Le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, peut tranquillement dormir surses deux lauriers. Le Président Macky Sall tient à l’installer confortablement au Perchoirpour le reste de l’actuelle législature.
Instruit par le chef de l’Etat, le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, Moustapha Diakhaté, va présenter aujourd’hui aux députés de la majorité un projet de loi abrogeant la loi Sada Ndiaye et portant toilettage du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Clin d’œil à Moustapha Niass à quelques jours de la clôture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale le 30 juin prochain. En gage de sa fidélité et de son engagement en faveur de sa réélection, le chef de l’Etat a décidé de donner un blanc-seing à son plus fidèle allié de Benno Bokk Yakaar (Bby) au Perchoir de l’hémicycle de la Place Soweto.
Macky Sall a demandé à Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire de Bby, de tout mettre en œuvre pour que le projet de loi modifiant le règlement intérieur soit adopté avant la clôture de la session. Autrement dit, il s’agira de procéder au toilettage des textes pour les adapter aux lois en vigueur dans les grandes démocraties.
Mais en réalité, l’objectif visé à travers cette mesure est de supprimer la loi «scélérate» dite «loi Sada Ndiaye» qui, le 22 septembre 2008, avait écourté le mandat de Macky Sall à la présidence de l’Assemblé nationale. Le locataire du palais de l’avenue Léopold Sedar Senghor va ainsi mettre à l’aise Moustapha Niasse qui, visiblement, ne dort que d’un seul œil à l’approche de chaque ouverture de session parlementaire depuis la surprenante «rébellion» du député Cheikh Dionne de l’Apr il y a deux ans. Ainsi, sous la houlette du président du Groupe parlementaire Bby, les députés de la majorité vont se retrouver pour préparer l’enterrement de première classe de la Loi Sada Ndiaye.
Auparavant, Moustapha Diakhaté avait tenu des rencontres sectorielles avec plusieurs parlementaires dont le président du Groupe de l’opposition Modou Diagne Fada et des députés non inscrits. Histoire de les briefer sur le projet de loi qui tient à cœur au président de la République.
Dans l’esprit, le projet prendra en compte le reste du mandat de Niasse, mais aussi fera de sorte que le mandat de l’occupant du Perchoir soit aligné à la durée de la législature. En l’espèce, c’est le retour du statu quo. Moustapha Niasse dont le parti, l’Afp, s’est désintégré à cause de son soutien indéfectible à Macky Sall trouve ainsi une grosse consolation.
NEPAD : LE RESEAU D'AFFAIRES CONTINENTAL DEVRA FACILITER LE FINANCEMENT DES PROJETS
Johannesburg, 12 juin (APS) - La création du Réseau d'affaires continental (CBN) sur le FINANCEMENT des infrastructures devra faciliter la mobilisation des financements et la mise en œuvre des 16 projets prioritaires du NEPAD retenus lors du dernier Sommet de Dakar, a affirmé, jeudi à Johannesburg, le ministre sénégalais de l’Intégration africaine, du NEPAD et de la Promotion de la bonne gouvernance, Khadim Diop.
‘’Ce Réseau (Continental Business Network ), créé au début de ce mois en Afrique du Sud, comprendra les organismes d'affaires et de la FINANCE africains et internationaux de premier plan, ainsi que des organisations régionales et internationales [et] devra faciliter la mobilisation des financements et la mise en œuvre des 16 projets prioritaires retenus par une préparation appropriée et des actions de développement des capacités’’, a-t-il dit.
Il s’exprimait dans un entretien accordé à l’envoyée spéciale de l’APS, en marge du 25ème sommet de l’Union africaine (7-15 juin) dont le thème est ‘’L'autonomisation des femmes et développement de l'Afrique en vue de la réalisation de l'Agenda 2063 de l'Afrique’’.
Il a rappelé que le Sommet de Dakar sur le FINANCEMENT des infrastructures en Afrique (juin 2014), tenu sous l’égide du Président à Macky Sall, ‘’a été le premier du genre’’.
‘’Son caractère innovant et réaliste a permis de crédibiliser encore plus les projets du NEPAD. Le Plan d'action de Dakar ou Agenda de Dakar qui en est issue, a pour dessein d'aboutir à un début et une accélération de la concrétisation des projets les plus prioritaires’’, a-t-il expliqué.
Il a souligné que ‘’la Plateforme mondiale de partenariat avec l'Afrique est une avancée tout comme le mécanisme de prestation de service qui permet d'accélérer la mise en œuvre des projets''.
''Aussi, si certains projets ont vu leurs études trouver un FINANCEMENT, d'autres ont connu une accélération comme le projet d'interconnexion entre le Rwanda, le Sud Soudan, le Kenya (...) qui permet aujourd'hui de se joindre entre ces pays, sans besoin d'indicatifs internationaux’’, s'est-il félicité.
Khadim Diop a présidé la 52ème réunion du Comité de pilotage du NEPAD, en prélude au 33ème Sommet du Comité des Chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD, qui se tiendra samedi à Sandton (Johanesburg), sous la présidence de Macky Sall.
La rencontre a essentiellement examiné les résultats du processus de gouvernance du NEPAD ainsi que les progrès réalisés en matière d’exécution des programmes du NEPAD, à travers notamment la mise en œuvre du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) et les principales réalisations au titre du Fonds NEPAD/Espagne pour l’autonomisation des femmes sur le continent.
La réunion a également validé l’ordre du jour provisoire du 33ème Sommet du Comité des chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD. Celui-ci se penchera principalement sur les mesures stratégiques à prendre afin de redynamiser le processus d’intégration régionale en Afrique, en mettant l’accent sur le renforcement des capacités des Communautés économiques régionales (CER) et l’autonomisation économique des femmes.
SOINS ET MÉDICAMENTS GRATUITS POUR 300 MILLE MÉNAGES AU PLUS TARD EN 2017
Kaolack, 12 juin (APS) – Trois cent mille ménages bénéficiaires des bourses de sécurité familiale seront médicalement pris en charge sans avoir rien à payer, au plus tard en 2017, a annoncé jeudi le directeur général de l’Agence de la couverture maladie universelle, Cheikh Seydi Aboubacar Mbengue.
Il a fait cette annonce lors du lancement, dans la commune de Kaolack (est), de l’"initiative nationale d’enrôlement des bénéficiaires des bourses de sécurité familiale dans les mutuelles de santé".
C’est une initiative du Programme national des bourses de sécurité familiale (PNBSF) et de la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale.
Selon M. Mbengue, les ménages concernés vivent en "situation d’extrême pauvreté" et totalisent 2,4 millions de personnes - soit près d’un Sénégalais sur six.
"C’est la première fois, en Afrique, qu’un gouvernement décide de prendre gratuitement en charge les médicaments et les soins médicaux de plus de 15% de la population du pays", a souligné Cheikh Seydi Aboubacar Mbengue, expert en couverture santé universelle.
"C’est historique. Cela ne s’est pas passé au Rwanda, ni au Ghana, qui sont des leaders dans ce domaine", a-t-il ajouté.
La déléguée générale à la protection sociale et à la solidarité nationale, Anta Sarr Diacko, a rappelé la décision du gouvernement d’augmenter le nombre de ménages bénéficiaires des bourses de sécurité familiale, en le portant à 300 mille, au plus tard en 2017.
Ces ménages en "situation d’extrême pauvreté" bénéficieront d’une allocation trimestrielle de 25 mille francs CFA, pour une durée de cinq ans, a-t-elle indiqué lors du lancement de l’initiative mettant en collaboration ses services avec l'Agence de la couverture maladie universelle.
Au début, en 2013, les bourses de sécurité familiale étaient octroyées à 50 mille ménages, puis à 100 mille ménages en 2014, selon elle.
Elles seront octroyées à 200 mille ménages cette année, pour un coût de 20 milliards de francs CFA, a-t-elle dit, promettant de renforcer sa collaboration avec l’Agence de la couverture maladie universelle, en vue du respect de ces engagements d'ordre social et sanitaire de l’Etat.
CHASSES PAR LA PAUVRETE ET LE STRESS, LES CANDIDATS A LA MORT EN HAUSSE
SEDHIOU : IMPLICATIONS DU DRAME DE L’EMIGRATION CLANDESTINE
Ils sont nombreux mais d’une estimation inconnue les jeunes de la région de Sédhiou ayant tenté l’aventure «suicidaire» pour regagner les côtes européennes. Si d’aucuns ont reçu notification par des témoignages de proches de la mort de leurs fils, l’écrasante majorité des familles de départ ignore les conditions de vie de leurs progénitures qu’ils ont aidé parfois à trouver des ressources pour payer les frais du voyage périlleux. Histoire de «sortir» de la pauvreté accentuée par l’inexistence d’un environnement économique propice à une activité génératrice de revenus.
Le drame de l’émigration clandestine a fortement ébranlé une bonne partie de la région de Sédhiou, la zone du Pakao (Est) en particulier. Ici, personne ne peut s’aventurer, à dire avec exactitude, le nombre de jeunes candidats à l’aventure européenne, via le grand bleu de la Méditerranée. Certains voient leur chemin prendre fin avec le naufrage de leur embarcation, parfois même à l’insu de leurs proches. Le dernier cas en date remonte au mois d’avril 2015. Il s’agit du jeune Abel Diassé tristement disparu dans les fonds marins sur les côtes libyennes en partance pour l’Europe.
Abel Diassé a abandonné les bancs en classe de seconde, dans l’espoir de trouver du travail une fois à destination et tirer ses parents, Soukounda et Ousmane Diassé, de la pauvreté qui les tenaille dans leur terroir de Taïba, dans la commune de Sakar. Il ne sera malheureusement pas le seul à périr en chemin. Au contraire, la liste des victimes (connus ou méconnus) du drame de l’émigration est loin d’être exhaustive.
En atteste, c’est dans cette même condition (celle d’Abel Diassé) qu’un autre jeune du nom d’Ousmane Souané originaire de Kéréwane, toujours dans le Pakao, a péri sur la route de l’Europe. Non loin de là, à Diana Bah plus précisément, le jeune Moulaye Sané et trois autres de ses compagnons ont assisté impuissants à l’extinction de leur dernier souffle dans les eaux de la Méditerranée.
Il y a environ un peu plus de deux semaines, le gouverneur de Sédhiou, Habib Léon Ndiaye, effectuait une tournée administrative dans le département de Goudomp. Et, à l’étape de Niagha, le président du Conseil départemental de Goudomp a fait savoir à l’autorité que des jeunes de la localité ont péri dans leur aventure sous l’emprise du seul désir de fouler le sol de l’Europe.
A l’image de ces jeunes victimes de leur ambition, beaucoup d’autres, dont les identités restent jusqu’ici inconnues sont morts le plus souvent avec la «complicité» de leurs propres parents. Ceux-ci, pour la plupart, n’hésitent pas à vendre leurs biens mobiliers, immobiliers, des bœufs, des petits ruminants et même des vivres pour payer le voyage périlleux.
Aussi, dans les zones du Kabada, du Sonkodou, du Balantacounda et du Diassing, nombre de jeunes ne sont-ils pas tentés par l’aventure méditerranéenne? De l’avis de nombre d’observateurs, ces jeunes sont victimes de manque de formation, de qualification professionnelle et d’espaces et activités de génération de revenus alors que la pauvreté qui y règne de façon ambiante est durement vécue presqu’au quotidien.
‘’LA MÉNOPAUSE N’ENTRAÎNE PAS DE TROUBLES SEXUELS IRRÉVERSIBLES’’
DR B. NDIAYE, GYNECOLOGUE OBSTETRICIENNE A LA CLINIQUE MODELE DE L’ASBEF
La ménopause marque le passage à une autre étape de la vie chez femme. Elle survient souvent après un demi-siècle d’existence. Elle se manifeste par des symptômes non moins désagréables et mal supportés. Toutefois, ces signes ne se font pas ressentir chez toutes les femmes, ils varient d’une femme à une autre.
Selon Dr Ndiaye, gynécologue obstétricienne à la clinique modèle de l’Association sénégalaise pour le bienêtre familial (Asbef), la ménopause se caractérise par l’arrêt définitif des règles menstruelles.
Elle survient après une période appelée la péri-ménopause. « Cette péri-ménopause peut durer 10 ans. Elle démarre vers 40 ans, avant que la ménopause proprement dite ne s’installe à l’âge de 50 ans », indique-t-elle.
A l’en croire, durant cette péri-ménopause la femme commence à avoir quelques perturbations sur le cycle menstruel avec une certaine irrégularité des règles menstruelles.
« Certaines femmes sentent aussi une sécheresse vaginale. Chez d’autres femmes également, on peut noter des bouffées de chaleurs et autres symptômes liés à l’exagération du syndrome pré-mensuel. Ces signes sont aussi ressentis à la ménopause pour certaines », informe Dr Ndiaye.
Ces symptômes apparaissent du fait de l’arrêt des règles. « Pendant la période des menstrues la femme secrétait des hormones qu’elle ne secrètera plus avec la ménopause.
Cette situation entraîne des répercussions sur la vie sexuelle comme par exemple une diminution du désir sexuel, une sécheresse vaginale qui font que les rapports sexuels deviennent plus pénibles. A cela s’ajoute les bouffés de chaleur et les sueurs nocturnes qui sont souvent mal supportés par les femmes », explique la gynécologue de l’Asbef.
« Ces signes désagréables amènent le plus souvent les femmes à se faire consulter. Et pour pallier une telle situation, nous leur préconisons des médicaments par voie locale afin qu’elles aient une vie sexuelle normale et qu’elles bannissent de leur tête cette idée que la ménopause peut entraîner des troubles sexuels irréversibles», fait savoir Dr Ndiaye.
Précisant que la ménopause entraîne juste des modifications et qu’il faut s’y préparer psychologiquement tout comme l’arrivée des premières règles.
Ainsi, elle préconise aux femmes qui sont dans cette phase de ménopause de mener juste une vie saine en mangeant de façon équilibrée et de faire des activités physiques pour éviter de prendre un surpoids.
Car, soutient-elle, la tendance est d’avoir un surpoids, ce qui n’est pas bon pour la santé d’une femme âgée.
LE QUOTIDIEN INFERNAL D’UNE MERE D’EMIGRE
KAOLACK / RESTEE SANS NOUVELLE DE SON FILS UNIQUE DEPUIS DIX ANS
Triste histoire ! A la fois passionnante et émouvante. Le sort qui s’est abattu sur la famille Diop du quartier Léona à Kaolack continue de défrayer la chronique dans tout le voisinage. Bientôt une vingtaine d’années, le mystère qui plane sur la disparition du jeune B.D suscite encore beaucoup d’interrogations au sein de sa famille qui l’a vu naître, grandir, ainsi que dans tous les milieux où il était connu.
Le jeune homme qui était parti à l’aube de l’an 2000 à l’aventure vers de nouvelles prairies plus fournies, n’a jamais su qu’il allait laisser derrière lui une famille meurtrie, bouleversée et une mère prête à tout pour garder ses sens, son moral, mais surtout retrouver son fils unique, perdu quelque part dans le monde. Celui-ci depuis sa disparition, pardon son départ, n’a jamais fait signe de vie. Il n’a ni écrit, ni appelé sa femme, ou sa maman, une veuve qui n’a que lui comme enfant.
Marié et père de deux garçons, le jeune émigré sénégalais, «perdu» quelque part dans le monde, ne sait même pas que son mariage a été finalement rompu par sa propre famille après plusieurs années passées sans aucune nouvelle de lui. Ces parents voulaient, à travers cet acte, se plier à certaines exigences et recommandations de la religion musulmane pour par rapport à cette union. Le mariage cassé, sa femme F.D est déjà retournée chez ses parents. Mieux, elle savoure son second mariage: elle a eu un autre enfant.
Surprise dans cette concession familiale en train de remettre de l’ordre dans la petite pièce qu’occupait le jeune couple - le fils expatrié et son désormais ex épouse - derrière la cour, sa maman, après les brèves salutations, s’est aussitôt fondu en larmes à l’évocation de cette histoire. Comme si notre présence dans cette demeure traduisait le retour d’un fils longtemps disparu, ou encore à cause des souvenir d’un fils unique dont le retour gît encore dans l’incertitude.
Un seul désir, avoir des nouvelles de son fils
Un comportement qui d’ailleurs revient toujours à chaque fois que de vieux souvenirs de ce dernier se réveillent en elle ou quand elle croise l’un des amis de son fils en ville ou quelque part dans le quartier. Visiblement dépravée, et prenant peu soin pour son accoutrement, la vie n’a plus de sens, ni d’importance pour cette vieille dame. La seule chose qu’elle désire aujourd’hui, c’est d’avoir des nouvelles de son fils, de savoir si B.D est encore en vie ou s’il est mort dans les tragédies répétées dans l’Océan atlantique ou la mer méditerranéenne. Drame qu’elle suit amèrement sur les petits écrans de télévision.
Une douleur qu’elle pouvait pourtant éviter, et faire renaître l’espoir de retrouver son unique en acceptant d’accueillir chez-elle les amis de ce dernier. Mais cela relève de l’impossible. Car pour S.D, voir les amis de son fils constitue une dure épreuve. En atteste, à chaque fois que l’un d’entre eux se présente devant elle, la dame S.D fond en larmes et plonge tous les passants dans la tristesse.
Et comme si ce malheur ne suffisait pas, les personnes censées lui apporter soutien et réconfort moral n’ont plus le courage de lui faire face, de peur de réveiller ce vieux chagrin qui ne cesse de la ronger. En attendant, toujours laissée à elle-même, la veille S.D poursuit ses méditations dans un environnant sombre que seule la silhouette de son fils pourra éclairer.
LA MÉNOPAUSE, UNE ÉTAPE REDOUTÉE PAR BEAUCOUP DE FEMMES
La ménopause est définie comme la cessation permanente des menstruations, résultant de l’achèvement de la fonction ovarienne (Oms). À sa survenue, la femme perd totalement la possibilité de procréer. Généralement associée à de complexes changements où s’entremêlent facteurs biologiques (physiologiques) et environnementaux (sociaux et culturels), la ménopause constitue dès lors une phase sensible de la vie de la femme, tant sur le plan physiologique que psychique voire même dans certains cas sociaux.
Le champ des études sur la ménopause est très vaste et couvre divers domaines de recherche, allant de la démographie à la médecine, en passant par l’anthropologie. Les conséquences de la ménopause sont également nombreuses et étroitement liées à la santé de la femme.
« L’âge de la survenue de la ménopause est très variable aussi bien chez les individus de la même population, que chez des populations différentes. À travers le monde, cet âge est situé dans l’intervalle de 43 à 50 ans (Oms 1996). D’autres donnent à l’intervalle de l’âge normal de la ménopause encore plus large, s’étalant de 42 à 55 ans », note Marème Ndiaye, sage-femme.
Les symptômes de la ménopause se manifestent par une combinaison de changements physiques. La vulnérabilité physique et psychologique de la ménopause découlant d’influences culturelles et des perceptions individuelles est d'une manière générale associée à une véritable crise existentielle, et à une remise en question importante des valeurs de la femme et de son rôle qui est limité à la procréation dans de nombreuses sociétés.
« Les symptômes les plus déclarés par les femmes sont en premier lieu d’ordre physique : fatigue, problèmes d’articulation. En deuxième lieu, ils sont d’ordre émotionnel : un désir sexuel qui tend à se diminuer. Il semble que cette situation soit partagée par la plupart des populations. Le fardeau familial subi par la femme, associé à la perte d’une vie reproductive intense, peuvent être des éléments explicatifs de ce résultat qui débouche sur un stress apparent », mentionne Marème Ndiaye, sage-femme.
La crise identitaire de la ménopause est aussi fortement liée à la réalité inéluctable du vieillissement. La plupart des femmes n'abordent pas ce sujet, trop menaçant à leurs yeux.
Elles l'expriment pourtant souvent avec intensité à travers d'autres plaintes.
L'arrêt de la fécondité
L'arrêt de la fécondité est perçu avec équivoque. Même si le discours mis en avant est celui du soulagement ou de l'indifférence, un regret peut apparaître, surtout lorsque la perte de la fécondité est liée à une perte de statut social.
A cet égard, certaines femmes interrogées se déclarent indifférentes à cette conséquence de la ménopause et y voient même parfois une libération, avec la fin du risque d'être enceinte.
Par contre, d’autres regrettent de ne plus avoir aucun espoir de grossesse. En revanche, elles expriment une forte désolation vis-à-vis de l'arrêt de la fécondité, avec à la fois du regret pour certaines et un sentiment de libération pour d’autres.
Pour certaines femmes, la perte de la fécondité est vécue comme une perte importante et douloureuse alors même que le désir d'enfanter existe encore. Elles se sentent comme amputées, dévalorisées par rapport à celles qui peuvent encore accoucher.
Ndèye Fatou Guèye, 52 ans, 9 enfants, a été très déprimée par la ménopause. Elle s’est sentie inutile à l’arrêt des règles. « Je ne me plains guère, au contraire, je me réjouis d’avoir pu mettre 9 enfants au monde. Plusieurs femmes n’ont pas eu cette chance.
Toutefois, mon inquiétude se situe ailleurs. Avec ma prise d’âge, et la survenue de la ménopause, je crains que mon mari trouve un alibi en béton pour aller chercher une deuxième épouse. D’autant que nous sommes pratiquement de la même génération et lui peut encore, en tant que homme, avoir des enfants », tranche Ndèye Fatou, apparemment la peur au ventre.
Pour d’autres, l'arrêt de la fécondité est décrit comme une perte, mais relativement peu importante. C'est souvent les femmes qui ont eu les enfants qu'elles désiraient qui digèrent mieux la ménopause comme un phénomène naturel. Anthia se dit indifférente à son nouveau statut de ménopausée.
Elle est « aujourd’hui plus que jamais déterminée à prendre soin de son mari et afin à s’épanouir dans son foyer ». Quand on évoque le risque de voir son conjoint chercher une épouse plus jeune, elle est persuadée que cela ne saurait se produire. « Même si je ne pouvais pas avoir des enfants, mon mari et moi aurions adoptés. Il m’aime d’un amour naturel et désintéressé et ma nouvelle condition de ménopausée n’y changera rien », tranche-t-elle sans équivoque.
En effet, dans certaines situations, le statut définit la place de la femme dans la société africaine ainsi que les rôles sociaux qu'elle remplit. Certaines femmes interrogées pensent que « les gens les considèrent en général comme une femme sans changement particulier » avec l’atteinte de la ménopause.
Dans ces cas, la femme ménopausée est en effet regardée comme une femme « dans sa maturité ». Une minorité de femmes seulement perçoit une perte du statut dans ces cas spécifiques : « Les gens considèrent une femme ménopausée comme une vieille dame ou comme une grand-mère », note Anthia.
La ménopause est un évènement naturel de la vie, mais qui est entouré de multiples mystères et spéculations, oscillant entre gain et perte, contraintes et libertés.
Certaines femmes admettent que la ménopause s'accompagne d'un changement de statut social, mais s'efforcent de lui donner une valeur positive ou d'en diminuer la portée : « Je vois cela comme un cap, le tout c'est d'être bien dans sa peau », confie cette fonctionnaire âgée de 47 ans. Une forte partie d’entre elles envisage même la possibilité d'un gain de nouveau statut.
Elles adhèrent à l'opinion : « La ménopause est une période d'épanouissement ». Dans le même registre, d’autres femmes estiment que « la ménopause est une période où l'on peut enfin s'occuper de soi », que « la ménopause est une étape où elles deviennent sereines ».
Influence de la représentation culturelle
Une femme est dépendante de son destin physiologique, heurté et rythmé par les grandes étapes biologiques : puberté, fécondité et ménopause.
« La femme vieillissante est à l’âge dangereux, où la réalisation de son inutilité sociale par la perte de la fécondité l’amène immanquablement dans la tourmente », disait Simone de Beauvoir, dans son œuvre intitulée «Le deuxième sexe ».
Même si elles l’admettent difficilement, les femmes sont, au fond, nombreuses à être d’accord que la ménopause est le début de la vieillesse, résultant d’une symbolique forte.
Chez les femmes qui perdent leur identité sociale en même temps que leurs règles, la ménopause engendrerait un cortège de troubles pénibles voire invalidants.
En plus de ce changement de statut social, l’existence de croyances positives ou négatives liées à la ménopause font parfois apparaître de nouveaux symptômes.
Ainsi, l’image de la femme caractéristique aux multiples troubles psychologiques résulterait plus d’un stéréotype culturel que de facteurs biologiques.
Volonté de séduire
« La plupart des femmes manifestent la volonté de vivre la ménopause de manière naturelle. Elles revendiquent un statut de femme mûre que la sexualité ou la séduction n’intéressent plus et qui préfèrent le rôle de grand-mère derrière ses fourneaux », souligne Marème Ndiaye.
Quant à la séduction, les hommes catalogueraient les femmes en deux groupes, celles qui démissionnent, abandonnant tout effort d’entretien et adoptant un profil de « grand-mère » et celles vivant bien leur ménopause, gardant la volonté de séduire et restant actives dans leur vie sociale.
Cette situation expliquerait le fait que cette échéance est redoutée par certaines femmes. « Lorsque la ménopause est survenue, mon mari, en entente avec sa famille, est parti chercher une autre jeune épouse.
Il disait pouvoir et vouloir encore enfanter, ce qui n’était pas mon cas, raison pour laquelle il est parti convoler en secondes noces », affirme cette dame âgée de 50 ans que nous appellerons Oumou.
Toutefois, certains époux se défendent et nient sombrer dans le désir de chercher ailleurs une fois que leur partenaire a atteint le cap de la ménopause.
Dame Dieng, un vieux âgé de 66 ans, narre son histoire : « Je capitalise 36 ans de vie de foyer. Je ne connais que ma femme et elle me suffit largement. Ce n’est pas à mon âge que je vais voir ailleurs », laisse-t-il entendre.
Le sieur se refuse toutefois de condamner ceux qui cherchent une deuxième femme dans cette période fatidique de ménopausée. « C’est leur choix que je respecte d’ailleurs », tout en précisant qu’il ne le fera jamais.
Dame ne voit dans le choix des autres aucun signe de trahison ou d’infidélité, mais le dépeint comme une posture découlant d’un choix pleinement assumé.
D’autres, même s’ils refusent de l’admettre, ont carrément abandonné leur épouse, après que celle-ci n’est plus en mesure de mettre des enfants au monde.
Ils refusent obstinément d’accepter la réalité dans sa triste laideur et vont sans état d’âme mettre « au frigo » leur conjointe pour aller à la recherche de nouvelles conquêtes.
Des histoires similaires à cette situation font légion, mais peu sont enclins à revenir dessus. Ces femmes sont souvent victimes innocentes d’une injustice de leur mari à la recherche de nouvelles « prairies plus vertes ».
La vue des règles est source d’angoisse chez certaines femmes. Un grand nombre d’entre elles dit garder le souvenir d’un vécu négatif de leurs menstruations, source de gêne ou de douleurs.
Une fois débarrassées de ce qu’elles appellent la servitude menstruelle, elles sont peu enclines à accepter la réapparition de saignements.
Ce qui de façon globale dénote que les femmes acceptent leur statut de ménopause.
Leur inquiétude, pour celles qui en manifestent, se situe plutôt sur le regard de la société.
L’AGRICULTURE, UNE ALTERNATIVE POUR FIXER LES JEUNES
MBOUR: EMIGRATION CLANDESTINE, DESOLATION DES RAPATRIES D’ESPAGNE
Le drame méditerranéen de l’émigration a réveillé de vieux souvenirs et soulevé des vagues d’indignation chez les premiers rapatriés d’Espagne, il y a une dizaine d’années (en 2005, époque de Baça wala Barsax*). Dix associations partenaires des régions de Thiès, Diourbel, Dakar et Fatick se sont retrouvées à Mbour autour du président de l’Association nationale des partenaires migrants (Anpm). Histoire de faire le point sur les promesses du régime d’alors pour décourager les jeunes de braver les flots marins à destination de Barça ou Barsax, d’une part et faire un état des lieux tout en proposant des alternatives de survie (par elles-mêmes), d’autre part.
Le drame des «naufragés» de la Méditerranée avec des centaines voire milliers de morts dont des Sénégalais, doit pousser à parler et à surmédiatiser le phénomène de l’immigration non conventionnelle. C’est la conviction de Cheikh Diop, le président de l’Association nationale des partenaires migrants (Anpm) du Sénégal (qui regroupe des Sénégalais rapatriés notamment d’Espagne). Selon le président de l’Anpm, en 2007, suite à l’accord entre l’Etat du Sénégal et le royaume d’Espagne, les autorités étatiques avaient promis monts et merveilles aux Sénégalais rapatriés. Mais à l’arrivée, exceptés les quelques personnes qui ont eu la chance d’intégrer des fermes agricoles créées alors pour faciliter leur insertion, le gros de la «troupe», des rapatriés d’Espagne se considèrent aujourd’hui comme «des oubliés et laisser à eux-mêmes». «Oubliés par le régime précédent, nous sommes laissés pour compte de nos jours», déplore-t-il.
Des initiatives vouées à l’échec
Embouchant la même trompète, Moustapha Fall, le secrétaire général de l’Association nationale des partenaires migrants du Sénégal a révélé qu’au début, il y a eu des initiatives, mais qui ont toutes échouées. A l’en croire, dans un premier temps, des «rapatriés» originaires de la petite côte regroupés en Gie (groupement d’intérêt économique) des migrants de Mbour avait reçu un financement de 25.000 euros et un second de 20.000 euros d’un partenaire français (Ccfd), il y a huit ans.
Le Ccfd, une organisation non gouvernementale française luttant contre la faim reste leur principal bailleur. Grâce à ces appuis le Gie des rapatriés de Mbour avait à l’époque acheté des filets de pêche (senne tournante), des pirogues et des moteurs hors bord pour mener des activités de pêche. Aussi a-t-il loué d’autres actions notamment un financement modeste de 900.000 F Cfa remis aux jeunes de Kayar (pour 150 personnes). Ce geste pourtant apprécié est vu comme une goutte d’eau dans l’océan.
Toutefois, à Joal-Fadiouth la situation des rapatriés d’Espagne est toute autre. Selon Moustapha Fall, ici, les financements accordés à des membres du Gie sont remboursés. Ce qui permet d’en faire profiter à d’autres, de manière tournante. La diversité des créneaux empruntés s’élargit. Le Gie de Joal-Fadiouth s’est investi dans la formation en gestion de projet pour permettre à ses membres de mieux travailler collégialement.
Seulement, il se désole de ne pouvoir remplir les conditions exigées lors des appels d’offres dans le cadre des campagnes et programmes sur les questions relatives à la prise en charges des jeunes pour les empêcher d’aller à l’aventure par le désert ou par la mer. A son avis, seules certaines grandes organisations non gouvernementales remplissent les critères requis. Ce qui fait que les financements ne sont captés que par ces structures qui ne connaissent rien des métiers de la mer, donc elles ne peuvent pas fixer ces jeunes pêcheurs dans leurs terroirs.
Les limites du Fonds Espagne de la Cedeao
En atteste, selon Cheikh Diop, le processus enclenché au niveau régional. Là, le manque d’organisation n’a pas permis à certaines associations de s’impliquer. Aussi, des Ong ont été retenues il y a quelques années pour la mise en œuvre du Fonds Espagne de la Cedeao suite à un appel à projet. Elles ont certes exécuté des activités, mais celles-là ne correspondaient pas aux préoccupations de beaucoup de migrants et de rapatriés d’Espagne. Suffisant pour que le président de l’Anpm en appelle à une bonne organisation avec des projets fiables et bancables avant de solliciter la direction de certains programmes ou leur mise en œuvre au niveau Ouest africain.
Pour Moustapha Fall, les jeunes rapatriés portent un très espoir en l’agriculture. «C’est le seul projet rentable pouvant occuper des milliers de jeunes pour leur insertion». Pour cela, il faut rendre accessible l’eau en aménageant des forages pour alimenter des fermes agricoles et équiper les jeunes tout en leur octroyant des financements avec des facilités pour une absorption maximale (des financements proposés).
Un sandwich plus 10.000 F Cfa pour chaque rapatrié
Moustapha Diouf, le président des rapatriés de Thiaroye-sur-mer (Dakar) partage le même avis. Pour lui, si les premiers financements ont été profitables pour certains groupements mais le gros lot des rapatriés d’Espagne n’avaient reçu qu’un «sandwich et 10.000 F Cfa». Il souligne que rester (au Sénégal) dans ces conditions (alors qu’on a beaucoup investi pour partir), est un véritable sacrifice. A l’endroit de ceux qui s’apitoient simplement sur le sort des naufragés de la Méditerranée qui perdent la vie pour rejoindre l’Europe, Moustapha Diouf indique que «le mal est plus profond. Des passeurs et les itinéraires empruntés à travers le désert du Sahara à partir du Mali et du Niger pour rejoindre la Lybie sont connus de tous. Tous les dangers sont connus ainsi que les risques, mais pour eux la détermination à trouver des lendemains meilleurs restent irrésistible» chez-eux.
Les solutions, déclare-t-il, c’est le renforcement de la formation des jeunes et la mise à disponibilité de financements pour la réalisation de projets pouvant fixer les jeunes tentés par l’immigration non conventionnelle. L’autre axe de son intervention concerne directement l’Etat à qui il demande une implication effective à la base en renforçant la sensibilisation pour couper les racines du mal. Abandonner «les routes ou les circuits vers la mort», pour lui, nécessite l’implication de tous et particulièrement de l’Etat.
«Baça wala Barsax»: termes Wolof utilisés en 2005 par les migrants clandestins sénégalais en partance pour l’Espagne et traduisant «Barcelone ou l’au-delà (la mort)».
«LES TROIS QUARTS DES MIGRANTS CLANDESTINS SONT DES SENEGALAIS»
De l’avis du directeur de l’Ong «Horizon sans frontière», Boubacar Séye les trois quarts (¾) des candidats à l’immigration clandestine au Maroc et dans d’autres pays magrébins sont d’origine sénégalaise.
«Les trois quarts (¾) des migrants clandestins sont des Sénégalais. Le désert marocain et la Libye regorgent beaucoup de Sénégalais candidats à l’immigration. Ceux qui se réclament être des Erythréens ou d’autres pays en guerre sont tous des Sénégalais. Ils changent de nationalité pour bénéficier d’un droit d’asile», soutient Boubacar Séye. Pis, ajoute le directeur d’Horizon sans frontière, «des migrants sénégalais sont dans l’urgence dans plusieurs pays magrébins du fait des difficiles conditions de vie».
Les nombreuses pertes en vie humaine notées ces derniers jours ne sauraient traduire un regain de l’immigration clandestine, mais plutôt la preuve qu’il n’y a jamais eu de répit dans la pratique, estime Boubacar Séye. «Il n’y a pas eu de regain, le phénomène a toujours existé. Seulement il y avait des voies de contournement par la Turquie et la Libye». Par ailleurs, fait-il remarquer, il est difficile d’établir le nombre de victimes sénégalaises du fait de la nébuleuse qui entoure la pratique. Ainsi, seuls les témoins des départs ou les rescapés sont capables de donner le nombre exact d’occupants des embarcations au moment de la traversée.
En vue de lutter contre le départ massif des jeunes sénégalais qui, souvent n’atteignent pas les côtes européennes, il faut une politique social, conseille Boubacar Séye. «Il n’y jamais eu une bonne prise en charge. L’immigration n’est pas une question politique, mais un fait social. Ce n’est ni de la responsabilité d’un régime ou d’un autre, mais ce sont des politiques sociales qui doivent être mises en œuvre. Car, tous les rapatriés sont des potentiels candidats à l’immigration». Par ailleurs, le directeur d’Horizon sans frontière déplore la restriction de la liberté de circulation dans plusieurs pays européens malgré les règles instaurées dans l’espace Schengen.
''UNE UNIVERSITÉ QUI SE VEUT MODERNE DOIT APPORTER DE L’INNOVATION DANS SES MÉTHODES ''
PR ÉTHIENE EHOUAN EHILE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'AUA
Secrétaire général de l’Association des universités africaines (Aua), le Pr Etienne Ehouan Ehile, estime, dans cet entretien, que les universités doivent sortir de leur tour d’ivoire et s’ouvrir sur la société afin d’apporter des solutions aux préoccupations des populations. Selon lui, les changements et l’innovation constituent même l’essence de l’université, voire de toute organisation.
Le thème principal de cette rencontre porte sur « L’internationalisation de l’enseignement supérieur ». N’est-ce pas une aberration si l’on sait que université suppose universalité ?
C’est vrai, l’université rime avec universalité, mais il faut comprendre qu’aujourd’hui nous évoluons dans un monde encore plus globalisé, un monde de partage. Jusque-là, nous savons que, dans nos universités, les idées sont universelles, cependant, les activités qu’on y réalise doivent aussi l’être.
Les possibilités sont énormes. Il n’est plus possible de vivre en vase clos. Il faut partager les histoires et succès de chaque université, pour que les uns et les autres puissent en bénéficier.
L’internationalisation est un concept nouveau, mais qui permet d’aller de l’avant dans la mesure où, si nous avons des principes de base, nous pouvons nous entendre.
Et que recouvre réellement le concept d’internationalisation ?
Il y a plusieurs aspects dans l’internationalisation qui ont été développés au cours de cette conférence. L’université implique des échanges, la mobilité des étudiants et des enseignants. Mais, si l’étudiant bouge, il faudrait que ce qu’il a appris soit dans les normes, dans les standards internationaux.
Le dénominateur commun est donc l’assurance qualité qui permet de comparer un diplôme obtenu à Dakar à celui obtenu à Niamey.
L’assurance qualité jouera donc le rôle de gendarme. Il faut qu’on sache que l’harmonisation n’est pas la standardisation. Toutefois, il nous faut des outils de comparaison.
Justement, l’Aua et l’Ua travaillent ensemble pour mettre en place un cadre d’harmonisation et des équivalences. Que couvre-t-il ? La stratégie de l’Union africaine
(Ua) pour l’harmonisation de l’enseignement supérieur, qui est également soutenue par l’Union européenne et l’Aua, va permettre de créer un espace d’enseignement supérieur africain et d’harmoniser également les curricula.
Harmoniser, c’est partir sur des bases communes qui permettent le transfert des crédits, la mobilité des étudiants...
Vous venez de le dire, la construction actuelle de l’enseignement supérieur n’autorise pas l’enfermement sur soi-même. Pourtant, l’université est très réfractaire au changement ?
C’est vrai, l’université est très réfractaire au changement, mais l’innovation est l’essence même pour la survie de toute organisation. Et toute organisation qui refuse l’innovation, c’est comme si elle cherchait à résoudre les problèmes d’aujourd’hui avec les solutions d’hier.
Dans ce contexte, l’innovation doit être permanente de telle sorte qu’on s’adapte au changement. Nous avons actuellement de nouvelles méthodes d’enseignement (Tic). Ce sont des innovations que veulent les jeunes qui ne peuvent pas comprendre qu’un professeur vienne dicter son cours pendant deux tours d’horloge et partir.
Maintenant, le cours est centré sur l’étudiant, et le professeur n’est que l’animateur de groupe. Donc, les méthodes d’enseignement doivent changer et les mentalités avec. Une université qui se veut moderne doit être prête à apporter des changements et de l’innovation dans ses méthodes.
On a beaucoup encouragé, au cours de cette conférence, la création de centres d’excellence avec une grande inquiétude quant à leur pérennisation ? Que compte faire l’Aua ?
L’Aua coordonne les centres d’excellence de la Banque mondiale, mais il faut apprendre aux gens à pêcher que de leur donner du poisson tous les jours. L’Aua organise des ateliers de formation de fund raising (recherche de fonds) pour pérenniser ces centres d’excellence qui auront un financement pour seulement quatre ans.
L’Aua apprend aux institutions bénéficiaires à lever des fonds pour leur durabilité.
Dans les réformes actuelles, nous avons l’impression qu’on veut faire des universités uniquement des machines à professionnaliser en reléguant au second plan presque la formation générale qui a pourtant fait ses preuves. N’est-ce pas un problème ?
Ce n’est pas un problème. Dans une université donnée, quoique vous fassiez, vous allez former des enseignants, des juristes, des pharmaciens, des docteurs, bref, tous les corps. En Amérique, les policiers et les brancardiers sont formés dans les universités.
Aujourd’hui, on trouve que nos universités forment des étudiants qui ne retrouvent pas de boulot. Mais, quand vous ne formez que des magistrats, des médecins, il y a combien de postes de magistrats dans l’administration ?
Voilà le problème. Il est temps que l’université s’ouvre davantage sur le monde et descend dans la communauté pour voir ses besoins. C’est pour cela qu’il ne faut pas rester dans sa tour d’ivoire pour fabriquer des cours donnés aux étudiants et on ne sait pas où ils vont après.
Pour pouvoir élaborer des programmes, il faut faire référence aux employeurs pour connaître les besoins réels.
A beau réformer les universités et les systèmes d’enseignement, si la croissance et le développement ne suivent pas, la question de l’emploi ne sera pas résolue. Qu’en dites-vous ?
En Afrique, le secteur informel représente 70 % de nos économies. Si vous prenez un licencié qui s’en va griller des alocos au bord de la route, vous verrez qu’avec les idées qu’il a, au bout de trois mois, il va développer son industrie plus que celui qui n’a jamais été à l’école pour qui il suffit juste d’avoir sa marmite, son huile et sa banane.
Celui qui a été à l’école va vouloir moderniser son coin, mettre un peu de musique, des jeux afin d’attirer les jeunes. C’est dire que le secteur informel peut être développé par ceux qui sont formés à l’université. Aussi, la création de l’auto-emploi doit être enseignée à l’université.
Vous êtes le secrétaire général de l’Aua. Comment reconsidérer, aujourd’hui, le pilotage de l’enseignement supérieur face au défi de la gouvernance universitaire, de la recherche et de la globalisation ?
Je crois qu’aujourd’hui on a plus de moyens pour gérer les universités. Pas les moyens financiers, mais intellectuels. Nous avons formé plusieurs personnes. Et la recherche, c’est avant tout la réflexion. Pour trouver des moyens pour la recherche, il faut se déplacer et faire des projets dont beaucoup sont financés par des bailleurs.
En tant que chercheur, on ne peut compter que sur les fonds étatiques, l’Etat lui-même n’ayant pas les moyens. Le chercheur doit aller au-delà. Si le projet scientifique est intéressant, c’est possible qu’il soit financé par d’autres gens.
Il y a des chercheurs qui ne font aucun projet et attendent le peu que le gouvernement donne. Dans ce cas, on n’ira pas loin. La gouvernance de la recherche dans les universités doit évoluer dans ce sens. Il ne faut pas attendre que tout tombe du ciel.