BARTHELEMY DIAS, PREMIERE VICTIME DU CYNISME DE PASTEF
Le premier coup fourré de cette nouvelle majorité mécanique de Pastef est de déchoir Barthélemy Toye Dias de son mandat de député.

Le premier coup fourré de cette nouvelle majorité mécanique de Pastef est de déchoir Barthélemy Toye Dias de son mandat de député. Pendant que les Sénégalais attendent les premières mesures en faveur de l’amélioration de leurs conditions (Loi de finances rectificative, Loi de finance 2025, Déclaration de politique générale), l’Assemblée nationale, qui promettait la rupture, vient d’enclencher le cycle de la tyrannie de la majorité écrasante de Pastef.
Le dossier Ndiaga Diouf impliquant l’actuel maire de Dakar (jusqu’à quand d’ailleurs ?) est l’exemple d’un dossier judiciaire avec un traitement éminemment politique. En effet, c’est en 2011, à la veille du Congrès d’investiture de Abdoulaye Wade, qu’un convoi de nervis a quitté le siège du Parti démocratique sénégalais (Pds) pour se rendre à la maire de Mermoz-Sacré Cœur en vue de l’attaquer. S’en sont ensuivis des tirs à l’arme, et le jeune Ndiaga Diouf a perdu la vie. Dias-Fils est alors arrêté par le procureur Ousmane Diagne qui, finalement, sera, au début et à la fin de cette histoire, son bourreau, avec deux régimes différents. Comme quoi…
Quand Macky défendait Dias avant de chercher à le condamner
Lorsqu’il a été mis en prison pour homicide volontaire, Macky Sall, opposant, exprimait une «réaction d’indignation» devant les caméras de la 2sTv. «Tristesse devant la mort du jeune Ndiaga Diouf qui a perdu la vie dans une opération commando dans laquelle on l’a entraîné face à l’agression contre Barthélemy Dias et son institution municipale», disait le candidat Sall devant Pape Alé Niang et Momar Diongue. Avant d’ajouter : «Mais l’affaire Barthélemy Dias, il faut la prendre dans le cadre global de l’enchaînement des événements depuis le 23 juin (2011). Tout le monde a constaté que devant le refus citoyen de valider l’imposture de la loi constitutionnelle qui fixe le ticket (présidentiel) et la suppression du second tour, le pouvoir (de Wade) avait décidé de passer à la vitesse supérieure et avait décidé de recourir à des mercenaires. (…) Aujourd’hui, il est clair qu’on a payé des gens pour verser du sang et instaurer un climat de terreur dans le pays. Et ça, c’est le fait du pouvoir. Le pouvoir Pds nous a installés dans une violence institutionnelle, dans une violence verbale. Maintenant, la violence est devenue physique et mortelle (…) C’est tout cela qui a fait qu’on a assisté à une violence d’une bande armée devant la police médusée, qui était là, impuissante. Ils sont venus agresser. Les vrais responsables de cette affaire, ce sont ceux qui ont commandité et financé cette opération. (…) L’Etat a une responsabilité pleine et entière dans ce qui s’est passé devant la maire de Mermoz-Sacré Cœur. (…) J’en profite aussi pour exiger la libération de Barthélemy Dias puisque l’enquête piétine. Pour la paix et la stabilité, le pouvoir a intérêt à libérer Barthélemy Dias…»
Dias-Fils aura fait 6 mois de détention et humera l’air de la liberté accordée par le pouvoir de Macky Sall qui avait décidé d’en faire un député. Car le fils de Jean-Paul Dias, qui était de tous les combats pour faire chuter le régime Wade, ne devait sous aucun prétexte rester en prison. C’était comme une récompense politique, comme une vengeance, voire une revanche à l’endroit du régime sortant, qui avait assouvi son désir de tenir le tonitruant leader des Jeunesses socialistes éloigné de la révolution anti «Wade».
Ousmane Sonko, le «doomou ndey de Barth’», qui dénonce une instrumentalisation de la Justice
Devenu député, Dias se retrouve dans les bonnes grâces de Macky Sall et son dossier est bizarrement oublié par la Justice. De 2012 à 2016, dans le parfait amour que vivaient le Parti socialiste et l’Alliance pour la République (Apr) dans le cadre de Bby, ce dossier Ndiaga Diouf a été oublié par la Justice. Mais après le refus du clan Khalifa Sall de faire voter le Oui au référendum de mars 2016, le dossier a été subitement réactivé, et l’immunité parlementaire de Dias est levée.
S’ensuit un premier procès au Tribunal correctionnel, au cours duquel il est condamné pour «coup mortel ayant entraîné la mort» et à payer 25 millions d’intérêts civils à la famille du défunt. Un verdict qui n’a satisfait ni le Parquet ni la défense. Et tous deux ont fait appel.
Mais entretemps, le landerneau politique a vu la naissance d’un parti politique dénommé Pastef et d’un leader qui s’appelle Ousmane Sonko, le «doomou ndey de Barth’». Macky Sall ayant ouvert trop de fronts avec ses opposants (Karim Wade, puis Khalifa Sall), une (sordide ?) alliance est vite nouée entre tous les opposés. Et Barth’ va bénéficier de cette alliance car, lors de sa convocation en novembre 2021 pour son procès en appel, il sera accompagné par Ousmane Sonko, qui dénonce une instrumentalisation de la Justice pour éliminer leur candidat à la mairie de Dakar. Après le renvoi du procès après les Locales, le leader de Pastef accusait Macky Sall, lors d’une manifestation publique, d’utiliser la Justice pour rendre inéligible Dias, afin de lui arracher la mairie que les Dakarois lui ont donnée. «S’il (Macky Sall) arrache la mairie de Dakar des mains de Barthélemy Dias, nous allons lui arracher le Palais», menaçait Sonko. Dans une autre vidéo, le même Sonko mettait en garde Sall par rapport à sa volonté d’«arracher les mandats de Barthélemy Dias en tant que maire de Dakar et député à l’Assemblée nationale par l’instrumentalisation de la Justice». Il disait que c’est le Peuple qui a mûrement réfléchi avant de choisir Dias, malgré l’accusation d’assassinat qui pesait sur lui. Donc pour Sonko, dès l’instant que le maire de Dakar est un «choix du Peuple de Dakar» qui en a fait son maire et député, nul n’a autorité pour remettre en cause cela. Ni même la Justice.
Aujourd’hui, c’est Sonko qui remet en cause le choix de 220 000 citoyens Sénégalais avec un cynisme effarant. En effet, dire que Dias est exclu de l’Hémicycle «suite à une demande du ministère de la Justice» n’est que la procédure administrative pour habiller une volonté politique de Ousmane Sonko. Ne nous a-t-il pas dit ici que le ministre de la Justice obéit à ce qu’il veut ? Quand on vous dit que le Premier ministre est dans des règlements de comptes, en voici la preuve. Quel intérêt a le parti Pastef de voter pour la radiation, à part tout simplement permettre à Sonko de prendre sa revanche sur Barth’ qui, au moment du parfait amour avec Pastef, a même avoué avoir commis pour l’actuel Pm «quelque chose passible de la Cour d’assises» ? Même si lui ne dira pas ce qu’il a exactement commis comme crime pour Sonko, il reste que Madiambal Diagne, dans son livre «Adji Sarr, l’histoire», a clairement affirmé que les deux sont allés voir le chef rebelle César Atoute Badiate en Guinée-Bissau, pour voir comment déstabiliser la capitale sénégalaise. Et face à cette grave accusation de collusion avec l’ennemi, ni Dias ni Sonko n’ont démenti.
Barth’ a pactisé avec le diable. Il a nourri la bête
Aujourd’hui, le citoyen est sidéré par le comportement et la nature de nos politiques qui changent en fonction des intérêts du moment. La bonté et l’intégrité sont cautionnées dès lors que la personne incriminée est de mon bord. Si elle est distante, tous les superlatifs seront usités pour le déplumer. Aucune ligne directrice, si l’on conjugue les propos de Ousmane et l’acte perpétré à l’encontre de Barthélemy, consistant à désavouer l’onction populaire, le mandat des citoyens électeurs.
Que voulez-vous ? C’est cela le cynisme. Et le cynisme fait partie de la politique. Mais ce qui est dommage, c’est de voir le Conseil constitutionnel participer au cynisme de Pastef. En effet, quand la Coalition And liggey sunu reew/Alsr a demandé aux juges politiques de procéder au rejet de la candidature de Barthélemy Dias, les 7 «Sages» se sont réfugiés derrière le fait qu’il revenait au ministre en charge des Elections (ministre de l’Intérieur) de les saisir, alors que la décision était du domaine public depuis une année. Trois jours après son installation, le ministre de la Justice demande sa révocation en raison d’une condamnation définitive, connue du ministère de l’Intérieur lors de l’examen de son dossier de candidature.
Si les critères d’éligibilité ne posaient pas de problème avant son élection, pourquoi remettre en question son droit de siéger maintenant ? Les juristes sont interpellés, mais déjà la crédibilité des ministres de l’Intérieur et de la Justice en a pris un gros coup. Pourquoi avoir attendu maintenant pour appliquer une décision de Justice qui date de décembre 2023 ? Pourquoi pas, dès le début de leur installation, si tant est qu’ils voulaient vraiment appliquer le Jub-Jubal-Jubanti ? Dans la même veine, pourquoi Macky Sall n’avait il pas appliqué cette décision ? Va-t-on vers la révocation de Dias à la mairie de Dakar ? Va-t-on vers son arrestation pour association de malfaiteurs, détention et port d’armes en période électorale, et violences en réunion ayant entraîné des coups et blessures graves à autrui dans l’affaire des violences de Saint-Louis ?
Quelque part, nous sommes tristes pour le maire de Dakar, mais force est de reconnaitre qu’ils ont pactisé avec le diable. Faut-il avoir de la peine pour ceux qui ont contribué à faire émerger la bête ? N’est-ce pas que les premiers coups de corne du bélier sont destinés à celui qui l’a engraissé ? Aujourd’hui, tout le monde sait que Sweet Beauté est un lupanar. Et pourtant les Barth’, Khalifa Sall et autres Bougane ont tous dit que c’est un lieu de soins thérapeutiques et que l’affaire Adji Sarr était un complot ourdi par Macky Sall.