ENVIRON 160.000 PERSONNES SONT AFFECTÉES PAR LE TROUBLE DE LA COMMUNICATION AU SÉNÉGAL
Le monde célèbre la journée internationale du bégaiement ce dimanche 22 octobre. A l’occasion, El Bachir Dieng, l’ambassadeur des handicapés vocaux du Sénégal, est revenu sur le sens de cette célébration.
Le monde célèbre la journée internationale du bégaiement ce dimanche 22 octobre. Conférences, ateliers interactifs, expositions et témoignages vont rythmer l’évènement à la Maison de la culture Douta Seck. El Bachir Dieng, l’ambassadeur des handicapés vocaux du Sénégal, revient sur le sens de cette célébration. Selon lui, 160.000 personnes, souffrant de troubles de la communication au Sénégal, ne veulent qu’une chose : vivre dans une société inclusive et bienveillante. Entretien.
Que représente pour vous la célébration de la journée internationale du bégaiement ?
C’est un moment crucial pour sensibiliser le monde à la réalité des personnes qui bégaient. C’est l’occasion de briser les stigmates, de promouvoir la compréhension et l’empathie envers ceux qui vivent avec ce trouble de la communication. La journée vise à encourager l’éducation du public sur le bégaiement, à partager des expériences et des témoignages et à mettre en lumière les ressources disponibles pour aider ceux qui sont touchés. Elle permet également de mobiliser des ressources et des initiatives visant à améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec un handicap vocal, en favorisant l’accès à des traitements appropriés, à des programmes éducatifs et à des opportunités professionnelles équitables. En fin de compte, cette journée contribue à créer un environnement mondial plus compréhensif où chacun est respecté et valorisé, indépendamment de son mode de communication.
Quels seront les temps forts de cette célébration au Sénégal ?
Nous avons prévu de nous rencontrer à la Maison de la culture Douta Seck pour des séances de self help (auto-assistance), des conférences, des ateliers interactifs, des partages d’expériences, des témoignages, des séances éducatives, des campagnes de sensibilisation, des discussions publiques et des expositions. L’objectif principal de cet évènement est aussi d’informer, d’éduquer et de réduire la stigmatisation associée au bégaiement, en offrant également un espace où les personnes concernées peuvent partager leurs défis, leurs réussites et leurs stratégies pour faire face au bégaiement. Nous voulons ainsi encourager un soutien mutuel au sein de la communauté.
À combien s’élève le nombre de personnes touchées par le bégaiement au Sénégal ?
Les statistiques indiquent qu’environ 160.000 personnes, au Sénégal, sont affectées par le trouble de la communication.
Est-ce que ce handicap est perçu comme une maladie dans notre pays ?
Non. Et c’est là la source de tous nos problèmes. Il faut comprendre que le bégaiement n’est pas une maladie, mais plutôt un trouble de la communication qui affecte la fluidité et la régularité du discours. Au Sénégal, comme dans de nombreux autres pays, le bégaiement est généralement perçu comme un trouble de la parole et de la communication et non comme une maladie. Cependant, il est important de noter que les perceptions peuvent varier d’une personne à l’autre en fonction de leur niveau de compréhension du bégaiement et de l’éducation reçue sur ce sujet. Voilà pourquoi, l’éducation et la sensibilisation sont essentielles pour changer les attitudes et promouvoir une compréhension plus approfondie du bégaiement en tant que trouble de la communication. En réalité, il s’agit de mobiliser les autorités, ainsi que la population, pour améliorer la prise en charge, favorisant une société inclusive et bienveillante.
Pensez-vous justement que cette journée peut attirer l’attention des autorités dans la prise en charge de vos préoccupations ?
Effectivement. La journée a le potentiel d’attirer l’attention des autorités et de susciter une prise de conscience significative concernant les préoccupations liées au bégaiement. Cette journée offre une plateforme importante pour sensibiliser les décideurs, les professionnels de la santé, les éducateurs et le grand public aux défis auxquels font face les personnes qui bégaient. En mettant en lumière les réalités du bégaiement, les expériences des individus et les obstacles auxquels ils sont confrontés, cette journée peut encourager les autorités à développer des politiques et des programmes spécifiques visant à améliorer la prise en charge, l’éducation et l’inclusion des personnes qui bégaient. La sensibilisation générée par la journée du bégaiement est essentielle pour instaurer un changement positif, promouvoir l’égalité des chances et améliorer la qualité de vie des personnes touchées par le bégaiement.
Existe-t-il des structures dédiées à la prise en charge des personnes souffrant de troubles de la communication ?
Oui. Il existe bel et bien, au Sénégal, des structures dédiées à la prise en charge des personnes souffrant de troubles de la communication. Elles comprennent les centres de rééducation, les cliniques spécialisées en orthophonie, ainsi que des associations. Ce sont des établissements et organisations qui offrent des services de diagnostic, de traitement, de rééducation visant à améliorer leur communication et à mieux gérer les troubles de la communication. Ils ont l’avantage de proposer des séances de thérapie individuelle, des groupes de soutien, des ateliers de gestion du stress liés au bégaiement et d’autres interventions visant à améliorer la qualité de vie des personnes touchées. Il est recommandé aux personnes concernées de se rapprocher de ces structures pour obtenir de l’aide et des conseils adaptés à leur situation.
Quels sont les autres défis de votre association ?
Depuis quelques années, nous faisons des orientations professionnelles pour les nouveaux bacheliers, afin qu’ils puissent s’insérer rapidement dans le monde professionnel, vu qu’on tend vers la digitalisation des métiers et l’automatisation des tâches. Il est nécessaire d’anticiper vers les métiers techniques et numériques. C’est très difficile pour les personnes vivant avec un handicap d’avoir du travail au Sénégal. Nous sommes souvent recalés lors des entretiens d’embauche professionnels. Dans la loi d’orientation sociale, il est clairement mentionné que la situation de handicap ne peut être, en aucun cas, un motif de discrimination pour l’accès à l’emploi. La compétence n’a rien à voir avec le bégaiement. Nous travaillons pour que l’État et les entreprises privilégient l’approche par les compétences lors des entretiens d’embauche.