LES CITOYENS DENONCENT LA VIOLENCE ET LES INVECTIVES
La tension est à son comble ! La campagne électorale, qui devrait être un moment pour exposer son programme politique aux citoyens, est minée par la violence. Les attaques de caravanes, les insultes et les provocations sont devenues monnaie courante.
Dans un contexte de tensions croissantes, la campagne électorale, censée être un moment de débat d’idées, est marquée par des violences récurrentes. Des attaques de caravanes, des insultes et des affrontements rythment désormais la course aux élections. La dernière en date est l’attaque des nervis de Sàmm sa Kàddu contre des commerçants du marché de Sor de Saint Louis. Entre espoirs et inquiétudes, les citoyens réagissent face à une escalade qui pourrait mettre en péril la stabilité du pays.
La tension est à son comble ! La campagne électorale, qui devrait être un moment pour exposer son programme politique aux citoyens, est minée par la violence. Les attaques de caravanes, les insultes et les provocations sont devenues monnaie courante. Le terrain politique est désormais une arène de gladiateurs !
« La manière de faire de la politique dans nos pays est loin d’être parfaite »
La brise matinale fouette les visages décontractés en cette matinée de mardi. Sur les allées Seydou Nourou Tall, les embouteillages sont à leur paroxysme. Les cas de violence durant la campagne électorale ne sont pas passés inaperçus. Aux kiosques des journaux, pris d’assaut par quelques passants, les unes relatant les violences électorales sont minutieusement scrutées par certains curieux. Un fait inquiétant pour Amadou Yaffa, étudiant, qui dénonce ces actes. Selon lui, les attaques de caravanes n’ont pas leur place dans une campagne électorale. « La politique ne devrait pas rimer avec la violence. La campagne électorale n’est pas éternelle. Les invectives et la violence doivent être bannies. Ce qui s’est passé à Koungheul était tout simplement inadmissible », fustige-t-il. À l’en croire, le débat d’idées devrait primer sur tout. « La manière de faire de la politique dans nos pays est loin d’être parfaite. Au lieu de se concentrer sur les bilans, les réalisations ou les objectifs, les candidats préfèrent user de la violence pour être au-devant de la scène. Et cela ne changera absolument rien ! », déplore Amadou.
« Il semble que nos politiciens n’apprennent pas de leurs erreurs »
Dans une petite boutique de l’avenue Bourguiba, le volume de la radio est à fond. La revue des titres résonne au loin. Bien qu’occupé à épousseter ses marchandises, Adama Diop accepte de lâcher quelques mots. La dernière ligne droite de la campagne, dit-il, risque d’être très tendue. « J’ai écouté les déclarations récentes de Sonko et Barthélémy Diaz. Si rien n’est fait pour les stopper dans leur escalade, on risque d’assister à des affrontements d’ici la fin de la semaine », avertit-il. Selon lui, les appels du Président Diomaye sont restés lettre morte. La situation est loin de s’apaiser. « Les leaders politiques ne sont pas réceptifs au discours du Président de la République. Chacun cherche à être au-devant de la scène. Et la violence et les invectives sont devenues un moyen d’attirer l’attention des médias », souligne-t-il.
À quelques pas de là, Mamadou Lô, vendeur de pièces détachées, n’est pas surpris par la recrudescence de la violence dans cette campagne électorale. Il suit de très près le duel verbal entre Barthélémy Diaz et Ousmane Sonko. Pour lui, il n’y a rien de nouveau dans le discours des leaders politiques sénégalais. « En 2019, on se souvient des échauffourées à Tambacounda lors des élections présidentielles, qui ont causé des morts. Il semble que nos politiciens n’apprennent pas de leurs erreurs. Ils poussent parfois le bouchon trop loin », avance-t-il. Selon lui, il faut un minimum de retenue face à une situation qui peut exploser à tout moment. « Je ne suis pas un partisan du régime actuel, mais ce qui s’est passé à Dakar, Koungheul et Saint-Louis est tout simplement inadmissible dans une République. Comment peut-on attaquer des commerçants désarmés ? Les acteurs politiques devraient faire preuve de maturité pour éviter certaines provocations qui ne feront qu’empirer la situation. Les auteurs de certains actes déviants doivent être sanctionnés », dit-il. Mamadou affirme qu’une crise politique doit être évitée à quelques jours des élections législatives. Selon lui, les autorités judiciaires devraient s’impliquer davantage.
« Le Président Diomaye ne veut pas être juge et partie »
Le trafic routier bat son plein à GrandDakar en cette mi-journée. Autour du marché grouillant de Dubaï, le vrombissement des cars rapides assure presque l’ambiance sonore. Ici, la violence électorale est longuement discutée dans une gargote entre commerçants et riverains. Cheikhouna Rassoul Ndiaye, 33 ans, est venu acheter une tasse de café. Il est habitué aux discussions politiques dans ce cabaret animé. Pour lui, le temps est venu pour les autorités compétentes de mettre fin aux agissements des politiciens qui mènent une « campagne de tension » dont les conséquences sont souvent désastreuses. « Le Président Diomaye a joué son rôle de régulateur, mais les forces de défense et de sécurité devraient être plus enclines à réagir très tôt pour maintenir l’ordre dans les caravanes. Les autorités judiciaires devraient également agir pour punir ceux qui incitent à la violence », propose-t-il. Selon cet étudiant en droit, l’État devrait montrer son autorité. « Il est inconcevable de voir des caravanes encadrées par des hommes armés jusqu’au dent », fustige-t-il.
Non loin de là, dans le quartier de Rue 10, Astou Diouf est gérante d’une parfumerie. L’odeur de déodorant emplit l’air. Élancée et vêtue d’une jupe, cette jeune femme suit avec intérêt la campagne électorale sur les réseaux sociaux. Selon elle, les déclarations de Sonko sur la faiblesse du gouvernement sont véridiques, bien qu’il en soit lui-même le chef. « Le Président Diomaye ne veut pas être juge et partie. C’est pour cela qu’on assiste à une certaine retenue des autorités. Ils ne veulent pas reproduire les erreurs de Macky Sall. Utiliser les moyens de l’État pour réprimer les voix discordantes, c’est révolu », analyse-t-elle, tout en précisant que cela n’empêche pas les forces de sécurité de maintenir l’ordre. Bamba Faye est assis, feuilletant tranquillement un journal. Il dénonce les déclarations incendiaires des politiciens, qu’il juge « inacceptables ». « C’est devenu une habitude. L’usage d’un langage violent teinté d’insultes et de diatribes est devenu la norme. Ce qui devrait primer, c’est le programme, pas les injures. », déplore-t-il. Selon le sexagénaire, « à moins d’une accalmie rapide, le climat actuel risque de nuire à la participation électorale mais aussi à l’image des hommes politiques ».