SONKO SE PRESSE POUR SA DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE
La posture est finalement révélatrice. Une majorité, cela sert à quelque chose. Surtout en politique, c’est un atout hyper important que le chef de la majorité ne boude pas pour tirer son épingle du jeu…politique.

Le Premier ministre Ousmane Sonko veut faire sa Déclaration de Politique générale (Dpg) dans les plus brefs délais. Il a profité, hier, de la réunion du Conseil des ministres pour révéler sa volonté de faire face aux nouveaux députés de la 15ème législature. Le Chef du gouvernement, nouvellement reconduit, semble tout simplement donner l’impression qu’il ne voulait pas être l’hôte de la 14e législature.
La posture est finalement révélatrice. Une majorité, cela sert à quelque chose. Surtout en politique, c’est un atout hyper important que le chef de la majorité ne boude pas pour tirer son épingle du jeu…politique. Le Premier ministre n’avait jamais voulu faire sa Déclaration de Politique générale devant les députés de la 14ème législature. Celle-ci étant dominée par l’opposition parlementaire incarnée par la coalition d’alors de Benno Bokk Yakaar (Bby) manœuvrée par le président Macky Sall.
Lors du conseil des ministres tenu spécialement hier, mardi, le Premier ministre a informé son Gouvernement qu’il compte faire rapidement sa Dpg devant les nouveaux députés de la 15ème législature. « Après avoir relevé l’impérieuse nécessité pour le Gouvernement d’être en permanence guidé par la culture de la gestion axée sur les résultats, le Premier Ministre a appelé les ministres et Secrétaires d’Etat à prendre en charge les défis immenses attachés à la mise en œuvre de l’Agenda 2050 de transformation systémique du Sénégal. Dans ce cadre, le Premier ministre a demandé au ministre, Secrétaire général du Gouvernement, de coordonner les travaux de finalisation de sa Déclaration de Politique générale qu’il compte effectuer dans les plus brefs délais devant la nouvelle Assemblée nationale ». Ousmane Sonko craignait-il alors de se retrouver à l’époque dans une Assemblée nationale qui lui serait hostile ? La réponse pourrait être dans l’affirmative puisque sa volonté de faire face rapidement aux nouveaux députés montre clairement qu’il n’avait jamais l’intention de se soumettre à cet exercice républicain pour parler au peuple sénégalais via la représentation parlementaire. Un bras de fer s’était alors installé entre l’Exécutif et le Législatif. C’était courant mois d’août c’est-à-dire cinq mois après l’arrivée de Pastef à la magistrature suprême.
La déroute de la 14e législature…
Voulant certainement se donner du temps face à une invite d’une Assemblée nationale appelée à être dissoute légalement après deux années d’existence, le Premier ministre avait réussi à embarquer sur de fausses pistes l’opposition parlementaire. Pour brouiller ces pistes ou chercher à jouer la montre, Ousmane Sonko avait exigé la modification préalable dudit règlement intérieur de l’Assemblée nationale avant qu’il ne vienne faire son grand oral devant les députés. Une condition légale. Car il s’était notamment appuyé sur le fait que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, telle qu’il existait en ce moment, ne reconnaissait pas l’existence d’un Premier ministre. Il était allé jusqu’à menacer de faire sa Dpg dans un lieu public et devant un parterre d’experts triés sur le volet. En réaction, le bureau de l’Assemblée nationale avait annulé la tenue du Débat d’orientation budgétaire.
Cherchant certainement à remettre les choses à l’état, la 14ème législature s’empressa, lors de l’ouverture de la première session extraordinaire de l’année 2024, le 14 aout, de réactualiser le règlement intérieur de l’institution. ‘’ Je voudrais vous informer que j’ai reçu une demande d’examen d’une proposition de loi en procédure d’urgence émanant de 79 députés conformément aux dispositions de l’article 113 de notre règlement intérieur’’, avait indiqué Amadou Mame Diop. Le président de l’Assemblée nationale donna acte de dépôt de cette proposition de loi visant à modifier et compléter la loi organique 2002-20 du 15 mai 2002 portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Le vendredi 16 août, le Parlement sénégalais vote une modification de son règlement intérieur. Une étape cruciale qui devait permettre à Ousmane Sonko de faire sa déclaration de politique générale. Diomaye Faye entre dans le jeu puisqu’il demande la convocation d’une session extraordinaire pour un calendrier de projets de loi à voter, mais aussi la Déclaration de Politique générale en date du 13 septembre 2024. L’avant-veille de la date annoncée de dissolution de l’Assemblée nationale. En définitive, le président Diomaye Faye acte la dissolution de l’Assemblée nationale au cours d’un discours à la Nation le 12 septembre 2024. Il venait ainsi rendre caduc la DPG de son Premier ministre Ousmane Sonko qui échappait ainsi à une possible motion de censure de l’opposition parlementaire. L’Exécutif venait de gagner son bras de fer avec le Législatif de la 14ème législature.