LE PARTI DÉMOCRATIQUE SÉNÉGALAIS DANS UN JEU DÉCIDÉMENT ILLISIBLE
Tiraillé entre alliances controversées et dissensions internes, le PDS peine à trouver sa place dans le nouveau paysage politique. À l'approche des législatives du 17 novembre, le spectre d'une division profonde plan sur cette formation historique
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) risque d’aller aux élections législatives du 17 novembre prochain en rangs dispersés. Des dissidents de ce parti voulaient tenir hier une conférence de presse pour exprimer leur position et se démarquer du choix fait par la direction officielle de s’allier avec l’Alliance Pour la République à ce scrutin. Depuis sa perte du pouvoir en 2012, ce parti libéral qui mena tant de batailles pour l’avènement et la consolidation de la démocratie dans notre pays peine à rebondir.
Depuis 12 ans, il en est réduit à nouer des alliances ou à se faire remorquer pour survivre sur la scène politique nationale. Ce qui fait qu’il est difficile de mesurer son vrai poids électoral. Le parti de Me Wade doit ses sièges de la quatorzième législature, qui vient d’être dissoute par le président de la République Bassirou Diomaye Faye au soutien du leader de Pastef, l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko, qui avait battu campagne et incité les électeurs à voter pour lui dans certains départements. Le parti de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait participé à ce scrutin sous la bannière de la coalition Wallu dont il était la locomotive. Par la suite, cette dernière avait fondé avec la coalition dirigée par Ousmane Sonko l’inter-coalition Wallu-Yewwi pour essayer d’imposer une cohabitation avec l’ancienne majorité, Benno Bokk Yaakar (BBY). À l’arrivée, lors de l’installation des députés de la 14ème législature, le Pds avait profité de l’inexpérience politique de Yewwi Askan Wi (YAW), pour constituer son propre groupe parlementaire « des libéraux et démocrates » présidé par l’expérimenté Mamadou Lamine Thiam. Après avoir été élus grâce à Ousmane Sonko, aussi bien le Pds que Takhawou Sénégal, le mouvement dirigé par Khalifa Sall, n’avaient pas tardé à s’éloigner de leurs bienfaiteurs de Pastef n’hésitant pas même parfois à les poignarder dans le dos. En flirtant notamment avec l’ancienne majorité au pouvoir. C’est donc instruits par l’expérience et en ayant en tête que chat échaudé craint l’eau froide, que les dirigeants de Pastef ont décidé cette fois-ci de présenter une liste de leur seul parti pour les législatives du 17 novembre prochain. Ce même s’ils n’excluent pas de coopter à l’intérieur de celle-là des responsables de partis alliés dans le cadre de la coalition « Diomaye Président » qui porta l’actuel chef de l’Etat au pouvoir. Selon certains observateurs politiques, toutefois, cette option de faire cavalier seul constitue un pari risqué pour le parti dirigé par Ousmane Sonko. Des observateurs politiques qui semblent toutefois oublier que l’actuel Premier ministre est un homme de défis !
Les magouilles du Parti !
Pour en revenir au Parti démocratique sénégalais, il a joué un rôle déterminant dans le report de la présidentielle du 24 février dernier jusqu’au mois de mars qui a suivi. Après que son candidat Karim Wade a été recalé par le Conseil constitutionnel pour cause de double nationalité, le Pds avait accusé les magistrats du Conseil constitutionnel d’avoir été corrompus par le candidat de Benno, Amadou Ba. À quelques heures du démarrage de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 24 février, l’ancien président de la République, Macky Sall qui, décidément, voulait encore s’accrocher au pouvoir, même s’il disait le contraire, avait abrogé le décret convoquant le collège électoral, le temps, disait-il, de permettre de faire la lumière sur cette affaire. Les députés de Benno, de connivence avec ceux du Pds, avaient voté le report de la présidentielle jusqu’en décembre avant que cette décision soit retoquée par le Conseil constitutionnel qui avait imposé la date du 24 mars à laquelle l’élection présidentielle s’est effectivement tenue. Elle avait permis la survenue d’une troisième alternance à la tête du pays. L’Apr, autrefois locomotive de la coalition Benno Bokk Yaakaar, a perdu le pouvoir lors de l’élection présidentielle de mars 2024. Quelques mois après cette défaite, l’ancien président Macky a officiellement dissous Bby, marquant la fin d’une coalition politique majeure qui avait dominé la scène sénégalaise pendant 12 ans.
Le Pds malgré lui, alliance contre nature !
Après avoir soutenu la candidature de Bassirou Diomaye Faye président à la présidentielle du 24 mars, le Parti démocratique sénégalais s’était rapproché du nouveau régime lors des plénières à l’Assemblée nationale face à la majorité Benno. Contre toute attente, pourtant, pour les législatives du 17 novembre prochain, le parti de l’ancien président, Me Abdoulaye Wade, a décidé de rejoindre celui du tombeur de ce dernier c’est-à-dire l’Apr de Macky Sall. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) et l’Alliance pour la République (Apr) ont en effet annoncé la formation d’une grande coalition en perspective de ce scrutin. Une alliance contre nature au regard du lourd contentieux entre les deux formations. Toutefois, c’est l’instinct de survie qui a prévalu dans ces deux partis qui se sont succédé au pouvoir. Conscients que, seuls, ils risquent d’être écrasés par le rouleau compresseur Pastef, ils ont choisi d’unir leurs forces pour limiter les dégâts. Carsi, après la perte du pouvoir en 2012, le Pds a subi une saignée au profit de l’Apr qui avait encouragé à fond la transhumance de ses principaux cadres, la famille libérale, l’Apr, à on tour, subit un retour de flammes. En effet, plusieurs de ses cadres, et non des moindres, l’ont quitté le parti et certains d’entre eux ont rejoint Amadou Bâ, candidat de Bby lors de la dernière présidentielle et leader d’un mouvement dénommé Nouvelle Responsabilité. L’ancien Premier ministre et candidat malheureux de Benno Bokk Yaakar (BBY) lors de la dernière présidentielle est en discussions avec le Parti Socialiste et Taxawu Sénégal, le mouvement de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, en vue de former une coalition pour ces législatives de novembre. L’Apr quant à elle, on l’a vu, malgré ses divisions internes, a décidé de s’unir avec son ancien frère ennemi du Pds, de l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade.
Le risque d’aller aux législatives en rangs dispersés !
Toutefois, alliance avec l’Apr ou pas, le Pds risque d’aller aux législatives en rangs dispersés. Des dissidents de ce vieux parti créé en 1974 voulaient d’ailleurs tenir une conférence de presse hier pour exprimer leur position et se démarquer du choix de la direction du parti. Dans un communiqué rendu public, son porte-parole, Bachir Diawara, a apporté des clarifications. Il porte à la connaissance de tous que cette invitation est fausse et n’émane pas du PDS. «Nous informons la presse nationale et internationale que l’invitation du PDS à une conférence de presse, dans un restaurant d’un quartier de Dakar, n’émane pas de notre parti et constitue une manœuvre frauduleuse d’individus qui utilisent illégalement les couleurs et le sigle de notre parti ». Dénonçant un canular, Bachir Diawara invite les militants et sympathisants à plus de vigilance. « Le PDS n’est pas à l’origine de cette invitation et de cette conférence de presse, il s’agit d’un canular organisé par une petite poignée d’individus au service de l’éternel perdant qui ferait mieux de s’expliquer sur l’affaire de corruption ayant empêché la candidature notre candidat Karim Wade. Nous demandons à tous les militants et sympathisants du PDS de rester alertes, vigilants et à l’écoute des directives du Parti. Vive le PDS », lit-on dans le communiqué signé par Bachir Diawara. Les libéraux se recherchent pour exister face à la nouvelle configuration politique incarnée par la jeunesse. La présidentielle du 24 mars a signé le déclin ou la mort anticipée des idéologies politiques. Vivement un rajeunissement du parti de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade dont le fils est toujours en exil au Qatar !