MANSOUR SY DJAMIL RENONCE
EXCLUSIF SENEPLUS - La coalition Fippu est assurément dans ses tous états - Elle peine à trouver dans la sérénité son candidat à l’élection présidentielle du 23 février prochain - Encore un "non" après celui de Loum
La coalition Fippu est assurément dans tous ses états. Elle peine à trouver dans la sérénité son candidat à l’élection présidentielle du 23 février prochain. A la suite du désistement de Mamadou Lamine Loum, voilà qu’à son tour, Serigne Mansour Sy Djamil, jette l’éponge, quasiment dans des conditions similaires. Vendredi matin, le comité de sélection de Fippu, encore secoué par le brusque revirement de l’ancien Premier ministre attendait, la confirmation de sa participation à la séance de notation des candidats, entre Ibrahima Sylla, Boubacar Camara et le leader de Bess Dou Niak. Ce dernier n’est plus joignable.
C’est le branle-bas, dans un climat d’exaspération et d’énervement. Celui que beaucoup donnaient favori, après le renoncement de Loum, s’enferme dans un mutisme total.
Au bout d’une interminable attente, le guide daigne enfin répondre au téléphone. Sa décision tombe comme un couperet. C’est non ! L’ex interprète à la Banque Islamique a tout simplement renoncé à entrer en primaire contre ses deux adversaires, Camara, l’ancien DG de la Douane et Sylla le professeur d’uniersité.
Le comité est en émoi. Personne ne comprend ce changement de cap.
Les spéculations parfois des plus saugrenues, vont bon train dans le groupe devenu doublement orphelin. Une seule explication, la plus récurrente, semble, cependant ternir la route : la conséquence directe de la déclaration du porte-parole de la famille Tidiane de Tivaouane Serigne Pape Malick Sy. Il avait, le jour d’Al Achoura, (nouvel an musulman) appelé publiquement à un parrainage massif, pour le candidat Macky Sall. Serigne Mansour Sy Djamil aurait reçu de pressants appels le suppliant de ne surtout pas prendre le contre-pied de la voix officielle de la communauté.
Son cousin s’exprimait au nom du khalife général Serigne Babacar Sy Mansour. L’image de la photo regroupant toute la famille Sy, lors de l’entrée en fonction du nouveau Khalife, sonnait comme un tocsin. On peut comprendre qu’une éventuelle confrontation contre le président sortant, eût fait désordre. La sortie controversée du porte-parole, pour le moins inattendue, a complètement bouleversé les plans de Fippu.
Le désormais ex candidat à la candidature n’a jamais caché sa radicalité contre l’actuelle majorité qu’il a quittée, il y a peine deux ans. L’idylle entre lui et le président Sall s’est estompé quand le chef du parti Bës dou Niak a claqué la porte de la majorité avec fracas, pour des raisons variées et diversement appréciées.
Son engagement à croiser le fer contre son allié d’hier ne faisait plus l’ombre d’un doute. Mais ce projet a fait aujourd’hui long feu. Son renoncement in extrémis a jeté le trouble dans sa coalition d’accueil. Se contentant de merles, faute de grives, le comité de sélection a consenti tout de même à organiser l’examen de passage entre Boubacar Camara et Ibrahima Sylla. Une grille d’évaluation des compétences et les atouts est analysée sur la base des notes attribuées par les membres.
Boubacar Camara dépasse la barre des 120 points sur les 160 possibles. Le professeur arrive à peine, à boucler les 80. Il est hors course.
Paradoxalement, l’angoisse existentielle du groupe est loin d’être gommée. Le comité fait la moue dédaigneuse et paraît peu enthousiaste devant une perspective si inattendue. Certes, le vote est validé, mais la faible base de sélection rend le groupe circonspect. Il décide d’élargir la recherche de candidatures supplémentaires. Vers qui ? Personne ne sait ! Comment le vainqueur par défaut va-t-il accepter de se mettre à nouveau en compétition ? Et de remettre en jeu sa victoire à la Pyrrhus ? Hier dimanche le groupe devait se retrouver pour tenter une nouvelle issue à cette impasse.
Bizarrement, à Fippu, les effluves du brusque revirement de Loum ont plus de résonance que cet imbroglio de vendredi, que beaucoup trouvent plutôt salutaire, ne serait-ce que pour relancer la compétition, sous de meilleurs auspices. Mais comment ? Loum est jugé directement ou indirectement responsable de ce capharnaüm, qui ne finit pas de mettre le groupe dans tous éclats. En effet, l’ancien Premier ministre n’a pas encore livré tous les secrets de son désistement.
Pression de ses proches parents ? Désapprobation du clan socialiste proche du Président Macky Sall ? Sans doute. Mais dans quelle mesure ? Nul ne sait. Selon un des proches de l’ancien Premier ministre, Loum aurait été choqué par le «manque de professionnalisme» de certains membres du groupe. A preuve la faible qualité du projet de société qu’il aurait quasiment réécrit en l’accordant aux conclusions des assises.
Il n’aurait pas non plus apprécié des rumeurs circulant sur son supposé dépôt de candidature le samedi 15 septembre auprès du comité de gestion. A cette date, il avait donné un accord à 90 %, mais en se réservant quelques préalables, sans grande importance, certes.
Cette précipitation à annoncer une candidature aura coûté à Loum des appels incessants au téléphone, des mails à profusion venant de toutes parts. A tel point que, se sentant littéralement, envahi, il aurait pris, de guerre lasse, la décision de déchausser ses gangs.
L’avenir de Fippu est plus qu’incertain. Certains souteneurs comme des leaders influents de la LD Debout, bras armé du mouvement sont même tentés de céder au découragement. Et, selon nos sources, ils ne seraient pas les seuls.