AFRIQUE, LE PARI PERDU DU QUINQUENNAT MACRON
Arrivé au pouvoir avec l'ambition d'un "nouveau récit" post-Françafrique, le président français s'est heurté à "un passif trop lourd". Ses discours se sont parfois apparentés à "un vieux paternalisme sous des habits neufs"
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Malgré sa volonté affichée de rupture en 2017, Emmanuel Macron n'a pu empêcher le ressentiment des sociétés africaines à l'égard de la France, estime Le Monde dans son éditorial du 4 novembre. Symbole de cet échec: le retrait "humiliant" des troupes françaises du Sahel.
Arrivé au pouvoir avec l'ambition d'un "nouveau récit" post-Françafrique, le président français s'est heurté à "un passif trop lourd". Ses discours se sont parfois apparentés à "un vieux paternalisme sous des habits neufs", prêtant le flanc aux accusations d'ingérence.
Dans une série d'enquêtes, le quotidien démontre "toute la complexité" d'une relation spéciale entretenue par l'histoire mais désormais remise en cause. Car les coups d'Etat au Mali, Burkina et Niger ont fait de l'anti-français "le combustible politique des militaires putschistes".
Parmi les raisons du ressentiment africain, Le Monde note le "double jeu" français avec des autocrates, une approche "trop sécuritaire" au Sahel, la politique migratoire, l'influence russe et le "style cassant" de Macron.
Autre élément majeur: l'intervention en Libye en 2011, dont "les conséquences ont durablement déstabilisé la région". Malgré des gestes sur la restitution du patrimoine africain, "le président français est encore perçu comme l'héritier d'un système à solder".
Avec ce constat très critique, le journal estime que la France est "condamnée au profil bas" dans la région pour les prochaines années.