VIDEOMULTIPLE PHOTOS DE L'ECOLE SÉNÉGALAISE A L'AVIATION CIVILE FRANÇAISE
LASSANA KOÏTA, PROF DE MATHÉMATIQUE, STATISTICIEN
Diawara (Sénégal), 17 déc 2015 (AFP) - Lassana Koïta a quitté le Sénégal à 40 ans passés pour "faire une thèse" en France où il a intégré l'aviation civile, avec toujours au coeur sa ville, Diawara, à laquelle il a contribué à apporter de l'eau potable, avec d'autres émigrés sénégalais.
L'AFP a rencontré ce professeur de mathématiques et statisticien de 49 ans, marié et père de quatre enfants, dans cette localité de quelque 15.000 habitants dans le département de Bakel (est du Sénégal) lors d'une récente visite de projets de la coopération franco-sénégalaise.
"Avant de partir pour la France, j'avais un DEA de mathématiques. Mon objectif était de faire une thèse. Une fois sur place, j'ai trouvé d'autres opportunités et j'ai fait l'aviation, un domaine qui me passionnait", raconte-t-il.
"Je travaillais déjà ici, au Sénégal" depuis 1993, "je ne voulais pas y aller à tout prix", explique l'homme, arborant lunettes, cheveux courts et barbe taillée en collier. Il précise être franco-sénégalais comme plus de la moitié des ressortissants de Diawara, dans une zone habituée aux rigueurs du Sahel - sécheresse, fortes températures une grande partie de l'année - en dépit de la présence du fleuve Sénégal.
"J'ai fait mon école primaire ici, à Diawara, dans des classes construites non pas par l'Etat, mais par les migrants", sans cela "je ne suis pas sûr que j'aurais atteint le niveau que j'ai aujourd'hui", confie-t-il.
Arrivé en France, "j'ai enseigné une année" avant de participer à un concours "dans le domaine de l'aviation en tant que mathématicien, j'ai réussi. Je travaille aujourd'hui pour la Direction générale de l'aviation civile en France", ajoute-t-il.
Selon sa carte de visite professionnelle, il est "chargé d'études de sécurité des aérodromes". Mais il semble surtout fier de son travail au Comité de rénovation de Diawara (Corédia), l'association dont il coordonne les projets et ayant contribué à construire un imposant château d'eau, avec sa "station de potabilisation" de l'eau du fleuve Sénégal, divers infrastructures et équipements annexes, une façon de rendre à la ville ce qu'elle lui a donné, dit-il.
Coût global de l'infrastructure: près de 125 millions de FCFA (environ 190.500 euros), dont près du cinquième a été fourni par le Corédia, le reste du financement provenant d'autres programmes et partenaires au Sénégal et en France.
- 'Zone de soif' -
Réceptionné en octobre 2011, le château d'eau a été officiellement inauguré en novembre, lors d'une cérémonie festive en présence du secrétaire d'Etat sénégalais à l'Hydraulique rurale Diène Faye et de l'ambassadeur de France Jean Félix-Paganon.
Le département de Bakel est situé "en zone de soif", a souligné le ministre dans son discours, saluant "un ouvrage important" qui permet d'apporter de l'eau de bonne qualité à Diawara et ses environs "actuellement et encore pendant plusieurs dizaines d'années".
Coumba Thiam, une habitante de Diawara en boubou et coiffe oranges, deux longues tresses et multiples parures dorées, clame sa joie dans plusieurs langues locales. "Grâce à ce château, nous sommes tous contents ici! Avant, la corvée d'eau nous éreintait, il y avait des accidents, des maladies", lance-t-elle à l'AFP, "aujourd'hui, c'est fini et on a de l'eau à gogo, on n'est plus +arriérés+ !".
Selon Lassana Koïta, auparavant, Diawara "avait un système d'adduction d'eau potable mis en place par l'Etat en 1992", vétuste, qui "alimentait 20 bornes fontaines pendant deux heures par jour", à plusieurs kilomètres de certaines habitations.
Ce système fournissait à la ville 22% de ses besoins, les 78% manquants devant être collectés "à travers les mares, des puits artisanaux et l'eau du fleuve, qui sont des sources d'eau non potable", assure-t-il. "Aujourd'hui, on a plus de 500 branchements privés, l'eau arrive dans les maisons"
Le Franco-Sénégalais reconnaît qu'il n'est pas facile d'être partagé entre deux pays, un travail prenant et une association exigeante mais, déclare-t-il, "c'est un sacrifice que je fais pour mes parents, ma famille, mon village, ma commune, ma localité".