SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
25 novembre 2024
Développement
par Moussa Tine
DU CLAIR-OBSCUR DANS LE DÉBAT SUR LA DPG
La déclaration annoncée du Premier ministre devant un jury populaire n’aura aucune espèce de valeur juridique. Lorsque le règlement intérieur est irrégulier, il faut le mettre de côté et appliquer la Constitution qui lui est supérieure
Les gouvernants ne sauraient se confondre aux institutions. Ces dernières dépassent de loin les personnes qui les incarnent le temps d’un mandat. Le Sénégal, après ce qu'il a vécu comme morts, amputés et autres sacrifices décomptés dans le sillage de la défense de l'État de droit, ne mérite pas ce piètre et décevant débat autour de la déclaration de politique générale.
Il est certainement vrai qu'on peut trouver des précédents similaires aux conflits de personnes que nous vivons présentement. Mais, ceux qui nous dirigent n'ont pas le droit de faire comme ceux qu'ils ont remplacés. Des dizaines de Sénégalais sont morts pour les mettre à leurs places et pour que plus jamais certaines pratiques n'aient plus droit de cité dans notre pays.
Gardien de la Constitution et « garant du fonctionnement régulier des institutions », le président de la République est le principal interpelé dans la situation actuelle de crise institutionnelle que nous vivons et que nous peinons à traverser.
La déclaration annoncée du Premier ministre devant un jury populaire n’aura aucune espèce de valeur juridique puisque dans un système représentatif et selon la constitution:
• « L’assemblée représentative de la République du Sénégal porte le nom d’Assemblée nationale. (…) ;
• Les membres de l’Assemblée nationale porte le titre de députés. » ;
• La Constitution est la norme suprême et c’est le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui lui est inféodé et non l’inverse.
La position défendue par le Premier ministre est, sous ce rapport, sans fondement et par conséquent très dangereuse.
Au demeurant, envisager la non-tenue d’une déclaration de politique générale devant l’Assemblée en raison du fait que le règlement intérieur ne fait pas état du Premier ministre revient à renvoyer la Constitution en arrière-plan avec des conséquences tout aussi désastreuses. Dès lors, il faudrait également considérer que puisque le règlement intérieur ne mentionne pas le droit de dissolution, le président de la République ne peut dissoudre l’Assemblée, alors que la Constitution lui en donne droit comme elle prévoit en son article 55 l’opportunité pour le Premier ministre de faire sa déclaration de politique générale et de faire connaître les grandes orientations et les chantiers du gouvernement.
Dans cette fausse logique, le gouvernement ne pourrait pas alors présenter le budget de l’État avec les crédits alloués au chef du gouvernement.
En vérité, seule l’Assemblée nationale vote la loi ; il n’existe autrement que les ordonnances possibles sur habilitation du Parlement et selon des modalités et des délais précis. Dès lors, il n’est possible de gouverner par ordonnance que sur autorisation votée par l’Assemblée nationale.
À vrai dire, le Premier ministre aurait pu se limiter à invoquer l’inexistence de délai contraignant encadrant la déclaration de politique générale pour se dérober sine die. Dans ce cas, il ne serait pas possible de lui adresser juridiquement des reproches. Pour cette raison, son argument constitue un jet de pierres qui va forcément lui revenir en pleine figure.
Selon la Constitution et même la constante jurisprudence du Conseil constitutionnel, notamment celle relative à la fixation de la fin du mandat du président de la République, les deux premières années de la législature prennent fin en septembre et non en juillet. Le Conseil constitutionnel calcule les cinq ans de mandat présidentiel en tenant, non pas la date de l’élection définitive marquée par la décision du Conseil de la proclamation les résultats, mais plutôt la date de l’installation du président élu matérialisée par le jour de la prestation de serment. L’Assemblée ne peut alors être dissoute qu’en septembre. Le gouvernement aura en outre besoin de l’Assemblée pour voter la Loi de finances de l’exercice 2025.
Au rebours, sans l’accord du président de la République, les députés ne peuvent réviser la Constitution pour supprimer le droit de dissolution que par voie référendaire. En effet, ils peuvent prendre l’initiative de la révision et l’adopter, mais le président de la République détient, à lui seul, le pouvoir de faire approuver la révision par voie parlementaire à la majorité des trois cinquièmes. C’est dire que le dialogue s’impose. En effet, il devra être politique et institutionnel.
Tout compte fait, le régime actuel vient de donner un coup de pouce inespéré à la coalition sortant, lui offrant du coup une nouvelle légitimité de combat politique. Lorsque le règlement intérieur est irrégulier, il faut le mettre de côté et appliquer la Constitution qui lui est supérieure. En tout état de cause, ceci ne peut servir de prétexte permettant de violer la Constitution.
Autrement dit, l'absence de délai ne rend pas inapplicable la Constitution. Le délai de trois mois n'a, en l'espèce, aucune forme d'importance particulière.
D’ailleurs, au contraire de ce qui se dit, la régularité de délais dans le règlement intérieur en 2002 avait pu être analysée comme une violation de la Constitution. En rajoutant des délais que le constituant n'a pas prévus, il a été considéré que le législateur de 2002 violait le principe de la hiérarchie des normes juridiques. À ce titre, il serait intéressant de revoir les débats dans la presse entre novembre et décembre 2002.
Par ailleurs, jusqu'en 2002, cette disposition du règlement intérieur n'existait pas. Pourtant, les Premiers ministres précédents avaient tous pu sacrifier à l'obligation constitutionnelle d'exposer devant la représentation nationale les grandes lignes de la politique qu'ils entendaient mettre en œuvre. Il apparaît donc que les dispositions de l’article 55 de la constitution se suffisent à elles pour organiser la déclaration de politique générale du Premier ministre.
Le règlement intérieur de l'Assemblée nationale n'est pas faux, il a été adopté comme une loi organique et promulgué. Il existe par contre un faux règlement intérieur en circulation. Et, il est étrange de se conformer comme s’il était impossible d’adopter un nouveau règlement intérieur correctif en moins d’une semaine.
PAR Francis Laloupo
SÉNÉGAL-AES, LE GRAND MALENTENDU
Les thuriféraires des putschistes projettent des anathèmes sur le pouvoir sénégalais, accusé d’avoir « tourné le dos à ses engagements ». Un fossé idéologique sépare désormais Dakar des juntes prônant la "souveraineté" au détriment de la démocratie
Les propagandistes des juntes du Sahel ne décolèrent pas. Eux qui avaient tant misé sur l’adhésion du Sénégal à l’Alliance des Etats du Sahel (AES, Mali, Burkina Faso, Niger), à l’issue de la crise qui a opposé durant plusieurs mois le président sénégalais Macky Sall aux mouvements de contestation. Au cœur de cette crise, le bras-de-fer entre le régime de Macky Sall et le parti dissous Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), dirigé par Ousmane Sonko. Les discours « de rupture » de ce dernier avaient, entre-temps, tissé des liens d’affinités avec les néo-panafricanistes, fervents propagandistes des régimes issus de putschs dans le Sahel. Dans sa marche pour la conquête dupouvoir, le Pastef n’a pas dédaigné compter sur ces soutiens pour relayer son combat auprès des opinions. Quitte à assumer des soupçons d’accointances avec des puissances étrangères – Russie en tête - peu enclines à favoriser l’expansion des principes démocratiques auxquels le Pastef n’a jamais cessé de se référer. Les officiers du néo-panafricanisme professionnelétaient devenus d’exubérants exégètes du projet du Pastef, convaincus que le Sénégal allait bientôt rejoindre le club des régimes prétendument « souverainistes » qui ont émergé à la faveur de coups d’Etat militaires depuis 2020 en Afrique de l’Ouest.
« Préserver l’héritage de la Cédéao »
Ainsi, au plus fort de la crise sénégalaise, ces « amis » du Pastef en étaient arrivés à souhaiter un coup d’Etat au Sénégal. Formule idéale, selon eux, pour parachever la logique d’une inclusion de ce pays dans l’AES. Pourtant, les Sénégalais n’ont eu de cesse d’exclure une telle hypothèse, en rappelant le « caractère républicain » de leur armée dans un pays qui n’a jamais connu de coup d’Etat. Au bout de la crise sénégalaise, le 24 mars dernier, des élections libres et transparentes ont porté au pouvoir l’une des principales figures du Pastef, Bassirou Diomaye Faye. A ses côtés, Ousmane Sonko, leader du mouvement, nommé Premier ministre. Cette démonstration de vitalité démocratique marque alors une profonde incompatibilité entre la culture politique sénégalaise et les schémas prônés par les pyromanes néo-panafricanistes.
Toutefois, ces derniers exigent de l’exécutifsénégalais de satisfaire sans délai à leurs attentes, à savoir une « rupture avec la France et l’Occident », le retrait du Sénégal de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) à l’instar des trois régimes de l’AES, l’abolition immédiate du Franc Cfa… Mais, très vite, les actes posés et la parole publique dunouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, vont provoquer l’ire de ces autoproclamés « souverainistes » qui ont fait de l’AES leur sanctuaire. Tout en rappelant à ceux qui ne le sauraient pas qu’il est un «panafricaniste de gauche», le jeune président sénégalais – 44 ans - exalte les vertus de la démocratie qu’il souhaite «renforcer». Un propos aux antipodes du bréviaire des régimes militaires de la région qui se sont lancés, avec leurs affidés, dans une véritable croisade contre la démocratie. Le président sénégalais affirme l’attachement de son pays aux « objectifs de l’intégration régionale », en promettant de « travailler au retour au sein de la Cédéao » des pays de l’AES. De quoi déclencher une crise d’urticaire aigüe chez les activistes pour qui panafricanisme semble rimer avec désintégration régionale. Le malentendu sur le concept de panafricanisme devient manifeste, entre les leaders du Pastef et les tonitruants adeptes de l’AES.
S’il ne renonce pas au projet de « quitter » le franc CFA, le pouvoir sénégalais explique que cela se fera en liaison avec les partenaires concernés de la région et selon un calendrier raisonnable. L’important étant d’œuvrer à «un Sénégal juste et prospère dans une Afrique en progrès», il faut «rééquilibrer les partenariats internationaux dans un sens gagnant-gagnant». Lors d’une visite, le 30 mai dernier au Mali puis au Burkina Faso, Bassirou Diomaye Faye enfonce le clou en insistant auprès des deux dirigeants putschistes, Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, sur la nécessité de «préserver l'héritage de la Cédéao». Des propos qui s’accordent peu avec l’agenda des juntes de l’AES qui ont choisi de se retirer de la Cédéao afin de se maintenir indéfiniment au pouvoir.
Confrontation de deux systèmes de valeurs
Pour les prédicateurs AESiens qui s’attendaient à une « rupture » théâtrale avec la France, la visite de Bassirou Diomaye Faye à Paris – son premier déplacement hors du continent depuis son élection – aura été un acte d’ultime « renoncement ». Depuis, les réseaux sociaux s’enflamment, et les thuriféraires des régimes putschistes projettent des monceaux d’anathèmes sur le pouvoir sénégalais, accusé d’avoir « tourné le dos à ses engagements » Cependant, dans l’entourage du dirigeant sénégalais, certains tiennent à rappeler que leur pays a su conforter, au fil des décennies, les contours d’une diplomatie sophistiquée. Pour eux, la « souveraineté » s’affirme aussi par une gestion maîtrisée de la diversification des partenariats, pour les intérêts bien compris du Sénégal. Une « tradition » que compte bien renforcer le nouveau pouvoir. En réaction aux charges haineuses sur les réseaux sociaux, des groupes de Sénégalais se sont constitués pour défendre leurs dirigeants et leur pays, et rétorquer que le Sénégal n’a jamais contracté le moindre engagement avec les pays de l’AES. Entre des ressortissants et alliés de l’AES et des cyberactivistes sénégalais, la violence verbale, assortie de menaces physiques, atteint un seuil critique.
Dans cette même temporalité, une manifestation a été organisée à Dakar, le 21 juin dernier par la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH) et Amnesty International. Une démonstration de solidarité avec les victimesdes atteintes aux libertés d’expression et de la presse au Burkina Faso. En réponse, une contre-manifestation « de protestation » s’est tenue quelques jours plus tard devant l’ambassade du Sénégal à Ouagadougou, à l’initiative des membres de la Coordination nationale des associations de la veille citoyenne du Burkina Faso (soutien de la junte burkinabé). Des faits symptomatiques du climat qui règne entre ces deux pays.
Le malentendu entre les nouveaux dirigeants sénégalais et leurs pourfendeurs apparaît comme une confrontation entre deux systèmes de valeurs. Entre un Sénégal plus que jamais attaché à son système démocratique, et des régimes qui s’appliquent, avec leurs relais, à diaboliser cette démocratie. Le décalage entre les actes posés par l’actuel pouvoir sénégalais et les attentes decertains de ses alliés putatifs du temps où le Pastef faisait feu de tout bois pour conquérir le pouvoir, traduit la réalité d’un malentendu initial. Pour qui connaît le Sénégal et les dynamiques à l’œuvre sur son échiquier politique, il était difficile d’imaginer qu’un pouvoir issu des urnes allait,dans un élan exclusif, bouleverser tous les équilibres existants. Le président Diomaye Faye qui n’a pas le profil d’un boutefeu, ne saurait faire fi de l’architecture des forces plurielles qui structurent la vie politique de son pays, l’ensemble des facteurs constitutifs de son élection et l’évaluation des priorités nationales… Dans ce contexte national spécifique, il s’attelle, avec son entourage, à trouver le juste équilibre entre une gestion orthodoxe du pouvoir d’Etat etune fidélité relative aux promesses préélectorales.Une manière, en somme, de renouer avec les vertus et les contraintes de la politique. Aux Sénégalais, et à eux d’abord, d’en juger.
LA CORDE RAIDE DE DIOMAYE FAYE
En promettant plus de souveraineté économiques, le président a suscité de grands espoirs. Mais la réalité est plus complexe, avec des partenaires attachés à la stabilité et une opposition parlementaire. Il s'engage de fait, dans un numéro d'équilibriste
(SenePlus) - Depuis son investiture le 2 avril dernier, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye se lance dans un exercice délicat : tenir les promesses de changement faites aux Sénégalais tout en ménageant les partenaires internationaux du pays. Élu sur un programme de réformes économiques audacieuses, il suscite à la fois l'espoir de voir le statu quo politique et économique voler en éclats, mais aussi la méfiance quant à sa capacité à concrétiser son ambition dans un contexte contraignant.
Comme le rapportait récemment l'analyse du magazine Afrique XXI, Diomaye Faye a fait de l'indépendance économique du Sénégal l'un de ses chevaux de bataille. Il envisage notamment de remplacer le franc CFA, symbole selon lui de la dépendance vis-à-vis de la France, par une monnaie nationale ou commune avec la CEDEAO. S'il est salué par des économistes comme Kako Nubukpo qui y voient "une très bonne nouvelle", d'autres à l'instar de Magaye Gaye mettent en garde contre les risques pour la stabilité financière. Ndongo Samba Sylla plaide lui pour des "monnaies nationales souveraines".
Le nouveau président mise également sur le secteur agricole afin de réduire la dépendance alimentaire, objectif déjà recherché par ses prédécesseurs. Il s'engage à promouvoir une "Doctrine de souveraineté alimentaire" grâce à des investissements massifs. Pour Magaye Gaye, l'économie sénégalaise est malade et extravertie, souffrant de nombreuses tares depuis les indépendances.
Sur le plan énergétique, Diomaye Faye promet transparence et redistribution équitable des richesses issues de l'exploitation du pétrole et du gaz. Il a ordonné un audit des contrats dans ces secteurs afin de garantir le respect des intérêts nationaux. Le premier projet pétrolier offshore a démarré début juin.
Cependant, le nouveau président est confronté à de multiples obstacles pour tenir ses promesses. Sur le plan international, il doit composer avec les exigences du FMI qui recommande de rationnaliser les dépenses, et avec la Banque mondiale qui insiste sur la stabilité macroéconomique. Face aux partenaires commerciaux comme la France ou la Chine, il se doit d'être pragmatique. Sur le plan interne, sans majorité parlementaire, ses réformes risquent d'être entravées.
Pris en étau, Diomaye Faye entame un savant jeu d'équilibriste pour réconcilier aspirations populaires et contraintes structurelles. Ses premières décisions seront déterminantes pour maintenir la confiance, aussi bien des Sénégalais désireux de changement que des bailleurs soucieux de stabilité. Un exercice périlleux au regard des espoirs suscités et des obstacles sur sa route. L'avenir dira s'il parvient à tenir la promesse d'un "changement systémique".
Par Madiambal DIAGNE
QUI SONKO RESPECTE-T-IL ?
Le Premier ministre avait pourtant annoncé la couleur, déclarant urbi et orbi, qu’il n’a « pas de compte à rendre ni aux journalistes ni aux hommes politiques »
Ousmane Sonko avait pourtant annoncé la couleur, déclarant urbi et orbi, qu’il n’a «pas de compte à rendre ni aux journalistes ni aux hommes politiques». Nous lui avions souligné, que «c’est gouverner par l’arrogance». Ce ne devait donc guère être une surprise, qu’il refuse de se rendre devant les députés pour une Déclaration de politique générale (Dpg). Seulement, il avait annoncé en Conseil des ministres, le 5 juin 2024, se préparer à cet exercice. D’ailleurs, avait-il déjà adressé une circulaire, en date du 16 mai 2024, pour intimer l’ordre aux membres de son gouvernement de lui faire parvenir, au plus tard le 24 mai 2024, leurs contributions au document qui servira de base à cet exercice. Finalement, le Premier ministre a trouvé l’alibi le plus farfelu, pour ne pas aller devant l’Assemblée nationale, une formalité institutionnelle prévue par l’article 55 de la Constitution.
Le «faux» n’est pas de l’Assemblée nationale mais du Premier ministre qui veut la substituer par un cénacle qu’il se choisit.
En intelligence avec le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (Yaw), il a trouvé le prétexte que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale serait imparfait. Il feint d’oublier que, quelles que pourraient être les imperfections du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la hiérarchie des normes juridiques met le texte constitutionnel au-dessus de la Loi organique portant règlement intérieur. Tout étudiant de première année de sciences juridiques sait cela. Ne pas satisfaire à cette Dpg est une violation effective de la Constitution. Comble de désinvolture ou de grossièreté, Ousmane Sonko a préconisé faire une Dpg devant un jury qu’il aura sélectionné. Substituer un cénacle choisi par un Premier ministre aux députés élus par le Peuple, n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État institutionnel. Il assure pouvoir trouver «des personnalités de meilleure qualité que ces actuels députés». Guy Marius Sagna appréciera. Toutes choses égales par ailleurs, ce serait comme si le président de la République s’installait sans prêter le serment constitutionnel ou qu’il le prêterait devant l’Imam du quartier et ses «naïms» et muezzins, en lieu et place du Conseil constitutionnel. Et les députés de Yaw sont si incohérents qu’ils cautionnent le refus d’une Dpg devant cette Assemblée nationale et continuent pourtant de participer aux travaux de cette institution. Ils oublient aussi que sur la base du même règlement intérieur, le Premier ministre Amadou Ba avait effectué une Dpg, à l’issue de laquelle, ce même groupe parlementaire, dirigé par Birame Souleye Diop, avait déposé une motion de censure qui avait été examinée, le 15 décembre 2024. La Dpg est un acte si important dans le fonctionnement régulier des institutions, qu’elle constitue une bonne occasion pour le gouvernement de renforcer sa légitimité devant la représentation nationale, par le truchement d’une demande d’un vote de confiance. De même que l’opposition aura la latitude de déposer une motion de censure. Ousmane Sonko avait la frousse d’aller vers les députés et pour cause. Cet exercice est sérieux et ne saurait être fait dans le dilettantisme. Le Premier ministre est désarmé, d’autant que le fameux Projet qu’il avait vendu aux électeurs se révèle être une chimère. Il n’est pas encore en mesure de décliner des axes de son action à la tête du gouvernement ; à moins qu’il ne soit un Premier ministre qui avoue, sans états d’âme, être le continuateur de ce que faisait Macky Sall. Le Premier ministre mesure bien ses limites techniques et sa méconnaissance des dossiers de l’État, pour ne pas pouvoir, dans un feu roulant d’interpellations publiques devant les caméras, tenir la dragée haute sur la marche de l’État.
Le spectre de la motion de censure et de la Var
Il redoutait fort le dépôt d’une motion de censure que préparaient activement les députés de Benno Bokk Yaakaar (Bby). Une majorité devrait être réunie pour censurer le gouvernement. Le Premier ministre Sonko, flairant le coup et n’étant pas trop assuré de sa reconduction, le cas échéant, n’a pas osé courir le risque. Cela révèle, s’il en est encore besoin, que l’homme n’a cure du respect des institutions et de leur fonctionnement régulier. Par ailleurs, qui pouvait croire qu’Ousmane Sonko, irait se mettre devant 165 députés dont une majorité hostile ? Lui qui n’avait pas eu le courage de répondre aux convocations de la petite Adji Sarr qui l’accuse de sévices sexuels ; lui qui a préféré appeler des milliers de jeunes au «Mortal Kombat» pour s’éviter toute confrontation devant la Justice. Qui pouvait croire que, celui qui avait appelé son monde à lui servir de bouclier pour ne pas répondre à un procès en diffamation que lui avait intenté le ministre Mame Mbaye Niang, pouvait aller devant un parlement hostile ? Des dizaines de morts ramassés ! Qui pouvait croire que l’orgueil d’Ousmane Sonko serait fouetté, lui qui avait refusé d’être confronté à Mamadou Mamour Diallo, dans le cadre d’une Commission d‘enquête parlementaire sur l’affaire des accusations de détournements de 94 milliards qu’il avait portées contre l’ancien Directeur des Domaines ? Ousmane Sonko, député de son état, avait lui-même demandé la mise en place de la Commission d‘enquête parlementaire. Pour ensuite se débiner ! Ousmane Sonko, emprisonné durant six mois pour ses appels à l’insurrection, a passé son temps à pleurnicher et à simuler des maladies, des empoisonnements et des hospitalisations. Ses deux épouses ont même volé à son secours pour implorer l’intercession de l’épouse du Président Macky Sall, à qui il n’aura épargné aucune insanité. Pourtant, Bassirou Diomaye Faye a enduré ses 11 mois d’emprisonnement, sans un soupir. Monsieur Sonko avait-il assez de cran pour, après sa sortie de prison, vivre avec Adji Sarr dans le même pays ? Allez savoir s’il n’a pas pris la précaution, dans le «Protocole du Cap Manuel», d’organiser l’exil d’Adji Sarr.
Ousmane Sonko finit par se cacher derrière les députés. Ayib Daffé peut s’autoriser de dire que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale est un «faux» alors qu’il a été élu, il n’y a guère quelques semaines, Président du groupe parlementaire Yaw sur la foi de ce même texte qui n’était pas un «faux» quand il servait à voter une loi d’amnistie en faveur des fauteurs de troubles de Pastef. «Il y a des gens qui observent les règles de l’honneur, comme on observe les étoiles, de très loin» (Victor Hugo).
Gatsa-Gatsa (vulgaire appellation de la loi du Talion en Wolof), retour de boomerang
On n’a eu de cesse de dire qu’Ousmane Sonko n’a pas de retenue et ne sait pas s’arrêter et qu’à «chaque pas que vous reculerez, Ousmane Sonko et ses affidés avanceront de deux pas pour piétiner l’État de droit» (5 juin 2023). Il sera le seul Premier ministre au monde à refuser d’aller devant le Parlement. De guerre lasse, le groupe parlementaire de Bby a décidé de laver l’affront et de quelle manière. Ils ont deux résolutions fatales au gouvernement. C’est déposer une motion de censure et faire adopter une loi enlevant au président de la République, tout pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale. La réponse sera foudroyante car, on peut augurer que la jonction annoncée de Benno avec des députés de Yaw va, à coup sûr, donner aux contempteurs du Premier ministre une majorité suffisante pour faire passer les lois préconisées. L’humiliation pour Ousmane Sonko risque de venir de son propre parti Pastef. Les nombreux députés qui avaient été élus à la faveur du fait que lors des élections législatives de 2022, la liste des candidats titulaires de Yaw avait été annulée, sont conscients de ne pas être investis comme titulaires à de prochaines élections législatives anticipées. Il les trouve illégitimes et ne cesse de snober ces «usurpateurs, députés de Macky Sall». La dissolution était annoncée pour intervenir le plus tôt possible et les députés trouvent alors, en cette crise, une aubaine pour «bétonner» leur mandat. Ils ont donc tout intérêt à participer à toutes actions qui préserveraient leur mandat de député, jusqu’au terme de la législature prévu pour 2027. Pour commencer, le Débat d’orientation budgétaire de ce 29 juin 2024 a été annulé. Ousmane Sonko, par sa bravade ou sa fuite en avant, va se faire hara-kiri et perdre sur tous les tableaux car non seulement il ne pourra pas empêcher la motion de censure mais aussi, il se verra priver de toute possibilité de conquérir une nouvelle majorité parlementaire dans le court terme. Il s’y ajoute que dans un tel contexte de crise politique, il apparaît aux yeux de tout le monde comme étant le facteur provocateur de la crise par son attitude et que le président Bassirou Diomaye Faye serait enclin à ne pas le reconduire en cas de censure du gouvernement. On comprend dès lors, qu’il ait béni la médiation entreprise par des personnalités de la Société civile, pour tenter d’apaiser la crise politique. Le chef de l’État risque de finir par se sentir obligé de se séparer du Premier ministre, à moins qu’il ne choisisse de vivre et de mourir avec lui. Au demeurant, il est «le garant du fonctionnement régulier des institutions».
«Serigne ngundu», l’offense suprême du Premier ministre au chef de l’État
Que peut-on encore apprendre du degré d’effronterie et les écarts de langage des hommes politiques, depuis que les leaders de Pastef tiennent les micros ? Opposant, Ousmane Sonko a toujours parlé comme tout le monde l’aurait interdit à ses propres enfants. Si on apprend aux plus jeunes à ne jamais dire de gros mots, il faudrait peut-être lui étendre la consigne. Dans tous les corps sociaux, Ousmane Sonko s’en prenait systématiquement et avec férocité à l’élite la plus représentative. Il ne s’interdit aucun mot de trop. Sans doute qu’il ne pensait pas que ses propres armes lui seront retournées et surtout que la Var permettra de lui faire réentendre ce qu’il a pu dire des autres et qu’il abhorrerait entendre dire de lui-même. Devenu Premier ministre, il ne s’est pas assagi pour autant et la moutarde lui monte au nez. Cela a empiré peut-on dire, car sa position et ses responsabilités au niveau de l’appareil d’État amplifient la gravité de ses déclarations, faits et gestes. Un Premier ministre qui s’est permis, sans aucun égard pour le principe de la séparation des pouvoirs entre l’Exécutif, le pouvoir judiciaire et le Parlement, de rassembler ses partisans sur l’esplanade du Grand Théâtre à Dakar, le 9 juin 2024, pour leur dire sa volonté de « balayer la Justice des mauvais magistrats» et dans son élan, accuser publiquement le Président du Conseil constitutionnel de corruption. Il a commis la gaffe de révéler ses échanges avec le ministre de la Justice sur l’attitude à tenir, quant à des procédures judiciaires concernant des militants de son parti Pastef. Il apparaît inconvenant d’étaler sur la place publique des instructions ou injonctions qu’un Premier ministre donne à son ministre de la justice. Mais le ministre Ousmane Diagne, a le tort de passer pour être crédité d’une certaine respectabilité alors qu’Ousmane Sonko ne saurait souffrir qu’une étoile brille à côté de la sienne. «L’arrogance est l’âme sœur de la bêtise». Un Premier ministre qui s’autorise à juger de la qualité des magistrats et des députés !
Qui n’a pas été embarrassé de voir le Premier ministre, dans des réunions, prêter plus d’attention à son téléphone portable qu’au président de la République ? Plus grave, on l’a entendu parler du Président Faye avec une désinvolture qui frise la ridiculisation ! Ousmane Sonko s’est publiquement payé la tête du Président Bassirou Diomaye Faye, en se gaussant de lui, dans une hilarité générale, lui collant le sobriquet «Serigne ngundu». C’est le nom d’un vulgaire personnage comique dont la décence pousse à taire les travers. Ousmane Sonko a fait cette vacherie, dans le but, dit-il, de montrer une proximité, une relation d‘amitié avec l’homme Bassirou Diomaye Faye. C’est bien méconnaître les postures entre les responsabilités au niveau de l’État et les relations dans la vie sociale. Mais pour ceux qui connaissent l’étymologie du sobriquet «Serigne ngundu», l’affront est répugnant. En effet, le «Serigne ngundu» est, dans les «daaras», ces foyers traditionnels d’enseignement coranique, le précepteur qui est moins instruit que ses disciples ; le maitre coranique gagné par le crétinisme. Si Ousmane Sonko ignorait la portée de ce petit nom, il doit désormais s’en excuser auprès du Président de la république, Bassirou Diomaye Faye, auprès de ses épouses et des enfants du chef de l’État, mais aussi auprès de tout Sénégalais. Il ne saurait être acceptable de traiter de la sorte le premier des Sénégalais. C’est une insulte, une offense. Le Premier ministre se trouve désormais le plus mal placé pour s’offusquer d’une quelconque offense faite au chef de l’État (article 234 du Code pénal) !
LE RASSEMBLEMENT NATIONAL AUX PORTES DU POUVOIR FRANÇAIS
Après une poussée spectaculaire au premier tour, le Rassemblement national se rêve aux commandes d'un gouvernement de cohabitation inédit avec Emmanuel Macron. Jusqu'où ira ce coup de force dans les urnes ?
(SenePlus) - L'extrême droite française "est aux portes du pouvoir" après avoir largement dominé le premier tour des élections législatives historiques de ce dimanche 25 juin. Avec 33,2 à 33,5% des suffrages selon les estimations d'Ipsos et Ifop rapportées par l'AFP, le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella et Marine Le Pen réalise son "meilleur score au premier tour d'un scrutin", devançant nettement le Nouveau Front populaire de la gauche (28,1-28,5%) et le camp d'Emmanuel Macron (21-22,1%).
Dans la foulée, le RN a réclamé une majorité absolue au second tour pour pouvoir gouverner, un scénario inédit depuis 1945. "Il nous faut une majorité absolue", a lancé Marine Le Pen, fer de lance d'un parti qui se voit déjà aux commandes. De son côté, Jordan Bardella, présenté comme le Premier ministre que le RN voudrait nommer, s'est dit prêt à diriger "un gouvernement de cohabitation, respectueux de la Constitution mais intransigeant" sur son projet.
Cette perspective d'une cohabitation inédite entre Emmanuel Macron et un exécutif hostile à l'UE fait des étincelles. "L'extrême droite est aux portes du pouvoir", a alerté le Premier ministre Gabriel Attal repris par l'AFP, appelant à constituer un "large rassemblement démocrate et républicain" pour faire barrage au RN au second tour.
Front républicain érodé
Si ce traditionnel front républicain contre l'extrême droite fait consensus à gauche, il montre des signes d'érosion dans les rangs macronistes. Certaines voix, comme le ministre Roland Lescure, ont plaidé pour voter La France insoumise au besoin pour faire barrage au RN. Une stratégie au cas par cas semble se dessiner.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon a annoncé que ses candidats se retireraient face au RN quand ils arrivent troisièmes. La patronne des écolos Marine Tondelier a elle aussi appelé à "reconstruire un front républicain". Mais les appels se multiplient aussi pour ne pas rééditer cette vieille stratégie. LR notamment a refusé de donner des consignes de vote.
Dans ce contexte de recomposition majeure, un nombre record de triangulaires impliquerait au second tour le RN, la Nupes et la majorité présidentielle. Selon Ipsos, entre 65 et 85 élus pourraient être élus dès le premier tour, dont "plusieurs dizaines" au RN d'après Marine Le Pen.
Craintes et espoirs
Sur le terrain, de nombreux Français ont fait part de leurs inquiétudes pour ce scrutin "aux allures de séisme". "J'aimerais retrouver de la sérénité mais tout a pris une ampleur inquiétante depuis les européennes", témoigne une électrice à Bordeaux. A Rennes comme Lyon, certains commerces ont protégé leurs vitrines par crainte de débordements.
D'autres, au contraire, voient dans ce coup de semonce l'occasion d'un salutaire renouveau démocratique. "Avec cette recomposition politique, on va pouvoir vraiment choisir", espère un électeur dans le Nord.
Quelle que soit l'issue du second tour, cette nouvelle donne pourrait bien marquer un tournant historique pour la classe politique tricolore. "La dissolution a fait des vagues, peut-être un tsunami", résume un cadre macroniste. Un constat partagé, dans l'attente d'un dénouement aussi incertain qu'inédit.
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
DISSIMULATION DE POLÉMIQUE GÉNÉRALE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Projet n’a apparemment pas fait l’objet d’un travail sérieux. Comme en équitation, le Premier ministre exécute un refus d’obstacle, déguisant celui-ci derrière des artifices réglementaires
Le président de la République, son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, se trouve dans une singulière posture de…dauphin.
L’écrivain sénégalais Amadou Lamine Sall lui rappelle pourtant dans une poignante chronique, que, je le cite : « votre peuple est touché par ce que vous incarnez : l’humilité, la politesse, l’écoute, le respect servi à tous, la foi. Ajoutez-y la fermeté et l’autorité. La quête du pouvoir, vous l’avez appris déjà au bout de 90 jours, n’est pas la gestion du pouvoir. Mais vous êtes un président qui tranquillisez et personne ne sait pourquoi ce sentiment nous habite si fort, malgré le doute des uns et l’adhésion du plus grand nombre… Vous avez conquis tous les cœurs des Sénégalais de foi et de mesure. Vous avez montré le chemin. Mais restez vous-même ! ».
C’est au chef de l’Etat de siffler la fin de cette récréation et de ces joutes rhétoriques qu’affectionne le peuple sénégalais dans son goût immodéré de la gaudriole de « Grand’Place », et de mettre ses troupes en ordre de travail et non plus en ordre de bataille.
Ce n’est plus l’heure de justifier l’injustifiable ou plutôt de prendre les Sénégalais pour des perdreaux ou des canards sauvages, qui ne comprennent rien à rien.
Que le Premier ministre Ousmane Sonko, qui avait juré aux citoyens de notre pays que le Pastef avait grâce à 40 000 Sénégalais à travers le monde, rédigé le PROJET, que j’ai pris soin d’écrire en majuscule tant il me semblait impressionnant, et que ce projet, cette fois en minuscules, en fait n’a même pas fait l’objet apparemment d’un travail sérieux qui aurait dû être le cœur battant de sa Déclaration de Politique Générale, et comme en équitation, Monsieur le Premier ministre Ousmane Sonko exécute un refus d’obstacle, déguisant celui-ci derrière des artifices réglementaires que d’autres à sa place avaient su contourner sans bruits et dans la dignité.
On comprend que les foules enivrées par ses propos vindicatifs d’antan, manquent à son ego et à son hubris turbulent de tribun. Le hic est qu’il n’est plus dans l’opposition, il est Premier ministre d’un gouvernement qui a des responsabilités historiques, dont la plus importante est de trouver des solutions aux épineux problèmes auxquels sont confrontés 17 millions de Sénégalais et pas seulement ses deux millions d’électeurs qui ont démocratiquement choisi son PROJET ET SES SOLUTIONS.
Solutions ou diversions ?
Comme dans l’Os de Mor Lam, leur projet n’étant pas encore prêt à déguster par des Sénégalais qu’ils ont séduit avec des vœux pieux et des propos hors-sols et populistes, à mille lieues des réalités de la gouvernance et de la culture républicaine, les hommes qui nous gouvernent ne savent pas exposer leurs décisions réservées au peuple sénégalais et qui engagent le futur de tant de générations, alors, comme à leur habitude, c’est encore une fois la faute aux autres, au système, oubliant qu’à présent, ils ont quitté le confort de l’opposant le 24 mars 2024 et que les Sénégalais les ayant crus, leur ont confiés les rênes du pouvoir. Ils ont dit qu’ils pouvaient ?
Et bien messieurs : « FAITES !!! » … Le mot « POUVOIR » est clair… Il vous permet justement de… POUVOIR.
Et comme vous y oblige la Constitution, il est temps de venir devant la représentation nationale dire aux Sénégalais comment vous allez faire…
Les Sénégalais appellent le gouvernement à se concentrer sur les défis fondamentaux du pays : l'emploi des jeunes, la formation et la relance économique. Ce sont ces questions sociales et économiques qu'il faut attaquer et régler pour remettre ce pays debout.
Nous ne sommes ni la presse que vous menacez, ni les magistrats que vous menacez de vos balais. Nous sommes des citoyens qui attendent avec sérénité, et en responsabilités, que vous déclariez votre PROJET politique, que le respect qu’ils ont pour votre fonction autorise à affubler cette fois-ci de majuscules.
Le règlement intérieur qui sert de petit doigt derrière lequel le Premier ministre se cache pour échapper à ses obligations constitutionnelles, d’autres s’y sont confrontés et n’ont pas refusé l’exercice, et pour le mettre à l’aise, il sera aisé dans un consensus responsable et républicain de l’amender et de le rendre conforme à ses exigences capricieuses. Il suffira de le décider tous ensemble, pour abroger cette loi de 2021 dont Monsieur Sonko se sert de paravent pour masquer l’impréparation de son PROJET majuscule pour des Sénégalais, qu’il a mis eux en minuscules, pour se permettre un tel scénario juste justifié par la crainte d’une censure.
Monsieur Ousmane Sonko s’abrite derrière une loi, certes imparfaite, pour ne pas engager sa responsabilité devant le peuple qui a choisi leur projet en élisant le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, alors qu’il est question en cette circonstance d’éthique et de morale, mais surtout de la liturgie républicaine qui semble lui faire défaut.
Le Premier ministre d’alors, Monsieur Amadou Ba, ne s’était pas réfugié derrière des artifices pour éviter le jugement parlementaire de ses décisions politiques. Il n’ignorait pas l’imperfection de cette loi de 2021, il a préféré la République et ses exigences, plutôt que de se cacher derrière des motifs futiles, qui ne sauraient justifier que l’on ne vienne pas dire aux Sénégalais, comment ils comptent mettre en musiques les partitions populistes hurlées sur des tréteaux de campagne depuis 2014 et soi-disant planifiées par des Sénégalais du monde entier et qui seuls avaient le droit d’avoir une majuscule à leur statut de Patriotes.
Les Sénégalais demandent avec foi dans leurs institutions, que le Premier ministre leur fasse l’honneur de venir servir aux citoyens impatients, en temps et en heure, ce fabuleux PROJET qui de plus en plus a le goût et l’odeur de l’os de Mor Lam.
Serigne Ngundu, de grâce les Sénégalais attendent tellement de votre… POUVOIR…
À DAKAR PLATEAU, SONKO DÉNONCE DES ATTRIBUTIONS ILLÉGALES DE TERRAINS
Selon le Premier ministre, des parcelles allant jusqu'à 5000m2 ont été distribuées à des privés. Il a demandé l'arrêt immédiat de ces malversations et le lancement d'un programme d'aménagement de la plage d’Anse Bernard
Comme annoncé, hier samedi, sur sa page Facebook, le Premier ministre Ousmane Sonko s’est rendu, ce dimanche, à la plage d’Anse Bernard située à Dakar-Plateau. « Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, m’a demandé de venir ici pour parler aux Sénégalais de la situation qui prévaut dans cet endroit symbolique », a-t-il d’emblée déclaré.
Selon lui, « des lotissements ont été faits au mois de novembre dernier et des parcelles de 2500 à 5000 mètres carrés distribuées illégalement à des privés ».
M. Sonko a, en outre, souligné que ce morcellement est opéré sur le Domaine public maritime. Il a, séance tenante, demandé à son ministre de l’Urbanisme de lancer un programme d’urgence d’aménagement de cette plage.
Pour le Premier ministre, depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités étatiques ont pris des mesures courageuses visant à préserver le littoral avec notamment l’arrêt des attributions de terrains, des constructions et la mise en place d’une commission qui est en train de faire un excellent travail.
« Les Sénégalais seront informés des résultats de nos investigations », a ainsi assuré M. Sonko, qui n’a pas manqué de dénoncer des malversations à presque tous les niveaux.
A ce titre, le chef du gouvernement a indiqué que son déplacement à Anse Bernard n’est un prétexte pour rassurer est Sénégalais que tous les biens publics seront remis au peuple.
« Il faut qu’on communique avec les Sénégalais qui ont fait confiance au président Bassirou Diomaye Faye. Dans le cadre de notre programme adossé au « jub Jubal Jubanti », à la souveraineté et au patriotisme, nous avons entamé un travail colossal qui demande une communication pour informer les Sénégalais », a-t-il insisté, annonçant que d’autres « faits graves » vont être dévoilés très bientôt.
Ousmane Sonko a, enfin, rappelé que les corps de contrôle comme l’Inspection générale d’Etat (Ige) et la Cour des comptes sont envoyés dans plusieurs structures.
VIDEO
LE COUP DE GUEULE DE DOUDOU WADE
L'ancien patron des libéraux juge "catastrophiques" les récentes déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko. Il dénonce par ailleurs l'annulation du débat d'orientation budgétaire par le bureau de l'Assemblée nationale
Dans une intervention remarquée ce dimanche sur le plateau de "Point de vue", l'émission phare de la RTS, Doudou Wade, ancien patron des Libéraux du PDS à l'Assemblée nationale, a livré une analyse sans concession de la situation politique actuelle au Sénégal.
Le vétéran de la scène politique sénégalaise n'a pas mâché ses mots, dénonçant avec vigueur l'annulation du débat d'orientation budgétaire par le bureau de l'Assemblée nationale. « C'est une faute grave », a-t-il martelé, estimant que cette décision prive les députés de leur rôle crucial de contrôle.
Wade a également pointé du doigt les tensions croissantes entre l'exécutif et le législatif, appelant à un dialogue urgent pour préserver le bon fonctionnement des institutions. « On ne peut pas mettre nos institutions dans l'informel », a-t-il averti, visant particulièrement les récentes déclarations du Premier ministre qu'il juge « catastrophiques ».
Le député n'a pas épargné son propre camp, abordant sans détour les difficultés internes du PDS. Il a notamment évoqué la controverse entourant les récentes nominations au sein du parti, laissant planer le doute sur l'implication réelle du président Abdoulaye Wade dans ces décisions.
Fidèle à sa réputation d'homme politique expérimenté, Doudou Wade a livré une analyse nuancée des défis auxquels fait face le nouveau gouvernement. Tout en reconnaissant la difficulté de la tâche, il a appelé les nouveaux dirigeants à faire preuve de sérénité et à se concentrer sur les problèmes concrets du pays.
VIDEO
GOUVERNANCE À L'ÉPREUVE DE LA RÉALITÉ
Du bras de fer parlementaire aux contrôles fiscaux musclés, en passant par une communication jugée populiste, rien n'est épargné dans cette radiographie au vitriol des premiers mois du régime Diomaye-Sonko avec Issa Sall et Pierre Ahmed Ba
Dans l'émission dominicale « LR du temps » sur Iradio ce 30 juin 2024, Issa Sall, directeur de publication de l'hebdomadaire « Comment », et Pierre Ahmed Ba, socioanthropologue et expert en intelligence des systèmes complexes, ont dressé un tableau sans concession des premiers mois du nouveau gouvernement sénégalais.
Au cœur des débats, la polémique autour de la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko cristallise les tensions. Son refus de se présenter à l'Assemblée nationale, conditionnant sa lieu à une révision du règlement intérieur, est perçu comme un bras de fer institutionnel inédit. "C'est une situation qui n'aurait jamais dû se poser", affirme Pierre Ahmed Ba, soulignant le risque d'une crise institutionnelle.
Sur le plan économique, les intervenants ont relevé le paradoxe entre l'importante levée de fonds réalisée par le gouvernement sur les marchés internationaux et l'opacité entourant l'utilisation de ces ressources. Issa Sall s'interroge : "Où est l'argent ? Comment sera-t-il utilisé pour répondre aux attentes des Sénégalais ?"
Les relations entre l’État et le secteur privé sont également au centre des préoccupations. La récente vague de contrôles fiscaux est perçue comme une arme de pression potentielle. « On ne peut pas utiliser la fiscalité pour affaiblir les entreprises. C'est l'emploi et l'économie du pays qu'on menace », alerte Pierre Ahmed Ba.
Le style de communication du nouveau régime n'échappe pas aux critiques. Qualifié de « populiste » par les intervenants, il soulève des inquiétudes quant à la maturité politique de l'équipe au pouvoir. « Nous sommes passés d’un mode de gouvernance basé sur le consentement à une forme de coercition sournoise », analyse Issa Sall.
Enfin, les deux experts appellent le gouvernement à se concentrer sur les défis fondamentaux du pays : l'emploi des jeunes, la formation et la relance économique. « Ce sont ces questions sociales et économiques qu'il faut attaquer et régler pour remettre ce pays debout », conclut Pierre Ahmed Ba.
VIDEO
LE MYTHE DE LA PRÉFÉRENCE NATIONALE
La préférence nationale s'est aujourd'hui déplacée vers la question des droits sociaux. Mais l'historien Noiriel prévient : l'instrumentalisation politique de ce concept représente un danger pour la démocratie
La priorité nationale, ou préférence nationale, est au cœur du programme du Rassemblement national de Jordan Bardella et Marine Le Pen. Depuis le milieu des années 1980, le parti d'extrême droite a repris à son compte cette proposition a priori simple : favoriser les Français. Mais cette idée est beaucoup plus ancienne, et remonte en fait aux origines de la République en France. Comment ce principe a-t-il émergé et comment s'est-il trouvé manipulé par l'extrême droite ces dernières décennies ?