CARENCE EN PERSONNEL DE SANTÉ QUALIFIÉ
Serigne Maguèye Gueye expose la solution
La problématique des ressources humaines dans le secteur de la santé au Sénégal a fait l’objet d’un débat. Lors d’un webinaire organisé hier par l’académie Nationale des Sciences et techniques du Sénégal (ANSTS), le directeur général du campus franco-sénégalais (CFS), Pr Serigne Maguèye Guèye et ses Co animateurs de la rencontre ont insisté sur la nécessité de créer un organe de régulation des institutions de formation afin de mieux répondre aux besoins et priorités du secteur de la santé.
Avoir des institutions de formation professionnelle en santé responsables vis-à-vis des communautés, en acceptant de se soumettre aux règles d’une instance de régulation. C’est le plaidoyer fait par le directeur général du Campus franco-sénégalais (CFS), Pr Serigne Maguèye Guèye, en marge du panel virtuel organisé hier par l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (ANSTS). Cet organe de régulation permettra, de l’avis du panéliste, de régler le déséquilibre dans la répartition nationale du personnel de santé et de l’action sociale sur le territoire national, mais aussi le déficit en personnel dans certaines spécialités.
«Dans les pays francophones, le Sénégal en particulier, le ministère de la Santé, utilisateur de la ressource humaine spécialisée, n’a aucun contrôle sur la formation, à l’opposé des pays anglophones de la Cedeao», se désole le Dg du CFS. A l’en croire, 60% des écoles de formation sont entre Dakar et Thiès. Et cela a fini de créer de grands déserts médicaux au Sénégal. Une situation qui demande, selon lui, une rectification. «Parmi les 40 écoles de formation paramédicale à Dakar, certaines devraient être fermées depuis longtemps parce que la plupart sont des studios sans aucun contrôle de qualité», peste le Pr Guèye. Pour la formation diplômante en Médecine, il souligne que le Sénégal dispose de 10 institutions dont 6 à Dakar et 4 en dehors de la capitale. «On se demande d’ailleurs s’il faut encore créer des instituts parce qu’il y a une forte concentration d’écoles de formation à Dakar», dit-il.
Abordant la question du déséquilibre de la répartition des personnels de santé par région, le Dg du Campus franco sénégalais souligne que plus de 60% des médecins sont entre Dakar et Thiès qui accueillent 41% des infirmiers. Tandis que 36% des sages-femmes sont affectées entre les deux régions. «C’est pourquoi nous devons tenir compte de cette répartition en implantant des écoles de formation pour couvrir le gap», préconise le panéliste qui pense qu’il faudrait également aligner la formation des professionnels de santé sur les besoins de développement socio-économique du pays.
«Le Ministère de la Santé vient de faire son plan de développement en ressources hum a i n e s 2020-2021, mais quelques facteurs peuvent négativement impacter le système de santé et compromettre sa contribution au développement économique et social parce que, quels que soient les investissements, si l’on n’investit pas sur la santé des populations, cet investissement ne servira à rien », souligne Pr GUEYE avant d’inviter les autorités à investir davantage sur la formation de qualité des ressources humaines. « Il se trouve que le Sénégal est l’un des rares pays en Afrique qui a pu créer autant d’infrastructures sanitaires. Car en moins d’une année, nous avons inauguré 4 grands hôpitaux modernes mais il faut que ce dynamisme soit accompagné d’une politique de ressources humaines bien soutenue », indique le paneliste.
A ces facteurs qui impactent négativement les ressources humaines du système de santé sénégalais, le panéliste ajoute le problème des stages cliniques hospitaliers en santé en général, en médecins en particulier. «A Dakar se pose le problème du surpeuplement des services par les étudiants en médecine et des écoles de formation paramédicale », soutient Pr Guèye qui y ajoute le problème de déficit et de disponibilité du personnel d’encadrement.