JEU D'ECHECS AU SOMMET DE L'ÉTAT...
Le désamour qui caractérise les relations entre l’Exécutif et l’Assemblée nationale — où l’opposition est majoritaire — se poursuit de plus belle. Rien que durant la journée d’hier, l’on a assisté à une série d’actes posés par les deux camps...
Le désamour qui caractérise les relations entre l’Exécutif et l’Assemblée nationale — où l’opposition est majoritaire — se poursuit de plus belle. Rien que durant la journée d’hier, l’on a assisté à une série d’actes posés par les deux camps rendant la bataille plus rude et faisant craindre un blocage institutionnel.
Après avoir marqué un bon coup avant hier lors du vote du projet de loi visant la dissolution des institutions que sont le HCCT et le CESE, l’opposition, estimant sans doute que le pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye était groggy, a voulu lui, porter l’estocade en déposant une motion de censure. Pour, a-t-elle expliqué, renverser le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko. Ce dernier a, au cours d’un entretien organisé qu’il a eu avec le personnel de la Primature, rassuré son camp pour dire que non seulement il n’y aura pas de motion de censure mais encore que la durée de vie la présente législature ne dépasse pas dix jours. Après cette sortie, la réplique de l’opposition ne s’est pas fait attendre. Quelques heures plus tard, la réplique de l’opposition, plus exactement du groupe Benno Bokk Yaakar, n’a pas tardé à travers la convocation du Bureau de l’Assemblée nationale par le président de cette institution pour se pencher sur la motion de censure déposée mardi par Abdou Mbow. Et puis, coup de théâtre. Comme dans un ring où les coups s’enchaînent entre deux boxeurs, les services de la Présidence ont annoncé un décret présidentiel limogeant les présidents du HCCT et du CESE. C’était la réponse du berger Diomaye Faye à la bergère Benno Bokk Yaakar qui avait rejeté lundi le projet de loi de dissolution de ces deux institutions. Voilà qui nous réserve une suite très disputée dans le combat politique auquel se livrent le pouvoir et l’opposition, à travers le groupe parlementaire BBY. Cela ira-til jusqu’à un blocage des institutions de la République ? Apparemment pas puisque l’Exécutif a tous les moyens pour gagner cette guerre en écrasant l’opposition grisée par sa victoire remportée lundi dernier dans l’hémicycle de l Place Soweto.
A qui va profiter le chrono avant le 12 septembre prochain ?
Dans ce combat épique, l’opposition cherche en outre à provoquer un conflit qui amènerait le chef de l’État à se séparer de son Premier ministre. Lequel constitue pour elle un obstacle infranchissable pour atteindre sa cible en l’occurrence le président de la République lui-même. Ayant très bien compris cela, Ousmane Sonko continue à s’ériger en bouclier pour recevoir tous les coups afin de mieux protéger le Chef de l’exécutif. Il a compris que le meilleur moyen de défendre le Président, c’est d’en découdre directement avec ses adversaires. C’est pourquoi d’ailleurs ses propos d’hier ont été violemment critiqués par beaucoup d’hommes politiques surtout de l’opposition notamment sur ses positions par rapport à la motion de censure et la reddition des comptes.
Volant à son secours, le chef de l’État a pris un décret pour convoquer d’urgence et dès aujourd’hui une autre session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour cette fois-ci statuer sur quatre projets de loi. Alors faut-il voir par là un nouvel acte politique tendant à jouer sur le temps pour empêcher la tenue de la DPG devant une Assemblée en fin de vie comme voulu par Ousmane Sonko ? En tout cas, selon plusieurs observateurs, tout semble l’indiquer vu que le projet de loi sur la DPG est placé en dernière position dans l’ordre du jour de la session extraordinaire. Donc si on se réfère à la procédure, il va falloir d’abord convoquer le Bureau de l’Assemblée nationale puis la Commission des Lois qui va fixer le calendrier de la session avant d’organiser la plénière ensuite. Sachant que la session extraordinaire ne peut dépasser 15 jours, devrait alors s’engager une véritable course contre la montre qui va tourner au rythme d’un chrono. Et au cas où tout ce processus n’est pas épuisé avant le 12 septembre prochain, le chef de l’État pourra sans trembler dissoudre l’Assemblée nationale. Dans tous les cas, la session extraordinaire est déjà actée et les travaux vont démarrer dès aujourd’hui. Mais, selon toute vraisemblance, la situation qui se présente est désormais en faveur du pouvoir même si rien n’est encore gagné d’avance. Toutefois selon Doudou Wade, ancien député et ex-président du groupe parlementaire du PDS, l’opposition peut trouver un autre moyen de riposte qui pourrait faire mal au pouvoir même s’il s’est abstenu d’entrer dans les détails. Doudou Wade semble décidément surestimer la force de cette opposition en débandade !