LE PDS EST-IL REDEVENU UN PARTI DE CONTRIBUTION ?
Le Parti démocratique sénégalais a contribué de façon décisive au rayonne- ment de notre pays sur le plan politique. Il va boucler un demi-siècle d’existence depuis sa formation en 1974. La gestion qu’il a faite du pouvoir en 12 ans a été mitigée.
Le Parti démocratique sénégalais a contribué de façon décisive au rayonne- ment de notre pays sur le plan politique. Il va boucler un demi-siècle d’existence depuis sa formation en 1974. La gestion qu’il a faite du pouvoir en 12 ans a été mitigée, voire décevante. Il l’a perdu d’ailleurs dans des conditions assez déshonorantes. Après la chute, on l’a cru un moment en état de mort cérébrale. Mais il bouge toujours malgré la vague déferlante de transhumants qui a tourné le dos sans scrupule. D’avoir été moins égocentrique aux dernières Législatives en se diluant dans une inter-coalition l’a remis en selle et sauvé d’un revers électoral comme c’était le cas pour les Locales qui avaient précédé. Dans sa marche mouvementée, le Pds a arraché de haute lutte des victoires pour la démocratie et le pluralisme des idées.
Longue marche et démarche insaisissable. En réalité, Me Wade a d’abord mis sur pied une formation politique de contribution un peu à l’image des premiers syndicats qui faisaient de la participation responsable. Son génie est d’avoir su bien manœuvrer face aux caciques intraitables du Parti socialiste de l’époque qui ne lui faisaient aucun cadeau. Wade a fait prévaloir une intelligence foudroyante dont il sera difficile de s’approcher. À titre d’exemple, lui et Senghor « dialoguaient au-dessus du peuple ». L’idée d’en faire un dauphin a germé dans la tête du premier président. Fidèle à lui-même, le pape du sopi s’en est autoglorifié. Diouf dont le seul défaut est la modestie était en embuscade et l’a coiffé sur le poteau.
La perte du pouvoir est une petite mort
La perte du pouvoir est la pire des punitions. C’est peut-être même une petite mort. Tout ce qui était caché est dévoilé. On est immédiatement poursuivi par la meute. La traque contre les carnages financiers tombe sans délai et se fait impitoyable. Il y a aussi l’infamie de la prison, voire la déportation qu’on se prend en pleine figure. C’est le sort qu’on a fait subir à Karim finalement broyé par la machination et le maelström de la demande sociale bien commode. De Dakar au Qatar, le billet simple est l’autre nom d’un exode qui dure depuis 7 ans. Une éternité et un temps fou pour se faire oublier par les plus jeunes qu’on a décidé doctement d’appeler primo-votants. Ils ne sont pas en mesure de reconnaître ceux qu’ils n’ont pas connus. Chaque génération est un nouveau peuple.
Le temps passe si vite. Comme tous ces gens qui changent en toute vitesse de veste et de conviction. À l’époque de la traversée du désert socialiste, Tanor a assimilé ceux qui s’en allaient vers les prairies bleues à des feuilles mortes qui ne font que tomber. Le Pds avait encouragé le prurit de la transhumance. C’est aujourd’hui l’arroseur arrosé. Ce parti a tout de même été résilient. Il a repris quelques couleurs avec 27 députés. Son positionnement n’en est que plus opaque. On dirait qu’il s’est servi de l’inter- coalition comme d’un marchepied.
Le dialogue de sourds les dessert tous
Depuis l’installation de la nouvelle assemblée, les libéraux font l’exact opposé de ce qu’ils avaient anticipé. Pas de motion de censure. Mais une participation active et assumée à la déchéance de Aminata Touré. L’une et l’autre en tant que parti se donnent en spectacle et se comportent comme de grands enfants. Mimi se banalise avec le sempiternel disque rayé d’une entente sur tapis vert appelée « deal ».
Un grand parti comme le Pds qui a blanchi sous le harnais pourrait, à son tour, être taxé de misogynie en se focalisant sur une dame qui prend sa part de persécution. Le dialogue de sourds les dessert tous. Le Sénégal est un pays de dialogue. C’est une rengaine entendue mille fois. Le dialogue auquel on a appelé sera reçu par des tympans propres s’il est synonyme de thérapie et non de zizanie. Pour le moment, il est une sorte de boîte noire. Moins chatouilleux, le Pds en sera un architecte.
L’appel semble aussi aguichant pour Khalifa. Il ne faut pas voir le mal partout en émettant des soupçons de collusion à l’encontre de tous ceux qui s’en approchent. Sonko et quelques autres tirent le rideau de fer. Toute tentative de dialogue sans le Pastef dans un tel contexte n’en sera pas un. Il serait hémiplégique. Au fond, la finalité d’un dialogue est de mettre fin à toute diatribe. Mais le chemin est encore long. On pèche d’ailleurs par naïveté en étant aussi simpliste. Seulement, chez les libéraux, tout ne peut pas être que ruse, cynisme, flou ou realpolitik. Le PDS a peu de chance de retrouver sa grandeur passée s’il continue à se poser en Parti Des Sournois.