NGAIDO ETAIT UN POETE DU CINEMA AFRICAIN
La mort l’a arraché très tôt à notre affection alors qu’il avait pourtant plusieurs projets à réaliser
Que la vie est dure !
Que le destin est cruel !
La mort, cette force fugace et imprévisible qui n’a pas toujours besoin de courage pour vaincre, vient de nous arracher un être cher avec qui nous avons partagé de grands moments.
J’ai connu Ngaïdo Ba dans les années 1980 dans le cercle culturel notamment avec le doyen Ousmane Sembène.
Mais nos relations se sont renforcées dans le cadre du Festival Mondial des Arts Nègres (Fesman III) dont il était le porte-parole chargé de la communication.
A ce titre, nous avons sillonné le monde (USA, Brésil, Mali, Maroc, Ethiopie, Ghana, Algérie, France et tant d’autres pays). Ngaïdo avait un amour viscéral pour la culture, particulièrement le cinéma africain.
Notre rencontre avec l’écrivain martiniquais Aimé Césaire en Martinique fut, dans ce cadre, un des grands moments d’exaltation de la culture africaine.
Il me permit aussi de rencontrer les grands cinéastes du monde, les Français Salvi Guide, Bernard Giraudoux, mais aussi d’autres grands intellectuels comme Euzhan Palcy, Raoul Peck, etc…
Ngaïdo était un grand défenseur du cinéma sénégalais et africain.
Il a joué un rôle déterminant dans la crédibilité du Fespaco et du FOPICA.
Panafricaniste convaincu, Ngaïdo était l’initiateur de la création du comité International des intellectuels d’Afrique pour le retour du Maroc dans l’Union Africaine.
Il avait joué un rôle déterminant avec son ami Mohamed Khabachi, directeur de Maghreb Arabe presse (Conseiller du Roi) pour que je fusse porté à la tête de ce comité de 80 personnalités africaines.
Il avait organisé cette mission, qui s’était déroulée dans d’excellentes conditions, avec le soutien de l’ancien ministre Cheikh Tidiane Gadio. Ngaïdo était un intellectuel du cinéma car bien formé à l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) de Paris et il était excellent dans la pratique comme dans la théorie du cinéma.
Sur le plan humain, il a toujours prêté une attention particulière à ma famille et tout ce qui la touchait le concernait. Il faisait d’ailleurs partie des parrains de ma fille à l’occasion de son mariage.
En 1995, il fut le conseiller du groupe de Rap de mon fils Tonton Mac « Sunu Flavor » à l’occasion de l’anniversaire que ce « posse » avait célébré à Sorano.
Grand admirateur de mon oncle Chérif Ousseynou Laye, il m’accompagnait souvent à Yoff pour rendre hommage au vénéré homme. Chérif disait de lui ceci : « je l’aime pour son élégance, sa compétence et la maîtrise des préoccupations culturelles de notre pays ».
Avec mon ami Mamadou Oumar Ndiaye, on formait un trio que seule la mort pourrait séparer.
Tous les vendredis, sauf cas de force majeure, nous nous retrouvions au restaurant « Le Saint Louis » pour déjeuner et discuter des affaires de la cité. Sur le plan politique, bien que de formation gauchiste, il était toujours aux côtés du Parti Socialiste de Abdou Diouf et de Ousmane Tanor Dieng.
Ces dernières années, il s’est engagea totalement aux côtés du Président Macky SALL qu’il défendit contre vents et marées surtout dans ses chroniques dans « Le Témoin » de notre ami Mamadou Oumar Ndiaye.
Sa loyauté envers le Président était totale et même s’il lui arrivait de critiquer certains partisans du Président, il le faisait avec sincérité et élégance.
Ngaïdo aimait la culture d’une manière même viscérale, car tous les secteurs l’intéressaient.
Membre du Conseil Economique, Social et environnemental, il présidait la Commission ‘’Culture, Tourisme, Sport, Artisanat’’ avec une compétence extraordinaire et une passion sans limites.
Le cinéma sénégalais et africain doit énormément à Ngaïdo Ba qui, par sa culture plurielle, son humanisme et son sens des bonnes relations, reste le poète majeur du cinéma sénégalais. La mort l’a arraché très tôt à notre affection alors qu’il avait pourtant plusieurs projets à réaliser. Le premier, c’était de porter à l’écran ma pièce Maba, Almamy du Rip » dont il avait rédigé le scénario d’une main de maître de laquelle transparaissait toute l’expertise technique d’un grand professionnel du 7ème art. le deuxième projet, c’était tout simplement un livre qui devait lui être consacré par les « Editions Maguilen » que j’ai fondées. Un livre dans lequel il devait raconter sa fabuleuse vie et parles innombrables événements qu’il a vécus ou auxquels il a assisté. Dieu en a décidé autrement, hélas…
Que la terre de Yoff qu’il a tant aimée lui soit légère et que le Tout Puissant Allah, l’Eternel, le Compatissant lui réserve une place de choix dans l’empire des hommes lumières.