LIBERTÉ
En cette veille des élections présidentielles du 24 mars 2024 qui marquent un tournant décisif dans l’histoire de notre peuple, il me plait de partager avec tous les patriotes sénégalais ce poème de feu Ousmane Sembène
En cette veille des élections présidentielles du 24 mars 2024 qui marquent un tournant décisif dans l’histoire de notre peuple, il me plait de partager avec tous les patriotes sénégalais ce poème intitulé Liberté de feu Ousmane Sembène (1923-2007). Ce poème inaugural de la carrière littéraire et artistique de Sembène, publié à Marseille en 1956, demeure plus que pertinent aujourd’hui dans notre combat pour la construction d’une Nation africaine réunifiée, indépendante, libre, prospère, juste et ancrée dans nos valeurs.
Ousmane Sembene
Action Poétique, Marseille, 1956
Extrait :
Ne pleure pas, frère,
Ne pleure plus.
Que ta nudité ne soit pas de l'ignorance.
Que ton savoir
Ne te fasse pas oublier ton devoir.
Il y a seulement quelques—années,
On se le murmurait.
Maintenant, des milliers de gens en sont hantés.
C'est par de multiples exemples
Que ces révoltes muettes sont dispersées.
J'entends les gémissements des jeunes,
Les pleurs des orphelins,
Les plaintes des mères dont le lait se tarit.
La patience de nos aînés.
Le tout est un nuage qui recèle
La force et la tempête.
Est-ce de l'indifférence ? de la résignation ?
Non. . .c'est de l'attente,
Quoi ? . . .
Ce vent-qui écrase les bourgeons,
Sur son passage, entre le clair matin et l'aube,
Ce souffle néfaste qui prolonge l'obscurantisme,
Cette nuit d'ignorance s'évaporant,
Trouveront réunis la force des âmes et les volontés,
Rassemblées en un seul fagot.
Je ne me plains pas, frères,
Ne pleurez plus, frères,
La faiblesse et la stérilité de l'occupant sévissent.
Il ne sait que distribuer des coups,
Propager des calomnies.
Cette aube naissante
Fera ployer la force des armes
A ce Zénith qui nous verra libre.
Je rends hommage
A notre Afrique tout entière—Notre pays—
Qui se fond et se confond en nous,
Nos légendes, nos mythes,
Ce pays est nôtre.
Ses poètes, nous les chercherons,
Ses philosophes, nous les retrouverons,
Sa nature vierge, nous l'exploiterons,
Des monuments pour ses héros, nous en construirons.
Ses fils d'hier—vendus—reviendrons.
Son peuple d'aujourd'hui—nous,
Nous taillerons dans la brutalité,
La servilité,
Une nation.
Nos fils se promèneront libres,
Dans un univers libre.
Hommage à l'Afrique libre.