IL S'APPELAIT HARRY BELANFONTE
Fils de la Jamaïque, fils de l’Amérique, et fils de l’Afrique, il a beaucoup fait pour les peuples noirs, sous toutes les latitudes. Il aimait les gens. Dieu qu’il savait aimer !
C’est un déluge d’hommages qui est déversé sur la mémoire de Harry Belafonte, éloges, l’annonce de son décès, ce mardi 25 avril. Précurseur dans la musique comme dans le cinéma, la superstar afro-américaine a aussi été un très efficace militant des droits civiques, aux États-Unis, doublé d’un humaniste et d’un panafricaniste qui a représenté beaucoup pour l’Afrique et les Africains.
Harry Belafonte a émerveillé des générations d’Africains, depuis les années cinquante. À l’époque où il éclaboussait tout de sa classe et de son talent, la ségrégation raciale était encore une industrie florissante, aux États-Unis, et en Afrique, la domination coloniale prospérait toujours. Pour les peuples africains, Belafonte était, plus qu’une fierté, la preuve vivante qu’un jour, comme dit un célèbre negro spiritual, persuadé, du fond du cœur, qu’un jour nous vaincrons : « Deep in my heart, I do believe, We shall overcome someday. »
Avec Sidney Poitier, il était alors, au cinéma, un des rares Noirs à échapper aux rôles d’esclaves ou de domestiques. Et même lorsqu’il se retrouve en amour dans un film avec une femme blanche, « Le monde, la chair et le diable », à la fin, les producteurs suppriment toutes les scènes d’amour, sous prétexte que l’Amérique n’était pas prête à accepter cela.
Lorsque avec sa seconde épouse, blanche, il trouve, à New York, l’appartement qui leur convenait, on le leur refuse, au motif que le quartier ne pouvait supporter un couple mixte. Alors, il achète tout l’immeuble de vingt-trois étages, s’offre les deux derniers, tout en haut, et cède le reste à des gens plus tolérants. Cela donnera naissance à la première copropriété de New York. À propos du racisme, il aimait répéter ceci : « Pour nous, en tant qu’êtres humains, la vie humaine n’a pas de couleur. »