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25 novembre 2024
Développement
LES TÉLÉPHONES PORTABLES, ENNEMI PUBLIC NUMÉRO 1 AU BAC
Alors que la règle interdisant strictement les téléphones portables durant les épreuves est clairement énoncée depuis des années, de nombreux candidats continuent d'en défier l'interdiction au mépris des avertissements
Depuis quelques années, les téléphones portables sont formellement interdits dans les salles lors des examens pour lutter contre les risques fraude. Cependant, certains candidats n'arrivent toujours pas à se passer de cet outil de communication le temps de l'examen. Cette année, ils sont plus de 60 candidats au bac exclus pour cause de détention de téléphone portable malgré tous les avertissements.
Décidément, certains candidats au baccalauréat n'ont pas tiré la leçon de ce qui est arrivé à leurs camarades de Kaolack exclus de cet examen pour détention de téléphone portable. Avant-hier, mercredi 3 juillet, cinq candidats ont subi le même sort au centre d'examen du lycée de Médina Yoro Foula dans la région de Kolda. Si une d'entre eux détenait un téléphone portable par de-vers elle dans la salle d'examen, les quatre autres garçons ont été pris avec des documents d'histoire et de géographie pendant l'épreuve correspondante.
Au lycée de Kafountine égale-ment, deux candidates au bac ont été exclues pour détention de téléphone portable à l'occasion de l'examen de baccalauréat. Au centre de Goudomp, 12 candidats ont été empêchés de poursuivre les épreuves du bac. Sans oublier qu'à Dakar au centre d'examen de l'université Amadou Hampâté Ba, 42 candidats ont été ajournés du bac. Tous en raison de la détention de téléphone portable. A Kaolack, le baccalauréat a mal démarré au centre du nouveau lycée où 64 candidats du jury 1506 ont été exclus au motif que des téléphones portables ont été retrouvés dans leurs sacs mardi dernier, premier jour des épreuves écrites du bac. « On a juste appliqué la mesure. Les candidats exclus sont au nombre de 64. Ils vont voir avec la commission disciplinaire de l'Office du Bac », a expliqué le pré sident du jury Ameth Ndiaye.
Et pourtant la règle est claire de puis quelques années : le téléphone portable est formellement interdit dans les centres d'examen pour éviter des cas de fraude. A l'issue d'une réunion consacrée à l'organisation du baccalauréat le 6 juin dernier, le ministre de l'Enseignement supé rieur, de la Recherche et de l'In-novation, Dr Abdourahmane Diouf avait rappelé le règlement.
« Ils (candidats) doivent venir avec beaucoup d’éthique et de moral pour faire leurs examens. Nous rappelons aux futurs bacheliers, aux candidats, aux enseignants et surtout aux parents d’élèves que les candidats ne doivent pas venir faire le bac avec des outils technologiques. Ils ne doivent pas avoir leurs téléphones. Si un candidat qui a bien travaillé toute l’année qui mérite d’avoir le bac, commet cette erreur de venir avec son téléphone portable, il sera exclu. C’est la règlementation et on va l’appliquer sans aucune difficulté. Il faudrait aussi que les élèves aillent récupérer leurs convocations qui sont déjà disponibles », a fait savoir le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Impossible de passer à côté de ces consignes.
Il est même mentionné sur les convocations des candidats que le seul fait de trouver un téléphone portable dans un sac d’un candidat fait l’objet d’une sanction. Il faut dire que ces candidats qui ont enfreint le règlement et exclus du bac, devront faire face à la Commission disciplinaire de l’Office du bac qui verra la possibilité ou non pour eux de faire la session de rattrapage au mois d’octobre prochain.
MBACKÉ DONNE LA LEÇON À TOUBA EN SANTÉ MATERNELLE
La ville sainte nécessite de revoir son message de sensibilisation pour promouvoir les dépistages et les méthodes contraceptives adaptées à ses réalités socioreligieuses
Le district sanitaire de Mbacké connait des indicateurs satisfaisants dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, contrairement à Touba qui empile des difficultés pour s’imposer dans la mise en place de stratégies comme pour la planification familiale. Selon les acteurs rencontrés sur place hier, jeudi 4 juillet 2024, dans le cadre d’une caravane presse, plusieurs facteurs entrent en jeux dont l’aspect religieux et coutumier mais aussi le fort taux d’analphabètes dans cette ville Sainte de Touba.
La caravane sur la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, des adolescents et jeunes (Srmnia), organisée par le Réseau des journalistes en santé, population et développement, en partenariat avec la Direction de la Santé de la mère et de l’enfant (Dsme), était hier, jeudi 4 juillet, dans les localités de Mbacké et Touba. Dans ces deux localités du département de Mbacké, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile connait des disparités. Si le district de Mbacké a pu s’imposer dans cette lutte, ce n’est pas facile pour Touba où la plupart de ces indicateurs restent bas.
Dans cette cité religieuse, fief du Mouridisme, Thioro Faye Mbacké, responsable Santé de la reproduction du district sanitaire de Touba, a fait savoir qu’il y a un retard dans les Consultations prénatales (Cpn) qui doivent passer de quatre à huit séances, durant la période de grossesse. «Nous continuons à enregistrer des retards dans la prise en charge des grossesses. Des femmes arrivent dans nos structures tardivement mais la fréquentation dans les structures de santé est rassurante à Touba», a fait savoir Mme Mbacké. Et d’ajouter : «dans le district de Touba, nous avons une bonne couverture sanitaire. Dans chaque quartier où village, il y a une structure de santé. Au total, il y a 42 structures de santé à Touba dont 29 postes de santé, 6 centres de santé et 3 hôpitaux. Mais, vu le poids démographique de Touba, c’est toujours insuffisant».
Si à Touba les acteurs de la santé, accompagnés des relais communautaires, ont pu relever le taux d’audience dans les structures de santé, ils peinent à le faire dans la planification familiale (Pf) où le taux reste très bas. «Nous avions beaucoup de difficultés liées aux problèmes de compréhension, des rumeurs sur l’utilisation des méthodes de planifications familiale. Nous avons pu relever le gap avec les acteurs communautaires, les relais et les Bajenu Gox. Mais, il y a toujours du chemin à faire. Nous sommes dans une cité religieuse, il faut revoir le discours, les termes et essayer de le contextualiser afin d’amener les familles à y adhérer», a-t-elle avancé.
Pour Mme Mbacké, hormis l’aspect religieux, Touba a un taux élevé d’analphabètes. La majorité de la population fréquente l’école coranique. «Les choses commencent à bouger. Les familles scolarisent leurs enfants et des couples jeunes s’intéressent à ces pratiques de la Pf, qui les permettent non seulement d’avoir une bonne santé mais aussi celle de leurs enfants. Aujourd’hui, j’appelle au renforcement de la sensibilisation avec les acteurs communautaires, les journalistes au niveau local pour qu’on puisse bénéficier des supports de Pf adaptés à nos réalités pour réussir cette stratégie».
Au district sanitaire de Mbacké, Awa Ndiaye, sage-femme responsable de la Santé de la reproduction, fait part de plusieurs avancées. Selon elle, le district de Mbacké est champion dans les acquis au niveau régional. Des avancées qui ont été possibles grâce à l’appui de la Dsme et de la formation continue des sages-femmes et les infirmières dans les questions de la Santé de la reproduction.
Parmi les indicateurs, le district sanitaire de Mbacké, par rapport aux nombres de femmes ayant effectué 4 consultations prénatales entre janvier et mars 2024, se positionne à 42%. Pour le nombre de femmes enceintes qui ont reçu leurs trois doses de comprimés pour la lutte contre le paludisme, il est à 49,92%. Pour celles qui dorment sous moustiquaires imprégnées, à 56,2%. Pour les femmes qui ont été dépistées du VIH et de la syphilis, le taux est de 52,06%.
En ce qui concerne les accouchements assistés par un personnel qualifié, Mbacké est actuellement à 46,2%. S’agissant du nombre d’enfants ayant bénéficié d’un paquet de soins à la naissance, le district est à 53,5%. Pour le nombre d’accouchées ayant été effectuées, les 3 consultations post natales, est en ralenti car nous sommes à 15%. Pour la planification familiale nous sommes à 12%. «Nous avons des défis mais nous sommes en train de faire des efforts. Auparavant, il y avait l’inaccessibilité des autorités religieuses, la rupture des médicaments ; mais ce n’est plus le cas», a avancé Awa Ndiaye.
Les accouchements à domicile, un phénomène rare
De plus en plus les accouchements à domicile se font rares dans les régions. Dans les districts sanitaires de Mbacké et Touba, il y a peu ou presque pas de cas enregistrés par mois. Selon les acteurs de la santé, les accouchements à domicile sont rares, même avec la rétention des données. Pour Touba, ils représentent 0,5% par rapport à toute la population. «Les accouchements à domicile ne sont pas très importants à Touba. Mais notre souhait, c’est d’avoir 100% d’accouchements dans les hôpitaux. Il y a des structures privées qui parviennent à accueillir des accouchements, mais on ne parvient pas à les recenser. C’est pourquoi, nous faisons de la sensibilisation à ces structures privées qui ne sont pas vraiment dans les normes de se conformer. Pour celles qui sont en normes, elles sont enrôlées au niveau des districts où elles travaillent avec les districts,» a renseigné Mme Mbacké.
QUAND LES BOULANGERS OPTENT POUR LA RÉDUFLATION
Alors que la décision gouvernementale visait à alléger le budget des ménages, les boulangers contournent habilement la baisse en réduisant discrètement la masse des baguettes
La baisse du prix de la baguette de pain est certes effective. Toutefois, son poids ne correspond pas au prix indiqué, constatent des consommateurs pour le dénoncer. Pour y remédier, les agents de contrôle sont appelés à faire leur travail pour contrecarrer la «shrinkflation».
Le 24 juin dernier, la baisse des prix des denrées de première nécessité, annoncée par le gouvernement du Sénégal, est entrée en vigueur. Une baisse bien appréciée par les populations qui l’attendaient depuis des mois. Toutefois, le prix de la baguette de pain de 190 grammes, qui est passée de 175 à 150 francs CFA, soit une baisse de 25 francs CFA ne correspond pas à la masse indiquée. Ce procédé de «shrinkflation» ou «réduflation», consistant à réduire la quantité d’un produit sans modifier le prix, est bien constaté par les consommateurs.
Une maman rencontrée à Grand-Dakar, trois baguettes de pain en main s’en désole. «En tant mère de famille, nous saluons les mesures de baisse des denrées de premières nécessité comme le riz, le pain entre autres». Seulement, «nous constatons une baisse de grammes sur la baguette la plus commercialisée, celle de 190 grammes dont le prix est ramené de 175 à 150 francs CFA».
Sa copine, Ndèye Awa Ndiaye, de renchérir : «moi-même, j’ai fait cette remarque». Avant ces nouvelles mesures, «5 baguettes par jour pour le petit-déjeuner suffisaient largement pour 7 adultes et 3 enfants de ma famille». Maintenant, «il me faut rajouter une baguette de plus parce que une seule baguette ne suffit pas pour les trois enfants, contrairement à avant», a-t-elle dénoncé. Pis, «nous les adultes, pouvons manger chacun une baguette entière, sans problème. Ce qui n’était pas possible avant», regrette-t-elle.
Non loin d’elle, Moussa Diop, menuisier de son état, conforte Ndèye Awa Ndiaye. «Dans notre atelier, 4 baguettes suffisaient pour notre petit-déjeuner ; soit une baguette pour deux personnes. Maintenant, cela n’est plus possible. D’ailleurs, notre patron nous chahute tous les matins, en disant : ‘’vous êtes des gourmands’’».
Le boulanger Lamine de confirmer la diminution du poids. «Je confirme cette baisse pouvant aller de 4 à 5 centimètres sur la baguette. Et, c’est fait sciemment parce qu’ils savent que cette baisse du prix de la farine ne les arrangent pas. Mais, pour ne pas devoir être là à se cogner avec les autorités, ils ont préféré jouer sur la masse».
Les corps de contrôle appelés à faire leur job
En toute vraisemblance «la perception du consommateur est de mise», admet le vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN), Momar Cissé. Du point de vue économique, dira-t-il, «lorsqu’une maman ou un père de famille arrive à faire un bénéfice de 100 francs CFA sur 4 baguettes par jour, pour se retrouver avec des économies de 3000 francs CFA à la fin du mois, logiquement, il ne tient pas en compte du poids de la baguette. Puisqu’il ou qu’elle raisonne en terme de dépense», explique le consumériste.
Cependant, relève-t-il, «c’est aux agents de contrôle de l’Etat (ministère du Commerce) d’assurer pleinement l’effectivité de la mesure, tant du point de vue prix que du poids». Momar Cissé ne s’en limite pas là. A l’en croire, les discussions avec les meuniers doivent nécessairement se poursuivre, pour stabiliser les prix. Pour y arriver, «il faut que le gouvernement et les meuniers s’accordent sur les points de divergence», conseille-t-il.
Va-t-on connaitre une enième baisse sans effet ?
Désormais, en lieu et place d’une baisse effective, l’on assiste à une ruse, consistant à diminuer le poids initial de la baguette et la vendre au prix homologué, entretenue par des boulangers pour ne pas se mettre à dos le gouvernement qui a déjà montré sa fermeté face à la réticence des meuniers à s’aligner à sa décision. Ce qui rappelle sans doute le procédé de contournement des bailleurs (résilier les contrats des occupants pour augmenter en accueillant de nouveaux locataires), suite à l’effectivité de la mesure de baisse des prix du loyer.
En effet, en 2014, une loi portant baisse des prix du loyer avait été votée à l’Assemblée nationale, pour alléger les charges des locataires. Cette loi qui était censée faire baisser obligatoirement le coût du loyer de 29% au maximum sur les loyers inférieurs à 150.000 francs CFA, de 4% sur les loyers supérieurs à 500.000 francs CFA et de 14% sur les loyers compris entre 150.000 et 500.000 francs CFA, n’a pas produit les effets escomptés. En novembre 2022, le gouvernement sénégalais est revenu sur cette mesure, en adoptant cette fois-ci, à la place d’une loi, un décret en Conseil présidentiel du 23 février 2023 pour réguler les prix du loyer. Aujourd’hui, toutes ces mesures n’ont rien servi aux locataires qui continuent de trimer, faute d’une volonté politique réelle.
DONNE SON FEU VERT À LA MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS POUR LA MODERNISATION DE LA JUSTICE
Allant de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature à l'instauration d'un juge des libertés, en passant par l'africanisation des symboles ou la refonte des codes pénal et de procédure, les propositions présentées ouvrent la voie à une refondation
A part les réformes qui méritent une prise en charge financière et la conciliation nécessaire sur le retrait de l’Exécutif du Conseil Supérieur de la magistrature (CSM), le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, est d’accord pour que toutes les recommandations issues du Dialogue nationale sur Réforme et la Modernisation de la justice soient appliquées.
«L’exigence de réforme et de modernisation est largement mise en exergue dans les travaux. Cela conforte notre souhait d’adapter notre cadre juridique, en corrigeant ses imperfections et ses lacunes», a dit le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui s’engage d’ores et déjà à appliquer toutes les recommandations des assises de la justice. «Les réformes sur le Conseil supérieur de la magistrature, l’ouverture des professions libérales, la mise aux normes des lieux de détention, l’africanisation des symboles de la justice, l’encadrement des pratiques illégales comme le retour de parquet, la refonte du Code pénal et du Code de procédure pénale afin d’en extraire les dispositions abusives et arbitraires seront au cœur de mes préoccupations». Il est aussi prévu, «l’amélioration du service de l’Administration pénitentiaire à travers l’amélioration des conditions de détention et la restauration de la dignité des détenus».
Le Chef de l’Etat annonce aussi que «la rupture sera également opérée par la création de nouvelles institutions comme la Haute autorité de la justice, la Cour constitutionnelle ainsi que l’instauration d’un Juge des libertés et de la détention». En prenant tous ces engagements, Bassirou Diomaye Diakhar Faye reste convaincu que, «l’heure des transformations systémiques de notre justice a sonné et qu’il est impératif de donner un contenu clair à ces différentes propositions afin de rétablir la relation de confiance et de respect mutuels entre la justice et les justiciables ». Dès lors, selon lui, «toutes les réformes qui n’ont pas d’incidence financière sur lesquelles les acteurs se sont accordés lors des assises de la justice, on peut dès demain voir les voies et moyens pour les matérialiser».
Le président de la République ne doute pas de l’importance du Dialogue national sur la justice. «Les assises ont contribué, assurément, à réconcilier le pays avec ses traditions lointaines de délibérations collectives et de concertations citoyennes. L’idéal de la Justice ne saurait être une œuvre achevée. La Justice doit toujours être arrimée à l’évolution du temps ; elle doit toujours être questionnée, critiquée, renouvelée et refondée. Un État de droit ne se résume pas seulement à l’existence d’Institutions. L’État de droit exige, en outre, un renouvellement permanent, une refondation et des réformes systémiques lorsque les Institutions, à l’image de la Justice, souffrent de maux qui en affectent la crédibilité».
«Le système politique, le système de rémunération, etc.» feront l’objet d’Assises
Après la justice, l’Etat s’attaquera à d’autres problématiques. «Des assisses seront menées dans d’autres domaines notamment le système politique, le système de rémunération, etc.» Pour Bassirou Diomaye Faye, «il est temps que l’on s’arrête pour voir si la façon de procéder depuis 1960 jusqu’à présent mérite d’être changée ou pas. Le peuple sénégalais peut, dans le futur, sentir le besoin de changer toutes ces réformes engagées parce que les objectifs visés n’ont pas été atteints et les changer dans le cadre d’une démarche inclusive, constructive et consciencieux».
L'ONDE DE CHOC DU RN VU DE DAKAR
Alors que le parti de Marine Le Pen pourrait accéder au pouvoir, la diaspora française et les binationaux redoutent un avenir incertain pour les liens entre les deux nations. Entre inquiétudes économiques et peurs sociétales, les réactions fusent
(SenePlus) - La percée historique du Rassemblement national, parti d'extrême droite présidé par Marine Le Pen, au premier tour des élections législatives françaises du mois de juin suscite inquiétudes et interrogations au Sénégal. Selon un reportage du Point Afrique, les résultats obtenus par le RN sont largement commentés dans le pays, tant par les résidents français que par les nombreux binationaux franco-sénégalais.
"Le RN court depuis des années derrière le pouvoir mais je ne suis pas certaine qu'ils gagneront", estime Adji, une commerçante dakaroise interrogée par le journal. À l'instar de nombre de ses compatriotes, elle doute de la capacité du RN à mettre en œuvre son programme, notamment sur des sujets aussi sensibles que l'immigration. "La France n'est pas un petit pays, il ne faut pas le donner à n'importe qui...", prévient-elle, craignant que Marine Le Pen "gâte" le pays.
Ces inquiétudes sont exacerbées par l'image renvoyée par certains discours et positions du RN, jugés xénophobes et islamophobes au Sénégal. "Depuis des années, il y a une stigmatisation en France à travers les médias et les réseaux sociaux, des étrangers, des Arabes, des musulmans", déplore Camélia, une Franco-Marocaine résidant au Sénégal, pointant du doigt le "bouc émissaire" trouvé dans l'immigration.
Pourtant, le reportage relaie aussi le point de vue plus positif d'autres Sénégalais sur le RN. À l'image de Daouda, persuadé qu'une victoire de Marine Le Pen serait "bien pour la France", séduit par son discours souverainiste défendant les intérêts nationaux français. Certains y voient même la fin potentielle de "l'ingérence française" en Afrique.
Quelle que soit l'issue du second tour des législatives, cette percée inédite du Rassemblement national interroge beaucoup sur l'avenir des relations entre le Sénégal et la France. Premier investisseur étranger dans le pays avec plus de 200 entreprises, la France craint des tensions diplomatiques. "La diminution de son pouvoir sur le continent peut s'accentuer", souligne Adji.
Les binationaux sont également inquiets. "Il y a une multiplication des repats ces dernières années car ils refusent de vivre dans un pays où ils sont rejetés", explique Mamadou. Ce Franco-Sénégalais craint aussi la remise en cause possible de leur statut. Camélia ajoute: "Je m'inquiète pour ma famille et mes amis racisés".
Au Sénégal, si l'on garde espoir dans la démocratie française, nombreux sont ceux qui suivront attentivement les prochains mois afin de mieux cerner les répercussions éventuelles de cette poussée de l'extrême droite sur la relation bilatérale.
LUDOVIC BARON, L'EXPATRIÉ FRANÇAIS QUI A CONQUIS LE WOLOF
Français de 27 ans installé au Sénégal il y a un peu plus d'un an et qui maîtrise la langue locale au point que ses vidéos d'apprentissage sont devenues virales sur internet
Ludovic Baron, un Français de 27 ans installé au Sénégal il y a un peu plus d'un an et qui maîtrise la langue wolof au point que ses vidéos d'apprentissage du wolof sont devenues virales sur internet.
DIOMAYE OUVRE LA PORTE À UN DÉPART DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE
Lors de la remise du rapport des Assises de la Justice, le chef de l'Etat a affirmé être totalement neutre sur cette question sensible, privilégiant le consensus plutôt que ses intérêts personnels
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a affirmé jeudi, lors de la cérémonie de remise du rapport final des Assises de la Justice au palais de la République que sa participation au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et sa présidence de cette instance ne constituaient pas une « obsession » pour lui. Il a déclaré être prêt à quitter le CSM si la majorité des acteurs du système judiciaire le souhaitaient.
Le président Faye s’est montré résolument neutre : « Si les arguments prévalent sur les intérêts personnels, je ne m’accrocherai pas à ce poste », a-t-il affirmé, insistant sur le respect des choix issus du consensus.
En recevant le rapport final des Assises de la Justice au palais de la République, le chef de l’Etat a déclaré : « Je ne tiens ni à y rester ni à en sortir. Je suis totalement neutre par rapport au Conseil supérieur de la magistrature. » Il a souligné que les raisons avancées par les magistrats pour justifier la présence du président de la République au CSM devaient être davantage étayées, mais il a également reconnu que ces arguments méritaient d’être pris en compte.
Le président a proposé d’approfondir la réflexion sur ce sujet, en insistant sur l’importance de la neutralité et de l’indépendance des magistrats. « Après tout, c’est à eux que l’on souhaite d’être indépendants, » a-t-il précisé.
Bassirou Diomaye Faye a conclu en affirmant que toute décision concernant sa présence au CSM devait être basée sur des arguments convaincants. « Si on mène des discussions sans prendre une décision concernant ma présence au Conseil supérieur de la magistrature, je n’y resterai pas, » a-t-il déclaré.
A l’occasion, le chef de l’Etat a salué les efforts de tous les participants qui ont permis de mener les travaux dans un climat de sérénité. Il a souligné l’importance des débats libres, ouverts et constructifs qui ont caractérisé les assises, rappelant que la justice doit constamment être questionnée, critiquée et renouvelée pour rester alignée avec les évolutions du temps.
Le président Faye a évoqué l’importance de doter le pays d’institutions justes, légitimes, robustes et fonctionnelles, essentielles pour garantir l’efficacité, la stabilité et l’indépendance de la justice. Il a rappelé que la justice est un pilier fondamental de l’État de droit, assurant le respect des principes démocratiques tels que la séparation des pouvoirs et la protection des droits et libertés.
Il a remercié le Comité scientifique des Assises pour leur travail acharné et abnégation dans la restitution des travaux. La cérémonie de remise du rapport symbolise un moment crucial pour les réformes systémiques et innovantes attendues par le peuple sénégalais durant le nouveau quinquennat.
Le président a rappelé que les Assises de la Justice ont permis d’interroger les insuffisances et les carences du système judiciaire, dans le but de le hisser aux ambitions du peuple. Elles ont engagé un diagnostic exhaustif et proposé des solutions structurelles pour une justice plus respectueuse des droits fondamentaux.
Il a souligné la diversité des participants, des magistrats aux représentants des forces de défense, en passant par les acteurs religieux et politiques. La participation des Sénégalais de la diaspora via la plateforme numérique « Jubbanti, sa gis gis ci Yoon » a également été magnifiée
LE SUDES-ESR CRIE À UN COUP D’ÉTAT ACADÉMIQUE À L’UCAD
Le syndicat dénonce avec véhémence les agissements du Conseil d'Administration, accusé de bloquer délibérément le processus de nomination d'un nouveau recteur. Il menace d'engager des actions judiciaires pour le respect de la légalité
L'UCAD est-elle au-dessus des lois de la République ? C'est la question que pose le SUDES-ESR face au refus du Conseil d'Administration de lancer l'appel à candidatures pour le poste de recteur. Dans le communiqué ci-dessous, le syndicat pointe du doigt des manœuvres dilatoires et exige l'intervention du ministre de l'Enseignement supérieur pour rétablir l'ordre légal.
"A un peu moins de trois semaines de la fin du mandat du recteur de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), le SUDES-ESR section UCAD exprime sa profonde inquiétude et son indignation grandissante face aux atermoiements du Conseil d’Administration concernant le lancement de l'appel à candidatures pour le poste de recteur conformément au décret 2021-846 du 24 juin 2021.
En effet, il nous est revenu qu’en sa dernière réunion, le Conseil d’Administration de l’Ucad rechigne à lancer l’appel à candidatures et qu’à la place, il a décidé de commettre un conseiller juridique qui serait celui de l’actuel recteur de l’Ucad pour faire le constat que ce dernier aurait entamé tacitement depuis juillet 2023 un supposé second mandat qui devrait courir jusqu’en 2026.
Le SUDES-ESR section Ucad dénonce avec la plus grande fermeté cette attitude dangereuse et inquiétante du Conseil d’Administration de l’Ucad qui de fait se rend complice d’une arnaque juridique sur fond de manipulations et d’élucubrations intellectuelles, et d’un dilatoire dont le seul objectif est de maintenir l’actuel recteur illégalement et illégitimement à son poste, alors que son mandat arrive à échéance le 22 juillet 2024.
Le SUDES-ESR section Ucad souligne qu’en agissant ainsi, le président du Conseil d’Administration fait preuve de carence en référence aux articles 2 et 3 du décret 2021-846 relatif aux modalités de nomination du Recteur dans les Universités publiques du 24 juin 2021. Ces articles disposent : « Quatre-vingt-dix (90) avant le terme du mandat, du Recteur en fonction ou, au plus tard, trente (30) jours après la fin de son mandat pour une raison autre que la fin légale du mandat, un comité de sélection des candidatures pour la nomination d’un nouveau Recteur est mis en place » (Art. 2) et « L’appel à candidatures est élaboré par le conseil d’administration de l’université » (Art. 3).
Pour rappel, les dispositions de l’article 26 (Chapitre III-Le recteur) du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 fixant les règles d’organisation de fonctionnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar indiquent clairement que toute nomination aux fonctions de recteur passe ipso facto par un appel à candidatures. Cela s’est fait dans toutes les autres universités publiques du Sénégal (UGB, UIDT, UADB, UASZ). L'Ucad serait-elle au-dessus des lois de la République ? Que veut-on cacher ou protéger avec cette manœuvre désespérée de tordre le cou aux textes qui régissent notre institution ?
Par conséquent, le SUDES-ESR section Ucad demande au ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation, garant du bon fonctionnement des universités de :
Sortir de son silence assourdissant et de prendre acte de la carence du président du Conseil d’Administration ;
instruire les instances compétentes pour lancer sans délai l’appel à candidatures pour la nomination d’un nouveau recteur à l’UCAD dès lors qu’aucune « […] raison autre que la fin légale du mandat » ne justifie de le prolonger « au plus tard, trente (30) jours après […] » (Art.2).
Par ailleurs, le SUDES-ESR section Ucad tient à informer qu’en l’absence d’une action immédiate, il se réserve le droit de :
Contester vigoureusement la légitimité de tout maintien du recteur actuel au-delà de la date d’échéance de son mandat ;
engager toutes les actions légales et syndicales nécessaires pour faire respecter les textes en vigueur.
Enfin, le SUDES-ESR section Ucad appelle l’ensemble de la communauté universitaire à se mobiliser pour défendre avec énergie et détermination la démocratie au sein de notre institution. L'Ucad ne saurait être le fief de tripatouilleurs de textes."
par Elimane Haby Kane
LA RÉPUBLIQUE AFFIRME LE DROIT ET IMPOSE LE DEVOIR
Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle crise politique qui aurait des conséquences sur la marche du pays déjà entamée par la crise économico -financière et la précarité des conditions de vie des Sénégalais
La lettre de Guy Marius Sagna au Premier ministre Ousmane Sonko, ainsi que la réponse que ce dernier lui a servie sont à inscrire dans le registre de la communication politique. Elles s’adressent plus à l’opinion qu’à leurs fonctions respectives. Si Ousmane Sonko n’a aucun moyen juridique d’intervenir pour régulariser la situation au niveau de l’assemblée nationale, Guy Marius lui est député et il a le pouvoir d’initier une action de modification de la organique portant règlement intérieur de l’assemblée nationale. Avec ses collègues, ils doivent aller au-delà de dénoncer, en introduisant une proposition pour rectifier leur faute constatée. Le président aussi peut faire la même chose en introduisant un projet de modification de la loi organique en procédure d’urgence.
Le jeu dangereux des représentants du peuple contre les instituons constitutionnelles
L’Assemblée nationale semble être dans une impasse réglementaire créée par la décision incongrue de l’ancien président de la république de supprimer le poste de premier ministre en 2019 et les députés qui, après la réhabilitation de ce poste en 2022 n’ont pas remis à jour le règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Un laxisme grave à corriger impérativement au risque de remettre en cause la légalité des autres institutions et le bon fonctionnement de notre démocratie.
Après le Conseil constitutionnel accusé de corruption, maintenant c’est l’Assemblée nationale que les législateurs et représentants légitimes du peuple accusent de faux et usage de faux.
Au moment où on tient les assises de la justice, on soupçonne nos institutions constitutionnelles de délinquantes. Et à chaque fois, ce sont des enjeux de pouvoir qui sont en cause.Juste que la roue du pouvoir a tourné entre temps avec le sens du vent qui régule l’écho des voix discordantes.
Quand sortir de l’arène de la politique politicienne ?
Le problème avec les politiciens c’est qu’ils réduisent les enjeux du pays à leur propre jeu autour des enjeux de pouvoir. Dans leur raisonnement, il manque la considération républicaine de préserver la puissance de l’Etat de droit au dessus des intérêts politiques partisans. Bassirou Diomaye Faye a été élu par 54% des suffrages exprimés, soit 2 434 751 de sénégalais
La DPG qui est une obligation constitutionnelle du premier ministre dès sa nomination concerne l’avenir immédiat d’environs 18 millions de sénégalais. Et ils ont le droit de savoir vers où son action d’exécution de la politique définie par le chef de l’Etat leur mènera. Cette politique a déjà été présentée aux sénégalais dans le programme sur la base duquel les sénégalais ont voté pour le candidat élu.
Ceci dit, le Premier ministre n’a certainement pas pu gérer politiquement le risque d’une motion de censure avec l’actuelle opposition parlementaire. Ce qui serait un coup politique déstabilisateur pour le nouveau régime et surtout pour lui-même. Le cas échéant, le président pourrait toujours le reconduire et gouverner par ordonnance en attendant de pouvoir dissoudre l’Assemblee nationale. Cette option se heurte aussi à l’exigence du calendrier budgetaire 2025.
Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle crise politique qui aurait des conséquences sur la marche du pays déjà entamée par la crise économico -financière et la précarité des conditions de vie des Sénégalais.
Chez nous, la politique sait créer des problèmes inutiles, sans être en mesure de satisfaire les aspirations des citoyens. En voici des situations à éviter qui doivent justement inspirer la refondation (règles et institutions de la res-publica).
Les régimes peuvent changer mais la pratique politique reste réactionnaire.
LES SÉNÉGALAIS EN PASSE DE PERDRE LE POULET
L’avenir des nationaux dans le secteur de l’aviculture est plus que jamais menacé avec la situation que vit actuellement la Sedima de Babacar Ngom
Avec la chute de la Sedima, ce serait presque la fin de plus de deux décennies de domination des nationaux sur cette filière stratégique très porteuse.
Ça donne la chair de poule aux souverainistes. L’avenir des nationaux dans le secteur de l’aviculture est plus que jamais menacé avec la situation que vit actuellement la Sedima de Babacar Ngom.
Aujourd’hui, dans cette filière plus que dynamique, les PME sénégalaises disparaissent petit à petit. Il ne reste plus que quelques acteurs majeurs qui tentent de se battre pour résister à l’assaut des multinationales, en particulier des Américains qui reviennent ainsi avec force sur le marché local, après avoir perdu d’énormes parts de marché dans les années 2000 avec les interdictions des importations. Déjà, ils sont sur l’aliment avec le rachat des Grands Moulins de Dakar par Seabord qui aura tout fait pour racheter également la Sedima, mais s’était jusque-là heurté au niet de Babacar Ngom. Sans être sûres que ce sont les GMD qui sont derrière, des sources révélaient dans notre précédente édition que ce sont également des Américains qui détiennent aujourd’hui le contrôle de la Sedima, en rachetant plus de 50 % des actions. Une information niée par des sources proches de la famille Ngom qui ne souhaite pas se prononcer sur le sujet.
Avant M. Ngom, un autre champion sénégalais du poulet avait également fait les frais de ce grand intérêt des multinationales. Il s’agit de Dr Seck qui a consacré une bonne partie de sa vie à cette entreprise devenue une des fiertés de l’industrie locale, selon le président de la Commission économie et finances de la Cnes. Alla Sène Guèye revient sur les raisons de cette vente : ‘’Il convient d’abord de rappeler que cette industrie a été faite de bout en bout par Dr Seck et des partenaires suisses. Docteur a commencé avec l’aliment. Ensuite, il a fait l’abattoir. Là, il avait besoin de passer à l’échelle, mais avec son âge et l’absence de ses enfants, il ne pouvait plus prendre certains risques sans la garantie du soutien de l’État. Olam lui a proposé 17 millions d’euros ; il a été obligé d’accepter l’offre, parce que l’État n’a pas montré une volonté de l’accompagner pour faire les investissements dont l’entreprise avait besoin.’’
Aujourd’hui, ce champion, son savoir-faire, son personnel, ses investissements, tout est entre les mains des Singapouriens d’Olam Group.
Retour en force des Américains, après d’énormes pertes de parts de marché dans les années 2000
Mais pourquoi donc cet engouement pour le poulet et le secteur avicole sénégalais ? En plus de l’appétit pour le marché sénégalais et africain, l’objectif est aussi de mettre la main sur un secteur très porteur. Alla Sène : ‘’Olam était auparavant dans la farine, mais elle voulait être dans le poulet. Parce que le poulet, c’est l’avenir. C’est la viande la moins chère et la demande est de plus en plus forte. C’est une filière stratégique et l’État ne doit pas rester indifférent. Il doit non seulement soutenir les acteurs, mais aussi si quelqu’un doit vendre, l’État doit être là. Ça doit être le rôle d’organes comme le Fonsis, la BNDE...’’
Comme dans la jungle, les plus forts ont tendance, dans le secteur, à absorber les plus faibles. Aujourd’hui en passe d’être absorbée par une Américaine, la Sedima a aussi connu ses moments de gloire et aurait été sans pitié contre les plus petits. El Hadj Malick Dia est l’un des plus anciens acteurs de la filière volaille au Sénégal. Après l’apogée des années 2000-début 2010 (il faisait 16 500 poussins par semaine, soit un chiffre d’affaires hebdomadaire de 8 millions F CFA), il a connu l’enfer à cause, d’une part, de la concurrence féroce de la Sedima, mais aussi et surtout de l’asphyxie dont il a été victime de la part des services de l’État. ‘’On s’est levé un jour et on a multiplié ma facture d’électricité par 24, ma facture d’eau par 80. On m’a fait des procès pour licenciements abusifs et condamné par défaut par le tribunal du travail. C’est comme ça que la Senelec, la SDE et la justice m’ont détruit et écarté du secteur, parce que je devenais gênant pour certains hauts placés qui avaient investi le secteur. De plus, je ne pouvais trouver un quelconque franc dans aucune banque de la place’’, proteste M. Dia, très amer de revenir sur sa mésaventure.
Le sort des PME est souvent d’être vendu ou asphyxié
C’était en 2012, avec l’arrivée du régime du président Macky Sall dont le beau-frère était très présent dans la filière. De l’avis d’El Hadj Malick, des personnalités de premier plan de ce régime avaient ouvert des couvoirs avec leurs prête-noms. ‘’Il faut oser le dire, souligne-t-il furieux, il y avait une mafia au sommet de l’État qui utilisait les instruments de l’État pour détruire ces petites et moyennes entreprises qui n’avaient pas de partenaires à l’étranger et ne sont pas non plus amis avec les gouvernants. C’est ça la réalité des faits. Nous avons toujours essayé de travailler honnêtement sans aucun compromis avec qui que ce soit. Malheureusement, c’est très difficile d’avoir des principes dans ce pays’’.
Malgré la grande offensive des multinationales, quelques acteurs tentent encore de résister. Mais la concurrence risque d’être de plus en plus compliquée avec des acteurs d’une autre dimension, qui sont présents sur toute la chaine de valeur, de l’alimentation à la fourniture de poulets. C’est le cas d’Olam, c’est aussi l’ambition des GMD.
De l’avis de cet avocat qui a préféré garder l’anonymat, il urge pour l’État d’intervenir pour éviter certaines concentrations qui pourraient tuer la concurrence dans le secteur. Il déclare : ‘’C’est comme si Sonatel se levait et décide d’acheter Free. Imaginez ce que cela allait entrainer pour le consommateur… C’est pourquoi l’État a bien son mot à dire dans ces processus de fusion-acquisition.’’
L’avocat interpelle directement la Commission nationale de la concurrence qui, selon lui, doit jouer pleinement son rôle en tant que gendarme de ces types d’opérations. Invoquant la législation communautaire en particulier de l’UEMOA sur la concurrence, la robe noire précise : ‘’Sont incompatibles avec le marché et interdits tous accords entre entreprises, décisions entre entreprises et pratiques concertées entre entreprises, ayant pour objet ou pour effet de fausser le libre jeu de la concurrence. C’est l’article 3 du règlement sur les pratiques commerciales anticoncurrentielles’’, plaide l’avocat qui renvoie également à la loi nationale sur les prix et la concurrence.
Avant d’ajouter : ‘’La commission peut bel et bien ne pas autoriser l’opération, s’il est avérée que sa réalisation pourrait fausser le libre jeu de la concurrence.’’
Avocat d’affaires : ‘’La Commission nationale de la concurrence peut bien s’opposer à cette vente...’’
Dans tous les cas, s’il y a un secteur où le savoir-faire des Sénégalais n’est plus à démontrer, c’est bien le secteur de l’aviculture. Grâce à l’interdiction des importations en 2005, le secteur a connu une véritable explosion. Malgré ce dynamisme, les acteurs manquent de façon criante d’un soutien de la part des pouvoirs publics. El Hadj Malick Dia : ‘’Le problème est que moi Sénégalais je ne peux avoir le financement d’aucune banque dans ce pays, alors que nous avons des projets bien viables… Seule la Sedima arrivait à avoir des financements, parce qu’elle a toujours bénéficié du soutien de l’État. Même pour avoir ma voiture, j’ai directement négocié avec le concessionnaire. Si je dois acheter mes œufs à 10 millions, si j’ai un trou d’un million, je suis obligé de réduire ma commande. Je ne peux pas non plus augmenter ma capacité de production, je n’ai aucune possibilité d’avoir une banque qui m’accompagne. Alors que l’étranger n’a pas ce problème. Les copains des gens du régime non plus. Voilà ce qui plombe plusieurs acteurs, en dehors de ceux qui y entrent sans aucune maitrise.’’
Il faut aussi reconnaitre que les financements ne sont pas du tout une mince affaire. Pour se relever, explique M. Dia, il a besoin d’un investissement de 300 millions de francs CFA. ‘’C’est vraiment du très sérieux. Quand j’ai déposé mon dossier à la Der avec l’accompagnement de certains amis, notamment de Legs Africa, on m’a dit oui, mais vous demandez 300 millions, c’est énorme ça. Je leur ai dit : regardez le montant de l’aliment sur six mois. Ils ont regardé et ont constaté que ça faisait 180 millions, rien que l’aliment. Ils ont alors compris. Je leur ai dit : si vous voulez me financer à coups de 2 millions, 3 millions, 4 millions ou 5 millions, ce n’est pas la peine. Ça ne peut pas marcher. Ou bien vous nous faites confiance on travaille. Ou bien vous n’avez pas confiance. J’ai pour ambition de mettre en place une franchise qui va travailler avec 23 groupements de jeunes au moins. Mais sans l’accompagnement de l’État, il n’y a rien à faire’’.
Dans la même veine, M. Dia constate, pour le déplorer, la manière dont les étrangers parviennent à acquérir les terres, alors que les nationaux ne peuvent pas y parvenir.