RÉFLEXIONS SUR LA FORME DE L'ÉTAT TCHADIEN
EXCLUSIF SENEPLUS - Le grand mensonge c’est de prétendre que les communautés que l’on rassemble de temps à autres pour une harangue adressée dans un galimatias intraduisible souhaitent avoir pour représentants des gens qu’ils ne connaissent pas (3/4)
Au Tchad, suite à l’assassinat du président Idris Deby Itno au pouvoir de décembre 1990 à avril 2021, son fils Mahamat Deby prend la tête d’un groupe d’officiers : le Conseil Militaire de Transition (CMT), et installe un régime dit de transition dont l’un des objectifs principaux est de préparer le retour à l’ordre constitutionnel au terme d’une période de 18 mois. Un ministère de la Réconciliation nationale a été chargé d’organiser un dialogue national Inclusif DNI, dans le but de faciliter la mise en place d’institutions et mécanismes devant permettre d’organiser des élections libres et transparentes. Ce dialogue, précédé d’un pré-dialogue de groupes de politico-militaires, qui s’est tenu pendant plus de 4 mois à Doha sous l’égide du Qatar et de la France a abouti à un accord entre une partie des belligérants habituels et le gouvernement issu du coup d’état d’avril 2021. Cet accord salué par l’Organisation des Nations Unies, exclut cependant le principal mouvement armé. Ledit dialogue national inclusif (DNI) se tiendra à Ndjaména à partir du 20 Aout 2022.
En marge et pour participer à la réflexion qui se mène dans son pays natal, l’écrivain tchadien Koulsy Lamko publie aux Editions Casa Hankili África, Mexico, un livre d’entretiens dont le titre sibyllin et iconoclaste présage du tumulte ambiant autour d’une rencontre dont il pense qu’elle est pour une énième fois, une ré-initiation avortée tant les dés sont pipés quant à l’issue probable : le risque de la légitimation d’une succession dynastique qui mettra le pays à feu et à sang.
SenePlus lui ouvre ses colonnes permettant que soient partagés de larges extraits de « Mon pays de merde » que j’adore avant la parution de l’essai-conversations à la rentrée d’octobre 2022.
Dans cette troisième partie, Koulsy Lamko explore l'idée du fédéralisme comme possible solution aux misères de l'État-nation jacobin qui, à ses dires, fait tant de mal aux populations
Vous avez participé à une conférence sur la Forme de l’État au Tchad en novembre dernier. Le thème était : « Le Fédéralisme est-il la solution ? » Encore une de vos multiples contradictions…Un panafricaniste…
KL : Ne vous laissez pas abuser pas l’apriori facile dans vos argumentaires. Au contraire c’est mon idéal panafricain qui exige que soit amorcée une réflexion qui inclut des déterminismes géographiques, culturels, confessionnels ou sociétaux sur la question. Et qui pose celle de la décolonialité, le dépassement de ces corsets sociologiques d’hier ou d’aujourd’hui. L’État fédéral multinational multiculturel a toujours été la base politique et idéologique de l’État africain avant les traites et les colonisations arabo-berbères et européennes. On ne dira jamais assez la nécessité de puiser dans les savoirs africains précoloniaux pour comprendre un certain nombre de situations de chaos que nous vivons. Quand on a lu Cheikh Anta Diop et Mbog Basong on s’en trouve très vite convaincu.
ARS : Vous chérissez bien les galères dans vos activités ! Et ce n’est pas pour vous taxer de masochiste.
KL : Les initiateurs de la Conférence ont souhaité que je les accompagne dans le suivi des travaux ; que j’organise en collaboration avec le groupe technique, les aspects scientifiques. Cela avec l’ambition qu’à partir des contributions, naisse un document d’auteurs collectifs. Interroger l’établi, remettre en question ce qui semble être un acquis devrait être un exercice permanent, sain, et qui ne devrait pas souffrir de tabou, d’autodafé ou de fatwa. Et, cela davantage lorsque les faits têtus démontrent l’inadéquation des structures qui moulent nos pensées, nos actions individuelles ou collectives et nous font exister comme des ersatz. Dès lors que l’on jette un regard sur l’évolution du continent ou de nos communautés nationales, l’on peut aisément conclure à l’impasse… Face auquel il faut proposer des esquisses de solutions.
ARS : Revenons au Tchad… Tout bien pesé, analyses, réflexions, débats d’idées sont indispensables quant à la redéfinition de la forme de l’État pour un renouveau sérieux. Le Tchad n’en sera pas à sa première expérience de réflexion sur la forme de l’État. Par le passé, de nombreuses femmes et hommes politiques ont évoqué cette alternative à maintes reprises, pour parer aux insuffisances que vous évoquez par rapport à l’État-nation de type jacobin. Hélas les efforts sont restés vains…
KL : Précisons mots et contextes. Au Tchad, les gens en sont arrivés à créer intuitivement un lexique de mots tabous qui provoquent de l’urticaire ou réveillent des phobies enfouis dans les limbes de la mémoire collective. C’est que j’appelle les mots apocryphes de notre mythe obsédant et du narratif de notre courte et brève histoire de vie. Ils sont nombreux : frères du nord, frères du sud, laoukoura, doum, habit, saarai- alcoolique, zagh, kirdis, mbamban, djaman, domaïn, njékouboujé ge ngal, kara gourbolo, hiner, plata, souweu, esclavage, fédéralisme… Fédéralisme fait partie de ce champ lexical particulier. Pendant longtemps, il suffisait qu’en proposant un débat sur la forme de l’État l’on prononce le mot fédéralisme pour qu’une espèce de police d’opinion vous taxe de sécessionnisme, de séparatisme ou de divisionnisme. Une confusion volontaire dans la perception des mots, de leur contenu et des réalités auxquelles ils renvoient.
ARS : N’est-ce pas aussi parce qu’il y a souvent eu plutôt manipulation ou interprétation tendancieuse. Il faut reconnaître que des femmes et hommes politiques ont battu des campagnes électorales en prônant un régionalisme ethnicisé…
KL : C’est que ces mots cachent un malaise sociétal profond. Quand dans une communauté nationale l’on se refuse de se poser les vraies questions sur le devenir collectif, on laisse le champ libre à l’ignorance et le pas au roman national débridé plutôt qu’à une critique rationnelle de l’histoire. À nul esprit qui ne soit tordu, jamais, il viendrait à l’idée que les peuples décident d’opérer un tri discriminatoire sur des bases régionales ethnicisées pour assigner à perpétuelle résidence cloitrée telle ou telle autre communauté. Depuis des générations les peuples se sont rencontrés, des alliances se sont tissées. Et les gens en Afrique savent qu’ils ont le droit de vivre où ils sont accueillis et les autres le devoir d’accueillir celui qui le souhaite.
ARS : Et pourtant, on a entendu des politiques agiter le « rentre chez toi, ici c’est chez » moi, le principe du « premier occupant », l’autochtonie exclusive et excluant. Des crimes odieux, des génocides, ont été commis avec à la base ce principe ségrégationnel et du déni de l’Autre…
KL : Résultats d’une politique d’instrumentalisation des faiblesses structurelles, dont l’ignorance et l’inculture encouragées sciemment. Si seulement l’on se posait la question du moule que l’on pourrait inventer pour définir la forme d’organisation dans laquelle toutes les communautés se sentiraient vivre pleinement leur existence selon les valeurs qu’elles se sont librement choisies, l’on n’en serait pas à fomenter l’ignorance ou à perpétrer les perceptions erronées et connotées qui ne recoupent pas nécessairement les réalités effectives et affectives.
ARS : Mais la Conférence semblait déjà induire un parti pris parce que le sous-titre se présente comme une affirmation et le mot fédéralisme mis en lumière.
KL : La question centrale dans ces échanges s’inscrivait au-delà de l’intitulé. Le terme fédéralisme comme moule d’idées renvoyait plutôt à une catégorie en opposition à l’État-nation unitaire déconcentré ou même décentralisé. Puisqu’en fait, ce qui préoccupait les participants à cette réunion c’était la réponse à la question : « Quelles articulations trouver pour que les peuples de l’ensemble du territoire, se sentent libres de choisir ceux qui les représentent, de participer à la gestion de leur terroir, d’en conserver les moyens de production et les bénéfices de la plus-value, d’exercer un contrôle sur la gestion, de sanctionner au besoin ceux qui en perturbent l’équilibre ? Et surtout de vivre en toute quiétude sans l’omniprésence de la botte du soldat ou du combattant armé ?» Il s’agissait de ne plus tergiverser sur une discussion qui réactualisait, remettrait à l’ordre du jour des acquis de réflexions déjà menées tout le long de notre histoire tumultueuse, et dont ont émané plusieurs partis politiques fédéralistes. La Conférence Nationale Souveraine en 1993 a fait des propositions de modèles, de centaines d’articles et ouvrages publiés, etc. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’il y ait eu pendant les communications une présentation du livre de Feckoua Laoukisam[1] qui 25 ans plus tôt prônait déjà le fédéralisme.
ARS : Et alors pourquoi l’urgence…
KL : Il arrive toujours dans l’histoire des peuples, un moment charnière où l’on doit se regarder en face, froidement, sans faux fuyant, sans flagornerie, sans ressentiment, sans haine, sans violence ; mais avec franchise et fermeté. L’occasion qu’offrait la violation de la Constitution de 2005 en cours par une suspension arbitraire et le vide juridique que pouvait faire constater l’irruption d’un Conseil Militaire de Transition s’y prêtait. Dans ces cas-là, il semble normal que l’on revienne au contexte pour mieux appréhender les tenants et aboutissants.
ARS : Lesquels ?
KL : Un seigneur de guerre règne sans partage pendant 30 ans, maintenu à bout de bras par l’ancienne puissance colonisatrice qui selon lui-même l’a obligé à demeurer au pouvoir même lorsqu’il s’en disait éreinté. Il meurt dans des conditions floues tant la version officielle ne convainc personne. Manifestement c’est un coup d’État, du moment que la junte militaire qui usurpe le pouvoir, dissout l’Assemblée nationale et le gouvernement, faisant fi de toutes les dispositions légales. Il n’y a même pas eu de déclaration de vacance de la présidence de la République. On brandit l’indisponibilité du président de l’Assemblée tout en l’accusant de n’avoir pas voulu assurer l’intérim et pour ainsi justifier l’État d’exception. On ne dit pas assez que la Constitution a prévu qu’en cas d’empêchement du président de l’Assemblée, c’est le premier vice-président qui assure l’intérim. Le coup d’esbroufe réussit puisqu’on fait croire qu’il y a un impératif besoin d’un militaire à la tête de l’État, parce que des rebelles attaquent... Un argument insuffisant, même fallacieux, parce qu’un civil à la tête de l’exécutif aurait pu engager plus aisément des consultations avec la partie adverse. Mais au Tchad, l’on n’a ni honte, ni peur des mensonges grossiers !
ARS : Qu’avez-vous contre les coups d’États militaires ? Ils ont parfois abouti à clarifier la situation.
KL : Mon problème, ce n’est pas le coup d’État militaire, c’est ce qu’on en fait. Si c’est pour organiser une révolution qui impose la volonté populaire et change tous les paradigmes en les tendant vers le mieux-être des populations toutes, why not… Mais si c’est juste pour installer et en pire les mêmes turpitudes sans rien changer aux structures inopérantes, cela ne vaut pas la peine…
ARS : Vous publiiez dans une interview au magazine italien Il libretto … que cela défie le bon sens que de toute la folle pléthore de généraux, c’est-à-dire environ 400, dont certains sont bien plus expérimentés, l’on choisit le plus jeune, la trentaine, qui manifestement ne comprend pas grand-chose aux affaires de l’État, pour diriger un pays dont la Constitution invalide les candidats de moins de 45 ans de surcroît…
KL : L’impensé impensable ! 300 à 400 généraux emmargeant au budget d’un des pays les plus pauvres de la planète ! Il faut un effort surhumain de la pensée pour y croire ! Idriss Deby a juste semé des camps de déstabilisation permanente dans tout le pays : un héritage empoisonné, une bombe à retardement. De dizaines de camps militaires plus ou moins répertoriés, une sous armée clanique au sein de l’armée nationale dont la mission est celui du mercenariat au service des intérêts de la Françafrique. À l’heure de la démobilisation, à quels métiers pourra-t-on convertir ces milliers de braves gens de villages entiers du grand Darfour que l’on a arraché à leurs travaux champêtres et de pâturage pour un enrôlement douteux ?
ARN : Ne vous préoccupez pas de leur sort. Les généraux semble-t-il sont autant commerçants et hommes d’affaires et qui ont investi dans le pays… La rumeur raconte qu’on en a même épinglé quelques-uns dans des trafics de drogue…Et puis l’État devra-t-il prendre en charge des mercenaires, ce serait a minima…
KL : Quant à l’actuel gouvernement de transition, il n’est rien d’autre qu’un remake, un recyclage, agglomérat de bons serviteurs impénitents du système Habré-Deby, ministres « multirécidivistes», les uns depuis le régime habréiste, les autres n’ayant de légitimité que celle des armes, d’éternels affidés-agrippés à la machine du loto-gagnant, ou d’éternels fils à papa. C’est de la poudre aux yeux, une sorte de gage de bonnes intentions face aux probables velléités de sanctions de l’Union Africaine ou des institutions financières « bailleurs de fonds », mais un gage très peu convaincant. L’agenda non avoué, mais qui ne dupe personne, sera d’installer durablement le fils d’Idriss Deby, pérenniser le système clanique, élargir la base des affidés, pour continuer à nager en eau trouble et conserver les propres intérêts de classe, de clans et d’affidés ! Et personne ne rendra compte des crimes politiques, des assassinats, des crimes économiques, des détournements massifs et monstrueux des biens publics.
ARS : Revenons au fédéralisme
KL : La formule interrogative : Le fédéralisme est-il la solution ? Plus qu’hypothèse de travail réflexif, était davantage un cri du cœur qui exprime non seulement l’indignation, le ras-le-bol du peuple qui après des décennies d’espoir et de désespérance à la fois, pensait que seule la mort du tyran le délivrerait de l’étau. Le réveil est douloureux, pour se rendre à l’évidence qu’en tyrannie l’on doit compter avec les rhizomes qui poussent comme à l’état de nature du banian. Le Frolinat avec ses multiples ramifications et seigneurs de guerre qui se relaient au pouvoir depuis plus de quatre décennies et qui pour le comble se paie le luxe d’imposer, à la barbe de l’opinion publique nationale médusée et des alliances internationales, une succession dynastique ! Cela au mépris des souhaits et injonctions de tous.
ARS : Que préconiseriez-vous dans cette situation ?
KL : J’avoue n’avoir ni les compétences du juriste, ni celles de l’historien politiste qui a l’habitude de démêler les écheveaux dans les situations alambiquées, ni celles du chercheur spéculatif. Mais comme tout le monde, je lis, j’observe la réalité, j’analyse et j’interprète avec les outils d’analyse que je glane de ci de là. À vrai dire, de nombreuses études ont été faites sur le Tchad pour l’atypie que présente ce territoire immense au cœur de l’Afrique : ses interminables guerres de fractions, ses régiments claniques menés par des potentats et qui ont étalé le long des décennies leur incapacité à améliorer la vie des populations, le règne généralisé de la terreur, les fraudes électorales, l’instrumentalisation de l’élite et de la classe politique à des fins inavouées du diviser pour régner, l’intimidation systématique de la société civile, la corruption généralisée, le détournement des deniers publics et leur affectation à l’achat massif d’armements, l’absence de créativité politique et de vision. De centaines de rencontres, réunions de conciliation, sommets tous azimuts avec des chartes et traités et accords qui ne sont pas respectés par leurs signataires. Où n’est-on pas allé pour résoudre les dissensions et conflits inter tchadiens ? Soudan, Lybie, Lagos, Kano, Congo Brazza, Congo RDC, Gabon, Algérie, Bénin, Burkina Faso, Yémen, Rome, Doha, Paris… Il ne nous reste plus qu’à aller nous réunir au Groenland ou sur la lune ! Et ce sont pour la plupart les mêmes, qui depuis plus de cinq décennies se sont installés dans ce mouvement de transhumance du politico-militarisme qui vont et viennent au gré des prébendes que ceux qui sont au pouvoir à Ndjamena leur accordent. Ces sont les mêmes délictueux qui sont condamnés mardi, amnistiés vendredi, gratifiés dimanche, nommés à des postes de responsabilité samedi, et qui la semaine suivante reprennent les armes dès qu’ils se sentent fragilisés dans leur contrat avec le pouvoir central et repartent au maquis. Les mêmes qui détournent les deniers de l’État, passent par un séjour initiatique dans une cellule de prison, en ressortent après avoir promis d’en rétrocéder une partie à la hiérarchie et après la geôle sont nommés à de postes supérieurs encore plus juteux pour continuer la capture !
ARS : Vous avez déjà raconté cette dynamique…du chaos
KL : Il me semble que lorsque toutes les tentatives d’organisation sociopolitique ont fait long feu, lorsque l’échec clignote en rouge cinglant au tableau de bord du bolide, la question de la forme de l’État ne peut plus être subsidiaire ou tributaire du roman national naïf où l’on se susurre que tout le monde il est beau il est gentil, tout le monde s’aime beaucoup et qu’il faut continuer à revivre chaque jour les mêmes violences et misères. Pourquoi donc malgré toutes les énergies qui se déploient depuis six décennies, l’on en est toujours à devoir gérer le chaos ?
ARS : Bien de gens pensent et à juste titre que promouvoir fédéralisme c’est semer le grain de la discorde et espérer que pourra croitre l’idée de la sécession, ou l’éclatement du territoire en plusieurs États…
KL : Toujours cette lecture erronée parce qu’incomplète par le prisme nordistes/sudistes, musulmans/chrétiens ! En réalité, la plupart de ceux qui continuent de prôner le maintien d’un État unitaire, sont ceux-là qui en tirent leurs intérêts individuels, de classe, de parti ou de clan, d’hommes d’affaires en eaux troubles et qui tiennent mordicus à la pérennisation d’un système légué par l’Empire Français et qui a fait long feu. Cela, même lorsque la majorité du peuple souhaite la fédération. On retrouve le même type de réticence lorsque l’on évoque le panafricanisme : la frontière qui sécurise les rentes pour l’élite.
ARS : Et pourtant il semble que les résultats des consultations qui ont été menées pour préparer le dialogue révèle une prédominance de l’opinion pour l’État unitaire…
KL : Je n’y crois pas un seul mot. Il suffira d’un référendum sur le fédéralisme, sans fraudes et manipulations pour se rendre compte que si l’on demandait aux populations de s’exprimer sur la question en en expliquant objectivement le bien fondé, aucune communauté qu’elle soit de l’est, du nord, de l’ouest, du sud ne refuserait d’avoir la possibilité de voter directement ses gouverneurs, ses députés locaux, ses représentants locaux et surtout d’être à l’initiative des projets de développement d’un territoire qu’elle connait bien et dont les bénéfices lui seront immédiatement perceptibles. Quelle communauté refuserait-elle d’user de son droit à décider de ce qu’elle souhaite pour elle-même ? Quelle communauté refuserait-elle d’être débarrassée de groupes de parasites, cette protobourgeoisie militaire et civile qui joue à la colonisation, impose ses insuffisances notoires, ne fait même pas l’exercice d’apprentissage de quelques mots de la langue de ses « administrés» ? Le grand mensonge c’est de prétendre que les communautés villageoises que l’on rassemble de temps à autres pour une harangue qui leur est adressée dans un galimatias intraduisible souhaitent avoir pour responsables ou représentants des gens qu’ils ne connaissent ni d’Adam, ni d’Eve. Surtout des gens qu’elles n’ont ni élus, ni désignés, ni choisis et qui leur ont été imposés depuis une capitale lointaine que beaucoup d’entre eux n’auront jamais la chance de visiter avant de mourir. De ces gens-là, ils ne retiennent que le caractère félon et violent d’une élite barbare parachutée depuis un autre pays inconnu, surtout lorsque le comportement violent, irrespectueux des us et coutumes démontrent à satiété le caractère inapproprié de la relation. Rien de différent du commandant militaire des colonies envoyé depuis Paris. C’est d’ailleurs l’une des acceptions sémantiques liée au vocable « gouverneur » et au droit de bastonner, de spolier, d’obliger au travail forcé.
ARS : Nous ne sommes plus à l’ère de la colonisation !
KL : L’état colonial est teigneux et celui que l’on nous a légué draine dans son sillage, le système économique avec qui il fait corps : le néolibéralisme, aujourd’hui, ultra libéralisme.
Retrouvez la dernière partie sur SenePlus.com ce jeudi 18 août 2022.
LE DIALOGUE NATIONAL TCHADIEN, UNE TRAGI-COMÉDIE
LE MYTHE DE L'ÉTAT-NATION TCHADIEN
[1] F. Laoukissam, Tchad, la solution fédérale: une dynamique de paix et une stratégie de développement par la gestion partagée