BARTHÉLÉMY DIAS, LE MAIRE VA-T-EN-GUERRE QUI RÊVE DE S'EMPARER DE DAKAR
Premier membre de l’opposition officiellement candidat à la mairie de Dakar, l’édile de Mermoz-Sacré-Cœur espère l’emporter au sein d’une coalition regroupant les adversaires de Macky Sall. Et fustige « l’opposition molle » de certains… Dont Khalifa Sall
Blouson de cuir marron, larges lunettes de soleil dissimulant une partie de son visage, bras croisés derrière le dos dans une posture de défi… En ce jour de décembre 2011, Barthélémy Dias a tout du gangster. Sur la vidéo, on le voit sortir de sa veste deux armes à feu avant de les braquer sur les hommes qui lui font face, de l’autre côté de la rue. Et tirer, à plusieurs reprises. De cet épisode lui est resté le sobriquet de « cow-boy ». D’ailleurs, il le dit lui-même : « ce jour-là, c’était le Far-West ».
À l’époque, le socialiste est maire de la commune de Mermoz-Sacré-Cœur depuis deux ans déjà. Et c’est dans sa mairie que ceux qu’il accuse d’être des nervis du Parti démocratique sénégalais (PDS, alors au pouvoir) sont venus le chercher. L’un d’entre eux, un jeune lutteur du nom de Ndiaga Diouf, mourra ce 22 décembre. Jugé et condamné en 2017 à deux ans de prison dont six mois fermes pour « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et détention illégale d’armes sans autorisation », Barthélémy Dias a fait appel de la décision.
Affable et disponible
Ce 7 juin 2021, c’est un homme d’un tout autre style qui nous accueille chez lui. Affable et disponible, en chemise bleue sur laquelle il s’empresse de passer une veste, il nous reçoit dans la maison familiale où il est né et a grandi, à deux pas de sa mairie. Et revient volontiers sur cet épisode marquant de sa vie et de sa carrière politique : « C’était il y a dix ans, mais rien n’a changé. Nous redoutions un troisième mandat à l’époque, nous redoutons un troisième mandat aujourd’hui. »
Fervent opposant à la candidature de l’ex-président Abdoulaye Wade en 2011, Barthélémy Dias était en détention préventive lorsque ce dernier avait finalement perdu la présidentielle du 26 février 2012. Et c’est depuis sa cellule de la prison de Rebeuss qu’il avait appelé à soutenir la candidature de Macky Sall. Mais il a rapidement pris ses distances avec le chef de l’État et il en est désormais convaincu : Macky Sall rêve, comme son prédécesseur avant de lui, de conserver le pouvoir au-delà de son deuxième mandat.
Les reports successifs des élections locales, qui devaient se tenir il y a déjà deux ans, ont peu à peu semé le doute au sein de l’opposition. Dans ses rangs aujourd’hui, beaucoup soupçonnent le chef de l’État de vouloir repousser les législatives, voire la présidentielle de 2024. Barthélémy Dias est de ceux-là. Pour barrer la route à Macky Sall, il prône l’unité, et il se verrait bien le porte-drapeau d’une large coalition regroupant opposition et société civile avec, comme principaux alliés, le Pastef d’Ousmane Sonko et le PDS d’Abdoulaye Wade.
Candidature(s)
Le 17 mai dernier, il officialisait donc sa candidature à la mairie de Dakar, coupant l’herbe sous le pied à Taxawu Dakar, le mouvement auquel il appartient. Regroupé autour de l’ex-maire de la capitale, Khalifa Sall, Taxawu Dakar n’a pas encore désigné son candidat. « Il fallait qu’il officialise sa candidature pour que les gens se réveillent », glisse l’un des proches de Barthélémy Dias.
« Notre maître mot, c’est le consensus. Aux élections locales, c’est aux militants de choisir leurs équipes, affirme pourtant Moussa Taye, membre de Taxawu Sénégal et conseiller politique de Khalifa Sall. Après, qu’il y ait des déclarations de candidature spontanées, c’est normal. C’est une bonne chose que l’on puisse comprendre les ambitions des uns et des autres. » L’actuelle maire de Dakar, Soham El Wardini, a quant à elle fait savoir qu’elle était prête à se présenter si le mouvement la désignait.