POLITIQUES ET ELECTIONS
Tel un tube d’été en fureur, le Sénégal fait face à une vague de discours d’hommes politiques, de politologues et d’analystes politiques appelant à une bien meilleure ouverture démocratique et qui vont jusqu’à théoriser l’organisation en février 2024...
Tel un tube d’été en fureur, le Sénégal fait face à une vague de discours d’hommes politiques, de politologues et d’analystes politiques appelant à une bien meilleure ouverture démocratique et qui vont jusqu’à théoriser l’organisation en février 2024 d’une élection inclusive. Il s’agit pour ces personnes de permettre à tout individu qui le désire de pouvoir prendre part au scrutin, c’est à dire d’être candidat. Cette assertion est loin d’être réaliste et réalisable. Réaliste, cette volonté noble du reste pour un certain nombre de Sénégalais à vouloir présider aux destinées de notre nation, a conduit le pays à une inflation de candidats à la candidature. Cet état de fait m’amène à m’interroger sur le sérieux de certains d’entre eux. Le poste de Président de la République est-il devenu le seul emploi au Sénégal au point de voir près de deux cent cinquante (250) personnes et pas des moindres candidater ? Il en existe parmi ces candidatures des plus rigolo aux plus farfelues. Qu’est ce qui est arrivé à la fonction aussi importante et prestigieuse mais aussi chargée de responsabilités sacerdotales de Président de la République pour attirer autant des prétendants ?
Un peu de tenue et de retenue
Le Président de la République est un personnage suffisamment important, au point de susciter pour son accès un certain nombre de critères tels que défini par la Constitution et le Code électoral. Être de nationalité exclusivement sénégalaise, avoir plus de trente-cinq ans sont entre autres critères d’éligibilité. Il s’agit pour le législateur d’écarter à priori certains citoyens qui auraient pu prétendre légitimement être choisis par les autres Sénégalais pour les diriger. Pas réalisable. N’est-ce pas là une élimination ? Par conséquent, toute élection est à mettre en corrélation avec une sélection. On a l’habitude de dire que : «Ne pas choisir, c’est choisir.» ON A CHOISI DE NE PAS CHOISIR
A l’inverse, cela voudrait dire qu’en choisissant, on abandonne d’autres possibilités. Revenant à l’expression «Élection inclusive», le Petit Larousse nous apprend qu’une élection est un choix exprimé par l’intermédiaire d’un vote. A travers ce geste, l’électeur élimine implicitement d’autres candidats. Quant à l’adjectif «inclusive», le même Petit Larousse nous précise qu’il s’agit de contenir en soi quelque chose. C’est en effet le fait d’intégrer dans un système existant un certain nombre d’éléments et en l’occurrence des choses extérieures. Du point de vue sémantique, une élection est une voix démocratique par laquelle un peuple choisit ses dirigeants et, par conséquent, en laisse sur la touche d’autres. Une telle situation ne saurait être associée à une inclusion qui voudrait faire rentrer en son sein un certain nombre de choses. Une élection peut et doit être transparente et démocratique mais en aucune façon ne saurait être inclusive parce qu’ayant pour vocation d’en faire sortir d’autres tout au long de son processus.
C’est le lieu pour moi de dire que les élections au Sénégal en général et plus particulièrement celle du Président de la République doivent faire l’objet de plus de rigueur dans ses conditions de participation. Les critères fixés par la Constitution et le Code électoral peuvent paraître sélectifs aux yeux de certains citoyens mais ils n’ont pas empêché à des centaines de personnes de retirer les fiches de parrainage pour pouvoir être candidats à la candidature. Une telle situation ne me paraît pas sérieux. C’est ainsi que je propose de revoir la législation dans le sens d’exiger des futurs candidats un mandat électif de député, de conseiller municipal ou départemental en plus des parrainages citoyens. Il s’agira de donner aux futurs postulants à la fonction présidentielle une bien meilleure préparation. Le passage par ce mandat électif a l’avantage de préparer les candidats aux rouages des Assemblées à travers des décisions collégiales mais aussi de se familiariser au fonctionnement des administrations publiques. Une telle mesure aurait le mérite de rationaliser les candidatures et, par conséquent, l’organisation d’élections démocratiques basées sur un choix clair et éclairé.
Bara DIAGNE
Administrateur de Sociétés
Directeur Cabinet ABC