QUATRE ÉCRIVAINS DE LA DÉCOLONISATION
A partir des années 1950, la dénonciation du colonialisme est le fait de nombreux intellectuels et militants politiques. Mais ce discours sera aussi porté par des écrivains et des poètes qui mettent leur plume au service de la libération de leur pays

Au cours de la seule année 1960, 17 pays africains accèdent à l’indépendance. En 1962, c'est au tour de l'Algérie de se défaire de la tutelle coloniale. Dans les années qui ont précédé, la dénonciation du colonialisme a bien sûr été le fait de nombreux intellectuels et militants politiques. Mais ce discours a aussi été porté par des écrivains et des poètes qui ont mis leur plume au service de la libération de leur pays du régime colonial et dénoncé avec les armes qui étaient les leurs ses mécanismes d’oppression. Si pendant la période coloniale, la littérature a déjà commencé à jouer un rôle de libération politique, après les indépendances, elle va continuer de remplir une fonction critique, révélant l'ampleur des exactions commises pendant plusieurs décennies. De Léopold Sédar Senghor - dont on fête cette année le 20e anniversaire de la mort - à Maryse Condé, retour sur la vie et l'œuvre de quatre d'entre eux.
Agrégé de grammaire, homme de foi, essayiste et poète, Léopold Senghor se met à écrire dès le milieu des années 1930 quantité de poèmes avant que n'éclate la Seconde Guerre mondiale. Fait prisonnier, il affirmera plus tard que l'expérience de la captivité fut pour lui une épreuve mortifiante. A la Libération, il est élu député de la circonscription Sénégal-Mauritanie. Sans cesse réélu comme député, il deviendra président de la République du Sénégal en 1960, année de l’indépendance du pays, jusqu'en décembre 1980. Cette émission retrace le destin exceptionnel d'un homme qui aura contribué à "réveiller l’Afrique de son sommeil millénaire" en réhabilitant son histoire et sa culture, en combattant les préjugés, en débusquant l’ignorance et le mépris. (Sans oser le demander, 58 min)
La biographie d’Aimé Césaire se confond avec celle d’une génération. Natif de Basse-Pointe en Martinique, il gagne Paris en 1931. Avec ses complices Senghor et Damas, Césaire fonde en 1934 L’Étudiant noir. Il y fait paraître un article intitulé 'Nègrerie : jeunesse noire et assimilation', s’appropriant le terme 'nègre' pour le dépouiller de sa charge avilissante et lui substituer une noblesse, un caractère sublime. C’est dans ce contexte d’ébullition intellectuelle et politique qu’il entame, lors d’un séjour en Dalmatie, l’écriture de l’une de ses plus grandes œuvres : Cahier d’un retour au pays natal. S’y trouve mentionné pour la première fois le vocable 'négritude', défini par Césaire comme 'la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture'. (La Compagnie des œuvres, 4 x 58 min)