MACKY SALL RACONTÉ À MON ENFANT
La rupture totale d’avec le peuple est consommée quand il a annulé la présidentielle de 2024 à 10 heures d’intervalle du début de la campagne électorale
Plongé dans un bouquin sans fin et dominé par une certaine paresse intellectuelle, j’entends l’enfant, le mien, chanter une ode joyeuse dans l’air du temps et glorifiant quelques politiques et citoyens épris de justice aspirant à la paix sous-tendant le développement. «Ôyé, Sonko namnala, ôyé...».Tout à coup tel un chat à la recherche de sa proie, je reste scotché aux sons sortant de la bouche de l’enfant. Je le prends sur mes genoux et d’un air sérieux, je lui demande s’il aimerait que je lui raconte l’histoire de celui qui gouverne le Sénégal, ce pays si beau et si spécial et il opine du chef. Mais vu son âge, cette histoire, je la raconte dans un langage élémentaire pour sa compréhension. Même s’il ne comprend pas la quintessence de toute cette histoire mais qu’il en saisisse un bon bout.
Mon fils,
Macky Sall, notre président de la République, est né le 11 décembre 1961 à Fatick, après le soleil des indépendances et depuis 2012 il est l’homme qui dirige d’une main de fer le Sénégal. Main de fer, mon fils, veut dire, il manie la carotte et le bâton mais plutôt le bâton parce que le Sénégal est un pays très spécial. Le sénégalais est comme l’arabe. Il est quelqu’un qui a toujours besoin d’être recadré. Macky Sall vient d’une famille de propriétaires terriens mais l’histoire raconte autre chose que la décence m’interdit de te dire vu ton âge. Mais c’est un quelqu’un qui a beaucoup de mérite parce que son père Amadou Sall était gardien d’école et sa maman, Coumba Thimbo, vendait des cacahuètes. Il ne devait pas être heureux, une raison qui l’a poussé à travailler durement à l’école. L’histoire dit que sa famille était tellement pauvre qu’il lui arrivait souvent de ne pas manger trois fois par jour. Vu son jeune âge, il a très tôt aimé la politique en fréquentant un petit parti politique. Quand il a eu le bac, il est allé continuer ses études à Dakar jusqu’à devenir ingénieur en géologie. Mais il militait aussi dans le Parti démocratique sénégalais. Parti d’un vieux chauve et leader charismatique qu’on appelle Abdoulaye Wade niombor. Niombor parce qu’il est très malin et très intelligent.
Mon fils,
Cet homme, Macky Sall a eu une carrière très rapide comme le Ter que j’emprunte quand je vais à Dakar. Son mentor et son deuxième papa, Abdoulaye Wade, l’a pistonné et à tous les postes. Ce qui fait dire que Macky Sall ‘’dafa am liggéyu nday’’, il récolte jusqu’à présent les fruits du travail de sa mère. Dans les années 2000, il a été patron du pétrole sénégalais et haut cadre du parti d’Abdoulaye Wade grâce à son parcours. Et quand Wade accédait au pouvoir, il piaffait d’impatience pour faire partie du nouveau gouvernement mais le destin en avait décidé autrement. De 2001 à 2007, il gravit les escaliers de la galaxie Wade. De ministre des Mines, de l’énergie et de l’hydraulique, il devient ministre de l’Intérieur, Premier ministre et puis président de l’Assemblée nationale et tout en créant un réseau dense de proches collaborateurs. A la fin, il s’est fâché de son chef et père qui ne voulait plus de lui. Certes courageux et va-t-en-guerre, il crée son propre parti, l’Alliance pour la République. Et c’est en ce moment qu’il est accusé de détournement de l’argent public. Macky en bon enfant est allé pleurer dans les boubous d’un puissant marabout de la confrérie mouride mais je ne peux te dire qui est véritablement Macky Sall parce que sa parole ne vaut pas une pincée de riz.
Mon fils,
En 2012, à la surprise générale, Macky Sall remporte les élections présidentielles avec son fameux slogan de campagne le « Yoonu Yookuté». Fourbe comme Leuk-le-Lièvre, il a fait le tour du pays tout en laissant ses amis de l’opposition manifester à Dakar. Quatrième président du Sénégal, il prête serment dans un luxueux hôtel de la capitale devant un parterre de personnalités venues du monde entier. Au vu de sa jeunesse, le peuple était content et dansait. La joie emplissait les coeurs mais certains doutaient qu’il n’est pas ce qu’il montre rééllement en public. Quand il a pris le pouvoir, mon fils, l’on commençait à regretter son arrivée. Parce qu’il n’aime pas la contradiction et pourchasse ses propres adversaires politiques. Sa première victime a été Karim Wade, le fils d’Abdoulaye Wade qu’il a mis en prison. Une victime parmi tant d’autres de cet homme introverti et froid au regard fuyant. Mais dans son règne, il est des malversations financières dans son proche entourage. En termes plus simples, beaucoup de ses proches volent l’argent du peuple et surtout son propre griot. Le bouffon du roi. Pour lui, le Premier ministre et les ministres sont des simples collaborateurs. Il s’est toujours vu comme un roi et les sénégalais ses propres sujets. En effet, il est devenu méchant et paranoïaque à cause de sa boulimie du pouvoir. Riche comme Crésus. Voyageant avec femme et enfants comme il veut à travers la planète.
Mon fils,
L’année 2019 est l’année de sa consécration en politique parce qu’il remporte les élections présidentielles, ère de son 2e mandat. Et à la surprise générale, il supprime le poste de Premier ministre pour être le seul maître à bord du paquebot Sénégal. Dans cette période, le peuple impuissant assiste à la kyrielle de scandales financiers. Mon fils, nous avons un président qui est lié aux puissants lobbys financiers et occultes. On l’a même accusé d’avoir donné de l’argent à Marine Le Pen, une politicienne française qui n’aime ni les noirs et encore moins les arabes.
Mon fils,
A vrai dire, nous avons quelqu’un de très méchant qui n’hésite pas à maltraiter son peuple. Il emprisonne et tue de jeunes manifestants. Faisant fi des recommandations des puissants chefs religieux, il n’a peur que de quelqu’un, un certain Ousmane Sonko, « Ôyé, Sonko namnala, ôyé...». A défaut de l’assassiner, il met ce dernier en prison grâce à sa police et sa gendarmerie brutales et aidé d’un haut gradé qu’on appelle Rambo Fall. Tu sais, mon fils, le nom de Macky Sall et quelques noms de son entourage reposent sur la table d’un grand juge d’un pays très lointain qui se nomme les Pays-Bas. Il est accusé de crimes contre l’humanité et cela ne s’est jamais passé au Sénégal. En juin 2023, plusieurs gosses qui manifestaient ont été fauchés par des balles. Pour calmer la rue, il s’adresse à la nation qu’il ne ferait pas un 3e mandat tout en menaçant son propre peuple. Mais l’on se demande encore si cet homme est normal lorsqu’il désigne le candidat de sa propre coalition politique et essaie de l’abattre en même temps par un complot ourdi par lui et sa bande de députés. La rupture totale d’avec le peuple est consommée quand il a annulé la présidentielle de 2024 à 10 heures d’intervalle du début de la campagne électorale. La goutte de trop pour le peuple qui est sorti en masse manifester. Bilan, quatre jeunes assassinés par balles. Paix à leur âme, amen. Et là mon fils, il est seul, très seul et au fond du trou. Le Conseil constitutionnel, l’instance suprême de notre juridiction lui intime l’ordre d’organiser le plus rapidement les élections avant que le pays brûle. Le peuple est dans une attente fiévreuse.
Mon fils,
Cet homme, son élément est le feu et j’espère ne pas voir la prophétie de feu le professeur Cheikh Anta Diop se réaliser. Mais je préfère ne pas m’en étaler vu ton jeune âge. Mais ce Macky Sall risque de nous réserver encore des surprises désagréables. Quant à Ousmane Sonko, je te raconterai son histoire la prochaine fois inchallah. Promis, juré et craché fiston. «Ôyé, Sonko namnala, ôyé...» Reprit l’enfant de plus belle.