LE PREMIER MINISTRE OCCUPE TOUS LES ESPACES DU POUVOIR, C’EST ÇÀ LA CRISE
Cheikhouna Sadbou Keita revient sur la lettre au Conseil constitutionnel lui demandant de faire constater la vacance du Pouvoir au motif que le Premier ministre empiéterait sur les prérogatives du président de la République
Cheikhouna Sadbou Keita revient sur la lettre au Conseil constitutionnel lui demandant de faire constater la vacance du Pouvoir au motif que le Premier ministre empiéterait sur les prérogatives du président de la République. Invité du Jury du dimanche (Jdd) ce dimanche 9 juin 2024, le leader du mouvement Sauvons la République parle de «crise». L’ancien commissaire de police trouve, par ailleurs la série interminable de saisies de drogues «catastrophique» pour le Sénégal.
Leur lettre adressée au Conseil constitutionnel a fait du bruit par son objet. «Renseignements aux fins de constater qu’une démission tacite et la vacance du pouvoir du président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye au profit de son Premier ministre». L’ex commissaire de police Cheikhouna Sadbou Keita était appelé à la barre du Jury du dimanche, hier, pour s’expliquer. «Aujourd’hui, nous sommes dans une situation particulière. Diomaye, c’est déjà un problème, on dirait qu’on est en face d’un Président qui a été choisi n’importe comment. Il présente des lacunes visibles, dans son déplacement, son propos. Le problème, c’est que, arrivé au pouvoir, il s’est fait marcher aux pieds par son Premier ministre. C’était prévisible parce que le débat était posé. Le Premier ministre occupe tous les espaces du pouvoir au détriment du président de la République. C’est ça la crise. Nous disons que c’est le président de la République qui refuse de manière pratique de jouer son rôle. Parce qu’il a nommé des gens qu’il ne connaît pas. Il l’avait ouvertement dit. Nos rapports avec la diplomatie, notre orientation politique extérieure, notre orientation politique de défense… On s’est rendu compte qu’il y a quelqu’un qui a empiété sur ces champs là, et de manière délibérée et violente, au point d’attirer l’attention de tout le monde», a-t-il dit.
«LE JUGE CONSTITUTIONNEL PEUT MEME NE PAS REPONDRE»
Leur requête ne semble pas été prise très au sérieux par l’opinion. «Pourquoi nous n’avons pas le droit d’agir ? Le Conseil constitutionnel peut faire tout ce qu’il veut parce que je ne suis pas le Conseil. Je suis dans la position de celui qui a constaté que ça ne va pas et qui s’adresse à celui qui doit constater que ça ne va pas. Officiellement, le Conseil est le juge constitutionnel au Sénégal. Il faut signaler qu’il peut même ne pas répondre», a répondu M. Keïta. A l’appui de leur constat, il a rappelé que «Alioune Tine a clairement défini les empiètements du Premier ministre sur les pouvoirs du président de la République». Une allusion à la sortie du fondateur de Afrikajom Center, qui était l’invité des Rédactions de E-Media, vendredi. M. Tine avait qualifié Ousmane Sonko d’«hyper-Premier ministre» et avait appelé à «lever la confusion des rôles»
«200 MILLIARDS D’INVESTISSEMENTS DANS L’IMMOBILIER AU SENEGAL PROVIENDRAIENT DE LA DROGUE»
C’est un ancien directeur de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) qui parle des importantes saisies récurrentes de drogue. Pour lui, cela montre que la pression est extrêmement forte partout sur le terrain. «Le Sénégal est devenu un condensé, une grosse concentration d’activités liées à la drogue dure particulièrement. Nous savons que les narcotrafiquants sont bien implantés dans ce pays. C’est la raison pour laquelle leurs activités sont visibles. Nous notons qu’ils ont adopté comme stratégie de faire en sorte que la consommation se développe ici. Quand un pays comme le Sénégal est envahi, il y a deux objectifs qui se dessinent : L’aspect transport, l’aspect stockage, l’aspect distribution sur le marché international. Mais aussi la construction d’un marché fort qui permet à ceux qui trafiquent d’avoir des ressources ici sur le plan local, mais aussi d'empoisonner le pays», a dit l’ancien policier. Il parle d’une situation «catastrophique» au vu des statistiques. «Les dernières évaluations qui ont été portées sur la place publique portent sur 200 milliards d’investissements dans l’immobilier qui proviendraient de la drogue. L’argent de la drogue est bien présent ici», a-t-il souligné. Il ajoute que les adultes, de manière générale sont présents dans la consommation de drogue. «Les trafiquants peuvent démocratiser la consommation de la drogue afin de toucher une cible beaucoup plus large. De ce fait, même 5000 francs on peut en trouver. Ceux qui consomment la drogue à l’étranger n’achètent pas aux USA le gramme à 80 000 francs. Ils l’achètent dans le conditionnement qui leur permet d’y avoir accès, c’est ça la démocratisation de la drogue. Et c’est ce que nous avons comme réalité ici», a-t-il dit.