LES HÉMOPHILES RÉCLAMENT L’ACCÈS AUX MÉDICAMENTS
A l’heure actuelle, 340 cas d’hémophiles ont été recensés au Sénégal alors qu’on devrait s’attendre à 1 700 cas.
La Journée mondiale de lutte contre l’hémophilie a été célébrée avant-hier au Centre national de transfusion sanguine (Cnts). L’objectif de cette journée est de faire connaître la maladie, mais d’aussi avoir un meilleur accès aux médicaments pour arrêter les saignements. A l’heure actuelle, 340 cas d’hémophiles ont été recensés au Sénégal alors qu’on devrait s’attendre à 1 700 cas.
C’est une maladie dont la personne qui en est atteinte manque de protéines qui sont très importantes pour permettre au sang de coaguler. S’il n’y a pas ces nutriments, avec une petite blessure du patient, cela peut entraîner des saignements de 24 à 48h alors que chez un sujet normal, le caillot se forme très vite. L’hémophilie est une maladie liée au saignement et à l’hémorragie. Président de l’association sénégalaise de l’hémophilie, Abdoulaye Loum indique que la première difficulté que rencontrent les personnes souffrant de cette maladie est l’accès aux médicaments destinés à arrêter le saignement. «Nous voulons une prise en charge gratuite et complète de ces médicaments par le gouvernement afin qu’ils soient disponibles dans tout le pays», plaide Monsieur Loum. Outre l’indisponibilité des médicaments, il y a le problème de la prise en charge qui se révèle coûteuse. «Le traitement est très coûteux. Plus on a du poids, plus le patient doit prendre les médicaments. Donc pour un enfant de 22 kilos, les injections peuvent aller jusqu’à 340 ou 350.000 Fcfa. Il peut prendre ces injections 2 à 3 fois par semaine. Et cela ne garantit pas aussi l’arrêt du saignement», regrette-t-il.
Directeur du Centre national de transfusion sanguine (Cnts), Pr Saliou Diop révèle qu’il y a une insuffisance du nombre de cas diagnostiqués. «Dans un pays comme le Sénégal, on devrait s’attendre à 1.700 cas d’hémophiles, mais quand on regarde notre registre, il n’y a que 340 cas répertoriés. Cela veut dire qu’il y a beaucoup de cas d’hémophilies qui sont traités soit pour autre chose, soit parce qu’ils ne sont pas diagnostiqués ou parce qu’ils décèdent avant même d’être diagnostiqués», indique-t-il.
Face à cette situation, Abdoulaye Loum souhaite que le corps médical soit mieux sensibilisé sur l’existence de cette maladie, mais aussi qu’il sensibilise les populations pour que le réflexe, devant tout enfant qui saigne de façon anormale, soit de l’amener à l’hôpital pour des analyses sur l’hémophilie. «Nous faisons face aussi à un problème de l’accessibilité au traitement. Il est vrai que nous avons une carte des lieux d’habitation de tous nos patients ; cela est facile pour ceux qui vivent dans les grandes villes, mais plus difficiles encore pour ceux qui habitent dans les localités éloignées du pays. Malheureusement, il y a des difficultés pour que les médicaments soient disponibles dans le milieu rural, 24h sur 24 et pendant toute l’année», se désole-t-il avant d’expliquer : «Dès le jeune âge, l’enfant peut avoir des enflements ou des saignements, surtout au niveau des articulations. Et si le patient n’est pas diagnostiqué, surtout lors de la circoncision chez les garçons, les saignements se prolongent et beaucoup d’entre eux meurent avant qu’on reconnaisse que c’était de l’hémophilie».