LE SÉNÉGAL, UN PAYS PAUVRE DE TOUT, MÊME DU SENS DE LA PRIORITÉ
Il faut que nous travaillons à faire revenir les gens à l'essentiel sinon tout projet sérieux de développement sera très difficile à mener. On a comme l'impression que le superficiel a pris le dessus sur l'important, l'ineptie sur l'intellect
Le sens de la priorité est le premier rempart d'une nation qui se respecte et qui veut atteindre le développement.
Un pays qui s'intéresse plus à des futilités qu'à des vrais problèmes aura beaucoup de mal à rejoindre le club des États décideurs et respectés.
Un peuple, qui n'a pas encore quitté l'état de minorité où il est pour entrer dans l'état de majorité dont il doit accéder pour régler des problèmes d'ordres contemporains, restera longtemps un peuple de mendiants et de pauvres.
Ce que l'on conviendrait d'appeler l'homo-senegalensis a beaucoup de chemin à parcourir pour aller de l'avant. L'avènement de l'internet a favorisé ce que j'appelle l'homo-senegalensis.
Il faudra avant tout lever une équivoque. Je ne minimise pas l'homme sénégalais et ne lui donne pas de responsabilité à assumer. Je veux juste mettre le doit sur un problème sociétal inquiétant. Il s'agit bien entendu de ce que cet spécimen appelle lui même <<être immature>> et de ce que beaucoup considèrent comme étant une méconnaissance de la priorité.
Issu du latin maturus qui veut dire « mûr », le mot maturité signifie arriver à un certain niveau de développement physique et psychologique. Donc voir un gros gaillard qui se réclame ouvertement immature est problématique. Cela pourrait être interprété par Freud comme une volonté de retour à l'enfance. Mais moi je le considère comme <<une deresponsabilisaton honteuse>> que s'autorise un crétin pour continuer d'exister et ainsi noyer sa débilité.
C'est exactement, la technique qu'utilisent les néo influenceurs. De véritables imbéciles, au sens familier du terme, qui, croyant être les plus intelligents, fuient malicieusement les véritables questions de l'heure et essayent de vivre de leur <<métier>>, parce que << influenceur >>n'est pas un métier. De là, suivis par des gens pas très incapables de discernement les aident à la dibilisation des masses.
C'est une chaîne très perverse.
Le monde étant virtuel, être suivi par des milliers de gens est un atout, dans une certaine mesure. Ils investissent les réseaux sociaux, récoltent des abonnés, et commencent les absurdités. C'est ainsi que les influenceurs gagnent du terrain et n'entendent pas arrêter.
Le danger est que, comme on n'est pas dans la réalité (internet), ils entretiennent l'illusion et le mensonge. Ils ne montrent pas leur vraie vie. Les jeunes et petits esprits qui les suivent vont faire d'eux des stars et vouloir les imiter.
Les influenceurs ne sont pas des riches, mais leur position fait qu'ils sont des vendeurs d'illusions. Parce qu'en entretenant, virtuellement, un certain luxe, ils laissent voir une prospérité économique, qui encore une fois n'est que chimère. Ils sont ni des intellectuels qui ont trouvé un emploi après des études brillantes, encore moins des entrepreneurs de référence.
La conséquence est qu'on est, finalement, dans une société huper matérialiste. Le besoin vertigineux du matériel doit être accompagné par des moyens, faute de quoi on tombe dans l'indésirable par exemple le vol(cas de samba ka).
Les dégâts sont plus intenses et le phénomène plus universel. La plupart des influenceuses ayant laissé entrevoir un certain niveau de vie élevée sont obligées de chercher les moyens qui doivent l'accompagner. Et dans ce cas, il faut tomber sur toute sorte de bassesse. Le scandale de Dubaï porta prty est édifiant.
Dans notre pays, il faut parler de tiktokers. C'est des personnes qui n'ont que bêtise à fournir à leurs abonnés. C'est ce que Mollah Morgun dénonce dans une vidéo :<< est-ce que si vos parents restaient tout leur temps à faire des vidéos sur TikTok, vous aurez de quoi vous nourrir >>, se demande-t-il.
C'est une vérité connue de tous.
Cependant, il ne faut pas que personne fasse quoi que se soit. Comme si de rien était. Il est nécessaire de trouver des remèdes le plus rapidement possible sinon le phénomène continuera de s'étendre et les dégâts maximiseront.
Cela nous amène à aborder l'autre grand problème : pourquoi nous aimons les fadaises, à quand nous nous intéresserons des priorités ?
Il faut que nous travaillons à faire revenir les gens à l'essentiel sinon tout projet sérieux de développement sera très difficile à mener. On a comme l'impression que le superficiel a pris le dessus sur l'important, l'ineptie sur l'intellect, la médiocrité sur la grandeur, l'animalité sur l'humanité. Ce qui constitue un précédent dangereux. Comment peut-on comprendre que quelqu'un qui fait un live sur TikTok pour parler de la vie privée de quelqu'un peut avoir autant de followers, autant de suiveurs en direct, devrai-je dire ?
Quelqu'un qui reste tout son temps à parler de la vie sexuel de quelqu'un est plus suivi et écouté qu'un autre qui essaye d'éduquer les gens. Aussi bizarre qu'on ne puisse l'imaginer, ceux qui veulent accueillir une certaine célébrité, sans scrupules, investissent ce terrain. Parce qu'il savent que l'homo-senegalensis est intéressé par cela, pour beaucoup du moins.
Des médias qui proposent des contenus aussi vides qu'insignifiants. Des émissions à longueur de journée pour parler de tout sauf de l'essentiel. Des têtes comme ABba, Pape cheikh... occupent la ligne éditoriale, même des énergumènes comme Soumboulou sortent des balivernes. Un couple qui divorce peut faire l'objet d'une édition spéciale. Et le plus bizarre est que le Sénégalais semble s'intéresser à cela. Pendant ce temps, des scandales foisonnent dans la République. Personne n'en parle sinon une petite poignée d'individus.
Les dirigeants, connaissant l'état d'esprit de leurs concitoyens, continuent d'exploiter l'amnésie des citoyens. Combien de rapport épinglant des autorités qui ont volé des millions voire des milliards, dorment encore et encore. Qui en parle ? Qui parle encore du dernier en date, le rapport de la cour les comptes sur la gestion du covid.
Un manque total du sens de la priorité !
On nous parle du livre de CYS, du dossier Adjisarr-le gouvernement. À quand un citoyen sénégalais soucieux véritablement de la manière dont sont pays est géré ? Un Sénégalais qui contrôle l'action ou les actions du gouvernement ? À quand cesserons nous de parler des problèmes de mœurs matin, midi, soir ?
Le nouvel ordre mondial a bien réussi son mission qui est de dibiliser les gens pour mieux dérouler son agenda. Et pour cela, il faut créer des personnes insignifiantes qui entretiennent le débat public et déroulent leur programme de divertissement. Tant que l'écrasante majorité ne sera pas conscient de ce fait, il sera très difficile de construire des choses importantes pour la prospérité des peuples. Les outils et moyens utilisés sont aussi nombreux que variés. Du jeu de hasard aux compétitions sportives internationales, en passant par le cinéma et les nouvelles technologies avec son lot de problèmes, tous concourent à divertir les masses.
Je conclus en citant Alain Soral qui écrit à propos du nouvel ordre mondial de :<< La soumission totale à cette oligarchie spoliatrice qui n’a eu de cesse, depuis plus de deux siècles, d’organiser cette « guerre de tous contre tous » annoncée par Marx, pour parvenir à cette fin. Ou la révolte des peuples enracinés réduits en esclavage, quand ce n’est pas poussés à la misère, contre cette oligarchie nomade aux procédés sataniques menant, pour son seul intérêt, le monde à cet « âge sombre » décrit par la Tradition.>> dans son livre Comprendre l'empire.
<<L'Afrique est sous-développée et stagnante parce qu'elle rejette le développement de toute ses forces. [...]. Tout ce passe, en effet, comme s'il existait une sorte de prescription tacite interdisant formellement de relier directement la situation de l'Afrique au comportement des Africains>>, Axelle Kabou, Et si l'Afrique refusait le développement ? Je la cite parce qu'elle me plaît. En attendant, retournons vers l'essentiel.
Moustapha Kane est étudiant au département de lettres modernes à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar.