REMEDIER AUX URGENCES, GERER LES IMPATIENCES ET AVANCER VERS LA SOUVERAINETE PANAFRICAINE
Si la victoire à la Présidentielle est sans appel, l’immensité des attentes côtoie l’espoir que suscitent les 100 premiers jours du gouvernement souverainiste.
Si la victoire à la Présidentielle est sans appel, l’immensité des attentes côtoie l’espoir que suscitent les 100 premiers jours du gouvernement souverainiste. Nomination d’un gouvernement d’experts associant adhérents du parti Pastef et alliés de la coalition Diomaye mooy Sonko président, décret annulant les derniers décrets de l’ex-président déchu, états des lieux par des audits centraux et sectoriels, début de blocage du paacoo foncier, nouvelles nominations à la tête des agences parapubliques, organisation des assises de la justice, rétablissement de l’obligation de payer les impôts d’entreprises qui ne s’en acquittent pas auparavant, mise à contribution de l’armée pour la distribution des intrants aux paysans, première baisse mesurée des prix de certaines denrées obligeant les meuniers majoritairement impérialistes à céder, intervention contre la hausse abusive des prix des transports à la veille de la Tabaski, mise en circulation du BRT, premières missions diplomatiques chez nos voisins, puis chez les présidents de la CEDEAO, puis chez ceux de l’AES, première rencontre avec le président français à l’occasion du sommet vaccinal en France, etc
Globalement, l’opinion publique exprime sa satisfaction et sa confiance aux nouvelles autorités souverainistes. Mais c’est au sein même de notre camp souverainiste que s’expriment interrogations, questionnements, voire critiques au point même que le président du parti Pastef et premier ministre vient d’organiser avec le mouvement des jeunes patriotes un meeting pour répondre et rassurer tout en fixant le cap de la marche vers la souveraineté.
Remédier aux urgences réparatrices.
Nous devons sérier dans notre camp au plan national et panafricain les urgences dont l’axe est d’abord l’assainissement souverainiste de l’appareil d’État néocolonial dont nous avons hérité suite au vote du peuple. C’est dans cette optique que se déroulent les nominations en cours qui charrient, bien entendu, quelques critiques qui, même si elles ne sont pas toutes infondées, ne modifient pas pour l’essentiel la trajectoire de souverainisation de l’État et ses démembrements. Il reste aussi à poursuivre la désAPRisation et la déBBYsation de nos ambassades et consulats ainsi que l’administration territoriale (gouvernorats, préfectures, sous-préfectures, puis par les prochaines élections les Mairies). Ces nominations doivent encore plus combiner le couple «patriotisme/expertise», c’est-à-dire le don de soi souverainiste adossé à la compétence disciplinaire et organisatrice. Même si l’apatridie et la corruption néocolonialiste ont dominé les 64 ans de l’État néocolonial, il a toujours existé dans nos administrations et parmi nos compatriotes des patriotes résistants qui doivent progressivement prendre le relais pour concrétiser la souverainisation du pays. Ce qu’attendent les populations, c’est aussi la lutte contre la cherté de la vie qu’a entamé prudemment le nouveau pouvoir, la réparation urgente à budgétiser pour les victimes des répressions arbitraires et illégales (morts, blessés, pertes d’emplois) et la reddition des comptes par les voleurs de l’autocratie libérale, notamment épinglés directement ou indirectement par les nombreux rapports des corps de contrôle de l’État (IGE, OFNAC, IGF, Cour des comptes, etc.) sans oublier les audits dont l’opinion publique doit être informée.
La multiplication des saisines des députés ou des associations anti-impérialistes de la société civile qui en saisissent les ministres du gouvernement, notamment Guy Marius, par les travailleurs qui attendent des salaires impayés depuis des mois, voire des années, l’application de décisions de justice qui leurs sont favorables contre des patrons voyous, de victimes de spoliations foncières ou de pollution montrent l’ampleur des dégâts causés par la mal gouvernance des gouvernements qui se sont succédé de 1960 à nos jours. Les cris d’orfraies de la voyoucratie millionnaire et/ou milliardaire de l’État hors la loi sont des coups d’épée dans l’eau pour les masses laborieuses ainsi réduites à voir leurs enfants fuir par l’émigration piroguière la misère en risquant leurs vies. La reddition des comptes est un impératif salvateur pour récupérer l’argent volé du peuple et dissuader les saboteurs tapis dans l’ombre qui parient sur l’échec de l’expérience souverainiste en cours.
Gérer les impatiences
L’empressement pour la reddition des comptes par les voleurs ne doit pas faire oublier qu’il s’agit d’une nécessité absolue qui doit se faire dans le respect des lois et procédures consécutives à l’assainissement d’un pouvoir judiciaire qui a été sali par sa soumission à l’ex-autocratie présidentialiste qui a utilisé naguère la CREI pour «régler des comptes» et non pas rendre justice à la demande sociale d’alors.
Ouattara, Nana Akufo, Emballo, bref ces représentants, tout comme l’était Macky, de l’UEMOA/CEDEAO néocoloniale ne sont pas à juste titre en odeur de sainteté auprès de nos peuples. Leur tentative d’ingérence guerrière et leurs sanctions françafricaines contre nos peuples frères du Mali, du Burkina, du Niger ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du ras le bol populaire contre ce «club de chefs d’États» apatrides serviles aux impérialistes françafricain, eurafricain et usafricain. Les propos tenus sur le «retour de l’AES dans la CEDEAO» ont troublé les militants panafricains. Programmée sous Macky/APR/BBY une manœuvre militaire Otano Sénégalaise le long de la frontière malienne est incomprise et suscite des interrogations alors que le candidat Sonko avait déclaré opté pour une contribution sénégalaise à la lutte contre le terrorisme de l’État du Mali. Nos ambassades et consulats non encore désAPRisés et déBBYsés n’ont pas su satisfaire la volonté populaire de notre diaspora d’échanger avec notre président lors de son voyage parisien à l’invitation «vaccinale» d’une ONG adoubée par l’UA et financée par Bill Gates et Soros.
La visite inopinée du criminel Tony Blair, allié de l’assassin Bush, lesquels avaient fait un faux et usage de faux (la fameuse fiole de poudre) pour attaquer et occuper l’Irak. Les missions répétées du FMI et de la Banque Mondiale pour s’assurer que le Sénégal nouveau demeure dans la continuité des accords léonins ficelés par les anciens pouvoirs néocoloniaux. La rencontre à Paris avec l’ex-président social libéral PS Abdou Diouf, lequel avec A. Wade s’étaient fendus d’une sortie pour soutenir le coup d’état de Macky contre le Conseil Constitutionnel. Oui, ces faits sèment parfois le doute, mais la vraie question est la suivante : les conditions objectives et subjectives de la réalisation du projet souverainiste sont-elles actuellement vraiment réunies ? Non. Ces faits suffisent-ils à invalider le projet souverainiste ? Non. Ne reflètent-ils pas plutôt à la fois l’état réel calamiteux de la gouvernance néocoloniale et la complexité de l’œuvre de souverainisation de l’État néocolonial dont a hérité le camp souverainiste ? Ne faut-il pas briser l’échine aux libéraux néocoloniaux dans l’État pour ouvrir la nécessaire période de rupture promise ?
Avancer patiemment vers la souveraineté panafricaine
La tâche actuelle est de réussir progressivement mais sûrement l’assainissement souverainiste de l’État du Sénégal. Force est de se rendre compte que le peuple a gagné contre l’autocratie néolibérale françafricaine, eurafricaine et usafricaine. Que sa boussole a été sa quête inébranlable de souveraineté devenue culturellement hégémonique auprès de la jeunesse décidée de vivre et travailler au pays en lieu et place de la fuite mortifère en avant individualiste de l’émigration piroguière et désertique. Au lieu de prendre le chemin vers les pays impérialistes pris par le pillage des richesses nationales, la jeunesse a été convertie à la nécessité du moom sa reew et du defaar sa reew du PAI et de la gauche communiste historique.
Né en 2014, le camp souverainiste s’est doté d’un parti, Pastef/Les Patriotes, de leaders (Sonko, Diomaye, Guy Marius) et d’organisations de la société civile capables de leur indiquer la voie de la résistance victorieuse dans les urnes. Le prix de la victoire a été cher payé. Les leaders ont été le point de repère d’une jeunesse qui a essaimé chez les Maggis, les Daraas, les Jiguènes, etc. à l’exception notable des syndicats empêtrés dans la «participation-collaboration» des classes avec le néocolonialisme. Si sous les feux brûlants de la répression de l’État hors la loi, la centralisation autour des leaders et l’initiative spontanée de la jeunesse résistante ont été les facteurs décisifs de la victoire, le parachèvement de la souverainisation de l’État par les législatives doit être l’affaire du parti démocratiquement fusionné et uni sur le projet de souveraineté panafricaine. Il faut maintenant que soient définis la place et le rôle du parti Pastef/Les Patriotes à l’ère de la conquête du pouvoir par le camp souverainiste. Le parti ne peut être réduit à suivre le président, le premier ministre et le gouvernement. Il doit devenir en plus d’être un point d’appui pour le gouvernement et la présidence une force d’initiative, d’aiguillage et de mobilisation du peuple. Les structures du sommet à la base du parti doivent élaborer collectivement avec la participation de son président un plan d’action dont l’axe principal est la liaison avec les masses laborieuses, avec le peuple. Le premier congrès et de fusion dans Pastef/Les Patriotes doit ensuite l’adopter. L’élévation du niveau de conscience des masses populaires, de la compréhension des enjeux et des étapes par lesquelles nous irons vers la matérialisation du projet souverainiste doit, est et sera l’œuvre du travail politique du parti. Pour ce faire, il nous faut assurer le débat démocratique le plus large à partir du principe «unité, critique, unité» débouchant sur l’action organisée prolongée au sein du peuple. C’est le moyen par lequel nous allons préparer le peuple à rejouer son rôle de garant actif du projet de souveraineté panafricaine. Libérer un peuple du néocolonialisme cause du sous-développement qui lui est inhérent n’est pas une simple promenade de santé. C’est la capacité du parti à anticiper les épreuves et par sa liaison donner les moyens au peuple de vaincre le système et l’impérialisme.
DIAGNE Fodé Roland