QUI ARRETERA CES IGNORANTS VIOLENTS ET BARBARES QUI S’ATTAQUENT AUX MORTS ?
À quel titre alors, peut-on se permettre de pousser l’extrémisme et l’intolérance au point de défoncer la porte d’une morgue logée dans une mosquée, d’en tirer une dépouille mortelle, pour la lapider et la traîner dans la rue ?
En 2009 déjà, j’avais publié une contribution quand j’avais appris par la presse une aveugle expédition punitive qui avait conduit une meute de jeunes gens surexcités, ignorants, intolérants et violents, à s’attaquer à la morgue d’une mosquée de Dakar, pour s’opposer avec une barbarie inqualifiable, aux funérailles d’un défunt présumé homosexuel.
Malgré ma profonde consternation en ce temps-là, je ne pouvais pas imaginer que des sénégalais allaient un jour incinérer le cadavre d’un autre sénégalais quelque pourrait être la faute dont serait accusé ce sénégalais avant sa mort !
Encore une fois, nous sommes dans un pays où l’on est souvent prompt à tirer des conclusions hâtives ou malveillantes ou à faire de l’amalgame, dès qu’un citoyen libre se met à défendre une cause juste ou un principe de droit humain. C’est la raison pour laquelle, je tiens à préciser que suis foncièrement contre tout acte humain contre nature et tout comportement antireligieux ou immoral, qu’il soit un acte homosexuel, pédophile, zoophile, incestueux ou autre. Comme la majorité de mes compatriotes, je m’identifie à ceux qui, avec intelligence, mesure et sérénité, s’opposent aux comportements et actes contre nature. En effet, ma mère m’a souvent ressassé cette maxime : « As-tu observé la chèvre, mon fils ? Elle a toujours la queue en l’air et les fesses exposées, mais tu ne verras jamais un mouton monter une chèvre, même si celle-ci marche à la tête du troupeau ». Par ce paradigme, elle voulait me rappeler que même les bêtes répugnent à s’adonner à des comportements contre nature.
Ainsi, la présente contribution n’a pas pour but de juger un présumé coupable, d’absoudre un accusé ou de protéger des dépravés. Mon seul et unique objectif est de défendre l’ultime droit d’un humain, celui d’être inhumé dans le respect, la discrétion et la décence, comme cela devraitse faire pour tous les êtres humains morts.
Nous nous souvenons encore, il y a quelques années, de cet autre présumé homosexuel dont le corps a été rejeté d’un cimetière de l’intérieur du pays. Il a été successivement enterré à la sauvette dans un champ en jachère puis exhumé et enterré de nouveau dans un endroit tenu secret, par crainte d’une vindicte populaire. Un groupe d’extrémistes religieux d’une intransigeance inqualifiable s’était mobilisé devant les cimetières, pour refuser que le corps de cet « homme femme », homosexuel ou góor jigéen, selon eux, soit enterré, bien que le défunt se soit toujours réclamé de l’Islam. Je suis resté interloqué, moi qui croyais avec juste raison, que seul Allah (SWT) le Clément, le Miséricordieux avait le pouvoir et le privilège de juger les morts, quelle que soit par ailleurs, la gravité des péchés qu’ils aient pu commettre sur terre.
Comme tout bon musulman Saint-Louisien, j’ai étudié le Coran Al hamdu lillah ! J’en ai tiré l’enseignement que même si l’Islam condamne sans ambages l’homosexualité, je n’ai vu nulle part dans le Livre sacré, une disposition par laquelle cette religion de Paix et de Fraternité qu’est l’Islam, incite ses adeptes à s’opposer avec haine, violence et barbarie, à l’inhumation d’un mort, fut-il un homosexuel avéré !
Que ceux qui s’en prennent avec tant de brutalité aux homosexuels comprennent qu’ils peuvent eux-mêmes, un jour et contre leur gré, mettre au monde un enfant victime de cette déviance psychique, physique ou biologique. Qu’ils comprennent qu’il existe parmi nous, des homosexuels masqués et insoupçonnés dans toutes les couches de la société sénégalaise. La plupart d’entre eux, reçoivent à leur mort, les prières les plus ferventes et les hommages posthumes les plus chaleureux dans les plus respectables mosquées ou églises du pays! Ils bénéficient par la suite d’un enterrement de première classe dans les cimetières les plus sacrés du pays. En réalité, seuls les travestis et les efféminés sont facilement visibles et identifiables dans la rue. Ce sont eux, malheureusement, qui subissent la vindicte populaire et la haine des ignorants. D’autres comme eux, sont physiquement au-dessus de tout soupçon, parce qu’ils ont des gabarits de lutteurs ou des airs de dévots, tout en étant de vrais homosexuels au-dessus de tout soupçon !
À quel titre alors, peut-on se permettre de pousser l’extrémisme et l’intolérance au point de défoncer la porte d’une morgue logée dans une mosquée, d’en tirer une dépouille mortelle, pour la lapider et la traîner dans la rue ?
Au nom de quelle loi religieuse ou laïc cette foule déchainée de Kaolack a-t-elle incinéré le corps sans vie de Cheikh Fall au lieu de le laisser au jugement de son créateur ? Le droit à l’inhumation pour un mort n’est-il pas un droit humain fondamental imprescriptible et inamovible pour tous ? Allah (SWT) n’a-t-il pas dit qu’Il pouvait pardonner tous les péchés, à l’exception de celui qui consiste à lui trouver un alter ego ? Pourquoi alors des hommes fanatiques et ignorants des textes sacrés, des hommes peut-être hypocritement pécheurs, fautifs, fauteurs et transgresseurs, peuvent-il s’arroger le droit d’interdire l’inhumation d’un mort dans un cimetière musulman ? Allah (SWT) n’est-il pas le Juge ? N’est-il pas le Seul Juge ? N’est-il pas le Meilleur des juges ? À ces multiples titres, a-t-Il besoin de « justicier » ou de « vengeur » sur terre, surtout quand ces justiciers sont ignorants et barbares ! Ils oublient qu’Allah (SWT) est le plus Clément et le plus Miséricordieux !
Tout croyant sincère se doit de défendre avec vigueur ce principe fondamental et ce droit inaliénable, car après tout, un mort est la « propriété » exclusive d’Allah (SWT). C’est la raison pour laquelle, les vivants doivent en prendre soin et le restituer à son Propriétaire et avec tous les égards. En d’autres termes wolof : « dañu ka wara jébbal Boroomam ». Le respect au mort est une obligation divine dans toutes les religions révélées. Nul ne doit l’ignorer ou l’enfreindre impunément ! Cela est d’autant plus vrai que nous ne devons jamais oublier que nous sommes tous des morts en sursis ! En effet, la vie est un village d’où personne ne sortira vivant ! Notre tour viendra tôt ou tard, inéluctablement. Aucun mortel n’a été investi du droit ou du pouvoir de juger un mort en dehors de Dieu, l’Unique Créateur. Pour le respect de ce pouvoir exclusivement réservé à Dieu, les dignitaires religieux de notre pays ont le devoir urgent de parler haut et fort et d’arrêter sans tarder, cette bande d’ignorants surexcités, violents et irrespectueux des morts et des lieux de culte.
Honorables dignitaires religieux de toutes les confessions, s’il vous plait, au nom de Dieu qui vous a élus, arrêtez ces ignorants avant que le pays de la teraanga ne devienne un pays de haine, de violence et d’intolérance barbare!
Enfin, n’oublions pas que la Constitution de notre pays fait obligation aux détenteurs du pouvoir républicain, de protéger les citoyens, tous les citoyens, mêmes les citoyens morts et cela sans aucune sorte de discrimination !