LE SENEGAL TOUJOURS EN ALERTE
La pseudoéphédrine, suspectée de provoquer des troubles neurologiques tels qu’un syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible (SEPR) ou de vasoconstriction cérébrale réversible (SVCR) selon l’Aem, a fait l’objet d’une réévaluation
La pseudoéphédrine, suspectée de provoquer des troubles neurologiques tels qu’un syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible (SEPR) ou de vasoconstriction cérébrale réversible (SVCR) selon l’Agence européenne du médicament, a fait l’objet d’une réévaluation. Au Sénégal, l’Agence de réglementation pharmaceutique (ARP) a, par mesure de précaution, dans un communiqué daté du mois d’octobre dernier, et en attendant les conclusions de l’étude en cours menée par le comité des experts de l’Ema, recommandé d’éviter de prescrire, de conseiller ou d’utiliser les médicaments à base de pseudoéphédrine par voie orale, en cas de rhume, grippe ou d’allergie.
Trois mois après, cette recommandation semble être sans effet. En cette période de fraicheur favorable aux maladies respiratoires, la grippe, le rhume, entre autres, la consommation de ces médicaments à base de pseudoéphédrine s’accentue chez les Sénégalais. Les médecins continuent à faire la prescription, tout comme des pharmaciens, en les recommandant aux patients.
Selon la Directrice générale de l’ARP, Dr Oumou Kalsoum Ndiaye Ndao, ces derniers sont dans leurs droits de prescrire ces médicaments ou de les conseiller car n’ayant pas fait l’objet d’interdiction. «Il n’y avait pas une circulaire sur leur interdiction. On avait juste attiré l’attention des prescripteurs de ralentir la prescription et aux pharmaciens l’orientation de ces médicaments parce que l’Agence française avait décelé des failles sur les produits dérivés de pseudoéphédrine», a-t-elle fait savoir. Et de poursuivre : «je n’ai pas encore la clé juridique qui me permet de dire que ces produits ne doivent plus circuler dans le pays».
Concernant des supposés effets indésirables notés par l’Agence française du médicament, la Directrice générale de l’ARP a fait savoir qu’«au Sénégal, il n’y a pas, pour le moment, une incrimination du produit. A cet effet, nous ne pouvons pas les retirer. Nous attendons le retour de cette étude réalisée par la France qui va nous édifier si ces produits seront retirés ou laissés libres. On n’a pas encore de retour de l’Agence française qui avait soulevé le problème et, à notre niveau, nous n’avons pas de défaut de qualité du produit». Dr Oumou Kalsoum a aussi avancé que «tant que les prestataires jugent la prescription de ces médicaments nécessaire, l’ARP n’y peut rien. Pour retirer un produit, il faut des effets indésirables sur la qualité. Et nous ne les avons pas».
Rappelons qu’au mois de décembre dernier, l’Agence de sécurité du médicament des produits de santé de la France a renouvelé la recommandation exprimée en octobre 2023, avec les représentants des professionnels de santé français, médecins et pharmaciens, de ne pas utiliser les formes orales des médicaments vasoconstricteurs pour soulager les symptômes du rhume, une rhinopharyngite bénigne d’origine virale qui guérit spontanément en 7 à 10 jours. Une sortie faite à l’issue de l’évaluation menée, à leur demande, par le comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA), sur les nouvelles données de sécurité relatives aux vasoconstricteurs sous forme orale (pseudoéphédrine).