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28 novembre 2024
Développement
CHANGEMENT CLIMATIQUE, LE SÉNÉGAL PERDRAIT JUSQU’À 8 % DE SON PIB D’ICI 2030
Pour Leila Adamou Arouna, ”il apparaît fondamental de promouvoir des actions de réponses cohérentes et durables basées sur une approche globale visant à renforcer la résilience et l’adaptation des communautés”.
Dakar, 15 juil (APS) – Le Sénégal risque de “perdre jusqu’à 8 % de son PIB d’ici 2030 en raison des changements climatiques”, a indiqué, lundi, à Dakar, Leila Adamou Arouna, chargée du volet pastoralisme durable à la Commission climat pour la région du Sahel (CCRS), sur la base d’une étude de la Banque mondiale (BM).
“Le Sénégal, pays sahélien par excellence, figure parmi les plus vulnérables aux effets des changements climatiques, car son économie dépend fortement de l’agriculture et de l’élevage, qui restent fortement sensibles aux facteurs climatiques”, a-t-elle relevé.
Le Sénégal “pourrait perdre jusqu’à 8% de son PIB d’ici 2030, en raison des effets des changements climatiques, ce qui toucherait en priorité les revenus des personnes vulnérables”, a-t-elle dit, citant la Banque mondiale.
Leila Adamou Arouna intervenait lors d’un atelier de validation des besoins en renforcement de capacités dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques et du projet de feuille de route du groupe de travail national (GTN).
Organisé par la Direction du changement climatique, de la transition écologique et des financements verts (DCCTEFV) du ministère de l’Environnement et de la Transition écologique, cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet de mise en œuvre des priorités régionales et nationales d’adaptation en Afrique centrale et de l’Ouest (PACO).
La Commission climat pour la région du Sahel (CCRS), en partenariat avec le ministère de l’Environnement de la République Fédérale d’Allemagne, appuie, dans le cadre de ce projet, les pays du Sahel dans la mise en œuvre de leurs plans nationaux d’adaptation et de leurs contributions déterminées nationales (CDN).
Les CDN désignent les plans d’action climatique que chaque partie de l’Accord de Paris sur le climat est tenue d’élaborer et de lettre à jour, en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de s’adapter aux effets des changements climatiques.
L’experte rappelle qu’une étude réalisée en avril 2022 par l’Organisation internationale du travail (OIT) avait, entre autres, mis en exergue ”l’impact sur les systèmes biophysiques du Sénégal, la baisse des précipitations et l’augmentation des évapotranspirations”.
”Ces facteurs, dit-elle, ont des conséquences notables sur la baisse de plus de 50% du débit des fleuves Sénégal et Gambie, sur la remontée des eaux marines des cours d’eau de la Casamance et du Sine-Saloum, sur la baisse générale du niveau des nappes, l’assèchement des rivières continentales, ou encore la salinisation des eaux douces et des terres.”
Pour Leila Adamou Arouna, ”il apparaît fondamental de promouvoir des actions de réponses cohérentes et durables basées sur une approche globale visant à renforcer la résilience et l’adaptation des communautés”.
”La coopération régionale est ainsi indispensable pour soutenir les pays les plus vulnérables, notamment ceux de la région du Sahel dans les efforts d’adaptation aux effets des changements climatiques ”, a-t-elle préconisé.
Le colonel Pape Assane Ndour, ingénieur des eaux et forêts et conseiller technique du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique du Sénégal, souligne que ”les changements climatiques constituent un défi commun que les États doivent combattre dans la solidarité”.
Il a indiqué que ”jusqu’à 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté dans la sous-région, d’ici 2050, du fait des chocs liés aux changements climatiques si des mesures d’adaptation ne sont pas mises en place”.
L'ÉDITORIAL DE RENÉ LAKE
DÉCOLONISER LA JUSTICE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans un État démocratique et de droit, la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire est fondamentale pour assurer le bon fonctionnement et l'indépendance de chaque institution
Aller chercher le savoir jusqu’en…Chine ! Cette recommandation de bon sens est une invite à aller au-delà des frontières de la vieille métropole coloniale pour chercher les meilleures pratiques (best practices), surtout quand, dans un domaine particulier, celle de l’ex-colonisateur n’est pas le meilleur exemple pour la bonne gouvernance à laquelle les Sénégalaises et les Sénégalais aspirent. S’il y a bien un domaine où la France n’est pas une référence à l’échelle mondiale, c’est bien celui de la Justice dans son rapport avec l’Exécutif.
Dans un État démocratique et de droit, la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire est fondamentale pour assurer le bon fonctionnement et l'indépendance de chaque institution. Au lendemain de la remise au président Diomaye Faye du rapport général des Assises de la justice qui se sont tenues du 15 au 17 juin 2024, ce texte a l’ambition de mettre en lumière l'importance de cette séparation et pourquoi il est critiqué que le président de la République soit également le président du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Prévention de l'abus de pouvoir. La séparation des pouvoirs empêche la concentration excessive de pouvoir entre les mains d'une seule personne ou d'un seul organe. Chaque branche agit comme un contrepoids aux autres, ce qui limite les abus potentiels et favorise la responsabilité.
Indépendance judiciaire. En particulier, l'indépendance du pouvoir judiciaire est essentielle pour garantir des décisions impartiales et justes. Les juges doivent être libres de toute influence politique ou pression externe afin de pouvoir appliquer la loi de manière équitable. En de bien nombreuses occasions, tout le contraire de ce que l’on a connu depuis plus de 60 ans au Sénégal et qui a culminé pendant les années Macky Sall avec une instrumentalisation politique outrancière de la justice.
Fonctionnement efficace du législatif. Le pouvoir législatif doit être libre de proposer, examiner et adopter des lois sans interférence de l'exécutif ou du judiciaire. Cela assure la représentation démocratique des intérêts de la population et la formulation de politiques publiques diverses et équilibrées.
Le président de la République et le Conseil Supérieur de la Magistrature -
Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) est souvent chargé de la nomination, de la promotion et de la discipline des magistrats. Dans de nombreux pays démocratiques, il est critiqué que le président de la République soit également le président de cet organe pour plusieurs raisons notamment celle du conflit d’intérêt potentiel et de la menace pour la séparation des pouvoirs.
En occupant simultanément ces deux fonctions, le président peut influencer directement les décisions judiciaires et les nominations de magistrats, compromettant ainsi l'indépendance judiciaire. Cette perversion n’a été que trop la réalité de la justice sénégalaise depuis les années 60 avec une accélération sur les deux dernières décennies avec les régimes libéraux arrivés au pouvoir après une alternance politique.
Cette situation a fortement affaibli la séparation des pouvoirs au Sénégal en concentrant trop de pouvoir entre les mains de l'exécutif, ce qui a régulièrement mené à des décisions politiquement motivées plutôt qu'à des décisions basées sur le droit.
La crainte d’une République des juges -
Les acteurs sociaux favorables à la présence du chef de l’État dans le CSM invoquent régulièrement la crainte d’une "République des Juges". Cette idée d'une "République des juges" où le pouvoir judiciaire dominerait les autres branches gouvernementales, n'est pas pertinente dans un système démocratique où il existe de multiples recours et des contrepoids aux potentiels abus des juges. Cette idée relève plus du fantasme jacobin que d’un risque réel dans une démocratie bien structurée, où il existe plusieurs niveaux de recours judiciaires permettant de contester les décisions des juges. Ces recours assurent que les décisions judiciaires peuvent être réexaminées et corrigées si nécessaire.
Par ailleurs, le pouvoir législatif a le rôle crucial de créer des lois et de superviser l'exécutif. En dernier ressort, le législatif peut modifier des lois pour contrer toute interprétation judiciaire excessive ou inappropriée, assurant ainsi un équilibre des pouvoirs.
Enfin, l'indépendance judiciaire signifie que les juges sont libres de rendre des décisions impartiales, mais cela ne signifie pas qu'ils sont au-dessus des lois ou qu'ils ne sont pas responsables. Les juges doivent toujours interpréter et appliquer les lois dans le cadre des normes constitutionnelles établies par le législatif.
La crainte d’une République des juges est un chiffon rouge agité en France depuis longtemps pour justifier un système judiciaire bien plus attaché à l’Exécutif que dans les autres démocraties occidentales.
Historiquement, le président de la République française a été le président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Cette pratique a été critiquée pour son impact potentiel sur l'indépendance judiciaire. Actuellement, la réforme de 2016 a réduit le rôle direct du président dans le CSM, mais des questions persistent sur l'indépendance réelle.
De son côté, le système américain illustre une stricte séparation des pouvoirs, où le président n'a qu’un rôle indirect dans la nomination des juges fédéraux. Dans ce processus le président est chargé uniquement de nommer et seul le Sénat américain détient le pouvoir de rejet ou de confirmation. Cela vise à maintenir une certaine distance entre l'exécutif et le judiciaire.
L'Allemagne pour sa part maintient également une séparation rigoureuse des pouvoirs avec des organes distincts pour l'exécutif, le législatif et le judiciaire, évitant ainsi toute concentration excessive de pouvoir et préservant l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Le modèle progressiste sud-africain -
L'Afrique du Sud offre un cas fascinant de respect de la séparation des pouvoirs, essentielle pour la stabilité démocratique et la protection des droits constitutionnels depuis la fin de l'apartheid. Suit une exploration de la manière dont la séparation des pouvoirs est respectée dans le système judiciaire sud-africain.
La Constitution sud-africaine, adoptée en 1996 après la fin de l'apartheid, établit clairement les pouvoirs et les fonctions de chaque institution de l’État : l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Elle garantit également les droits fondamentaux des citoyens et définit les principes de gouvernance démocratique.
La Constitution insiste sur l'indépendance du pouvoir judiciaire, affirmant que les tribunaux sont soumis uniquement à la Constitution et à la loi, et ne doivent pas être influencés par des intérêts politiques ou autres pressions externes. Les juges sont nommés de manière indépendante, et leurs décisions ne peuvent être annulées que par des procédures juridiques appropriées, garantissant ainsi leur autonomie dans l'interprétation et l'application de la loi.
La Cour constitutionnelle est la plus haute autorité judiciaire en matière constitutionnelle en Afrique du Sud. Elle est chargée de vérifier la constitutionnalité des lois et des actions du gouvernement, de protéger les droits fondamentaux des citoyens, et de maintenir l'équilibre entre les pouvoirs. La Cour constitutionnelle a le pouvoir de rendre des décisions contraignantes pour toutes les autres cours, garantissant ainsi l'uniformité et la primauté du droit constitutionnel.
En plus de la Cour constitutionnelle, l'Afrique du Sud dispose d'un système judiciaire complet avec des tribunaux inférieurs qui traitent des affaires civiles, pénales et administratives à différents niveaux. Chaque niveau de tribunal joue un rôle spécifique dans l'administration de la justice selon les lois applicables.
La Cour constitutionnelle a souvent été appelée à vérifier la constitutionnalité des lois adoptées par le Parlement sud-africain. Cela démontre son rôle crucial dans le maintien de la séparation des pouvoirs en s'assurant que les lois respectent les normes constitutionnelles et les droits fondamentaux.
Les juges en Afrique du Sud sont nommés sur la base de leur compétence professionnelle et ne sont pas soumis à des influences politiques directes. Cela garantit que leurs décisions sont prises en fonction du droit et non de considérations partisanes ou externes.
La séparation des pouvoirs renforce la protection des droits fondamentaux des citoyens en permettant au pouvoir judiciaire d'agir comme un contrepoids aux actions potentiellement inconstitutionnelles ou injustes du gouvernement ou du législateur.
En respectant la séparation des pouvoirs, l'Afrique du Sud renforce la confiance du public dans le système judiciaire, crucial pour la stabilité politique, économique et sociale du pays.
Se référer aux bonnes pratiques –
La Fondation Ford a joué un rôle significatif et historique dans le processus d'élaboration de la Constitution sud-africaine de 1996. Franklin Thomas, président de cette institution philanthropique américaine de 1979 à 1996, a été un acteur clé dans ce processus. Avant les négociations constitutionnelles officielles qui ont conduit à la Constitution de 1996, l’institution philanthropique américaine a soutenu financièrement des recherches approfondies et des débats critiques sur les principes et les modèles constitutionnels. Cela a permis de jeter les bases d'une réflexion constructive et informée parmi les diverses parties prenantes en Afrique du Sud.
Des rencontres et des dialogues ont été facilités entre les leaders politiques, les juristes, les universitaires, ainsi que les représentants de la société civile et des communautés marginalisées. Ces forums ont joué un rôle crucial en encourageant la participation démocratique et en favorisant la compréhension mutuelle nécessaire à la construction d'un consensus constitutionnel.
Par ailleurs, plusieurs organisations de la société civile en Afrique du Sud ont joué un rôle actif dans les négociations constitutionnelles. Cela comprenait des groupes de défense des droits humains, des organisations communautaires et des instituts de recherche juridique.
En encourageant des initiatives visant à promouvoir la justice sociale, l'équité raciale et les droits fondamentaux, ces efforts ont contribué à ancrer ces valeurs dans le processus constitutionnel sud-africain. Cela a été essentiel pour contrer les héritages de l'apartheid et pour établir un cadre constitutionnel solide basé sur les principes de l'État de droit et de la démocratie.
Le rôle de ces initiatives dans l'élaboration de la Constitution sud-africaine a laissé un héritage durable de liberté et de justice en Afrique du Sud. La Constitution de 1996 est largement reconnue comme l'une des plus progressistes au monde, protégeant une vaste gamme de droits et établissant des mécanismes forts pour la protection de la démocratie et de l'État de droit.
L'expérience sud-africaine a souvent été citée comme un modèle pour d'autres pays en transition ou confrontés à des défis de consolidation démocratique ou de rupture systémique. Elle démontre l'importance du partenariat entre les acteurs nationaux dans la promotion de la bonne gouvernance et des droits humains.
Nécessité d'une transformation systémique au Sénégal –
Avec l'arrivée au pouvoir du mouvement Pastef, il est crucial pour l’administration Faye-Sonko de ne pas tomber dans le piège des petites réformes qui maintiennent intact le système ancien mais d'envisager une réforme judiciaire qui s'inspire des meilleures pratiques internationales, telles que celles observées en Afrique du Sud.
Décoloniser et émanciper la justice au Sénégal implique de repenser et de réformer le système judiciaire de manière à renforcer l'indépendance, la transparence et l'efficacité. S'inspirer des meilleures pratiques internationales tout en adaptant ces modèles au contexte spécifique du Sénégal est essentiel pour promouvoir une gouvernance démocratique solide et durable, répondant aux aspirations des citoyens pour une justice juste et équitable. L’instrumentation politique de la Justice doit devenir une affaire du passé au Sénégal.
Réformer la Justice pour assurer la Rupture au Sénégal ne peut se concevoir que dans un cadre plus général de refondation des institutions. L’éditorial SenePlus publié sous le titre “Pour une théorie du changement“ développe cet aspect de manière explicite. L’ambition pastéfienne de sortir le Sénégal du système néocolonial est partagée par l’écrasante majorité des Sénégalais et des jeunesses africaines. Cette ambition doit cependant être exprimée dans la présentation d’un cadre général clair, discuté et élaboré avec les citoyens. Le processus doit être réfléchi, inclusif et sérieux. Cela aussi, c’est la Rupture exigée par les Sénégalaises et les Sénégalais le 24 mars 2024.
Par Yoro DIA
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, MONTREZ-NOUS LA LUNE AU LIEU DE VOUS CACHER DERRIERE VOTRE PETIT DOIGT
Le président de la République, que j’appelle affectueusement Diomaye 1er roi d’Angleterre, parce qu’il règne mais ne gouverne pas, ne nous a pas encore dit ce qu’il ferait des impôts
Commençons par le seul domaine où notre Président semble être compètent : la fiscalité. S’il ne réduit pas la fiscalité à une simple technique de collecte comme il l’a fait en nous récitant ses cours appris par cœur à l’Ena, il doit savoir que ce n’est point un hasard si toutes les grandes révolutions ont une cause fiscale (de la révolte des barons anglais contre le Roi Jean sans Terre en 1215 à la révolution française (injustice fiscale subie par le Tiers Etat), en passant par la révolution américaine (no taxation without representation)). Déjà en 1215, avec la Magna Carta, les barons anglais voulaient bien consentir à payer l’impôt, mais exigeaient de savoir ce que le Roi en ferait.
Le président de la République, que j’appelle affectueusement Diomaye 1er roi d’Angleterre, parce qu’il règne mais ne gouverne pas, ne nous a pas encore dit ce qu’il ferait des impôts. Depuis 100 jours, aucune vision, aucune orientation, confirmant ainsi le projet nakhembaye que la fiscalité devait financer en partie. L’inquisition fiscale qui ne devait être qu’un moyen pour financer une vision, un projet, est devenue une finalité comme le Jub Jubal Jubanti, un credo, une simple méthode devenue aussi une finalité qui comble le vide abyssal de l’absence de vision. La méthode n’est pas la vision. Cette absence de vision a été flagrante lors de l’intervention du Président, et elle est absente depuis le début. C’est pourquoi on a senti que le Président s’ennuie et en est réduit à la banale quotidienneté et aux détails.
Depuis 100 jours, on s’attend à ce que le Président nous montre la lune, mais il préfère se cacher derrière son petit doigt, essayant de créer des polémiques stériles pour masquer l’absence de projet, de vision. Sa déclaration sur les fonds politiques n’est pas digne de son rang, parce que toute personne, un tant soit peu instruite, sait que c’est impossible. Et c’est facile pour les journalistes de le vérifier avec la comptabilité de la Présidence ou au ministère des Finances. Le budget de la Présidence ne relève pas du secret d’Etat, puisque qu’il est voté par l’Assemblée nationale. C’est une nouvelle diversion, une manipulation qui va être déconstruite avec la clarté brutale de la réalité des chiffres. Manipulation aussi sur le souverainisme version Diomaye, qui donne l’exemple du Mali. Nous disons au Président, nous préférons avoir tort avec Dubaï plutôt que d’avoir raison avec Bamako.
J’aime bien comparer Diomaye à un Roi d’Angleterre, comme il règne mais ne gouverne pas. Le Roi d’Angleterre qui ressemble le plus à Diomaye 1er est le Roi Edward VIII. Naturellement, Edward VIII régnait mais ne gouvernait pas, et finira même par renoncer à régner en abdiquant pour les beaux yeux de la dame Wallis Simpson. Avant-hier, Diomaye 1er nous a annoncé son abdication pour prouver sa loyauté absolue, sa soumission à son gourou, le guide suprême Ousmane Sonko son Premier ministre. Avant-hier, le Président Diomaye Faye, nous a dit clairement que son allégeance première ne va pas à la République mais à son gourou et Premier ministre, et que donc ce mandat sert à lui paver la voie vers le fauteuil présidentiel. Nous avons perdu 100 jours et nous perdrons 5 ans, puisque ce mandat est dédié à la réalisation de l’ambition d’un individu. Et pour cet individu, le Président est prêt à tout, y compris des réformes institutionnelles, des modifications constitutionnelles.
Quand Napoléon s’est évadé de l’île d’Elbe pour reprendre le pouvoir en France en 100 jours, Chateaubriand s’exclama face à l’audace de «l’invasion d’un pays par un seul homme». Pour arrêter la banalisation de nos institutions, à commencer par la première d’entre elles, et empêcher la déconstruction de notre République pour le bon plaisir et l’ambition d’un individu, il est grand temps de se réveiller en empêchant cet individu de réussir de l’intérieur ce qu’il n’a pas réussi de l’extérieur : la négation du Sénégal. La candeur de Diomaye devant son gourou est touchante. Elle rappelle le sympathique dentiste du film Mon Voisin le tueur de Bruce Willis. Dans le film, la candeur du dentiste va ramollir son voisin, le redoutable tueur. Celle de Diomaye n’aura pas le même effet sur le gourou de Pastef, qui a l’excès et la violence dans son Adn politique, d’où ses menaces contre les juges et les journalistes. La candeur de Diomaye est si touchante quand il se croit obligé de se justifier sur le choix des journalistes invités, mais un chef d’Etat ne doit pas descendre à ce niveau de détails. Mais cette candeur permet aussi de comprendre l’emprise du gourou sur notre président de la République, qu’il faut sauver comme le soldat Ryan.
Yoro Dia est politologue, ancien ministre, porte-parole de la présidence de la République.
Par Madiambal DIAGNE
DIOMAYE, PRÉSIDENT MALGRÉ LUI
Nombreuses sont les personnes qui disent être restées sur leur faim ou même très déçues, après avoir suivi l’entretien que le président Bassirou Diomaye Faye a accordé à des journalistes sénégalais
Nombreuses sont les personnes qui disent être restées sur leur faim ou même très déçues, après avoir suivi l’entretien que le président Bassirou Diomaye Faye a accordé à des journalistes sénégalais. L’exercice était très attendu, dans la mesure où il constituait la première sortie médiatique du nouveau chef de l’Etat. Il a sacrifié à la tradition de s’adresser aux médias pour tirer les enseignements des cent premiers jours de gouvernance et fixer un cap. Mais Bassirou Diomaye Faye n’a pas éclairé davantage la lanterne de ses compatriotes. Sans doute qu’il n’a pas été aidé par l’obséquiosité dont les journalistes n’ont cessé de faire montre durant tout l’entretien. Ils ont même poussé la courtoisie ou la bienséance, jusqu’à remercier Bassirou Diomaye Faye d’avoir préféré s’adresser en primeur aux médias nationaux. Quel est le chef d’Etat au monde qui a eu l’outrecuidance d’accorder sa première interview à des médias étrangers ? Notre consœur de la RTS, Fatou Sakho, qui distribuait la parole à l’occasion, a pu laisser croire que les questions étaient déjà convenues. C’est ce qui expliquerait peut-être qu’aucune question n’a été posée au président Bassirou Diomaye Faye sur sa perception du conflit irrédentiste en Casamance et les solutions qu’il préconiserait pour le régler. Cette question, une épine douloureuse dans le pied du Sénégal, reste le plus durable conflit armé au monde, avec son lot macabre de victimes. Pour autant, elle demeure encore taboue pour le chef de l’Etat du Sénégal (voir notre chronique du 22 avril 2024).
Les silences radio du Président Faye
Cacherait-il son jeu ? On n’a aucune idée du calendrier de réformes institutionnelles que le chef de l’Etat envisagerait de conduire. Pourtant, il n’a pas échappé au public que lors du Conseil des ministres du mercredi 10 juillet 2024, le président de la République a évoqué «un agenda législatif qui doit viser une révision de la Constitution et des codes spécifiques». On ne saura donc pas l’échéance de la dissolution de l’Assemblée nationale et de la tenue, dans la foulée, d’élections législatives anticipées, même si le Président Faye souligne qu’il n’a pas encore pu tenir sa promesse de suppression du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct); parce qu’il ne dispose pas encore d’une majorité parlementaire pour procéder aux réformes constitutionnelles nécessaires. Exit la voie référendaire pour la réforme de la Constitution ? Il est difficile de ne pas croire que le président de la République joue sur le registre de la ruse, qui ne devrait d’ailleurs tromper personne. La dissolution de l’Assemblée nationale est une fatalité, car nul ne saurait envisager qu’un nouveau régime puisse continuer de se coltiner une Assemblée nationale de 165 députés, dans laquelle il ne compte pas plus de 40 d’entre eux qui lui sont affiliés ou favorables. C’est dire que le président Faye attend simplement d’arriver à l’échéance à laquelle la dissolution lui sera autorisée par la Constitution, pour signer le décret pertinent. Il se donnerait ainsi l’avantage de surprendre ses adversaires politiques qui ne seraient pas suffisamment préparés à des élections anticipées. En évitant soigneusement d’évoquer la perspective d’une dissolution, il s’épargne d’en rajouter à la colère des députés contre le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a refusé de faire une Déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Les députés mécontents avaient, il faut le rappeler, brandi la menace de faire adopter une loi constitutionnelle qui priverait le président de la République de tout pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale. Bassirou Diomaye Faye tiendrait à apaiser la querelle entre son Premier ministre et l’Assemblée nationale. Mais il cherche laborieusement à justifier la posture indélicate de son Premier ministre et a, avec une maladresse sidérante, cautionné l’hérésie qu’il y aurait plus de qualité dans les débats si le Premier ministre Sonko faisait sa Déclaration de politique générale devant un jury populaire, composé d’experts, plutôt que devant les députés. L’autre incongruité aura été que le Président Faye semble s’entêter à ne pas trop daigner s’incliner devant la mémoire des centaines de jeunes migrants clandestins dont les corps ont été engloutis ou rejetés par les océans.
Quand le président se soumet à son Premier ministre
Bassirou Diomaye Faye a laissé son monde pantois, quand il préconise d’équilibrer les pouvoirs constitutionnels en transférant des pouvoirs du président de la République à un Premier ministre qui, du reste, est non élu par le Peuple. Il s’est montré si soumis à Ousmane Sonko qu’on ne pourrait pas trop le croire sincère. Il se déclare prêt à procéder aux réformes nécessaires : «Je lui ai dit que cela se fera quand il voudra.» Expliquant ses discussions pour apaiser la tension entre le Premier ministre et les députés, Bassirou Diomaye Faye a dit : «Le Premier ministre a levé le pied sur sa volonté de faire une déclaration devant une assemblée populaire, le 15 juillet 2024.Maynama ko »en wolof (que l’on peut traduire par : «il me l’a concédé» ou «il l’a accepté pour moi» ou encore «il m’en a fait la faveur»). Chacun appréciera la portée du propos.
Le président Faye est aussi prêt à lui céder son fauteuil ou à l’y installer à la première occasion. « J’encourage Ousmane Sonko à ne pas lorgner le fauteuil, mais à bien le regarder.» Le président Faye s’est employé à plaire à son Premier ministre. Il le dit dans sourciller et, avec désinvolture, ajoute qu’il a toujours travaillé pour que Ousmane Sonko occupe le fauteuil présidentiel et qu’il continuera de le faire. «Il est compétent pour la fonction. Il fait un excellent travail, formidable. Si j’ai pu faire un agenda international pareil, c’est parce qu’il est le meilleur Premier ministre du Sénégal.» Il tient néanmoins à souligner : «Le Premier ministre n’était pas mon ami. Seulement, avant notre sortie de prison, quand on nous a permis de nous asseoir ensemble, je lui ai suggéré qu’on devienne désormais des amis pour éviter d’être divisés par les gens. Nous étions partenaires dans un projet, en toute loyauté, mais nous n’étions pas des amis.» On ne sait plus qui croire entre le président et son Premier ministre, car Ousmane Sonko parlait de leur amitié légendaire au point qu’il lui avait trouvé un petit nom. Pour sa part, Bassirou Diomaye semble forcer les traits de cette relation d’amitié, jusqu’à la caricature, dans le moindre des détails, comme du genre : «Il est venu aujourd’hui chercher mon fils pour qu’il passe la journée chez lui» ; ou encore : «Après la réunion du Conseil des ministres, nous restons pendant plus de deux heures pour nous parler.» Le président français Emmanuel Macron revendiquait l’amitié de son Premier ministre Edouard Philippe, qui a répondu un jour : «Quand vous avez un président et un Premier ministre, leurs relations ne se placent pas sur le registre de l’amitié.» Au Sénégal, Abdou Diouf et Habib Thiam semblaient l’avoir compris de la sorte.
Le président Faye a fini par apparaître blasé, presque désintéressé par sa fonction. Il affirme ne courir derrière rien, ne revendique aucune préséance et n’a nullement la prétention de s’imposer, en quoi que ce soit. Une sorte de Roi d’Angleterre qui se passerait même de ce qu’on lui fasse la révérence. Franchement, n’eut été son embonpoint naissant, on aurait pensé que le président Faye commence à en avoir marre de tout ça. Même dans sa vie personnelle, il dit se suffire de presque rien et «vit heureux avec peu». Assurément, un tel paradigme ou principe de vie est aux antipodes de l’ambition de développer un pays et de créer des richesses pour ses populations. C’est ce qui expliquerait certainement que la politique économique et sociale du gouvernement tend à faire baisser les prix, pour faire réaliser quelques petites économies de bouts de chandelle aux ménages, plutôt que de créer une dynamique de faire gagner plus de revenus aux populations. Les personnes qui attendaient ou espéraient que le président de la République fixe un cap, définisse une politique économique et sociale claire, prendront encore leur mal en patience. Bassirou Diomaye Faye a même fait montre d’une circonspection étonnante quant au fameux «Projet», référentiel de politiques économiques, toujours vanté et qui s’est révélé être une chimère. Pour une fois, Bassirou Diomaye Faye n’a pas prononcé ce vocable devenu le générique de Pastef. On retiendra que sa politique économique consistera à lever des ressources intérieures par la fiscalité. C’est sans doute une bonne approche, d’autant que la fiscalité constitue un instrument de politique économique essentiel qu’il faudrait manier avec dextérité et prudence, car en la matière «les taux tuent les totaux».
Lapsus ou mauvaise conscience ?
Le choix porté en la personne d'Abdoulaye Bathily, désigné comme «Envoyé spécial» pour mener une médiation entre la Cedeao et les pays de l’Alliance des Etats du Sahel, en rupture de ban avec l’organisation communautaire, semble être judicieux. Bathily a la réputation, l’entregent et le carnet d’adresses nécessaires pour réussir une telle mission. Mais la question de la déclaration de patrimoine semble constituer une hantise pour le nouveau président de la République. Il a buté sur l’expression de «Déclaration de politique générale», plusieurs fois, en prononçant en lieu et place celle de «déclaration de patrimoine». Un lapsus révélateur dirait-on. Le parterre d’intervieweurs ne pouvait donc plus s’épargner de lui demander la publication de sa déclaration de patrimoine. Dans ces colonnes, on le défiait, ainsi que son Premier ministre, de publier leur déclaration de patrimoine («Diomaye-Sonko, osez montrer vos biens», 8 juillet 2024). Bassirou Diomaye Faye, visiblement embarrassé par l’interpellation, renvoie tout bonnement la responsabilité de la publication au Conseil constitutionnel. Il n’est pas sans savoir que le Conseil constitutionnel n’a jamais pris sur lui de publier les déclarations de patrimoine. L’institution a toujours laissé le soin aux impétrants présidents de la République de le faire, de leur propre gré. Pourquoi devra-t-elle faire avec Bassirou Diomaye Faye ce qu’elle n’avait pas fait avec Macky Sall ou Abdoulaye Wade ? On ne saura donc pas à combien s’évalue le patrimoine de Bassirou Diomaye Faye et sa composition. Ainsi, le chef de l’Etat peut s’autoriser, sans trop de risques, de s’indigner que des hectares de terres aient pu être donnés à Mbour IV à des personnes, feignant d’oublier que dans une publication de son patrimoine (exercice auquel il n’était pas obligé), faite avant l’élection présidentielle, il avait laissé constater qu’il était bénéficiaire d’attributions de plusieurs hectares de terres dans la même région. Nul n’est dupe : si Bassirou Diomaye Faye veut tenir sa promesse, il n’a qu’à prendre sur lui de publier sa déclaration de patrimoine.
En outre, Bassirou Diomaye Faye, sans l’air d’y toucher, n’a pas manqué de se défausser sur son prédécesseur, Macky Sall. Il a notamment indiqué qu’il n’a pas trouvé sur place les attributions budgétaires relatives aux fonds politiques. Voudrait-il parler de la dotation du premier trimestre 2024 ou de la totalité du budget annuel ? La clarification est indispensable, d’autant que dès son installation, le gouvernement s’était félicité du respect scrupuleux par le gouvernement précédent, des taux d’exécution budgétaire au premier trimestre de l’année. Selon le rapport d’exécution budgétaire pour le premier trimestre de l’année 2024, publié par le ministère des Finances et du budget, «les dépenses du Budget de l’Etat (base ordonnancement) sont réalisées à hauteur de 1358, 71 milliards de francs CFA, représentant 24, 30% des crédits ouverts au 31 mars 2024». Le paradoxe restera, qu’après avoir déclaré n’avoir pas trouvé les crédits des fonds politiques sur place, le président Faye a essayé de justifier la pertinence ou la nécessité d’un tel chapitre de dotation financière en invoquant des prises en charge sociales qu’il a déjà consenties. Avec quels crédits alors a-t-il pu réaliser de telles largesses ? On rappellera que Macky Sall avait sorti la même vanne contre son prédécesseur Abdoulaye Wade, affirmant n’avoir pas trouvé de fonds politiques disponibles. C’était le 28 juin 2012 à Ziguinchor, à l’occasion d’une conférence de presse à l’intention des médias nationaux, pour faire le bilan de ses cent premiers jours à la tête du Sénégal. Sans doute que les situations économiques et financières n’étaient pas les mêmes car à la Présidentielle, Abdoulaye Wade disait à qui voulait l’entendre que les caisses de l’Etat étaient vides et que s’il n’était pas réélu, les salaires des fonctionnaires ne seraient pas payés à la fin du mois d’avril 2012. A tous ceux qui se faisaient du mauvais sang, quant au séjour prolongé et coûteux du chef de l’Etat à l’hôtel, depuis son élection, Bassirou Diomaye Faye a précisé qu’il a fini par rejoindre le Palais présidentiel à la fin du mois de juin 2024.Il n’était resté à l’hôtel que parce qu’il avait besoin de faire procéder à certains travaux pour adapter le Palais à sa propre condition de vie sociale et que son domicile privé n’offrait pas les garanties de sécurité suffisantes. Comparaison n’est pas raison, mais Abdoulaye Wade et Macky Sall continuaient de loger dans leurs domiciles privés, le temps nécessaire pour réaliser des travaux au Palais. Ils habitent le même quartier que Bassirou Diomaye Faye. Dites-donc, c’est ce petit coin bourgeois, Fann-Mermoz-Point E, qui nous fournit toujours des chefs d’Etat ?
par Abdoulaye Sakho
MÉLANGE DE GENRES ET CONFUSION DES RÔLES
Le ministère des sports ne dispose pas du pouvoir pour annuler une Assemblée générale d’une association privée même si l’association, ici, la Fédération est délégataire de pouvoir ! Le ministère n’est pas le juge
Le ministère des sports ne dispose pas du pouvoir pour annuler une Assemblée Générale d’une association privée même si l’association, ici, la Fédération est délégataire de pouvoir ! Le ministère n’est pas le juge (pouvoir judiciaire) qui seul dispose en République, du pouvoir d’annulation du fait de la séparation des pouvoirs!
Le ministère qui relève de l’Exécutif est autorité de tutelle et ne peut que faire prendre des mesures conservatoires s’il estime qu’il y a risque de mauvaise exécution du contrat de délégation. À défaut, il peut demander à son délégataire de prendre lui-même des mesures du genre : prier la Fédération, délégataire de pouvoirs, de surseoir à une décision qu’elle a souverainement prise (comme surseoir à cette Assemblée Générale dûment convoquée) même si les conditions de la convocations sont remises en cause par certains membres qui doivent utiliser les voies internes de règlement des litiges propres à l’association avant de saisir le juge (mais pas le ministère qui n’est pas le supérieur hiérarchique de la Fédération car, la Fédération encore une fois, est une structure privée qui n’appartient pas à l’État ! Ceci dit, si la Fédération refuse de faire ce le ministère demande, la seule chose que peut faire le ministère, c’est de retirer la délégation de pouvoir ! Ici, dans notre pays, il y a trop de confusion de rôles et de mélanges des genres au sein du mouvement sportif ! Maintenant, il faut rappeler que les associations s relèvent du ministère de l’intérieur !
En conséquence s’il y a risque de trouble à l’ordre public du fait d’une décision de la Fédération, ce n’est pas le ministère des sports qui doit intervenir mais le ministère de l’intérieur qui lui, dispose du pouvoir de dissoudre la Fédération en tant qu’association reconnue au Sénégal ! C’est bon de ne pas se faire gagner par des émotions ! C’est la même chose concernant la Cour des comptes qui est en droit de contrôler, conformément à la loi (90-07 aujourd’hui abrogée et remplacée par la loi 2022-08) toutes les personnes morales de droit privé recevant le concours financier de la puissance publique ! C’est le cas de la Fédération ! Mais concernant les fonds privés de la Fédération (cotisations et autres sommes émanant de la structure faîtière comme la FIFA), la Fédération doit juste rendre compte à ses membres conformément à ses propres normes de fonctionnement ! Il faut qu’on comprenne que l’État ne peut pas dicter à une association son mode de fonctionnement ou de gouvernance dès lors que ce n’est pas une violation de l’ordre public ou des valeurs de la société globale. Noel le Graet (ancien président de la Fédération française de football, Ndlr) a été sanctionné pour des questions de violation relative aux droits des femmes et des valeurs de la société française».
par l'éditorialiste de seneplus, ibe niang ardo
LES TOUT-PETITS DAMNÉS DU SYSTÈME
EXCLUSIF SENEPLUS - La violence dans notre société prend racine dans l'inégalité des chances offertes aux enfants, dont les talibés. Cette situation banalisée par le Sénégal choque pourtant des visiteurs étrangers
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 14/07/2024
Il est beaucoup question de Système de nos jours. Les hommes politiques l’invoquent aussi bien pour damner nos déficits que pour susciter nos espoirs. Et effectivement, ils n’ont pas tort. Un État moderne ne peut exister sans un système en son sein. C’est cela qui fait que nous formons un corps vivant dynamique (un système) propulsé par un jeu de sorts et ambitions, dans une trajectoire théoriquement bien ferrée et dirigée vers une destination rêvée.
Mais ce système pour nous aurait déraillé depuis que le colon, chef de gare, a sifflé le départ en 1960 - les rails ayant été sciemment minés. Comprenez-moi, je suis fils de cheminot et j’ai grandi proche des trains et rails. Par conséquent depuis 1960 nous nous sommes habitués à une incompréhensible violence qui ne peut s’expliquer que par le cumul de défaillances et vaines tentatives de nous en sortir. Une répétition sempiternelle de la même sanction de nos politiques de développement d’un régime à un autre : “Échec et mat”! Sans jamais s’en indigner et avec cela un cortège de violence qui s’endurcit sous le voile d’un étrange stoïcisme. De ce système, je m’intéresse aujourd’hui à un seul pan, en dehors des priorités publiques qui se prétendent inclusives : les enfants en bas âge abandonnés à leur sort de mendiants errants dans les rues nuits et jours.
Quelle grave banalisation de la violence dans notre société
L’histoire édifiante que je m’en vais vous raconter, pour en tirer avec vous les leçons, s’est passée ici il y a un mois et j’en suis moi-même acteur.
Un couple de retraités que nous avions connu mon épouse et moi en Suisse et dont le mari était à la tête d’une très importante société européenne, était arrivé au Sénégal dans le cadre d’un tour d’Afrique. Une fois chez nous, dernière étape du tour, tout s’était si bien déroulé jusqu’au moment où la dame, face au nombre d’enfants constatés dans la rue, ne pouvant plus se retenir d’émotion, fut prise de sanglots, déclenchant ainsi un traumatisme qui a gâché le reste du voyage. Sur le moment, je ne pouvais m’expliquer de si intenses émotions pour “si peu”, car il n’y avait pas eu d’agression physique de la part de ces marmots, habitué que je suis que la violence ne commence qu’à partir de ce moment.
Un mois plus tard, de retour chez eux, le mari contacte mon épouse pour lui faire part de leur intention de contribuer à la prise en charge de ces enfants avec des fonds qu’ils ont décidé d’octroyer à une ONG, à elle d’identifier, capable de les utiliser à bon escient. Ils n’avaient donc pas oublié, leur sensibilité ayant été réellement mise à rude épreuve par cette situation paradoxalement banalisée par nous, parents de ces enfants. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Avec l’aide diligente de mon épouse, la convention de financement avec une ONG de la place est aujourd’hui signée, engageant leur fondation familiale mondialement connue dans un financement gratuit. J’ai compris alors combien la situation des enfants en bas âge mendiants dans la rue était d’une extrême violence. Aussi devons-nous en prendre la pleine mesure au lieu de tourner le regard ailleurs, aidés en cela par le terme euphémique de “talibé”. Ces victimes de notre société n’en sont pas moins membres à part entière, d’égale dignité et droit que n’importe quel autre fils du pays, fut-il haut dignitaire. Et quand abandonnés comme ils sont à ce cruel sort, ils sont torturés, violés et tués, quelles qu’en soient les circonstances, chacun de nous commet solidairement un fratricide ou un parricide. Soixante-quatre ans d’indépendance, cinq présidents qui se sont succédés et toujours une aggravation de la situation en lieu et place d’une solution. Tant qu’on n’a pas trouvé une solution fondée sur une éducation égalitaire de qualité pour l’ensemble de nos enfants sans exception, nous demeurons dans un perpétuel système, générateur par défaut de désordre et violence.
Dans une société humaine, les sorts et activités sont liés les uns les autres
Juste ! Il y a une interconnexion de tout ce monde qui n’exclut rien qui en fasse partie. Ce phénomène des enfants dans la rue est là depuis le temps de Senghor et il faut se poser la question de savoir où sont passés ceux qui alors avaient cinq ans, il y a quinze ans et avant. Notre encombrement des rues vient plutôt de là. Nombre d’entre eux, vous pouvez les retrouver “coxeurs” dans tous les lieux où s’activent des marchands ambulants où dans les marchés et les garages de transports en commun. Ils se sont connectés à cette communauté sans normes, snobée par l’élite et qui joue sa survie en comptant surtout sur la force d’une masse critique intimidante, plutôt que de se conformer tout simplement aux règles. Enfin, ces enfants défavorisés ne sont pas des idiots. Ne pas leur offrir les mêmes opportunités que leurs concitoyens privilégiés est une ultime tare qui plombe notre système économique. L’effectif des filles dans nos écoles, la place des femmes dans notre économie aujourd’hui, alors que ce genre était proscrit d’enseignement tout comme ces mendiants il y a à peine quelques décennies, suffit à valider mon propos.
Cette situation obère nos chances de juguler la montée de la violence dans nos cités, car elle est la base d’un écosystème social tapis de souffrance rageante et d’injustice.
À ces pauvres enfants, pourvu que la récente alternance politique soit pour eux et notre pays le rendez-vous avec la chance de tourner définitivement cette page de notre histoire.
Au président de la République, je voudrais l’inviter humblement à prendre cette situation pour chose inacceptable, incompatible avec l’écosystème moderne juste et émancipateur que l’on attend de son magistère, sans quoi il ne réussira qu’à faire pire que ses prédécesseurs.
Ibe Niang Ardo est président du Mouvement citoyen Jog Ci.
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L'AVENIR DE L'AFRIQUE SE JOUE DANS L'UNITÉ
Babacar Ndiaye évoque les récents coups d'État en Afrique de l'Ouest comme une grave menace à l'unité régionale. Pour le diplomate, la dislocation du continent accroîtrait sa vulnérabilité face aux chocs exogènes
Ce dimanche 14 juillet 2024, l'émission "Objection" de Sud FM a accueilli Babacar Ndiaye, diplomate chevronné et chercheur principal à Timbuktu Institute. Son intervention a dressé un tableau saisissant les enjeux géopolitiques actuels pour l'Afrique, en particulier l'Afrique de l'Ouest.
Ndiaye a souligné l'urgence pour le continent de resserrer ses rangs face aux turbulences mondiales. « La fragmentation de l'Afrique est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre », a-t-il déclaré, pointant du doigt les récents coups d'État militaires qui menacent la stabilité de la CEDEAO.
Le diplomate a également abordé la crise migratoire, qu'il qualifie de « métaphore de l'échec des politiques de jeunesse ». Il appelle à une approche holistique pour épuiser ce phénomène qui prive le continent de son capital humain.
Face à la guerre en Ukraine et à ses répercussions sur l'Afrique, Ndiaye se met en garde contre le risque d'une nouvelle « balkanisation » du continent. Il exhorte les dirigeants africains à renforcer l'unité régionale et à se concentrer sur la résolution des problèmes internes.
« L'avenir de l'Afrique se joue maintenant », conclut Ndiaye, soulignant l'importance cruciale pour le continent de parler d'une seule voix sur la scène internationale.
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ABDOURAHMANE DIOUF FAIT LE POINT SUR LES DOSSIERS BRÛLANTS ET CONTROVERSÉS
Le ministre s'est employé à justifier l'action du gouvernement Diomaye, tout en reconnaissant l'ampleur des chantiers à mener dans l'enseignement supérieur
Ce dimanche 14 juillet 2024, Abdourahmane Diouf, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, était l'invité de l'émission "Grand Jury" sur RFM. Dans un entretien fleuve, il a dressé un bilan sans fard des 100 premiers jours du gouvernement de Bassirou Diomaye Faye, tout en défendant avec vigueur les actions entreprises.
"Nous avons hérité d'un passif considérable", a martelé Diouf, justifiant ainsi les importantes levées de fonds et l'endettement du nouveau gouvernement. "Nous sommes comme un bon père de famille qui doit faire face aux dépenses urgentes", a-t-il argumenté, promettant une gestion plus rigoureuse des finances publiques à l'avenir.
Sur le front de l'enseignement supérieur, le ministre a abordé plusieurs dossiers brûlants. Il a notamment évoqué les résultats du baccalauréat, annonçant un taux de réussite d'environ 50%, soit près de 74 000 nouveaux bacheliers à orienter. Diouf s'est engagé à trouver une place pour chacun d'entre eux, tout en reconnaissant le défi que représente la dette de 14 milliards de francs CFA envers les établissements privés.
Le ministre n'a pas éludé les controverses, notamment celle concernant la nomination des recteurs d'universités. Il a fermement défendu la nécessité de respecter les procédures d'appel à candidatures, y compris à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, promettant que "le gouvernement prendra ses responsabilités" face aux réticences.
"Nous ne sommes pas dans la dissertation, mais dans l'action", a conclu Abdourahmane Diouf, illustrant la volonté du gouvernement Diomaye de marquer une rupture avec les pratiques passées. Une ambition qui ne manquera pas d'être scrutée de près dans les mois à venir.
TRUMP CIBLÉ PAR UN TIREUR, LA SÉCURITÉ DÉPASSÉE
L'ancien président a été touché par une balle à l'oreille droite en plein meeting. Une personne présente a été tuée et deux autres blessées grièvement. Le suspect a été abattu par le Secret Service. Des questions majeures sur les défaillances de sécurité
(SenePlus) - Donald Trump a échappé de justesse à un attentat lors d'un meeting de campagne samedi, une attaque qui redéfinira sans aucun doute la course à la Maison Blanche tout en soulevant de sérieuses interrogations sur les failles de sécurité entourant le candidat républicain.
Selon des sources de Reuters, Trump a été touché par une balle à l'oreille droite au début de son discours. Immédiatement couvert par ses agents de sécurité, il est rapidement réapparu, le visage maculé de sang, serrant le poing en l'air et articulant silencieusement "Combattez ! Combattez ! Combattez !".
"J'ai été touché par une balle qui a traversé la partie supérieure de mon oreille droite. Il y a eu beaucoup de saignement", a déclaré plus tard Trump, 78 ans, sur sa plateforme Truth Social.
Le FBI a identifié dans la nuit le "sujet impliqué" comme étant Thomas Matthew Crooks, 20 ans, de Bethel Park en Pennsylvanie, un électeur républicain selon les registres de l'État. Le suspect a été abattu par le Secret Service selon les premières informations.
Une personne présente au meeting a été tuée et deux autres blessées grièvement. Les forces de l'ordre n'ont pas encore établi le mobile de cette attaque.
"Il n'y a pas de place pour ce genre de violence en Amérique. Nous devons nous unir en tant que nation pour la condamner", a réagi le président démocrate Joe Biden, que Trump doit à nouveau affronter en novembre.
Cette attaque soulève d'énormes questions sur les défaillances de sécurité du Secret Service, chargé d'assurer la protection à vie des anciens présidents comme Trump.
"Comment un sniper avec un fusil complet a-t-il pu ramper jusqu'au toit le plus proche du meeting sans être repéré ?", s'est indigné le militant conservateur Jack Posobiec sur X (anciennement Twitter).
Les tirs semblent être venus de l'extérieur du périmètre sécurisé. Lors d'un briefing, des responsables du FBI ont admis être surpris que le suspect ait pu tirer plusieurs coups de feu.
La commission de surveillance de la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, a convoqué la directrice du Secret Service, Kimberly Cheatle, pour témoigner le 22 juillet. "Les Américains exigent des réponses sur la tentative d'assassinat contre le président Trump", a-t-elle déclaré.
Cette attaque ravive les craintes d'une escalade de la violence politique alors que le pays semble profondément divisé à l'approche de l'élection de novembre. Selon un récent sondage Reuters/Ipsos, deux Américains sur trois redoutent des violences post-électorales.
"Cette attaque horrifique n'a pas sa place dans notre pays et doit être condamnée unanimement et avec force", a dénoncé le speaker républicain de la Chambre Mike Johnson, tandis que le leader démocrate du Sénat Chuck Schumer se disait "horrifié".
Certains alliés républicains de Trump estiment que l'attaque était politiquement motivée, accusant les démocrates d'attiser un "climat de violence" par leur "hystérie" sur les dangers d'une réélection de l'ancien président.
Bien que sérieusement entaché par des poursuites judiciaires, Trump fait figure de favori pour l'investiture républicaine qu'il devrait décrocher lundi à la convention de Milwaukee. Les investisseurs parient déjà sur un regain de ses chances de reconquérir la Maison Blanche après cette démonstration de sa détermination à "combattre".
ROKIA TRAORÉ DÉFIE LA JUSTICE EUROPÉENNE
Arrêtée à Rome fin juin alors qu'elle s'apprêtait à monter sur scène, l'artiste croupit en prison depuis plus de 20 jours. La chanteuse malienne de 50 ans conteste désormais les conditions de son procès devant la Cour européenne
(SenePlus) - Rokia Traoré, célèbre chanteuse malienne de 50 ans et ambassadrice de bonne volonté pour l'agence des réfugiés des Nations Unies (HCR), a été arrêtée le 20 juin dernier à l'aéroport de Fiumicino à Rome, en vertu d'un mandat d'arrêt européen. Condamnée en son absence à deux ans de prison en Belgique en octobre 2022 dans une bataille juridique pour la garde de sa fille, elle fait désormais appel auprès de la Cour de justice de l'Union européenne pour s'opposer à son extradition vers la Belgique, a déclaré son avocate italienne Maddalena Del Re à Reuters.
"Mme Traoré a été condamnée en Belgique sans la certitude qu'elle ait eu connaissance du procès. Pire encore, le procès s'est déroulé sans avocat pour assurer sa défense", a expliqué Me Del Re. Selon elle, cela constitue un motif d'opposition à l'extradition, et elle a donc saisi la Cour européenne, compétente en la matière.
Depuis son arrestation à Fiumicino, où elle s'était rendue pour donner un concert aux abords du Colisée, l'artiste de renom est détenue dans la prison de Civitavecchia, près de Rome. Un premier rebondissement s'est produit cette semaine, le parquet de la cour d'appel de Rome acceptant qu'elle puisse bénéficier d'une assignation à résidence si elle trouve un logement dans la capitale italienne.
Les ennuis judiciaires de Rokia Traoré ont débuté en 2020, lorsqu'elle a été arrêtée en France sur la base d'un mandat d'arrêt belge, pour ne pas avoir remis sa fille à son ex-compagnon belge, le père de l'enfant, comme l'exigeait une décision de justice. Libérée sous conditions quelques mois plus tard, elle avait rallié le Mali à bord d'un vol privé avec sa fille aujourd'hui âgée de 9 ans, bravant l'interdiction de quitter la France.