L'OUA A SOIXANTE ANS, ET MAINTENANT ?
La solidarité apparaissait comme une des valeurs essentielles qui ont présidé à la création de l’OUA. Elle n’a cessé de décliner au fil des décennies. L’on peine à désigner des leaders pouvant, aujourd’hui, incarner la conscience morale de notre Afrique
En pleine commémoration du soixantième anniversaire de la création de l’OUA, une petite enquête, diffusée dans Afrique Économie, cette semaine, sur RFI, vous semble révélatrice des carences de l’union continentale. L’enquête porte sur la guerre entre armée et paramilitaires au Soudan. Avec des conséquences économiques dévastatrices, jusque dans le nord de la Centrafrique. En quoi cette enquête, menée par Clémentine Pawlotsky, illustre-t-elle les lacunes de l’Union africaine ?
Dans notre exercice, la semaine dernière, la solidarité apparaissait comme une des valeurs essentielles qui ont présidé à la création de l’OUA. Elle n’a cessé de décliner au fil des décennies, hélas ! L’enquête d’Afrique Économie illustre le dédain que peuvent avoir certains dirigeants africains pour les autres nations : tout le contraire de la solidarité et de l’union. Ils ne s’interrogent même pas sur les conséquences, dans les pays voisins, des désordres qu’ils créent chez eux. Les interlocuteurs de Clémentine Pawlotsky ont dressé la liste d’un certain nombre de produits de première nécessité, avec les prix, tels qu’ils étaient avant la crise, et tels qu’ils sont, depuis le début de cette guerre fratricide. Tous les prix ont, au minimum, doublé. L’État centrafricain n’ayant pas les moyens de subventionner ces produits vitaux, c’est donc à une mort économique certaine qu'Al-Buhran et « Hemedti » condamnent, fatalement, les populations de la préfecture de la Vakaga, en Centrafrique. Irresponsabilité !
Faut-il comprendre que ces dirigeants n’ont pas conscience des conséquences de leurs comportements ?
C’est, en tout cas, du mépris pour les autres. Ils mettent leur pays à feu et à sang, et tant pis pour les conséquences que cela peut avoir au-delà de leurs frontières. Ces généraux ne se soucient nullement des drames considérables qu’ils causent à des populations de pays qu’ils disent pourtant frères. Cette enquête est plus éloquente que tous les bilans que l’on pourrait dresser de ces six décennies d’existence de cette Organisation qui devait pousser les peuples à s’unir, pour se renforcer mutuellement. Or, jamais les acteurs politiques et militaires n’ont autant contribué à affaiblir leurs propres peuples, leurs voisins, donc, l’Afrique, avec une déconcertante propension à exporter tous azimuts la paupérisation et l’insécurité qu’ils engendrent chez eux.