ses promesses”, rappelant qu’il s’était engagé dans son livre programme en tant que candidat à supprimer la peine d’emprisonnement pour les infractions de presse.
“L’organisation appelle celui qui est devenu, le 2 avril dernier, président de la République sénégalaise, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, à tenir cette promesse et à ouvrir une nouvelle ère pour les médias”, a écrit M. Marone, dans un communiqué de presse reçu à l’APS.
Il estime qu’il faut une “suppression de la peine d’emprisonnement pour les infractions de presse, la tolérance zéro à l’égard des attaques contre les médias, les garanties quant à la sécurité des journalistes sur le terrain…”.
Reporters sans frontières appelle les nouvelles autorités à faire de la sécurité des journalistes une priorité et à proposer une politique ambitieuse pour que la liberté de la presse soit respectée.
Sadibou Marone considère en effet que “la liberté de la presse a été gravement mise à mal ces dernières années au Sénégal (arrestations et agressions des journalistes, suspensions de médias et coupures abusives d’Internet). Le pays doit renouer avec sa tradition de modèle en la matière”, a-t-il dit.
RSF invite le président Faye à se saisir de dix mesures phares incluant aussi la régulation des plateformes numériques conformes aux propositions du partenariat international sur l’information et la démocratie dont le Sénégal est signataire ou encore la suppression des amendes exorbitantes pour les délits de presse.
L’ATTENTE DU NOUVEAU GOUVERNEMENT ET LES ORIENTATIONS DU PRESIDENT FAYE AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE VENDREDI
Les quotidiens, dans la même situation que les populations, sont dans l’attente de la publication de la liste du premier gouvernement de l’ère Bassirou Diomaye Faye
Dakar, 5 avr (APS) – Les quotidiens, dans la même situation que les populations, sont dans l’attente de la publication de la liste du premier gouvernement de l’ère Bassirou Diomaye Faye, alors que le nouveau président de la République a fini de dégager les grandes orientations de son action dans un premier message à la nation.
“Jusque hier dans la nuit, le gouvernement n’était pas annoncé, à l’exception de son chef. L’explication officieuse serait liée aux appétits de tous les membres de la coalition au pouvoir et à leurs alliés”, écrit Le Quotidien dans son édition de ce vendredi.
L’Observateur titre sur le même sujet : “Diomaye et Sonko face à la difficile équation du premier gouvernement”, qui “devrait être connu normalement sous peu”, indique ce journal. “Equilibres politiques, renouvellement, profils…, sa composition parait délicate”, selon la même publication.
Or, le chef de l’Etat intronisé mardi dernier a déjà fixé le cap de son action, dans un discours radiotélévisé à la nation, mercredi soir, à l’occasion de la commémoration du 64e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.
“[Bassirou Diomaye Faye] annonce des couleurs”, note Bès Bi Le jour, à propos de cette adresse présidentielle d’un quart d’heure “propre de fermeté et d’appel à la cohésion” nationale.
Bès Bi revient sur quelques-unes des thématiques abordées par le président de la République, de la lutte contre la corruption à la réforme du système électoral, en passant par “le pari de la souveraineté alimentaire perdu par ses prédécesseurs”.
De ”fortes annonces” du président Diomaye Faye
“Réforme du système électoral, rationalisation et financement des partis, séparation des postes de chef d’Etat et chef de parti, priorisation de l’emploi des jeunes et des femmes, souveraineté alimentaire, reddition des comptes, assises de la justice : les grandes lignes de la gouvernance politique et socioéconomique du quinquennat en cours ont été tracées par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye […]”, mentionne Sud Quotidien.
Et Le Soleil évoque “de fortes annonces”, en citant “des réformes majeures en matière de gouvernance”, l'”engagement ferme” du nouveau président pour l’emploi des jeunes et la lutte contre la vie chère, mais aussi la réforme du système politico-judiciaire.
Si Yoor-Yoor reprend, avec les mêmes éléments, les grandes lignes de ce “discours du changement de méthode”, ils sont nombreux les quotidiens ayant manifesté un intérêt appuyé pour le volet gouvernance et lutte contre la corruption du message du président Bassirou Diomaye Faye.
“Tremblez, Bassirou arrive !”, affiche à propos le quotidien 24 Heures, en allusion à l’engagement pris par le successeur de Macky Sall pour une gouvernance “vertueuse fondée sur l’éthique de responsabilité”.
Bassirou Diomaye Faye “prône la tolérance zéro” contre la corruption, les détournements et les fraudes fiscales, relève le quotidien L’Info, pendant que Vox Populi retient que le président de la République “annonce à mi-voix la traque des biens mal acquis”.
Le journal se fonde sur les pistes déclinées par le chef de l’Etat s’agissant de la lutte “sans répit contre la corruption”, la répression de la fraude fiscale et des flux financiers illicites, ainsi que la lutte contre le détournement des deniers publics et le blanchiment d’argent, entre autres points.
Tribune va même jusqu’à évoquer un plan du président Diomaye Faye “pour la restitution des avoirs volés”, quand Walfquotidien souligne que concernant la vie chère, la corruption et le secteur privé, le président Faye se retrouve “entre l’enclume des ambitions et la réalité”.
Le successeur de Macky Sall “marque son territoire”
“Les promesses du successeur de Macky Sall à la tête du Sénégal vont être mises à rudes épreuves quand l’improductivité nationale, les chocs extérieurs et la complainte de l’administration vont faire surface”, écrit ce journal.
Les quotidiens signalent par ailleurs que le président de la République a annulé les dernières décisions prises par son prédécesseur dans le cadre du Conseil supérieur de la magistrature. “Le président Diomaye marque son territoire”, titre Direct News.
Le journal rappelle que “Macky Sall avait nommé un premier président de la Cour suprême et avait pourvu aux postes de membres du pôle financier”, mais toutes ces décisions “ont été annulées”.
Selon Source A, les membres du Conseil supérieur de la magistrature ont été déjà informés de cette mesure par le ministère de la Justice. Ce faisant, le nouveau président “déjoue les +pièges+ de Macky [Sall]”, son prédécesseur, estime L’Observateur.
“Diomaye commence le balayage”, affiche le quotidien L’As, dont le titre fait subtilement écho à la campagne électorale au cours de laquelle le candidat devenu président brandissait un balai au cours de certains de ses meetings pour suggérer qu’il faut procéder à un nettoyage du pays.
“Après la +désenghorisation+ sous l’ère Diouf, place maintenant à la +démackysation+”, avance L’As. “Trois jours seulement passés à la tête de l’Etat, le président Bassirou Diomaye Faye est revenu sur d’importantes décisions prises récemment par son prédécesseur”, constate ce quotidien.
par Yoro Dia
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, GARDONS-NOUS DE PERDRE DU TEMPS
Les urgences ne sont ni électorales ni institutionnelles. Elles sont dans la croissance, l’emploi des jeunes, la création de richesses, la quête de la prospérité. Si le fameux « Projet » de Pastef existe, il doit être orienté vers ce nouvel horizon
Dans une précédente contribution, je soulignais que le seul risque politique que le Sénégal court est une perte de temps parce que l’Etat est debout, la République forte et la démocratie en marche. L’immense chantier de réformes institutionnelles qu’annonce le président Faye confirme qu’on va perdre du temps. Le Sénégal qui a organisé une présidentielle en moins de trois semaines, une transition entre les Présidents Sall et Faye en moins de dix jours et dont l’alternance est devenue la respiration démocratique n’a pas de problèmes institutionnels sauf si nous sommes à la quête d’institutions parfaites qui n’ont jamais existé nulle part sur terre. Les institutions deviennent « parfaites » avec le temps que nous ne leur donnons jamais au Sénégal car après chaque élection on ouvre un chantier de réformes.
Notre pays n’a pas aussi un problème électoral et l’élection du président Faye en est la parfaite illustration sans parler de celle de Barthelemy Dias à la tête de la capitale et de Serigne Mboup (société civile) à Kaolack. Lors de la dernière présidentielle aux Etats Unis, le pays de Google, de Facebook et de Twitter, c’est le vote postal qui était au cœur des débats parce que les institutions américaines remontent à la Constitution de 1789 et on en est toujours à la première République. L’histoire montre qu’il n’y a pas de lien entre reforme, « modernité » des institutions et efficacité économique sinon la révolution industrielle n’aurait pas eu lieu en Angleterre et le Japon ne serait pas à la pointe de la révolution industrielle et technologique. La création d’une CENI (Commission électorale nationale indépendante) serait un grand bond en arrière car elle est souvent l’apanage des pays en transition démocratique ou pour les nouvelles démocraties.
Face aux urgences économiques et sociales, ce grand chantier de la reforme institutionnelle s’apparente à une arme de distraction massive qui ne fera que l’affaire des rentiers de la tension électorale permanente qui doivent leur survie qu’à cette démocratie du Sisyphe ( éternel retour sur les règles du jeu). Dans un pays où le pouvoir par le biais d’un ministre de l’Intérieur (partisan ou pas) peut organiser des élections présidentielles et les perdre comme en 2000, 2012 et 2024, c’est un anachronisme politique que de vouloir faire un bond en arrière que de vouloir créer une CENI. J’ai toujours pensé que c’était une tragédie que le cerveau de notre classe politique avec des hommes si brillants soit tout le temps piraté par la question électorale.
L’émergence est dans l’inversion de la courbe du débat comme l’a fait le Premier ministre Abdou Mbaye sur la question de la monnaie. Les urgences ne sont ni électorales ni institutionnelles. Elles sont ailleurs, notamment dans la croissance, dans l’emploi des jeunes, dans la création de richesses, dans la quête de la prospérité. Et quand un pays se mobilise pour la prospérité ou l’émergence, il n’a pas le temps et l’énergie à perdre sur le débat sans fin sur les institutions car la Grande Bretagne, le Japon et les Etats Unis montrent tous les jours qu’on peut avoir des institutions archaïques qui remontent au Roi Jean sans terre pour la Grande Bretagne ( 1166-1216), à l’ère du Meji pour le Japon ( 1868) et à la révolution américaine de 1776 et avoir une grande efficacité économique et industrielle. Le Sénégal va avoir son premier baril de pétrole cette année, le nouvel horizon est économique et l’exception démocratique doit avoir l’ambition de devenir l’exception économique. Si le fameux « Projet » de Pastef existe, il doit être orienté vers ce nouvel horizon. Quand le Président Macky Sall lançait le PSE, le Sénégal n’avait que de l’arachide et des phosphates mais les résultats du PSE sont concrets. Le « Projet » a la chance d’avoir le carburant mais un contexte favorable pour accélérer la marche vers l’émergence si et seulement le Président Faye ne se trompe pas de priorité en tombant dans le piège des rentiers de la tension et avec une claire conscience de sa mission historique qui est tout sauf dans la réforme institutionnelle.
En tout cas, les vents sont favorables mais « il n’y pas de vents favorables pour celui qui ne sait pas naviguer », disait Sénèque. Espérons pour le Sénégal que le « Projet » est une bonne feuille de route pour nous mener à bon port mais il faudrait au préalable ne pas se tromper de port, d’objectifs et des priorités. La priorité étant à mon avis l’économie et la croissance. La démocratie est la compétition des réponses que les citoyens se posent. Les jeunes qui sont l’essentiel de la population ne posent pas des questions sur les réformes institutionnelles mais sur l’emploi qui ne peut être réglé par l’Etat dont la mission doit se limiter à créer les conditions favorables à la création de richesses. « Les Sénégalais sont fatigués et la vie est chère » dit le président. La solution n’est pas les réformes institutionnelles mais de mettre la question économique au centre en chassant les juristes du temple pour les remplacer par les « marchands » avec les assises de l’économie. Les marchands créateurs de richesses qui ont permis à tous les pays émergents de passer de l’indigence à l’émergence, « du tiers monde à Premier monde » comme Singapour ou la Chine.
Nous avons un Etat de droit et des institutions solides comme l’a prouvé la dernière présidentielle. C’est pourquoi, je pense aussi qu’il n’est ni nécessaire et encore moins convenable pour le pouvoir exécutif de prendre l’initiative d’organiser des « assises de la justice » pour « redorer le blason » de la justice. On ne saurait se baser sur des décisions de justice qui n’ont pas été favorables à Pastef dans l’opposition pour dire que le blason de la justice a été terni car beaucoup d’autres lui ont été favorables. Les dernières décisions du Conseil Constitutionnel où le président Badio Camara a été aussi loin que le juge Marshall qui a imposé le contrôle de la constitutionalité des lois aux Etats Unis en 1803 dans l’affaire Marbury vs Madison et la longue guérilla judicaire des affaires Sonko ont fini de prouver l’indépendance des juges qui selon que vous soyez Etat ou opposant vous donnent raison ou vous déboutent confirmant ainsi que la justice, le seul service de l’Etat qui porte le nom d’une vertu n’a pas point qu’on redore son blason qui n’a jamais été aussi étincelant.
par Elgas
GAMBIE : SPECTRE ET SCEPTRE DE L’EXCISION
Face au tollé soulevé par une proposition de loi autorisant l’excision, le Parlement gambien a décidé de suspendre les discussions. Une victoire en trompe-l’œil, qui illustre l’impuissance des dispositifs législatifs et politiques à contrer certains cons
En octobre 2023, plusieurs chercheurs planchaient, à Genève, sur les « révolutions conservatrices ». J’en fus, à l’initiative du politiste français Jean-François Bayart, avec des chercheurs et des universitaires venus de tous les coins du globe – tous témoins de cette énergie amère qui traverse le monde sans épargner aucun acquis civilisationnel.
De Bolsonaro à Poutine
La formule de « révolutions conservatrices » s’est ainsi imposée. Elle est devenue quasi générique tant elle dépeint, non sans quelques faiblesses, la propension de nombre de séquences politiques actuelles à mettre à mal des pactes ou des progrès sociaux durement acquis. Ce qui achève ainsi de montrer que le progressisme n’est pas un horizon naturel béni par le temps, et qui démontre que toute turbulence politique, géopolitique, sociale ou sociétale peut détricoter des avancées majeures des droits humains, partout dans le monde, et grever tout particulièrement ceux des minorités.
Le mésusage le plus commun en la matière est de considérer que l’Europe est épargnée par ce fléau, que le reste du monde reste le fief de barbaries toujours à l’affût pour damer le pion aux fragiles acquis de la démocratie. C’est oublier, qu’il s’agisse de la question LGBT, de l’arrivée (ou du retour) des pouvoirs conservateurs (Trump, Bolsonaro, Orban, Meloni), ou encore de la place grandissante qu’occupe la Russie de Poutine – lequel fournit une matrice à l’idée d’un nécessaire retour à certaines « valeurs » – que l’Europe reste l’épicentre de la théorisation d’un conservatisme de bon aloi.
Féministes et connectés
Loin de ces fractures inter-occidentales et dans une Gambie en butte à une précarité sociale et institutionnelle, la funeste énergie du monde a fait escale à Banjul. Une proposition de loi autorisant l’excision a été présentée au Parlement. Si l’indignation a été immédiate et si le projet a été finalement mis en sourdine, la discussion acharnée à laquelle il a donné lieu laisse un goût d’inachevé.
Face à un rejet massif et bruyant dans les sphères féministes et connectées s’est aussi manifesté, en contrepoint, un soutien sans complexe, de moins en moins souterrain et de plus en plus assumé sur la place publique nationale. Une loi pénalisant l’excision avait été votée en 2015 ; c’est elle l’ennemie attaquée par ce projet de révocation. Face au tollé, le projet n’a pas été enterré, juste mis en suspens. Victoire partielle, minimale, et presque en trompe-l’œil, tant elle fait l’impasse sur une réalité qui montre l’impuissance de nos dispositifs législatifs et politiques à contrer certains ancrages traditionnels.
Trompe-l’œil, parce que ce projet de loi est une outrance tant il veut institutionnaliser une pratique déjà répandue en obtenant une bénédiction parlementaire. L’excision – c’est un fait établi – est largement pratiquée en Gambie, au mépris de la loi. Par des circuits clandestins, avec l’assentiment des populations au nom de traditions pluriséculaires, nombreuses sont les filles mutilées et qui continuent de l’être. Elles rejoignent de nombreuses Africaines, des millions, victimes de cette violence.
Ingérences occidentales
Ce constat est doublement inquiétant tant il semblait acquis, pour beaucoup, que les luttes féministes, l’arsenal législatif, les caravanes de sensibilisation n’avaient pas mis fin à cette réalité. Qu’elle s’est même rebiffée, portée par la dynamique des révolutions conservatrices et par la popularité d’un discours qui s’élève contre les ingérences et les injonctions occidentales en redonnant une vitalité à la contre-offensive. Portée, aussi, par l’exploitation habile des canaux institutionnels pour réaliser des coups de force au service d’idées rétrogrades. Cette défaite condamne de nombreuses femmes à être confrontées à des dispositifs informels (et potentiellement formels) de négation de leurs droits les plus élémentaires.
L’excision, son spectre et son sceptre en Gambie vont au-delà de la séquence qui se joue. Nous prenons l’ombre pour la proie. Signe d’une démission collective presque consentie, à enfourcher le cheval d’un combat qu’on ne pourra pas toujours différer : gagner les cœurs et les consciences des Gambiens et pas seulement les leurs, pour que s’impose l’évidence du combat contre l’excision.
Par Mbagnick Diop
SURSAUT NATIONAL POUR COMBATTRE LA PAUVRETE ET APPLIQUER LA RUPTURE EN DOUCEUR
En sacrifiant à la tradition républicaine, à travers son premier message à la nation, le président Bassirou Diomaye Faye a esquissé les conditions d’un sursaut national pour combattre la pauvreté et appliquer une rupture en douceur
En sacrifiant à la tradition républicaine, à travers son Premier message à la nation, le Président Bassirou Diomaye Faye a esquissé les conditions d’un sursaut national pour combattre la pauvreté et appliquer une rupture en douceur.
La teneur du message et le ton sur lequel il s’est adressé à la nation attestent d’une volonté de pacification totale au Sénégal. Le Président s’est révélé comme le dénominateur commun, le Père ouvert à tous pour gouverner en éliminant autant que possible les aspérités susceptibles de compromettre notre cohésion sociale. Toutefois, on ne devrait pas déduire péremptoirement de cette volonté de paix que la chasse aux sorcières restera une vue de l’esprit au point que ceux qui sont épinglés par les corps de contrôle n’auront rien à craindre de la volonté supposée ou réelle de l’État de leur faire rendre gorge. Par quels artifices ces gestionnaires indélicats dont les dossiers judiciaires étaient sous le coude du Président Macky Sall pourraient-ils se soustraire à la forte demande de justice exprimée par le peuple ? On serait bien curieux de le savoir !
L’apaisement prôné par le président Bassirou Diomaye Faye ne saurait signifier la promotion de l’impunité. C’est tout simplement pour lui, du moins est-ce notre avis, qu’il applique l’adage selon lequel: ** le chasseur qui guette retient son souffle**. Autrement dit, les questions d’argent ne se règlent pas sur la place publique (Xaliss Bougoul Thiow). Votre journal « Le Témoin » tient cette sagesse de Cheikh Ousmane Pouye alias Tadjidoune. Encore que, en proclamant sa volonté de débusquer les prévaricateurs qui se cachent derrière des prête-noms pour camoufler leurs fortunes acquises dans des conditions louches envoie-t-il un signal très fort à tous les voleurs de la République.
Les questions sensibles évacuées avec tact, le Président Bassirou Diomaye Faye a démontré, en bon paysan, que rien de ce qui est rural ne lui est étranger. Ainsi, il a anticipé sur l’attente des agriculteurs appelés sous peu à défricher leurs terres de cultures qui du reste s’amenuisent comme peau de chagrin, du fait de la spoliation qui s’amplifie impunément.
En annonçant que le gouvernement mettra de l’ordre dans la distribution des intrants (semences, fertilisants et équipements agricoles), le Président entend donc supprimer les circuits de détournement à travers lesquels une certaine oligarchie religieuse et des politiciens en intelligence avec des affairistes, sous l’appellation fallacieuse d’opérateurs privés stockeurs (Ops) grugent et affament les paysans tout en compromettant dangereusement les chances de réussite des campagnes agricoles. C’est d’autant plus révoltant que ces pratiques mettent en évidence le paradoxe sénégalais. Producteur de phosphates riches transformés en acide phosphorique, le Sénégal a laissé libre cours aux Indiens qui lui appliquent une politique commerciale si contraignante qu’elle limite les possibilités d’acquisition d’engrais par les producteurs. Livrer des engrais chimiques en temps opportun, en quantité suffisante, à des prix modérés correspondant au pouvoir d’achat des paysans, voilà un défi que le gouvernement du Premier ministre doit impérativement relever pour mettre à l’aise les agriculteurs. Mais la redéfinition des termes de la politique agricole, pour une productivité et des productions élevées, ne suffira pas au bonheur des Sénégalais. D’ores et déjà, le gouvernement doit se pencher sur la régénération foncière, la redynamisation de la recherche et de la vulgarisation agricoles, la réhabilitation des unités industrielles pour une transformation qualitative des produits agricoles. Ce qu’on appelle l’agro-industrie ! Cette politique volontariste permettra de créer de nouvelles opportunités d’emplois en milieu rural. L’agriculture au sens large (cultures végétales, élevage, pêche et agroforesterie) constitue donc le plus grand chantier auquel le gouvernement devra consacrer des moyens conséquents.
**Quelle politique économique et financière pour revitaliser un État quasiment exsangue? **
C’est à cette question majeure que doit répondre en toute urgence le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko, sous l’autorité de son Excellence le Président Bassirou Diomaye Faye.
Experts en matière de fiscalité, le président de la République et son Premier ministre sont bien avisés pour cerner la problématique des ressources de l’État en proie à un endettement chronique..
Macky et ses dérives budgétaires
C’est un secret de polichinelle qui transparaît à travers les multiples recours aux marchés financiers pour des emprunts obligataires ou des émissions de bons du Trésor. Sur ce chapitre-là, le précédent régime du Président Macky Sall a battu tous les records d’endettement et ne s’est même pas gêné pour justifier ses dérives budgétaires par des projections hypothétiques sur l’exploitation du gaz et du pétrole.
En règle générale, les économistes soutiennent que l’État est naturellement solvable. Une solvabilité somme toute relative quand les fondamentaux économiques sont rompus et entraînent l’État dans une spirale d’endettement qui réduit quasiment à zéro les ressources du Trésor public. Le curseur indique clairement que le rapport recettes /dépenses est si déséquilibré que l’État a besoin en permanence d’être sous perfusion monétaire.
Que faire alors pour revitaliser financièrement l’État sans retomber dans l’engrenage sans fin des emprunts obligataires, bons du Trésor et autres prêts prétendument spéciaux ? Sous le contrôle des économistes chevronnés, nous disons qu’il existe bien des voies pour la restauration de l’équilibre budgétaire dans un pays dont la capitalisation des ressources est handicapée par des dysfonctionnements d’ordre fiscal et douanier.
Il est donc impératif que le gouvernement corrige les facteurs négatifs induits par un tableau d’exonérations fiscales démesurées dans les secteurs des mines, du gaz, du pétrole et bien d’autres domaines où les chiffres d’affaires et les résultats nets déclarés ou falsifiés démontrent à suffisance que l’État est roulé dans les sables phosphatiers, aurifères, titanifères etc.
Comme le suggèrent à juste raison M. Birahim Seck, secrétaire exécutif d’une Ong crédible, et notre consœur Diatou Cissé, il est nécessaire de concevoir une procédure d’audit en profondeur afin de créer les conditions objectives pour la révision des contrats déséquilibrés conclus sous prétexte d’instaurer un environnement attractif pour les investisseurs. Corrélativement la perte des biens publics, particulièrement le patrimoine bâti et non bâti de l’État, appelle des mesures d’autorité pour un recouvrement judicieux et suffisamment dissuasif afin de préserver le peu qui en reste et l’exploiter judicieusement. C’est donc sans état d’âme et sans calculs politiques que le gouvernement doit instaurer la reddition des comptes et contraindre tous les coupables à restituer à la nation l’ensemble des biens acquis illicitement à travers différentes fonctions publiques ou la contractualisation des marchés. C’est sous ce rapport qu’il convient d’envisager la réforme, pour plus de cohérence et d’efficacité, de certains services stratégiques de l’État notamment l’Agence Judiciaire, la Société nationale de recouvrement et la Caisse des dépôts et consignations.
La pauvreté n’est pas un mal incurable
Quant aux institutions politiques coûteuses, il va sans dire que leur suppression générera certainement des économies budgétaires qui pourraient soutenir des programmes de formation et d’insertion professionnelles pour les jeunes. Étant donné que cela figure dans les intentions annoncées par le président de la République, aucun calcul politique ne devrait l’en dissuader. Personne ne comprendrait qu’il en soit autrement, surtout pour recaser du personnel politicien qui n’a cure du malheur ou du devenir des milliers de jeunes Sénégalais qui, dans leur quête désespérée du bien-être, n’hésitent pas à se noyer dans les océans ou mourir de faim et de soif dans l’immensité du Sahara.
En vertu du droit à la vie et à l’épanouissement pour ne pas dire au bien-être, ces jeunes perçus comme les forces vives de la nation doivent retenir l’attention du gouvernement.
Les mesures politiques ci-dessus énumérées cadrent parfaitement avec la demande sociale. Le gouvernement est tenu d’imprimer un sceau novateur dans la marche de l’ensemble des secteurs de souveraineté où sont solidement implantées des entités économiques qui ne contribuent que dérisoirement à l’effort de développement du pays. La pauvreté n’est pas un mal incurable, tout dépend de l’état d’esprit des citoyens et leurs gouvernants.
par Amadou Ba
L'APPEL AU RASSEMBLEMENT
Nous avons communié et échangé autour du projet de paix pour une prospérité partagée que j'ai eu l'honneur de porter. Nous devons l'élargir à toutes les forces politiques et sociales qui partagent nos ideaux
Après la proclamation des résultats définitifs de l'élection présidentielle du 24 mars 2024 et l'installation officielle du président élu, M. Bassirou
Diomaye Faye, je tiens à renouveler mes sincères remerciements à tous les Sénégalais et à toutes les Sénégalaises.
Chaque acteur de la consultation électorale - electeur, candidat, organisateur, régulateur, superviseur ou observateur, autorités religieuses et coutumières - a parfaitement joué sa partition pour permettre à notre cher Sénégal de briller une nouvelle fois au firmament des nations démocratiques.
Le peuple sénégalais a administré au monde entier une leçon de maturité et de sérénité dans sa volonté de paix et son idéal démocratique, fidèle à sa longue tradition d'hospitalité.
Je réitère aussi mes remerciements au président sortant, le président Macky Sall, pour son œuvre exemplaire à la tête du Sénégal, mais également pour le choix porté sur ma personne en qualité de candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar. J'exprime ma gratitude à tous les leaders et militants de cette grande coalition et celle, plus large, de la majorité présidentielle sortante.
J'adresse mes vives félicitations au président élu, M. Bassirou Diomaye Faye, tout en lui souhaitant une pleine réussite dans sa mission à la tête de l'Etat, au grand bonheur du peuple sénégalais.
Mes chers compatriotes
Pendant plusieurs semaines, nous avons communié et échangé autour du projet de paix pour une prospérité partagée que j'ai eu l'honneur de porter.
Plus d'un électeur sur trois a plébiscité ce projet.
C'est un acquis que nous devons préserver et consolider, car il représente le socle à partir duquel nous devons poursuivre notre action.
Nous devons aussi l'élargir à toutes les forces politiques et sociales qui partagent nos ideaux.
Ensemble, nous le ferons dans notre nouvelle posture d'opposition démocratique et républicaine, respectueuse des institutions, pour préparer les conquêtes prochaines, sur la voie du Sénégal réconcilié, prospère et juste qui demeure l'horizon de mon engagement.
j'exhorte tous les républicains et démocrates de notre pays à une cohésion renforcée et à une solidarité sans faille.
Vive la République !
Vive le Sénégal !
LES COULISSES D'UN CASTING CASSE-TÊTE PATRIOTIQUE
Entre lobbying intensif, querelles de positionnement et pressions de tous bords, la formation du nouveau gouvernement promis par Diomaye Faye piétine. Anciens du système, bailleurs de fonds, baronnes politiques...tous veulent peser sur les nominations
Depuis la passation de pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, le 2 avril jusqu’à l’instant où ces lignes sont écrites, la liste du gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko n’a toujours pas été publiée. Et pourtant ce dernier avait promis de remettre cette liste au président Diomaye Faye quelques heures après son discours d’après nomination. Depuis lors, les Sénégalais attendent toujours. Des interlocuteurs nous font part de fortes tensions et d’une ambiance toxique au Palais concernant les nominations en cours. La rupture annoncée commence bien !
Après une cérémonie militaire de levée de drapeau qui a durée juste 15 minutes pour marquer la 64e fête de l’indépendance de notre pays, Diomaye Faye s’est retiré dans des bureaux pour reprendre ses activités. Depuis mardi dernier, après la nomination du président du parti Pastef Les Patriotes, Ousmane Sonko, en tant que Premier ministre, ainsi que celle de l’ancien ministre sous l’ère de Macky Sall, Marie Teuw Niane, comme directeur de cabinet du président de la République, sans compter la reconduction d’Oumar Samba Ba comme ministre secrétaire général de la présidence de la République, rien ne semble bouger au palais de la République, si ce n’est des tiraillements et des querelles, selon nos interlocuteurs.
Pastef, leader de l’anti-système, piégé par le Système ?
Le parti Pastef a toujours déclaré une opposition radicale au système politique en place, se présentant comme antisystème. Selon les « Patriotes », le Système représente l’ensemble des lois et des règlements, pratiques et hommes dirigeant notre pays depuis 1960. Un Système que Pastef a farouchement combattu jusqu’à son accession au pouvoir le 24mars 2024 par le biais de son candidat Bassirou Diomaye Faye, élu avec une majorité de plus de 54%. Avant l’arrivée au pouvoir d’Ousmane Sonko, plusieurs hommes et femmes du Système les ont rejoints dans leur combat radical contre celui-ci avec le ralliement à leur cause d’une centaine de partis politiques, mouvements d’obédience idéologique diverses et personnalités remarquables. Certains justifient cette attitude incompréhensible et incohérente en politique en disant qu’il faut additionner et non soustraire, et qu’une fois au pouvoir, tout le système sera balayé avec le balai magique brandi par le candidat Diomaye Faye lors de sa campagne électorale. Pour l’instant, ce coup de balai est toujours attendu. Surtout, la rupture qui aurait dû commencer par la formation du gouvernement n’est pas au rendez-vous puisqu’on a l’impression d’assister toujours a u x atermoiements et autres marchandages précédant la formation des gouvernements du président Macky Sall !
En effet, dès le début des nominations, deux éminents ministres du système ont été les premiers de la liste : l’ancien ministre Mary Teuw Niane, malgré son engagement fervent en faveur de Pastef depuis qu’il a claqué la porte du régime du président Macky Sall, et le brillant commis de l’État qui a servi Macky Sall au secrétariat général de la présidence, Oumar Samba Ba. Ces deux nominations ont fait trembler plusieurs groupes WhatsApp du parti Pastef, qui ont enregistré des discussions aboutissant même au départ de certains militants. Certains observateurs restent sur leur faim, du moins pour le moment, face à cet enracinement dans le système tant combattu par l’anti-système.
Les querelles de positionnement pour l’entrée au gouvernement rappellent les batailles des Apéristes au Palais sous Macky Sall, selon nos interlocuteurs. L’histoire se répète alors même que les enquêtes de moralité et autres procédures nécessaires avant les nominations dans des postes stratégiques du gouvernement ne sont pas encore abordées. Au lieu de cela, des querelles et des luttes de lobbying pour des postes de ministres, directeurs généraux, ambassadeurs, entre autres, sont en cours. Malgré la promesse d’une forte rupture avec les mauvaises pratiques du passé pour instaurer une gouvernance vertueuse et prospère, les marges de manœuvre sont très limitées pour ce nouveau gouvernement anti-système dirigé par Ousmane Sonko. Ce dernier avait promis de transmettre la liste des propositions pour le nouveau gouvernement au président de la République dans les heures qui suivraient sa nomination. Cependant, plus de 72 heures se sont écoulées depuis sans qu’aucune liste ne soit publiées. Et les Sénégalais de se perdre en conjectures. Des bailleurs qui ont investi moralement et financièrement dans le projet de Pastef veulent des ministères stratégiques au lieu des propositions qui leur sont destinées.
Des anciennes baronnes du système, qui ont fait campagne avec Pastef, font également pression et intensifient leur lobbying pour occuper des ministères de souveraineté au sein de ce gouvernement en gestation. L’oligarchie des illettrés rejette la dictature des diplômes imposés pour accéder à certains postes, arguant qu’ils ont lutté, été emprisonnés et mobilisé jusqu’à la victoire de Pastef sans qu’on leur ait demandé des diplômes. Cette oligarchie des non-instruits va même jusqu’à énumérer ses mérites à travers ses actions sociales, son activisme médiatique et autres sacrifices pour l’accession de Pastef au pouvoir.
Selon nos interlocuteurs, le palais de la République est également le lieu de lamentations pour de puissants hommes d’affaires qui opposent leur veto et leur influence pour faire entrer leurs équipes dans ce nouveau gouvernement qu’ils ne comptent pas soutenir à distance. Toutes ces questions complexes, associées au bicéphalisme en place, ne facilitent pas la tâche du président actuel, malgré son intégrité et son intransigeance à atteindre des résultats conformément aux promesses faites et à l’espoir considérable que porte sur lui tout le peuple sénégalais, en particulier la jeunesse.
Dans les heures à venir, cette liste du gouvernement sera nécessairement publiée afin de passer à l’action après les paroles rassurantes et pleines d’espoir de Bassirou Diomaye Faye pour un Sénégal juste et prospère tant attendu.
Par Mouhamadou BA
COÛT DE MACKY SALL AUX CONTRIBUABLES SÉNÉGALAIS
Les problèmes financiers ne font plus partie des tracasseries des ex-présidents grâce au décret 2013-125 du 17 janvier 2013 que Macky Sall avait lui-même signé. Le désormais ancien chef de l'État coûtera 120 millions FCFA/an
A la fin de leur mandat, les ex-présidents de la République ne redeviennent pas des citoyens comme les autres. Les problèmes financiers ne font plus partie des tracasseries des ex-présidents grâce au décret 2013-125 du 17 janvier 2013 que Macky Sall avait lui-même signé. Un décret qui leur garantit une généreuse pension, maison de fonction, salaire mensuel, personnel affecté à leur service, assurance maladie pour eux et leur femme et une série d’avantages jusqu’à leur décès. Le décret numéro 2013-125 attribue à tout ancien président un traitement mensuel de 10 millions de FCFA. En guise de dispositif de soutien, mentionne le même communiqué, l’Etat du Sénégal octroie une assurancemaladie étendue au conjoint, deux véhicules, un téléphone fixe, un logement et du mobilier d’ameublement. Selon la présidence, «en cas de renoncement au logement affecté, tout ancien président de la République perçoit une indemnité compensatrice d’un montant mensuel net de 4, 5 millions francs CFA». En plus de cela, «l’Etat du Sénégal prend en charge, à hauteur de 40 millions francs CFA par an, le coût des billets d’avions de chaque ancien président de la République et de son (ses) conjoint(s)». «Tout ancien chef de l’Etat qui décide de s’établir hors du Sénégal peut s’attacher les services de quatre collaborateurs de son choix. Ces derniers sont rémunérés dans les mêmes conditions que les personnels affectés dans les postes diplomatiques et consulaires du Sénégal».
• Macky coûtera 120 millions FCFA/an : Un ex-chef d’Etat du Sénégal a également droit à un aide de camp, des gendarmes pour la sécurité de son logement, deux gardes du corps, un agent du protocole, deux assistantes, un standardiste, un cuisinier, une lingère et un jardinier. Tout ce personnel est directement sous contrat et payé par l’Etat du Sénégal. En tout cas, si on se fie au décret, douze mois d’indemnités mensuelles d’un ex-chef d’Etat sénégalais font 120 millions francs CFA. Rappelons que le président Wade a renoncé au logement de l’Etat. Ce qui lui donne droit à l’indemnité de logement mensuel de 4,5 millions F CFA, soit 54 millions par an.
•Les avantages des anciens présidents français : En France, un document intitulé «rapport et propositions» sur «la situation des anciens présidents de la République» commandité par le président Hollande, en mars 2016, considère comme «revenu inconditionnel» la pension mensuelle payée en espèces à Chirac, d’Estaing et Sarkozy. Les autres avantages attachés à leur statut alimentent la rubrique «dispositif de soutien» qui varie selon que les bénéficiaires l’acceptent ou pas. Tout ancien président est membre du Conseil constitutionnel à condition qu’il accepte d’exercer la fonction. Valéry Giscard d’Estaing a accepté de l’être. Cela lui donne droit à un revenu annuel supplémentaire 113 millions de FCFA. Sarkozy et Chirac jouissent d’une pension brute annuelle de 42 millions de francs (soit 3,5 millions de francs par mois).
• Les pensions d’ex-chefs d’Etat américains et d’ailleurs : Aux Etats-Unis, le Former Présidents Act de 1958 accorde à tout ancien chef d’Etat un revenu annuel brut de 150 000 dollars (81 millions FCFA, soit 6,7 millions de FCFA par mois), en plus du salaire d’un secrétaire équivalant à 96 000 dollars (51,8 millions de FCFA). Dans le rapport sur la situation des anciens présidents français, Didier Migaud et Jean-Marc Sauvé, respectivement premier président de la Cour des comptes et vice-président du Conseil d’Etat, ont fait une «comparaison internationale» relative aux «revenus inconditionnels». Ce traitement équivaut au salaire mensuel et aux «dispositifs de soutien» aux anciens chefs d’Etat dans treize pays européens et nord-américains. Toutefois, selon les auteurs de ce rapport, «les différences de situation selon les pays et la disparité des informations obtenues ont conduit à ne retenir, pour les évaluations ci-après, que des montants nets»
CENI OU PAS CENI, LE DÉBAT EST LANCÉ
Alors que le chef de l'Etat veut renforcer l'organisateur des élections en créant une Ceni, Babacar Guèye doute de la panacée d'un tel choix et estime qu'il serait préférable de réformer la Dge pour plus d'autonomie vis-à-vis du pouvoir
Le chef de l’Etat a, lors de son adresse à la nation de la veille de la fête du 4 avril, annoncé la création d’une Commission électorale nationale indépendante (Cni). Il s’agit du point 6 de «La réforme des institutions et du système électoral pour améliorer l’État de droit, la bonne gouvernance et la démocratie participative». «Après avoir démissionné de mon poste de secrétaire général de Pastef-Les Patriotes, pour ainsi me mettre au-dessus de la mêlée, je convoquerai de larges concertations avec la classe politique et la société civile sur : la réforme du système électoral notamment, le remplacement de la Cena par une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avec un renforcement de ses moyens de fonctionnement et de ses prérogatives».
Le professeur Babacar Guèye n’est pas emballé par cette proposition. «La formule de la Ceni n’est pas la panacée. Elle a échoué dans de nombreux pays. Plusieurs options sont possibles : Maintenir le système actuel après en avoir corrigé les faiblesses, rendre la Dge plus autonome à l’égard du ministre de l’Intérieur en l’érigeant en une Délégation générale à l’élection. La Dge est dans un rapport hiérarchique avec le ministre de l’intérieur, obéit à ses instructions, n’a pas de budget propre», a dit l’ancien président de la commission qui avait proposé la création de la Cena en remplacement de l’Observatoire national des élections (Onel).
DIOMAYE FAYE S’ENGOUFFRE DANS UN VIDE
Les nominations controversées de Macky Sall au CSM suscitent de nouvelles tensions. Son successeur rapporte les décrets par des mesures abrogatoires qui suscitent interrogations sur leur légalité au regard du statut des magistrats
Les nominations en Conseil supérieur de la magistrature (Csm), le vendredi 29 mars dernier, avaient soulevé curiosités et incompréhensions. Parce que le président Macky Sall a promu Abdoulaye Ndiaye premier président de la Cour suprême en remplacement de Ciré Aly Ba parti à la retraite, et d’autres au pool judiciaire financier. Ce, alors que son successeur s’apprêtait à entrer en fonction. Des mesures précaires jugées «inélégantes» puisqu’il était redouté que son successeur revienne dessus. C’est ce que le président Bassirou Diomaye Faye a fait.
Bés bi a appris de sources proches du nouveau locataire du palais, confirmées par des sources judiciaires, que le nouveau chef de l’Etat a rapporté toutes ces décisions avec des décrets pris ce 3 avril 2024 abrogeant toutes les nominations du 29 mars par le Csm. Mais chez les magistrats, l’on s’interroge sur la légalité des décisions du nouveau président. Certains parlent de «vice de procédure», estimant qu’il devait réunir et consulter l’avis du Csm. D’autres estiment que, peut-être, il y a eu des consultations à domicile.
Les nominations de Macky Sall «pas encore notifiées» aux concernés
Mais Bés bi a appris aux dernières nouvelles, qu’en réalité, les actes de nomination du Csm du 29 mars «n’avaient même pas encore été notifiés à leurs destinataires», c’est-à-dire Abdoulaye Ndiaye, les membres du Pool judiciaire financier, Seynabou Ndiaye Diakhaté et autres. Et s’il advenait que ces derniers voudraient attaquer les décrets, ils n’auraient aucune base juridique. Donc, le Président Faye aurait saisi cette situation de «vide» pour retirer les mesures prises par son prédécesseur. Sous ce rapport, confie un juriste, le président n’a pas violé la Loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats qui dispose en son article 6 : «Les magistrats du siège sont inamovibles. En dehors des sanctions disciplinaires du premier degré, ils ne peuvent recevoir une affectation nouvelle, même par voie d’avancement, sans leur consentement préalable, sous réserve des dispositions des articles 90 et suivants de la présente loi organique.
Toutefois, lorsque les nécessités du service l’exigent, les magistrats du siège peuvent être provisoirement déplacés par l’autorité de nomination, après avis conforme et motivé du Conseil supérieur de la Magistrature spécifiant lesdites nécessités de service ainsi que la durée du déplacement. » Encore moins l’article 7, alinéa 3 qui dispose : «Ils (les magistrats du parquet) peuvent être affectés sans avancement par l’autorité de nomination d’une juridiction à une autre s’ils en font la demande ou d’office, dans l’intérêt du service, après avis du Conseil supérieur de la magistrature.»
Jurisprudence française
Il y a, cependant, en France, une jurisprudence du Conseil d’Etat saisi d’un recours contre le décret du président de la République du 16 novembre 2007 retirant un précédent décret du 18 juillet 2007 qui l’avait nommée. Depuis, «le principe de la séparation des pouvoirs et celui de l’indépendance de l’autorité judiciaire interdisent le retrait de la décision de nomination d’un magistrat dans le corps judiciaire, fût-elle illégale».