LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT MACKY SALL
Sonko vit actuellement une torture blanche dont les conséquences à long terme sont encore souvent plus effroyables que celles induites par la torture physique. Est-il nécessaire de dire qu’étant le président, vous êtes le garant de notre démocratie ?
Monsieur le président de la République, Je vous écris aujourd’hui avec une profonde préoccupation concernant la situation et l’avenir de notre pays. En tant que citoyen sénégalais, j’observe, encore une fois, les dérives et violations faites à notre démocratie sous votre autorité.
Je constate avec consternation la détention illégale de M. Ousmane Sonko, depuis le dimanche 28 mai 2023.
M. Sonko est actuellement retenu contre sa volonté dans sa résidence, privé de tout moyen de communication et sans que ses avocats ne puissent lui rendre visite.
Nous sommes ici en présence d’un citoyen détenu sans base légale. Cet état de fait constitue une détention arbitraire mais également un acte de torture psychologique.
En effet, M. Sonko vit actuellement ce que l'on appelle une torture blanche. Les conséquences à long terme de cette forme de torture sont encore souvent plus effroyables que celles induites par la torture physique. Ses formes sont multiples, allant de l’absence de tout contact humain avec l’extérieur à la privation d’interaction sociale voire à des humiliations.
D’une part, de tels agissements portent une atteinte grave aux valeurs fondamentales des droits de l’homme : liberté de mouvement, droit à l’intégrité physique et corporelle, droit à la sécurité et à la sûreté…
Je vous rappelle que le Sénégal est signataire de la convention de 1984 des Nations Unis sur l’interdiction de la torture, dont vous êtes le garant du respect des dispositions.
D’autre part, il est essentiel dans notre pays de préserver un environnement où toutes les voix peuvent s’exprimer et où l’opposition peut jouer son rôle vital de contrôle et d’équilibre du pouvoir. M. Sonko est certes une figure politique de l’opposition, mais il est avant tout un citoyen sénégalais. Quelques soient ses idées politiques, il ne peut être privé de l’exercice de ses droits.
Dois-je vous rappeler, qu’en votre qualité de chef de l’état, vous avez la responsabilité d'assurer l'égalité des droits et de favoriser un climat propice à la consolidation de la paix sociale actuellement mise à rude épreuve ? Est-il nécessaire de dire qu’étant le président de la République, vous êtes le garant de notre démocratie ? Ou de préciser que vous n’en êtes que le gardien et non le détenteur.
Fervent défenseur des principes démocratiques, j’ai toujours dénoncé et combattu les mauvaises pratiques. J’ai à de nombreuses reprises attiré votre attention sur ces déviances. Aujourd’hui, mon engagement en faveur de la démocratie et de la pluralité politique demeure inébranlable et motive cette lettre ouverte.
Monsieur le président, je vous exhorte donc à prendre des mesures immédiates :
- la levée sans délai du blocus illégal et injustifié du domicile de M. Sonko ;
Et dans un souci de transparence et de respect des principes démocratiques ;
-la présentation par les autorités compétentes, dans les 48 heures, des bases légales de cette détention, si elles existent bien. Faute de quoi, nous n’aurons autre possibilité que de mettre en œuvre les voies de recours juridiques et politiques appropriés pour faire cesser cette situation et garantir le respect des valeurs démocratiques et de l’état de droit.
Il n’est pas inutile de préciser que de tels faits sont évidemment de nature à engager la responsabilité pénale personnelle des commendataires et des exécutants, et ceci sur le fondement du principe de la compétence universelle.
Je n'ai nul doute, qu'au nom du respect de la légalité, vous condamnerez cette regrettable situation et qu’en conséquence, vous ordonnerez la levée immédiate de ce siège.
Je resterai vigilant, aux côtés du peuple sénégalais contre toute dérive, pour préserver l’intégrité de notre démocratie et défendre les droits de tous les citoyens. »
M. Abdoulaye Tine est président du parti USL, candidat à la présidentielle 2024.