TOUS COUPABLES !
EXCLUSIF SENEPLUS - Tous les hommes politiques connaissent l’existence de ces niches d’enrichissement illicite - Que ce procès hypocrite s’achève donc très vite puisque de catharsis, il n’y aura pas
Dès le début, on subodorait, non, on savait cette affaire dite de la Caisse d’avance de la mairie de Dakar, être une marmite de boules puantes. On savait les enjeux politiques qui sous-tendaient cette opération de décrédibilisation - destruction d’un futur adversaire politique dans la mortelle bataille de l’horizon 2019. Sortant sans gloire de l’affaire Karim Wade, qui avait pourtant suscité des espoirs qu’enfin on allait rendre gorge les mange mils politiques, en rendant aux citoyens leurs deniers subtilisés par des cleptomanes qui avaient pignon sur le pouvoir, un deuxième flop se dessine dans cette affaire dite de Khalifa Sall. 200 milliards ou 153 milliards, où sont-ils ? Silence, on oublie !
Sélective, elle révèle toute l'hypocrisie sur laquelle est bâtie notre système politique : la connivence dans la corruption des citoyens comme mode de gouvernance dans nos républiques tout compte fait toujours « bananières et tropicales », avec des élections limite frauduleuses, les régimes politiques qui en sont issus presque toujours sans légitimité populaire. Dès lors, il faut, en plus du bâton, (répression, arrestations), faire miroiter la carotte en achetant les consciences. Pour ne pas laisser les fissures sociales s’élargir, on colmate les murs en fortifiant les fragiles fondations d’une légitimité introuvable avec une redistribution généreuse des « deniers de tous et pour tous » (nouveau slogan du président).
Ces larcins honteux, opérés sur les faibles deniers publics, ne doivent surtout pas apparaître pour ce qu’ils sont, à savoir des vols. On va alors les légaliser sous des vocables mystérieux : fonds spéciaux, fonds politiques, fonds de souveraineté et... des caisses d’avance. La République étant impuissante à satisfaire les besoins vitaux et primaires de ces enfants, ses animateurs, les politiciens cleptomanes, ont signé un pacte secret de connivence : soustraire de la comptabilité publique et du contrôle des organes habilités, des pans entiers de ressources nationales, et même, de « l’aide » généreuse ou intéressée des partenaires au développement, qui eux aussi, participent par leur silence, aux crimes économiques sur le dos des populations.
Tous les hommes politiques connaissent l’existence de ces niches d’enrichissement illicite, de corruption des cœurs et des âmes. Ils les dénoncent dans l’opposition et les perpétuent une fois au pouvoir. Avec, à différents niveaux, nos connivences silencieuses, nos responsabilités honteuses, badigeonnées par de légères couches de dénonciations à l’occasion, pour apaiser nos consciences honteuses. Qui ne s’interroge pas, (à basse voix très souvent) de l’origine des enveloppes que distribuent généreusement nos ministres dans leurs bureaux ou dans leurs tournées politico-administratives ? Ces directeurs généraux « liquides » très généreux avec leurs cours politiques, dont le seul salaire ne peut justifier. Toutes ces enveloppes, voire des valises mêmes, qui sortent de la présidence, de jour comme de nuit, selon les videurs du soir et autres mauvaises langues qui se targuent de tout savoir des bonnes, et surtout, des mauvaises mœurs de nos dirigeants.
On a légalisé les menus et gros larcins, les rackets subis ou consentis. Bref, on a avalisé toutes les saloperies que peut sécréter la démocratie pour survivre et perpétuer les castes politiques, corrompues par une longue gestion du pouvoir ou, par une longue attente (opposants) à la porte du pouvoir.
Derrière le tintamarre des différents partis pris, les effets de manches des acteurs judiciaires de « l’affaire Khalifa Sall, se dévoilent sous nos yeux tous les mécanismes de l’hypocrisie sur laquelle sont bâties et notre société, et notre système de gouvernance politique. Il y a bien en effet, une intolérable hypocrisie à ne pas reconnaître l’existence de pratiques politiques « criminogènes » presque centenaires. Il y a aussi, de tragiques aveux à bâtir sa défense sur la ligne de « cela s’est toujours fait ainsi ». Cet exécrable « Ainsi » qui retrace la longue lignée de générations de « prédateurs légaux », légalisés par des régimes aux pratiques » kleptocrates ». C’est à pleurer de voir et d’entendre ces « sanglots « d’ignorance (je ne savais pas que ce n'était pas une caisse d’avance, mais politique »). C’est dramatique de voir là, sous nos yeux ébahis et nos cœurs meurtris, des amitiés et des confraternités de quart de siècle se disloquer sous les coups de boutoir et les insinuations assassines d’un procureur qui se donne plus des airs de bourreau que d’un défenseur de la société.
En cogitant ce week-end sur les grandes lignes de cet article, j’entends le secrétaire général du Pur, Issa Sall, suggérer des mesures qui semblent idoines en la circonstance: la suppression de toutes ces caisses et autres fonds obscures. Je valide, mais j'ajoute : honorable député, commencez par votre institution, les fonds de votre président. Faites de sa disparition, ou tout au moins, de son contrôle par vos commissions ou les organes habilités une bataille parlementaire salvatrice. Ne votez plus des budgets avec des rubriques « diverses » dont vous ignorez le contenu, la fonction, la destination. Où alors vous le savez, mais acceptez l’inacceptable. Pourquoi les présidents d’institutions devraient-ils disposer « de fonds politiques » ou de « caisses noires » ? Pourquoi le Premier ministre et ses ministres devraient ils disposer de ces fonds ? Leurs salaires ne suffisent pas à arroser leurs militants et autres courtiers politiques ?
À tous ces privilégiés d’une République qui a fait le choix d’être généreuse avec nos deniers au lieu d’être juste dans leur redistribution, la justice devrait lever son nez des voleurs de poules pour s’occuper de ces prédateurs de haut vol. Que Khalifa Sall soit sous les tamis de l’IGE, soit. Qu’ensuite, il en réponde, d’accord. Mais non de Dieu, où sont les autres rapports ?
Alors quoi ? Que ce procès hypocrite s’achève donc très vite puisque de catharsis, il n’y aura pas. Il aura seulement ravivé le bûcher des espoirs déçus de reniements des convictions d’hier. Il aura ajouté des convictions aux interrogations légitimes sur une justice soupçonnée d’avaliser des règlements de comptes politiques. Parce que voyez vous, l’obsession d’un second mandat est criminogène politiquement. Il autorise la mise au pas de partis alliés dans l’alimentaire : Ps, AFP, et Ld maintenant qui s’achemine vers la mise au pas des derniers militants encore DEBOUT.
Alors quoi ? Brisez donc les rêves politiques de Khalifa Sall et, au passage, mettez en lambeaux ses amitiés et ses collaborateurs. Je ne suis ni l’un ni l’autre. Juste un homme indigné et en colère contre sa République qui va en quilles par la faute de ces animateurs qui, chaque jour que Dieu fait, enterrent davantage les valeurs qui la fondent : la justice et l’équité, l’égalité de tous les citoyens devant la loi et la justice aussi, et surtout. Leur justice.
Mais toutes ces choses là, qui rendent une société heureuse de vivre, ses citoyens fiers, fiers des gardiens de ces valeurs-là, qu’ils ont t choisis lors des consultations périodiques (ou en tout cas le croient ils), oui, tout cela se délite sous nos yeux et sous nos pieds. Par couches successives.