1 000 CAS DE CANCER DE LA PROSTATE DIAGNOSTIQUES CHAQUE ANNEE
Après Octobre rose, c’est «novembre bleu» qui est consacré à la sensibilisation au cancer de la prostate. cette pathologie est en train de faire des ravages chez les hommes.
Après Octobre rose, c’est «novembre bleu» qui est consacré à la sensibilisation au cancer de la prostate. cette pathologie est en train de faire des ravages chez les hommes. L’association sénégalaise d’urologie (Asu) a organisé un enseignement post universitaire qui avait pour thème : cancer avancé de la prostate : défis de l’accessibilité au traitement hormonal.
Le cancer de la prostate est une maladie qui se développe à partir des cellules de la prostate normales qui vont se transformer et se multiplier de façon anarchique et donner une masse appelée tumeur maligne qui peut, quand elle évolue, se propager et atteindre d'autres parties du corps humain, notamment les os et les poumons. C’est pour sensibiliser sur cette pathologie que l’association sénégalaise d’urologie (Asu) est largement revenue sur cette maladie. Selon le président de l'association, Pr Papa Ahmed Fall, c’est le premier cancer chez l'homme. «Il y a au moins 1 000 cas de cancer qui sont diagnostiqués chaque année. Mais ces données sont probablement sous-estimées et pour avoir une meilleure prise en charge du cancer de la prostate, il faudrait que le diagnostic soit fait de la manière la plus précoce possible. Parce que lorsque le cancer est diagnostiqué, la personne peut en guérir et les moyens pour les traiter existent au Sénégal. Par contre, lorsque le cancer est détecté beaucoup plus tard, la personne peut être prise en charge mais le traitement est extrêmement onéreux et parfois ils peuvent ne pas être disponibles sur place», renseigne l’urologue.
Interpellé sur la prise en charge du cancer de la prostate au Sénégal, Pr Papa Ahmed Fall estime qu’il y a une volonté politique qui est là mais il faut qu'elle soit traduite par des actes. «Nous avons eu des rencontres avec le ministère de la Santé. Nous avons eu des contacts avec la pharmacie nationale d'approvisionnement, il y a une volonté réelle qui est là. Mais nous attendons quelque chose de concret pour que de manière formelle, nous puissions faire en sorte, même si le traitement n'est pas gratuit pour les hommes, qu'il soit réduit pour une meilleure prise en charge. Parce que la plupart des patients sont âgés et ils ne sont plus en activité sur le plan professionnel», se désole-t-il.
PR PAPA AHMED FALL : «NOUS AVONS DES PERDUS DE VUE VOLONTAIRES»
Cependant, il souligne que lorsque la maladie est métastatique, il y a deux phases. «C'est la phase localisée et la phase métastatique, mais quand au début de la phase métastatique, il y a une forme de traitement que l'on va proposer et qui va revenir en moyenne à 250 000, 300 000 tous les trois mois. Mais ce traitement-là peut rester efficace pendant une période, mais à un moment, il y a ce qu'on appelle un échappement sur le plan thérapeutique. Donc ce traitement ne sera plus efficace. Et là, on va avoir recours à un autre type de traitement qui est extrêmement onéreux, c'est de l'ordre de 800 000 voire un million ou même beaucoup plus tous les mois. Cette situation n'est pas sans conséquences : il y a des pertes de vue volontaires», soutient-il. «Il y a des perdus de vue volontaires car lorsque la personne n'a pas les moyens de se prendre en charge, elle n'a pas de couverture qui lui permet d'acheter ses médicaments ; lorsque cette personne-là parfois a été prise en charge, parce qu'il y a des associations comme la LISCA qui prennent en charge certains de ses patients et qui arrivent à leur procurer ces médicaments-là, la LISCA aussi a des limites. Elle prend en charge énormément de patients et à un certain moment, il y a peut-être des problèmes de budget qui font qu'ils ne peuvent plus suivre. Et donc ces patients-là ne pouvant plus être traités, ne veulent pas être une charge pour leur famille, vont se retirer tout simplement. Et donc, soyez certains qu'un patient qui a un cancer de la prostate qui ne se fait pas traiter, l'issue sera inéluctablement fatale et dans des conditions de souffrance qui seront assez fortes», dit Pr Fall.
PR RACINE KANE : «80% DES CANCERS DE LA PROSTATE SONT DIAGNOSTIQUES A UN STADE AVANCE»
Pour sa part, le chirurgien urologue à l’hôpital Principal et vice-président de l’association sénégalaise d’urologie (Asu), Pr Racine Kane, précise que lorsque le cancer est au début, d'où l'intérêt du dépistage, il n'y a aucun signe, juste un toucher rectal anormal ou surtout un bilan sanguin, le Psa plus élevé que la normale retenue. «Lorsque les signes surviennent, c'est souvent à un stade avancé de la maladie avec des troubles urinaires : difficultés à uriner, augmentation de la fréquence, rétention d'urine, présence de sang dans les urines, douleurs osseuses, amaigrissement », annonce-t-il.
Revenant sur les causes du cancer de la prostate, Pr Kane soutient qu’il n’y a pas de causes mais plutôt des facteurs de risque. A l’en croire, l'ethnie noire est plus exposée. «Il y a aussi les antécédents familiaux c’est-à-dire le père ou le frère atteint augmente les risques par 3. Avec l’âge aussi, l’incidence augmente fortement après 70 ans. C 'est encore une situation où le dépistage n'est pas encore très répandu où 80% des cancers de la prostate sont diagnostiqués à un stade avancé», révèle-t-il. Cependant, il affirme que du point de vue épidémiologie sur les dernières études réalisées au Sénégal, la tranche d'âge la plus touchée reste la soixantaine avec une incidence qui va augmenter avec l'âge. En outre, il souligne que les jeunes sont de plus en plus touchés par le cancer de la prostate. «Les jeunes sont touchés surtout certaines formes héréditaires qui surviennent précocement et cette tranche qui a des antécédents familiaux de cancer doit être particulièrement vigilante et commencer le dépistage assez tôt», dit-il. A cet effet, il demande aux hommes de se dépister assez tôt pour se prévenir. «La prévention repose essentiellement sur le dépistage qui se fera par une consultation avec l'urologue qui, après l’examen du patient, demandera un bilan, essentiellement le taux de Psa qu’il analysera pour évaluer la nécessité de pousser les explorations», explique-t-il. Ce dépistage devrait commencer chez le noir, renseigne-t-il, à partir de 45 ans et doit être réalisé annuellement.