LE SENEGAL COMPTE 25 NEUROCHIRURGIENS POUR SES 15 MILLIONS D’HABITANTS
Difficultés dans la prise en charge des traumatismes cranio-encéphaliques
Les membres de la Société Sénégalaise de Neurochirurgie (Ssnc) profité hier de leur congrès pour se pencher sur «Les urgences neurochirurgicales». Au cours de cette rencontre, ils sont revenus sur cette spécialité très complexe de la médecine, avant de diagnostiquer les différents problèmes qu’on y rencontre. Parmi ces problèmes, figure le manque criant de neurochirurgiens qui ne sont que 25 sur toute l’étendue du territoire national.
Du fait de leur fréquence, de leur gravité et surtout des séquelles lourdes qu’ils entrainent, les traumatismes crânio-encéphaliques (Tce) constituent un problème majeur de santé publique. Conscient de cela, le président de la Ssnc, Pr Seydou Boubacar Badiane, en est arrivé à la conclusion que la neurochirurgie est un point particulièrement sensible, dans la mesure où elle s’installe toujours dans une situation de drame. A l’en croire, les pouvoirs publics essaient depuis de nombreuses années de régler cette question, mais elle tarde à être réglée.
En effet, cette spécialité rencontre d’énormes difficultés, notamment dans le domaine du matériel, des infrastructures mais aussi du recensement des données. «Au-delà du maillage en imagerie médicale de tout le territoire, l’implantation de Samu régionaux, la construction de nouveaux hôpitaux, il y a encore et toujours des problèmes», souligne-t-il. Pour lui, les équipements dans les hôpitaux sont loin de répondre aux normes requises. «Il reste beaucoup à faire dans le domaine des infrastructures. Et en termes d’équipements, il y a beaucoup plus d’efforts à faire. En termes de ressources humaines, la faculté est en train de former des spécialistes, mais il faut qu’ils soient recrutés et affectés», affirme-t-il.
25 NEUROCHIRURGIENS POUR 15 MILLIONS D’HABITANTS
Renchérissant sur cette question, Pr Youssoupha Sakho fait une révélation de taille en soutenant que le Sénégal compte en tout et pour tout 25 neurochirurgiens. «Le Sénégal est un pays où la traumatologie occupe une place très importante. Avec le nombre d’accidents qu’il y a, la mortalité qui est forte. Le plus souvent, le neurochirurgien est en première place pour la prise en charge de ces traumatisés ; et le plus souvent, ce sont des traumatismes crâniens», renseigne Pr Youssoupha Sakho qui souligne par ailleurs que le nombre de neurochirurgiens est très restreint. «Nous sommes 25 neurochirurgiens. C’est une spécialité très complexe où nous sollicitons autant le mental que le physique. Ce sont des pathologies qui sont lourdes et la formation est assez longue ; c’est 6 ans après le doctorat», dit-il. Pr Badiane revient à la charge en alertant sur le manque criant du personnel paramédical. «En effet, il n’y a pas d’infirmiers spécialisés en anesthésie réanimation, ni d’infirmiers spécialisés du bloc opératoire, encore moins d’infirmiers réanimateurs», se désole-t-il.
PRES DE 1 000 MALADES SONT OPERES CHAQUE ANNEE A FANN
Les causes principales des traumatismes crânio-encéphaliques sont les accidents de la circulation. Selon le président de la Ssnc, la décennie passée (2010- 2020) était considérée comme celle de prévention des accidents de la circulation. «Car, il ne passe pas de jour où on ne fait pas part d’accidents successifs survenus et qui responsables de décès patents, parce qu’ils ont été mal pris en charge ou mal assurés. Les accidents sont graves et les malades perdus», explique le neurochirurgien. Hormis les accidents, il y a les agressions qui causent beaucoup de dégâts. Interpellé sur les chiffres, Pr Bodian affirme qu’il serait incapable de dire le nombre de personnes victimes des traumatismes crâniens parce qu’il y a une insuffisance de l’épidémiologie. «Les données sont fragmentées, chaque hôpital a ses données, il n’y a pas d’harmonisation informatique de l’ensemble de ces données». Raison pour laquelle, il exhorte le ministère de la Santé à mettre en place un système de données fiables.