LES JEUNES DÉTERMINÉS À VOTER MALGRÉ LE REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE
La déception reste vive chez les jeunes Sénégalais qui rêvaient de voter pour la première fois le 25 février. Le report du scrutin a attisé leur impatience démocratique

Reportée au 15 décembre, l'élection présidentielle prévue initialement le 25 février reste une grande déception pour de nombreux jeunes impatients de prendre part à leur devoir civique. À l'image de Mohamed Al Amine Touré, marchand ambulant de 23 ans rencontré sur le marché populaire de Colobane à Dakar par un journaliste de l'AFP. "Le 25 février était un rendez-vous important pour nous, le Sénégal est une démocratie et jamais une élection présidentielle n’a été reportée auparavant", déplore-t-il, en référence aux présidences successives de Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.
Comme Mohamed Al Amine Touré, nombre de jeunes Sénégalais faisaient partie des primo-votants devant se rendre aux urnes pour la première fois, conformément à leur droit de citoyen. Or, ils représentent plus de la moitié de la population, particulièrement touchée par les problématiques socio-économiques, à l'instar du chômage des jeunes qui atteint 19% selon l'Agence Nationale de la Statistique. Pris en étau entre ces difficultés et l'envolée du coût de la vie, "une majorité de la jeunesse était acquise à la cause d'Ousmane Sonko, en qui elle plaçait toutes ses espérances de changement", rapporte l'AFP.
Le report de l'élection et l'extension controversée du mandat de Macky Sall ont enflammé la crise politique au Sénégal. Vendredi dernier, des affrontements ont éclaté sur le marché de Colobane entre manifestants et forces de l'ordre, faisant trois morts. Sur place, tous les jeunes interrogés réclamaient de pouvoir exercer leur droit de vote. Pourtant, certains comme Serigne Faye, 23 ans, plaident désormais pour "l'arrivée des militaires au pouvoir" dans l'espoir d'apporter "stabilité". Un scénario que refuse catégoriquement son camarade Ameth, craignant des répercussions sur le processus démocratique à l'image des pays voisins secoués par des coups d'État récents. Malgré la tension ambiante, la majorité des jeunes espèrent encore la tenue d'élections libres et transparentes d'ici fin mars.