BRILL RÉCLAME 100 MILLIONS FCFA AU GROUPE FUTUR MÉDIA
Sur la base d’une citation directe, Djibril Mbaye Fall reproche à la chaîne de télévision et aux sponsors de la série « Taille Fine », d’avoir utilisé un extrait de l’une de ses chansons sans son consentement
Bouba Ndour du Groupe Futur Média a comparu, hier, à la barre de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Sur la base d’une citation directe, Djibril Mbaye Fall alias Brill reproche à celui-ci, au GFM et aux sponsors de la série « Taille Fine », d’avoir utilisé un extrait de l’une de ses chansons sans son consentement. Il réclame 100 millions de francs CFA, en guise de dédommagement. Étant seul à comparaître à la barre, Bouba Ndour a contesté les faits.
Pour avoir utilisé une des chansons de Djibril Mbaye Fall alias Brill dans la série «Taille fine» diffusée sur la Tfm, Bouba et Birane Ndour du Groupe Futur Média, ainsi que leurs sponsors sont poursuivis pour le délit de violation du droit d'exploitation de l'œuvre et du droit moral de l'auteur sur son œuvre. Selon les termes de la citation directe qui leur a été servie, il est mentionné que Bril avait, depuis le 14 avril 2021, constaté que la Tfm a diffusé sur ses plateformes en ligne YouTube et la télévision par câble ou satellite, une série télé dénommée «Taille fine» utilisant comme seul générique des extraits de la chanson «Sama beug-beug » sans son autorisation.
Face aux juges du tribunal correctionnel de Dakar, Bouba Ndour, seul à avoir déféré à la convocation, s’est dit étonné par la citation directe qui lui a été servie par Bril. Tout en contestant les faits qui lui sont reprochés, il soutient qu’il a, au préalable, sollicité l’aval de l’artiste, avant d’utiliser la séquence de la chanson dans la série. Ce, par le biais de Pathé Dia, dit-il. « Bril, je le connais de nom. C’est avec son consentement qu’on a utilisé la séquence de la chanson. Chaque année, durant les mois de ramadan, on produit des sketchs. C'est le monteur qui a attiré mon attention sur l'existence de la chanson. Je me suis rapproché du directeur de la production de la télé. Je lui ai fait savoir que je veux 25 secondes. Dia a appelé directement l'auteur. Il m'a dit que je n'avais pas à l'appeler. Il me donne son accord », a soutenu Bouba Ndour.
En tant que producteur, le prévenu précise qu’il n’ose pas utiliser l’œuvre d’un tiers sans son consentement. Le comparant de marteler qu’il a été extrêmement surpris, quand 2 mois après, l’artiste lui a servi une citation. N’ayant aucune autorisation écrite de Bril sur l’utilisation de son œuvre, Bouba Ndour renseigne pour sa défense : « Ce sont des choses qui arrivent tout le temps. Je ne pensais pas qu'il allait me traîner en justice. Je tiens à la parole. Ce sont des artistes qu'on connaît. Nous avons aidé Pape Birahim à évoluer dans musique. Ça m'a étonné ».
En réponse à la question du substitut du procureur de la République sur la rémunération de la partie civile sur les bénéfices engendrés, grâce aux sponsors, Bouba Ndour précise que l’autorisation était gratuite. « Il n'a pas donné de prix. La diffusion s'est arrêtée au mois de ramadan. Les sketches sont diffusés simultanément à la télé et à travers toutes les autres plateformes. Au moment de son accord, il n'y avait pas de sponsors », a-t-il expliqué.
Entendu à titre de témoin, Pathé Dia a conforté les déclarations du prévenu, avant de préciser : ‘’Je ne connais Brill que de nom. Je sais que c'est un artiste. Nous n'avons pas de relations particulières. C'est moi qui l'ai appelé au téléphone. C'était à la demande de Bouba. J'ai appelé un de mes contacts qui m'a passé son numéro. C'était la première fois que je l'appelais. Quand je l'ai eu, il était d'accord sur le principe. Avec les artistes, ça se passe comme ça. Comme c'est un extrait de 30 secondes, je ne voyais pas la gravité. Notre devoir, c'était de demander son autorisation ».
L’avocat de Bouba Ndour contre-attaque et réclame 200 millions à Brill
Prenant la parole, l’avocat de la partie civile, Me Souleymane Soumaré, n’a pas manqué de rappeler que l’œuvre artistique est protégée par la Sodav. La robe noire a regretté le fait que la contrefaçon ne soit pas maîtrisée au Sénégal. Ce, malgré la clarté de la loi sur ce fait. Il a réclamé la somme de 100 millions de francs CFA pour dédommager son client.
A la suite du maître des poursuites qui a requis l’application de la loi pénale, l’avocat de la défense a contesté la citation directe servie à ses clients. « On ne cite pas les noms propres des prévenus. C'est extraordinaire et contraire à la loi. La citation est nulle. On nous a servi une littérature. On a repris des dispositions dont les sens restent méconnus », a décrié la robe noire. « L'autorisation expresse n'existe pas dans cette affaire, mais, la cession par voie orale ou à l'écrit (…) Il faut respecter sa parole. On a commencé à perdre cette vertu de la parole donnée », a poursuivi Me Cissé qui sollicite la relaxe de ses clients.
« Nous demandons au tribunal de le condamner à nous payer un montant de 200 millions de mille francs CFA. C'est du sabotage », a-t-il conclu.
L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 13 avril prochain.