LE JE DANS LE JEU POLITIQUE AU SENEGAL
Notre démocratie est presque à terre (ce qui n’est pas souhaitable). Nos acteurs politiques savent tourner casaque (un bon nombre de pirouettes).
Notre démocratie est presque à terre (ce qui n’est pas souhaitable). Nos acteurs politiques savent tourner casaque (un bon nombre de pirouettes). Le Sénégal est malade de sa société politique mal formée en général (tout le monde est leader ou responsable). Ce qui s’est passé lors de l’installation des députés à l’Assemblée nationale est juste le reflet de ce qui claudiquait dans notre vie politique depuis bientôt quelques récentes années. Nous avons tristement assisté à une démonstration d’honorables sans aucune honorabilité. C’est pourquoi je suis d’accord avec Amiel quand il nous apprend : «Il y a dix personnes en moi, suivant le temps, les lieux, l’entourage et l’occasion.» L’occasion révèle à vrai dire souvent la véritable personnalité de certains hommes. Le temps, le lieu et l’entourage peuvent nous révéler tout leader trompeur ou vendeur d’illusions (nous saluons néanmoins la posture flegmatique des Libéraux).
On ne peut pas tromper le Peuple tout le temps.
Tous les observateurs avertis et objectifs savent que ceux qui se prennent pour messie à la rupture promise dans l’Hémi-cycle n’exécuteront jamais leurs promesses. Ils vont par contre concasser les valeurs de la République et violer la sacralité de l’institution. Sans regret et par ignorance, ils se prennent pour des héros en vandalisant les biens publics et espèrent charmer davantage leurs cibles. A mon avis, cette quête du buzz devait s’illustrer dans les propositions, les idées, voire dans le comportement et dans l’habillage correct du langage. La multiplicité du moi chez certains acteurs politiques menace la crédibilité et la clarté du jeu politique (les Sénégalais sont perdus). Au demeurant, il est admis dans la conquête du pouvoir d’être offensif et charmeur, mais il est aussi bon et conseillé d’être circonspect pour ne pas être rattrapé dans l’avenir par les actes qu’on pose.
L’opposition a promis l’unité, la rupture à l’Assemblée nationale, le rejet du cumul des mandats, la rationalisation des dépenses à l’Assemblée nationale, pour enfin disputer des postes entre eux et créer plusieurs groupes parlementaires (ils ne pensent qu’au gain, les promesses sont oubliées).
Par presse interposée, ils se donnent des coups de Jarnac, c’est révélateur. Rien de nouveau en tout cas si nous pensons comme Spinoza dans Ethique III : «Un homme ivre croit dire d’après un libre décret de l’esprit ce que, revenu à son état normal, il voudrait avoir tu.» Cela nous édifie que l’ivresse d’accès au pouvoir chez certains «nouveaux types» de leaders les pousse à porter des vestes qui ne leur vont pas et, dans la réalité de l’exercice de leurs nouvelles fonctions, s’arrêtent pour apprécier que le produit qu’ils vendaient aux populations est obsolète entre leurs mains.
A vrai dire, l’opposition n’est pas souvent responsable dans beaucoup de ses décisions. Comment peut-on boycotter le vote pour la présidence de l’Assemblée nationale et aller disputer les postes de vice-présidents et de secrétaires élus ? Les observateurs locaux et internationaux, de même que le Sénégalais lambda, ont unanimement noté leur déficit de formation politique et leur inexpérience malgré leur faconde intarissable.
Aujourd’hui, le «Je» dans le jeu politique au Sénégal n’épargne aucune écurie politique. Dans la majorité, le «Je» a fait perdre beaucoup de suffrages lors des Législatives. Ils sont nombreux à travers le Sénégal, des responsables qui ont fait voter sanction à leurs militants pour des problèmes de leadership dans la coordination des coalitions communales. Ils ont tout simplement trompé le Président Macky Sall et se répandent en explications comme ils savent le faire. Leur orgueil et vanité ont comme conséquences, les résultats obtenus qui ont valu une percée historique et encourageante à l’opposition à l’Assemblée nationale. Quand on bénéficie de la confiance du Président Macky Sall, on le prend pour le meilleur, par contre si on est démis de ses fonctions, Macky Sall est ingrat et a trahi.
Le «je» du jeu de certains cadres ou quelques collaborateurs du Président Sall fait peur. Ce qui est paradoxal, d’autres qui n’ont jamais bénéficié de cette confiance, animent sans soutien le parti et font de leur mieux pour satisfaire les besoins de leurs militants dans leurs localités.
Cette situation prévaut aussi dans l’opposition qui ne s’entend sur rien sauf pour cracher leur venin, calomnier et vouer aux gémonies le Président Sall et sa majorité. Ils ont la volonté de créer le chaos, bloquer le fonctionnement de l’Assemblée nationale et rendre ingouvernable le pays. C’est ignorer, le cas échéant, que toutes les dispositions ont été prises dans la Constitution pour parer à cette triste éventualité et permettre au Président de gouverner par ordonnance ou de dissoudre l’Assemblée nationale à son corps défendant.
Leur jeu de malin à malin et demi prendra pour bientôt une ampleur inattendue. Ils sont dans des calculs politiciens et personne d’entre eux n’a confiance en l’autre et ne se rangera derrière l’autre. Le temps nous jugera !
Le soutien des activistes encanaillés, ajouté à une catégorie de Société civile qui a peur de décliner ses ambitions politiques (ils attendent une opportunité pour militer), est un secret de polichinelle. Qu’à cela ne tienne, nous avons appris de la Rochefoucauld que «l’intérêt parle toutes les langues et joue toutes sortes de personnages, même celui du désintéressé».
Ces populistes encanaillés et une certaine Société civile politique passent tout leur temps à manipuler et souiller d’honnêtes citoyens pour uniquement satisfaire leur ascension sociale (on a tout compris).
Personne n’est épargné. Les groupes de presse et les journalistes les plus talentueux sont diabolisés, les institutions les plus sacrées sont visées, les références confrériques attaquées, les Forces de défenses et de sécurité lessivées, le séparatisme excité et l’ethnisme convoqué dans l’unique objectif d’élire un dit «messie».
En tout état de cause, la conquête du pouvoir est un exercice normal dans toute démocratie, tandis que le concassage des valeurs de la République est un exercice anormal, inélégant et mesquin. Ce dégagisme que certains leaders impriment dans la tête des non avertis est un danger sans précédent. Elire par tous les moyens un moins bon à la place d’un bon est un mauvais investissement politique.
De toute évidence, le Sénégal que nous aimons tous est une jeune Nation qui doit être dirigée par des hommes responsables, matures et expérimentés, surtout dans ce contexte de production de pétrole et de gaz. Nous pouvons vivre les ruptures auxquelles tout le monde fait allusion si nous comprenons les enseignements de Henri Frédéric que je paraphrase comme suit pour m’adresser à l’opposition : «Faire aisément ce qui est difficile à la majorité Benno bokk yaakaar, voilà votre talent ; faire ce qui est impossible au talent, voilà votre génie.»
Vive le Sénégal !
Vive la République !