PREMIÈRES ESCARMOUCHES AVANT DES LÉGISLATIVES DE TOUS LES ENJEUX
Dans un contexte où le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale fait rage, l’opposition continue de donner des coups de griffes au nouveau pouvoir et s’organise pour lui imposer la cohabitation
Dans un contexte où le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale fait rage, l’opposition continue de donner des coups de griffes au nouveau pouvoir et s’organise pour lui imposer la cohabitation. Mais face à un adversaire de la taille de Ousmane Sonko, ce combat est loin d’être gagné d’avance...
La tension devient de plus en plus vive entre le régime du président Bassirou Diomaye Faye et l’opposition. Une tension exacerbée aussi bien par les décisions erratiques du chef de l’État que par les multiples prises de parole de son Premier ministre. Une Opposition qui n’a de cesse de fusiller le pouvoir arrivé aux affaires à la faveur de la présidentielle du 24 mars dernier. Pour cette Opposition, tout est prétexte à descendre en flammes le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, par ailleurs leader du Pastef. Toutefois, d’après ce dernier, ces attaques à l’arme lourde ne les ébranlent guère, lui et son « patron ». Après avoir expliqué les raisons de son absence du terrain politique, il a promis de reprendre service prochainement pour faire face à ses adversaires sur le terrain. Une déclaration qui intervient dans un contexte où il est de plus en plus question de dissolution de l’Assemblée nationale. Alors que l’opposition s’organise de plus en plus pour être bien représentée au Parlement et même, pourquoi pas ? obtenir la majorité et imposer la cohabitation au régime de Diomaye-Sonko, ce dernier cherche à envoyer une majorité qualifiée Place Soweto pour pouvoir dérouler tranquillement sa feuille de route.
Tirs groupés sur le pouvoir, imposer la cohabitation, comme stratégie de l’opposition...
Parmi les actes très controversés des tenants du pouvoir, il y a certaines nominations aussi bien au gouvernement qu’à la tête des sociétés nationales et agences publiques, la relation délétère avec les journalistes ayant amené des entreprises à observer «une journée sans presse», le différend entre le ministre de l’Assainissement et le directeur général de l’Onas (Office national de l’Assainissement du Sénégal) sur fond d’accusations de corruption, la sortie du Premier ministre à l’UCAD devant le chef de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ainsi que ses propos tenus sur le port du voile dans les établissements scolaires, sa position sur la tenue de la DPG, la polémique qui a accompagné sa descente à Colobane chez les marchands ambulants etc. A chaque fois pratiquement qu’Ousmane Sonko ouvre la bouche, l’opposition « radicale » en profite pour tirer à boulets rouges sur lui et même, parfois, dézinguer le chef de l’État. Parmi les hommes politiques les plus en vue dans ces diatribes, il y a des députés de l’APR, l’ancien parti au pouvoir, mais aussi le leader de la République des Valeurs, Thierno Alassane Sall, celui de AGIR, Thierno Bocoum, ainsi que Bougane Gueye Dany du mouvement Geum sa Bopp.
Dans leurs sorties, ces néo-opposants disqualifient aussi le « Projet », qui est le référentiel de la politique de développement économique et social des nouveaux gouvernants. Ainsi, dans un contexte où la dissolution de l’Assemblée nationale est d’actualité, il ne faut pas espérer voir le mercure de la tension entre pouvoir et opposition baisser. C’est donc afin de ne pas être prise au dépourvu en perspective de ce tout prochain rendez-vous électoral que cette opposition dite « radicale » est en train de se préparer pour tenir tête à la coalition présidentielle. A cet effet, une grande coalition regroupant plus de 40 partis et mouvements politiques d’obédience libérale en vue des prochaines législatives est mise en place. On peut citer parmi ses initiateurs Pape Diop, Moussa Sy, Mamadou Lamine Keita, Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr, Modou Diagne Fada etc. Cette nouvelle entité envisage de discuter avec des leaders comme Khalifa Sall, Thierno Alassane Sall, Pape Djibril Fall.... pour élargir ses bases et imposer à la majorité présidentielle une cohabitation à l’Assemblée nationale et aussi à la tête de l’Etat.
Sonko, bien que soutenant ne pas être ébranlé, reste tout de même sur ses gardes...
En tout cas, les attaques s’enchaînent sur le chef de l’État et son Premier ministre depuis leur prise de fonction. Ils n’ont donc pas eu droit à un état de grâce. L’opposition « radicale » essaie de trouver la bonne stratégie afin de discréditer le duo au pouvoir auprès des populations. Ses leaders ont-ils assez de ressources pour y parvenir ? C’est la grande question que les observateurs se posent. En tout cas, ces nouveaux opposants reprochent au Président Diomaye Faye un supposé manque de vision et de poigne à diriger le pays au point, déjà, de réclamer une élection présidentielle anticipée pour passer le témoin a d’autres mains !
Quant au Premier ministre, le reproche qui lui est fait c’est de s’arroger trop de pouvoirs au détriment même du président de la République. Toutefois Ousmane Sonko, par ailleurs Président du Pastef, qui n’a pas sa langue dans sa poche, après un long silence a fini par apporter la réplique à ses détracteurs. Au cours d’une rencontre avec des artistes ayant soutenu le « Projet », il a tenu d’abord à expliquer les raisons de son mutisme. D’après lui, il fallait consacrer plus de temps à la finalisation du Projet pour l’adapter à la situation trouvée sur place. Après cette phase, il sera vulgarisé et expliqué au peuple dans toutes ses composantes afin de lui permettre de se l’approprier. S’adressant à la classe politique, le Premier ministre a dit ne pas être ébranlé par les attaques des néo-opposants qui, selon lui, ne se fondent que sur des propos diffamatoires et des insultes. Tout en se disant favorable à l’existence d’une opposition, il a mis en garde contre tout dérapage pouvant nuire à la bonne marche du pays. Ousmane Sonko a par ailleurs fait savoir qu’il n’a pas besoin d’état de grâce non sans indiquer que l’opposition n’a d’autre souhait que de le mettre en mal avec le chef de l’État. Ce qui, selon lui, n’arrivera pas de sitôt. Toujours au cours de cette rencontre avec les artistes ayant soutenu le « Projet », le leader de Pastef a annoncé qu’il va très bientôt reprendre les activités politiques.
A l’en croire, le moment venu, beaucoup parmi ceux qui s’agitent finiront parse taire. Parlant de la situation du pays dont a hérité le nouveau pouvoir, Ousmane Sonko a soutenu que, dans les prochains jours, les Sénégalais seront informés dans les moindres détails de la situation calamiteuse laissée par le défunt régime. Il a réaffirmé à ce propos l’engagement des nouvelles autorités, c’est-à-dire du président de la République et de lui-même, à faire la lumière sur la gestion de l’ancien régime ainsi que sur les auteurs des personnes tuées lors des dernières manifestations. Pour lui, il ne saurait être question d’impunité sinon ce serait trahir la mémoire de citoyens qui ont sacrifié leurs vies pour l’intérêt national.
Cette sortie de Ousmane Sonko, qui constitue une riposte à la classe politique dite de l’opposition, donne un avant-goût de ce que sera le ton des prochaines élections législatives anticipées. Le principal enjeu étant de remporter la majorité des sièges à l’Assemblée nationale qui pour pouvoir mettre en œuvre ses réformes et appliquer intégralement le « Projet », qui pour imposer une cohabitation au duo Diomaye-Sonko !