DE L’APOTHÈSE THÉORIQUE DE LA MORT DU SYSTÈME À SON RENOUVEAU AU SEIN DE L’ANTISYSTÈME
Prendre en compte les revendications, les alertes, les différentes perceptions et les contributions des acteurs avec qui vous avez cheminé dans la noirceur des incertitudes est une preuve de respect à leur égard

Gouverner, c'est aussi accepter une remise en cause légitime des actions posées. Dans une société où des gens ont engagé leur vie pour changer de régime, il demeure légitime d'interroger l'autorité sur ses choix, sa vision ou ses actions. D’autant plus que, quiconque accepte à présent les mêmes faits et personnes qu’il combattait dans un temps récent, prouve aux yeux de la nation que son engagement pour le changement n’était axé ni sur des idéaux ni sur des principes. Pour reprendre l’expression de Philippe De Leener, « devenir un acteur politique, c’est refuser de devenir ce que l’on combat ». Et, combattre un système, c’est avant tout combattre ceux qui l’incarnent, le défendent et le maintiennent en marche.
Quel que soit le niveau de charisme d’un gouvernant, il n’est jamais infaillible. Il doit toujours se rappeler qu’il n’est rien sans le peuple souverain. Il est d’actes ou de paroles qui transfigurent la réalité dans son essence. Si le fameux système est passé d'un ensemble structurel pour devenir uniquement des règles, comme l'explique le Premier ministre. Nous sommes en droit de nous questionner sur le prix des sacrifices consentis. Était-il nécessaire de mettre la vie de plus d'uns au front de combat juste pour faire muter les normes institutionnelles ? La vérité porte l'étendard de la lumière divine, quelle qu'en soit la force déployée pour la mettre sous silence, elle scintillera.
La vérité est que les règles sont élaborées, maintenues, défendues et manipulées par des humains qui n’ont qu’une rationalité, se maintenir au pouvoir quoique cela coûte à la Nation. Reconduire ces mêmes acteurs qui luttaient pour vous effacer moralement et physiquement sur l’échiquier politique à des postes de responsabilités est une faute non négligeable. Accepter une erreur ne rend point un gouvernant faible mais humble, car toute tentative de légitimation mène à la dissonance qui peut souvent conduire à la condescendance et au mépris des gouvernés. Et quand la dissonance s'installe, on cherche les moyens pour la justifier, quitte à faire des gymnastiques intellectuelles afin de nier l'évidence. Mais, la réalité est factuelle, le pouvoir a ses ombres que les spectacles en live n'élucident pas.
Le gouvernement, de son slogan Jub Jubal Jubanti, a choisi une gestion basée sur la clarté et l’inclusion de tous les citoyens. De ce fait, l’univers politique paraît plus ouvert au regard des gouvernés ; le pouvoir perd une part du mystère qui tenait à sa nature de monde caché et secret. Il ne l’est sans doute pas moins, mais ses apparences chaque jour manifestées provoquent une chute de curiosité et un désenchantement. Ce qui laisse comprendre que dans l’imaginaire des gouvernés, ils ne sont pas les décideurs mais des acteurs participants à la régulation de l’ordre politique.
La minimisation des frustrations légitimes conduit souvent à la protestation populaire. Prendre en compte les revendications, les alertes, les différentes perceptions et les contributions des acteurs avec qui vous avez cheminé dans la noirceur des incertitudes est une preuve de respect à leur égard. Chaque vision déclinée par ce nouveau gouvernement sera analysée par l'opinion publique qui n'a ménagé aucun effort pour lui emboîter le pas dans les moments d'embarras. L'écoute est un art en politique qui s'avère être bénéfique pour la bonne marche de la société.